vendredi 27 juillet 2012

Des autoperceptions

Parmi les perceptions directes ou encore immédiates - mngon sum -, certains philosophes bouddhistes admettent les autoperceptions : rang rig (= rang rig mnon sum).
C'est le cas des  sautrantrika, des cittamatrin et des svatantrika

Autrement dit, les autoperceptions sont réfutées par les vaibhashika et les prasangika, qui n'en voient pas l'utilité.

La définition de rang rig est "'dzin rnam", littéralement "aspect  saisissant", cad jouant le rôle de sujet appréhendant l'objet : gzung rnam, "aspect saisi" (ou encore "aspect perçu").

Elles se déclinent également en trois catégories :
* perceptions (initiales) avérées / pramana
* perceptions avérées consécutives
* perceptions machinales 

Des perceptions yogiques directes rnal ‘byor mngon sum

Les perceptions yogiques directes rnal ‘byor mngon sum  sont des perceptions propres aux seuls Arya et supposent d'avoir réalisé l'union du calme mental (shamatha) et de la vue supérieure (vipassyana).

Elles se répartissent donc en trois groupes, selon qu'elles relèvent
* du chemin de la vision
* du chemin de la méditation
* du chemin au-delà de l'entraînement.

Elles peuvent être accomplies par
des arya-shravaka
des arya-pratyekabuddha
des aryabodhisattvas
des Aryabuddha

Elles sont par définition des perceptions avérées, initiales (tshad ma ; pramana) ou consécutives (dpyad shes).

Des perceptions mentales directes yid mnon

De même que les perceptions sensorielles directes, les perceptions mentales directes peuvent être :
* des perceptions (initiales) avérées / pramana
* des perceptions avérées consécutives
* des perceptions machinales.

Les six « clairvoyances » (abhijnâ ; mnon shes),  parfois rendues en français par "perceptions supranormales" ou encore "connaissances supramondaines" - relèvent des perceptions mentales directes :

1) Perceptions d'un "oeil divin"
2) Perceptions d'une "oreille divine"
3) Perceptions des pensées d'autrui
4) Perceptions "miraculeuses"
5) Perceptions se remémorant les vies antérieures
6) Perceptions de l'annihilation des souillures

1) Les perceptions d'un "oeil divin" consistent à "voir" à travers les murs ou encore à de très longues distances. Elles peuvent aussi porter sur l'avenir des êtres et voir quand ils vont mourir et quelle renaissance ils vont prendre.

2) Les perception d'une "oreille divine" appréhendent des sons qui échappent aux perceptions auditives ordinaires, par exemple des sons très éloignés.
Par exemple, dans les biographies d'Atisha, il est souvent fait référence au fait que du Tibet, il entendait les clochettes agitées par ses disciples en train de l'invoquer en Inde.

3) Cette catégorie est facile à comprendre : faculté à discerner les pensées d'autrui.

4) Les perceptions "miraculeuses" coïncident avec les pouvoirs dits "ordinaires", tels que la capacité d'ubiquité, la capacité de voler dans les airs, de marcher sur les eaux, etc., bref de maîtriser les éléments.

5) Facile à comprendre.

6) Les perceptions de l'annihilation des souillures, qui coïncident avec la certitude d'avoir atteint la libération, n'existent que chez les Bouddhas et les Aryabodhisattva.

Des perceptions sensorielles directes

Les perceptions sensorielles directes -   dbang po’i mngon sum - comportent plusieurs classifications.

Selon une classification ternaire, les perceptions sensorielles directes peuvent être :
* des perceptions (initiales) avérées / pramana
* des perceptions avérées consécutives
* des perceptions machinales

Selon une classification en quatre, elles peuvent avoir pour objets :
* des formes
* des sons
* des odeurs
* des saveurs
* des touchers

Des perceptions directes "mngon sum"


Les systèmes philosophiques bouddhistes admettent soit quatre soit trois types de perceptions directes ou encore immédiates - mngon sum-, c'est à dire des perceptions qui appréhendent leur objet sans le truchement d'une image (ou encore) représentation mentale - sgra spyi ou don spyi.

* perceptions sensorielles directes dbang po’i mngon sum 
* perceptions mentales directes yid kyi mngon sum 
* autoperceptions rang rig mngon sum  (admises par les sautrantrika, les cittamatrin et les svatantrika au sein des madhyamika ; réfutées par les vaibhashika et les prasangika)
* perceptions yogiques directes rnal ‘byor mngon sum 

Euthanasie et animaux

La question de l'euthanasie des animaux revient très souvent.

Les animaux, comme les humains, sont des êtres animés, dotés de sensibilité et d'intelligence.

Alors, que faire quand ils arrivent en fin de vie ?
"Abréger" leurs souffrances en les euthanasiant ?

Si seulement on pouvait être sûr de les abréger, leurs souffrances !

Pour ceux qui sont totalement persuadés qu'en tout et pour tout il n'y a qu'une vie : l'actuelle, la réponse est simple : il vaut mieux abréger  les souffrances.
(Seule demeure la question de déterminer qui on cherche le plus à soulager : l'animal en fin de vie, ou le propriétaire qui n'en peut plus, ou qui a autre chose à faire, ou qui trouve que cela coûte trop cher.)

En revanche, quand on envisage que la mort ne marque pas de fin définitive, qu'on en soit sûr ou qu'on s'interroge, cela devient plus délicat :
Est-ce qu'on abrège vraiment les souffrances de l'animal  ou est-ce qu'on l'expédie prématurément vers quelque chose de similaire, voire de pire ?

Des personnes dotées d'une  clairvoyance telle qu'elles percevraient le futur d'autrui (et d'elles-mêmes) pourraient sans doute prendre des décisions à bon escient.
En-deçà, ne joue-t-on pas aux apprentis sorciers ?

Contrairement à ce que certains disent, ne pas euthanasier ne signifie pas "ne rien faire" en abandonnant un être à son sort - sous-entendu à d'atroces souffrances.
Dans la mesure du possible, il convient certes d'apporter des soins "de confort" et de faire en sorte de calmer la douleur.  (Oui, c'est onéreux, c'est vrai...)

N'existe-t-il pas une voie du milieu bannissant les extrêmes de l'acharnement thérapeutique et de l'euthanasie expéditive ?


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lundi 16 juillet 2012

Au fond, ...

Au fond, qu'est-ce qu'un bouddhiste ?

C'est quelqu'un qui prend conscience qu'alors qu'il ne demande qu'à être heureux, il est loin du compte.
Effrayé de tout ce à quoi il est exposé, il se tourne vers le Bouddha, bien décidé à suivre ses recommandations, car il voit où ses propres essais l'ont mené jusqu'à ce jour.