vendredi 30 juillet 2021

La tendresse

 Très jolie chanson dédiée 

à toutes les victimes directes et indirectes

de la pandémie




mardi 27 juillet 2021

Chat dépend du point de vue

Une opinion - même scientifique, même médicale - dépend de tant de paramètres...

Comment la prendre pour "la Vérité absolue" ? Et pourquoi ?

Exemple 



Question de point de vue

À quoi bon s'injurier ou pire, s'entretuer, alors que les opinions sont "absolument" relatives !...


Exemple :


Prières pour

 Charles-Henri Dewisme, alias Henri Vernes (créateur de Bob Morance), qui est décédé le 25 juillet, dans sa 103ème année.

Auteur d'environ 230 romans d'aventure, souvent teintés de science-fiction, il eut une vie presque aussi animée que celle de ses personnages : voyage en Chine, services secrets, résistance, etc., etc.

Perceptions et apparences

Quand je songe que ce que je perçois n'est jamais que ce qui m'apparaît à l'esprit, 

et que cela tient plus aux karmas que j'ai accumulés qu'à une quelconque réalité extérieure, 

... 

eh bien, il y a urgence à (ré)agir, 

à purifier les voiles et obstacles,

et accumuler - enfin ! - des karmas vertueux !

À cœur vaillant rien d'impossible

 Le bouddhisme (comme d'autres traditions) évoque des périodes troublées qualifiés de temps de dégénérescence.

Les signes ? Eh bien, il y en aurait de cinq sortes :

1) Déclin de l'espérance de vie. 

2) Déclin des facteurs mentaux bénéfiques (amour, compassion, patience, sagesse, etc.), 
en parallèle du renforcement des facteurs perturbateurs, à commencer par l'irritation, l'attachement et l'ignorance.

3) Décadence des êtres, par exemple de leur état de santé, de leur charisme, etc.

4) Décadence de l'époque, avec multiplication des épidémies, des famines, des catastrophes (plus ou moins) naturelles, des guerres et autres conflits.

5) Décadence des vues et opinions valides, en parallèle du renforcement des vues extrêmes (et extrémistes).

Néanmoins, du point de vue d'un pratiquant du Dharma, il est possible de tirer son épingle du jeu (si j'ose dire), en transformant les conditions a priori défavorables en atouts pour une pratique plus puissante et plus rapide.

Certes, c'est plus facile à dire qu'à faire, mais le jeu en vaut la chandelle, et au point où le monde en est, ... autant essayer de faire quelque chose de constructif.


samedi 17 juillet 2021

Respect dans le dialogue

Le franciscain français Guillaume de Rubrouck (1215-1295), né à Rubrouck en Flandre, fut l'émissaire de Saint Louis à la cour mongole en 1253-1254. Dans son récit Voyage dans l'empire Mongol, l'ambassadeur décrit la controverse organisée durant son séjour à Karakorum par le khan Mongku,  entre "musulmans, idolâtres, bouddhistes, nestoriens, et catholiques", à la veille de la Pentecôte.
 Il note que les participants doivent promettre au Khan de ne pas se servir de « paroles désagréables ou injurieuses pour leurs contradicteurs, ni provoquer un tumulte qui puisse empêcher cette conférence, sous peine de mort. »


A l'exception de l'argument choc usé par le Khan, voilà des critères qui pourraient être repris dans des chartes de bonne conduite à faire signer avant toute discussion. :-)

Proverbe tibétain dans l'air du temps

"Rapprochons nos cœurs, éloignons nos tentes !"
 
 

Et essayons de respecter autrui,

même s'il ne partage pas notre opinion.

jeudi 15 juillet 2021

Et si on revenait au simple bon sens ?

Dans le système philosophique madhyamika prasangika, pour établir ce qui est et ce qui n'est pas, on recourt notamment au ... bon sens.
  

Descartes aussi disait dans le Discours de la méthode (publié en 1637) :
Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont. En quoi il n’est pas vraisemblable que tous se trompent ; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger, et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes ; et ainsi que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. Car ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon, mais le principal est de l’appliquer bien. 



mercredi 14 juillet 2021

Le bonheur de la pratique

Dans ses Cent mille Chants (traduction de Marie-José Lamothe - tome 2),
Jétsun Milarépa célèbre avec lyrisme les 12 bonheurs du  yogi.

Le yogi qui renonce à sa terre est heureux
Comme un condamné réchappé de son trou.

Le yogi qui perd le réflexe de saisir et juger est heureux
Comme un cheval libéré des entraves.

Le yogi qui habite la solitude est paisible
Comme une bête blessée tapie en son repaire.

Le yogi assuré de sa philosophie est heureux
Comme l’oiseau royal à l’assaut de l’azur.

Le yogi qui tout pénètre est heureux
Comme le vent vagabond dans les cieux.

Le yogi qui protège le vide radieux de son inspiration est heureux
Comme le pâtre dévoué au soin de ses brebis.

Le yogi que rien n’ébranle est heureux
A l’image du Mont Sumeru au centre du monde.

Le yogi qui n’interrompt pas son expérience est heureux
A l’image du flot continu des grands fleuves.

Le yogi qui refuse les devoirs est tranquille
A l’égal du cadavre dans un cimetière.

Le yogi qui ne régresse plus est beau
Comme la pierre métamorphosée par l’océan.

Le yogi qui tout embrase de ses reflets est beau
Comme le soleil à l’horizon.

Le yogi qui ne crée rien pour l’avenir est léger
Comme le palmier fraîchement taillé.

Bienfaiteurs, cette mélodie des douze bonheurs du yogi
Est un enseignement qui répond à vos questions.

Méditer utile

Nous devons reconnaître nos propres défauts, nos souffrances, et à partir du jour où nous aurons vraiment bien compris que notre corps est de la nature de la souffrance, qu'il est porteur et générateur de souffrance, nous aurons obtenu une réalisation de la voie.
Si nous avons quelques prétentions à la méditation, nous pourrions avec bénéfice réfléchir de la sorte. Si nous réfléchissons ainsi sur la nature de souffrance du samsara, que nous soyons en train de marcher, debout assis, nous serons toujours en train de méditer.
Pour méditer, il n'est nullement nécessaire de s'installer les jambes croisées sur un coussin !...


Extrait d'un Enseignement de Gen Tati - 1984

Amour et bienveillance

 Karaniya Metta Sutta - Hymne de l’amour universel

Traduit par Jeanne Schut http://www.dhammadelaforet.org/
 
1. Voici comment devrait se comporter
Celui qui a développé des qualités de bonté
Et qui connaît la voie de la paix :
Qu'il soit appliqué, honnête et droit, direct et doux dans ses paroles.

2. Humble et sans prétention,
Satisfait et aisément contenté.
Qu'il ne se laisse pas submerger par les obligations
Et demeure frugal.

3. Qu’il soit paisible, maître de ses sens, naturellement discret, sans exigences.
Et qu'il ne fasse rien que les sages, plus tard, pourraient désapprouver.
Qu’il médite ainsi : « Prenant moi-même refuge dans le bonheur et dans la paix,
Je souhaite que tous les êtres soient heureux et en paix.

4. Que tous les êtres vivants, quels qu’ils soient -
Les faibles comme les forts, tous sans exception,
Les grands et les puissants,
Les moyens et les petits,

5. Visibles et invisibles,
Proches et lointains,
Nés et à naître -
Que tous les êtres soient heureux et en paix !

6. Que nul ne trompe autrui,
Ni ne méprise aucun être, quel qu’il soit.
Que nul, par colère ou aversion,
Ne souhaite de mal à autrui.

7. Comme une mère,
Au péril de sa vie,
Protège son enfant,
Son unique enfant,

8. Ainsi doit-on ouvrir son cœur à l’infini à tous les êtres vivants,
 Rayonner la bienveillance envers le monde entier :
Ouvrir son cœur dans toutes les directions -
En haut, en bas et tout autour, sans limites -
Libre de toute haine et de toute aversion.

9. Que l’on soit assis, debout, en marche ou couché,
Tant que l’on est éveillé, on doit toujours être fidèle à ce souhait.
C’est ce que l’on appelle
« Demeurer dans un état divin, ici et maintenant ».

10. Sans se laisser piéger par des croyances erronées
Celui qui a le cœur pur, qui voit la vérité ultime des choses
Et qui s’est libéré de tous les désirs sensoriels,
Ne reprendra plus jamais naissance dans ce monde.

Source: http://www.dhammadelaforet.org/sommaire/metta/karanya_metta_sutta.html





Khunu Lama Rinpoche Tenzin Gyaltsen


 

Khunu Lama Rinpoche Tenzin Gyaltsen (1894-1977) est l'un des Maîtres de mes Maîtres, 
Rinpoche et Genlags.

Grand philosophe et grand grammairien, ce grand siddha né à la frontière côté indien, eut des disciples dans toutes les traditions et dans toutes les strates de la société. Il n'était pas moine, mais qu'importe ?

Il était aussi un poète insigne, et son Eloge de l'esprit d'Eveil est un bijou 
tant pour le fond que pour la forme.
 
Il disait, nous a raconté Rinpoche, qu'il existe deux voies pour comprendre la vacuité
et ainsi atteindre la libération : 
le raisonnement certes, mais aussi la grammaire, sanskrite ou tibétaine.


Nul doute qu'il parlait en connaissance de cause.


 

mardi 13 juillet 2021

Dharamsala inondée

 12 juillet 2021


Les pluies torrentielles de mousson ont déclenché des crues éclair dans l'Etat de Himachal Pradesh, à Dharamsala, lundi matin. 

Dharamsala a enregistré une précipitation de 119 mm.

Au moins deux morts et dix disparus.

Chökhor Duchen

ཆོས་འཁོར་དུས་ཆེན་ cette année le 14 juillet

 C'est à Sarnath, au Parc des gazelles, que jadis le Bouddha Shakyamouni mit en mouvement, pour la première fois, la Roue du Dharma,  en enseignant Le Soutra des Quatre Vérités des "nobles", socle et quintessence de l'Enseignement qu'il dispensa jusqu'à sa mort 45 ans plus tard.

"Ceci est la vérité de la souffrance des aryas (cad telle que vue par les arya - les "nobles")."
"Ceci" désigne ici nos agrégats constitutifs, à nous êtres imparfaits, à savoir notre corps et notre esprit conditionnés par nos facteurs perturbateurs (ignorance en tête) et les karma que nous accumulons sous leur emprise.
-> un corps et un esprit encore et toujours affectés par les facteurs perturbateurs ne peuvent qu'être "de la nature de la souffrance", cad soumis à la souffrance, sous ses différentes formes.
C'est la "vérité", ou encore la "réalité", que voient les arya, les êtres qui ne sont plus "ordinaires" car ils ont désormais la compréhension directe du non soi (absence de nature propre des choses).

"Ceci est la vérité de l'origine" de la souffrance des arya."
"Ceci" désigne cette fois nos facteurs perturbateurs (alias klesha : ignorance, attachement, aversion, et leurs cohortes) + les karma accumulés sous leur coupe

"Ceci est la vérité de la cessation" de la souffrance des arya."
 Si telle est la situation présente, ce n'est pas irrémédiable. On peut s'en sortir.

"Ceci est la vérité du chemin" menant à la cessation de la souffrance des arya."
 Comment s'en sortir ?
Grâce aux trois instructions (ou encore entraînements) supérieures - de l'éthique, de la concentration, de la sagesse.
Les trois s'entraident et se confortent mutuellement. Cependant, la base nécessaire consiste en l'éthique.

mardi 6 juillet 2021

De l'interdépendance entre la nature et les êtres

Merci au centre Kalachakra de Paris pour ce beau poème.

L’arbre protecteur de l’interdépendance.
SS le Dalaï-Lama
 
Vous qui êtes sans pareil, ô Seigneur Tathagata, né de la branche d’lksvakus ; 
Vous qui percevez la nature omniprésente de l'interdépendance 
Entre l'environnement et les êtres, entre le samsara et le nirvana, entre le mouvement et l’immobile, 
Mû par votre compassion, vous enseignez au monde et lui accordez votre bienveillance.
 
Ô vous le sauveur, le bien nommé Avalokiteshvara, 
Personnification du Corps de compassion de tous les Bouddhas, 
Nous vous supplions de faire mûrir et fructifier nos esprits 
Afin que nous parvenions à observer la réalité dépourvue d'illusion.
 
Notre égocentrisme obstiné, enraciné dans nos esprits depuis des temps sans commencement, contamine, souille et pollue l'environnement, cet environnement créé par les karmas similaires de tous les êtres.
 
Les lacs et les étangs ont perdu leur clarté, leur fraîcheur.
 
L'atmosphère est empoisonnée.
 
La canopée céleste dans le ciel brûlant se décompose.
 
Et les êtres souffrent de maladies inconnues auparavant.
 
Les montagnes resplendissantes de neige éternelle, dans leur gloire, s’inclinent et s’anéantissent en eau. 
 
Les océans majestueux perdent leur équilibre éternel et submergent les îles.
 
Les dangers du feu, de l'eau et du vent défient le comptage.
 
Une chaleur étouffante assèche nos forêts luxuriantes, frappant le monde avec des tempêtes sans précédent.
 
Les océans cèdent leur sel aux éléments.
 
Les gens sont riches, mais ils ne peuvent acheter l’air pur.
 
Les pluies et les ruisseaux ne nettoient plus, ils stagnent, liquides inertes et impuissants.
 
Les êtres humains, les êtres innombrables qui peuplent l’eau et la terre, tous ploient sous le joug de la douleur physique, causée par des maladies nocives.
 
Les esprits sont émoussés, pleins de torpeur, de stupeur et d'ignorance, quand les joies du corps et de l’esprit, elles, sont loin, très loin.
 
Nous polluons inutilement le sein juste de notre terre mère.
 
Nous lui arrachons ses arbres pour nourrir notre cupidité étriquée.
 
Et son humus fertile, nous le transformons en un désert mort.
 
La nature interdépendante de notre environnement extérieur ainsi que la nature intérieure des personnes, telles que décrites dans les traités des tantras sur la médecine et l'astronomie, sont totalement confirmées par notre expérience présente.
 
Prenant la terre pour témoin, le Bouddha dit ceci, parole véridique : la terre abrite des êtres vivants ; « égalité et impartialité pour ce qui se meut comme pour ce qui est figé ! »
 
Un être noble est reconnaissant de la bonté maternelle et il fait montre de gratitude. Notre terre, mère universelle et nourricière, devrait recevoir la même considération, le même soin.
 
Abandonnez le gaspillage, ne polluez pas la nature propre et claire, constituée de quatre éléments. Ne détruisez pas le bien-être des gens. Mais absorbez-vous dans des actions qui sont bénéfiques pour tous.
 
Sous un arbre médita le grand Bouddha Saga. Sous un arbre il naquit, vainquit l’avidité et atteignit l'Éveil. Sous deux arbres, il passa en nirvana. En vérité, le Bouddha tenait l’arbre en grande estime.
 
Là où le corps de Lama Tsongkhapa – émanation de Manjoushri – s'épanouit, s'élève un arbre de santal aux feuilles marquées de cent mille images du Bouddha.
 
N’est-il pas connu que certaines divinités suprêmes, des divinités locales éminentes et des esprits indigènes font leur demeure dans les arbres ?
 
Les arbres florissants purifient le vent, nous assistent en maintenant l’air de la vie. Ils sont agréables à l’œil, leur ombre dispense un repos bienvenu.
 
Dans le Vinaya (Règle monastique), le Bouddha recommande aux religieux de prendre soin des arbres tendres.
 
De ceci, nous apprenons les bienfaits de planter et d'entretenir les arbres.
 
Aux religieux, le Bouddha interdit de couper ou d’inciter à couper des plantes en vie, de détruire des graines ou de souiller la fraîche herbe verte. Cela ne devrait-il pas nous inciter à aimer et protéger notre environnement ?
 
Ils disent, dans les royaumes célestes, que les arbres véhiculent la bénédiction du Bouddha et sont l’écho des notions bouddhistes fondamentales telle l'impermanence.
 
C'est l'arbre qui apporte la pluie.
 
L’arbre, encore, qui retient le substrat du sol.
 
C’est Kalpa-taru, l'arbre qui exauce tous les souhaits, qui existe virtuellement sur terre pour réaliser tous les buts.
 
Autrefois, nos ancêtres mangeaient les fruits des arbres, s’habillaient de leurs feuilles. Ils découvraient le feu par la friction du bois, se réfugiaient entre les feuillages quand ils rencontraient le danger.
 
Même à l’âge de la science et de la technologie, les arbres nous fournissent des abris, des chaises sur lesquelles nous nous asseyons, des lits sur lesquels nous nous couchons.
 
Quand notre cœur brûle de colère attisée par des disputes, une fraîcheur bienfaisante nous est apportée au contact des arbres.
 
Dans les arbres se trouve le rugissement de toute vie sur terre. S’ils disparaissent, notre terre qui porte le nom du Jambolan (Sysygium cumini) ne sera plus qu’un désert morne et désolé.
 
Rien n’est plus cher aux vivants que la vie. En reconnaissant cela, dans les règles du Vinaya, le Bouddha  prononça des interdictions comme l'usage de toute eau susceptible de contenir des animalcules.
 
Dans les confins de l'Himalaya, autrefois, le Tibet maintenait l’interdiction de la chasse, de la pêche et, pendant des périodes particulières, interdisait même la construction. Ces traditions sont précieuses, car elles préservent et chérissent la vie des êtres simples, impuissantes et sans défense.
 
Jouer avec la vie d'autres êtres, sans pitié ni hésitation, comme dans la chasse ou la pêche sportive, est un acte de violence désinvolte et inutile, une violation des droits légitimes de tous les êtres vivants.
 
Attentifs à la nature de l'interdépendance des êtres animées et des choses inanimées, nous ne devrions jamais relâcher nos efforts pour préserver et conserver l'énergie de la nature.
 
Un jour, un mois ou une année donné, nous devrions accomplir le rite de plantation d'arbres. Nous remplirions ainsi nos responsabilités à servir nos semblables.
 
Cela n’apporte pas seulement du bonheur, cela profite à tous.
 
Puisse la force d'observer ce qui est juste et de se détourner de ce qui ne l’est pas nourrir et accroître la prospérité du monde. Puisse cette force revigorer les êtres et les aider à s'épanouir ! Puisse la joie sylvestre et le bonheur immaculé augmenter sans fin, partout se répandre et englober tout ce qui est !
 
(Dialogue avec le bouddhisme. Le 2 octobre 1993 à New Delhi.)

 

lundi 5 juillet 2021

Le bouddhisme selon des théologiens catholiques

En 1937, le Père  Romano Guardini (1885-1968) écrivit dans Le Seigneur I (Paris, 1945, p. 346 et 347) :
"Il y a un personnage qui pourrait donner l’idée de le rapprocher de Jésus, c’est le bouddha. Cet homme constitue un grand mystère. Il vit dans une liberté effrayante, presque surhumaine, cependant qu’il est dans une bonté puissante comme une force cosmique. Peut-être le bouddha est-il le dernier génie religieux avec lequel le christianisme aura à s’expliquer….
Le bouddha n’a pas seulement voulu devenir meilleur ni trouver la paix à partir du monde : il a entrepris cette chose inouïe de mettre hors de ses gonds l’existence humaine tout en y demeurant ; ce qu’il entend par nirvana, par éveil suprême, par l’anéantissement de l’être illusoire, n’a encore été compris et apprécié chrétiennement par personne."
 
Quelques années plus tard, le Père jésuite Henri de Lubac (1896-1991) écrivit en 1951 :
      "Mis à part le Fait unique où nous adorons la trace et la Présence même de Dieu, 
      le bouddhisme est sans doute le plus grand fait spirituel de l’histoire."


dimanche 4 juillet 2021

Les dix fonctions des facteurs perturbateurs (klesha)

Nyon mongs pa'i byed las bcu 

 Nos facteurs perturbateurs nous ligotent de dix manières 

 1 - Consolider les racines                           rtsa ba brtan par byed pa
A chaque manifestation d'un klesha en notre esprit, ses racines, ou encore ses graines, se renforcent.

 2 - Entretenir les continuums                    rgyun gnas par byed pa
Chaque manifestation d'un klesha en notre esprit entretient et alimente la continuité de ce klesha : plus un klesha apparaît souvent, et plus il apparaît facilement.

 3 - Préparer le terrain                                zhing du sgrub par byed pa
Lors des naissantes suivantes, cela entraîne la prise de supports physiques correspondants.

 4 - Générer des causes similaires               rgyu mthun par sgrub par byed pa
Un klesha peut faire naître d'autres kleshas apparentés à lui : l'attachement engendre l'avarice ; l'irritation engendre la colère, la rancune, la malveillance, la jalousie, etc.

 5 - Faire apparaître un karma-devenir      las kyi srid pa mngon par byed pa                 
A chaque manifestation d'un klesha en notre esprit, est accumulé un karma connoté par ce klesha.

 6 - Entretenir les conditions                       rang gi tshogs yongs su 'dzin par byed pa
En résultat de la manifestation d'un klesha en notre esprit, ultérieurement les conditions propices à sa réapparition se réunissent d'autant plus facilement.

 7 - Obscurcir la perception des objets       dmigs pa la kun tu rmongs par byed pa
Les kleshas nous aveuglent. Sitôt qu'ils se manifestent en notre esprit, ils obscurcissent la vision de l'objet et empêchent de le percevoir tel qu'il est.


 8 - Orienter le continuum de conscience     rnam par shes pa'i rgyun 'khrid par byed pa
Par nature, une conscience est neutre, mais sitôt qu'elle est accompagnée d'un klesha non vertueux, elle devient elle aussi non vertueuse.

 9 - Détourner du vertueux                            dge ba'i phyogs las g.yo bar byed pa
L'apparition d'un klesha en notre esprit y provoque la dissipation de tout facteur vertueux, par incompatibilité.

10 - Empêcher d'échapper aux trois mondes khams las mi 'da ba   
Nos kleshas nous empêchent de progresser et de nous affranchir des trois sphères d'existence du samsara.

vendredi 2 juillet 2021

Philosophie bouddhiste

L'Enseignement du Bouddha est riche et varié - c'est qu'il a été dispensé rien moins que 45 années durant. De plus, le Bouddha n'énonçait pas la "Vérité", au sens d'une Vérité absolue et unique à laquelle chacun serait tenu d'adhérer. Non, il exposait la voie que lui-même avait suivie, en adaptant la présentation aux capacités et aspirations des auditeurs.

Sur une base commune - la finalité est de surmonter la souffrance et d'accéder au bonheur -, le bouddhisme offre donc différentes branches.

Les "véhicules", yana en sanskrit, (grand et petit, ou encore des shravaka, pratyekabouddha et bodhisattva) se distinguent de par leur conception de la souffrance à rejeter et du bonheur à réaliser, et donc de l'objectif à atteindre et des conduites à adopter pour ce faire.

Les "systèmes philosophiques", siddhanta en skt ("qui est allé au bout de l'analyse") se démarquent par les vues professées, notamment à propos du non-soi.

Pour simplifier, il y a quatre systèmes principaux :
- Vaibhashika, établi par la Première Roue du Dharma, avec le Soutra des quatre nobles vérités ;
- Sautrantika, établi par la Première Roue du Dharma, avec le Soutra des quatre nobles vérités ;
- Cittamatra, établi par la Troisième Roue du Dharma, avec le Soutra commentant la Pensée ;
- Madhyamika, établi par la Deuxième Roue du Dharma, avec le Soutra de la Sagesse.

Le Bouddha, qui n'a d'ailleurs cessé d'enseigner la loi de causalité et l'interdépendance, a forcément tenu compte du contexte dans lequel il vivait : l'Inde d'il y a 2 500, 2 600 ans.
L'Inde dont la culture était d'ores et déjà ancienne et très raffinée.

Le Bouddha a donc repris bien des notions déjà connues et admises de ses contemporains, quitte à apporter un éclairage nouveau sur certains points, ou à introduire des nuances, ou des précisions : passage d'une naissance à l'autre ; samsara et libération ; karma bien sûr, sans oublier la logique et l'art du débat remarquablement maîtrisés.

Mais il est aussi arrivé que le Bouddha réfutât certaines vues pour en affirmer d'autres, en particulier à propos du soi (skt atman ; tib. bdag) et du non-soi.

Les écoles hindouistes étaient déjà à l'époque extrêmement nombreuses.
Toujours pour simplifier, on parle de 5 ou de 6 courants principaux.

Classification en 5 :
Vaishnava, Aishvara, Jaina, Kapila (Samkhya), Barhaspatya.

Classification en 6 :
Vaishesika, Naiyayika, Samkhya, Mimamsaka, Nirgrantha, Lokayata (Carvaka)
Il est dit que, parmi ces 6 écoles, les 5 admettaient un soi (atman) "éternel", tandis que le système Carvaka n'envisageait qu'une seule et unique vie : l'actuelle.

Par rapport à ces vues, le Bouddha a introduit la notion de "non-soi" : absence d'un "soi" qui serait à la fois "permanent, un et indépendant", ou encore qui serait "établi de manière autonome et auto-substantielle", MAIS avec en parallèle l'affirmation d'un soi qui existe sur un mode relatif, ou encore conventionnel, c'est à dire qui existe en dépendance de ses agrégats constitutifs, etc.
Rapporté à l'individu, c'est ce soi nominal qui passe d'une vie à la suivante, qui va et vient, mange et réfléchit, etc.
Entre autres propriétés, un tel soi est impermanent : il change d'instant en instant.


Il n'empêche que certains systèmes philosophiques hindouistes sont très proches de leurs homologues bouddhistes.
C'est au point, dit-on, que quand Atisha, au Tibet, a appris la mort en Inde de Shantipa, il s'est exclamé :
"Il n'y avait que lui et moi pour savoir distinguer entre les deux. Maintenant que Shantipa est mort, il n'y a plus personne en Inde !"