mercredi 1 août 2007

Direction Dagpo Datsang

Quel meilleur endroit pour passer le mois d'août que le collège philosophique également appelé "Lamrim Datsang", un monastère dévolu au lamrim - les étapes de la voie qui mène à l'Eveil complet de Bouddha ?

C'est que ce monastère a été fondé sur ordre de Jé Rinpoché lui-même : un jour qu'il recevait en audience son disciple Jé Lodrö Ténpa (futur 7ème Ganden Tripa), en guise de bénédiction, le maître fondateur de l'école gélugpa lui posa sur la tête un exemplaire du "Grand Lamrim" qu'il avait naguère composé dans une grotte aux alentours de Raténg et il lui confia la responsabilité d'établir au sud-est une communauté qui axerait ses études et pratiques sur le lamrim. Ce qui fut fait. Quelques années plus tard. (En lisant des biographies de grands pratiquants boudhistes du passé, souvent j'ai été étonnée du délai qui s'était écoulé avant que l'instruction reçue ne soit mise en oeuvre. Ma surprise doit venir de ma culture occidentale, où on veut tout faire tout de suite, très vite - pas toujours très bien ?)

L'important est que le collège existe et respecte scrupuleusement sa vocation : au Tibet, les abbés avaient charge d'enseigner un lamrim chaque année ; exceptionnellement, ils déléguaient ce soin à un maître réputé en la matière.

Dagpo Datsang est en outre un collège philosophique qui a formé plusieurs Ganden Tripa, ce dont peu de monastères peuvent s'enorgueillir. Ses particularités ? Par exemple, sa règle draconienne : l'austérité est de rigueur pour tout le monde, lamas y compris. Ou encore, ses mélodies fort appréciées par Sa Sainteté le 14ème DalaÎ lama, qui au demeurant a accepté depuis deux ans le titre honorifique d'abbé en souvenir de son lointain prédécesseur, le 2ème Dalaï lama qui, lui, avait réellement exercé cette fonction et est à l'origine de certaines des mélodies toujours utilisées aujourd'hui.

A partir du 6 août, pendant deux semaines environ, Dagpo Rinpoché va exposer aux moines de sa communauté le "Namdöl Lachang" - "la Libération suprême entre nos mains". C'est un enseignement qui vient de l'insigne Pabongkha Dorjéchang, disciple principal de Dagpo Lama Rinpoché (le prédécesseur de Rinpoché) dont il cite constamment de précieuses instructions, et qui a été transcrit par Kyabjé Trijang Rinpoché, disciple très proche de Pabonkha Rinpoché et maître de l'actuel Dagpo Rinpoché. Si vous arrivez à vous y retrouver dans la phrase précédente et dans la généalogie du lamrim ainsi transmis de génération en génération, bravo... Moi, j'ai l'impression de voir un fil directeur.

C'est donc avec joie que je m'apprête à m'envoler demain matin vers Kullu via Delhi, pour écouter dans un cadre privilégié cet enseignement magnifique, si vivant et si percutant. Quoi qu'en pensent beaucoup d'Occidentaux, les exposés de lamrim sont des événements rares. En dehors de Dagpo Datsang, dans les autres monastères philosophiques, les moines n'avaient accès au lamrim qu'une fois leur cursus d'études achevé. Car le lamrim ne s'adresse en fait pas aux débutants, mais aux pratiquants aguerris désormais capables de mener à bien des méditations vastes et profondes.

Je n'en suis pas là, loin de là. Mais pouvoir entendre un tel exposé au sein d'une telle communauté, ce devrait être source de bénédictions, et d'empreintes qui finiront bien par fructifier un jour, si on en croit la loi de causalité... Disons que c'est un moyen pour mettre le pied à l'étrier !

Je vous souhaite donc un excellent mois d'août et, avec un peu de chance, nous devrions pouvoir nous retrouver ici même début septembre.