dimanche 30 novembre 2008

Le sourire du Maître



Les sourires de Rinpoche !
Enseignements par l'exemple.
Ô combien chaleureux.
Ô combien réconfortants.

Un bon pratiquant

"Assis dans une grotte nichée à flanc de montagne, un vieux moine tibétain lit avec attention un traité de Vinaya - à propos des règles monastiques, et il découvre dans un passage que les religieux ne doivent pas utiliser des tapis faits en peaux.
Il se lève d'un bond, arrache la peau d'ours sur laquelle il s'était installé et la jette à l'extérieur.
Puis il se replonge dans son manuel.

Un peu plus loin, il trouve une longue liste d'exceptions : il est interdit de faire ceci ou cela, sauf si...
Ainsi, dans le cas de moines âgés, qui souffriraient de telle affection, l'usage d'un tapis en peau d'ours est autorisé, dans un but thérapeutique.


Aussitôt, le vieux moine se relève, va récupérer en contre-bas son vieux tapis et ... reprend son étude."

Voilà une petite histoire que Genlags m'a un jour racontée, quand il m'expliquait que, dans le bouddhisme, l'étude doit être rapportée à soi, et déboucher sur une application immédiate. Comme ici.

jeudi 27 novembre 2008

Kyabje Trijang Dorjechang

Statue de Kyabje Trijang Rinpoche, Tuteur de S.S. le XIVème Dalai Lama, Monastère de Sera Mey, Bylakuppe, Inde

Films en tibétain

Films en tibétain projetés à l'Université Paris Dauphine (XVIème).
Entrée gratuite.
Dates : le 28 novembre et le 3 décembre

INALCO Dauphine, vendredi 28 novembre
, 18h-20h, salle P105
projection de deux films de Padma Tsetan (ch.: Wanma Caidan), réalisateur tibétain diplômé de l'Académie du Film de Pékin. Ce court-métrage de fiction et ce documentaire n'ont jamais été projetés en France. Les films sont en VO tibétaine (dialecte de l'Amdo) sous-titrée en anglais. Padma Tsetan sera présent pour commenter les films à l'issue de la projection.

- La Prairie (Rtswa thang), fiction, 2004, 26'


"An old woman loses a cow in the Tibetan district of Qinghai. The village head thought the notorious young men had stolen it. The suspects were reluctant to meet the head's order to vow before the Buddha. They were indeed innocent. In the end, the head's son admitted he was the thief when faced with his father's inquiry. The father led the son to apologize to the old woman. It is a tranquil and consistent film, slowly unfolded, simply put."


- The Weatherman's Legacy, documentaire, 2005, 26'

"A Tibetan shaman wants to pass down his hailstorm-stopping and rain-making skills to his son, who would rather run a video-rental business in the village. Worried that his reputation in the village is slipping, the shaman’s last hope lies with his grandson, who is beginning to learn the ancient incantations. In the meantime, the local meteorologist is gaining popularity amongst the villagers, who are starting to favour the more scientific methods of cloud-seeding and man-made rain over traditional shamanistic rituals."



Le mercredi 3 décembre, en salle B409, projection du premier long-métrage de Padma Tsetan, "Le Silence des Pierres Sacrées" (vo sous-titrée en anglais)

The Silent Holy Stones

Written and Directed by Wanma Caidan (Pronounced Pema Tsetan)
Tibet 2005 | Drama | 102 min | Tibetan with English subtitles

The Silent Holy Stones traces the intermingling of native Tibetan culture with the influence of the outside world. The movie tells the story of a young Lama who returns to home for New Year holidays from his remote temple, and is deeply impressed by the changes in his village.
The young Lama discovers a new TV set in his family's home. He falls in love with the television series Journey to the West. Upon returning to the temple, the boy begs his father to bring the VCD and TV back to the temple for other Lamas to watch.
His fixation on the TV begins to distract him from his duties to the temple and his community. Despite the intensity of contrast between the religious and secular, the ancient and contemporary, The Silent Holy Stones never escalates the tension to the level of contrived narrative conceit.
Awards: Winner of the 25th Golden Rooster, Best Directorial Debut; winner of the 13th Beijing Student Film Festival, Best Directorial Debut; winner of the New Currents Award in the 10th Pusan International Film Festival; winner of Dragons and Tigers award in the 24th Vancouver International Film Festival.
Director Pema Tsetan was born in the Tibetan area in Qinghai, northwest China in 1969. He studied Tibetan language and culture at the Northwest National University, and film at the Beijing Film Academy. A screenplay writer and director, he wrote and conducted a 35mm coloured short film — The Grassland — 2004, which won the best short film prize at the Chinese Students' Films Sections and the 3rd International Students Audio and Visual Works Show at the Beijing Film Academy. He was chosen one of Discovery's First Time Filmmakers of 2004 and his second feature film, BLIND MOUNTAIN, is currently in post-production.
The Silent Holy Stones won the 25th Golden Rooster, Best Directorial Debut; winner of the 13th Beijing Student Film Festival, Best Directorial Debut; winner of the New Currents Award in the 10th Pusan International Film Festival; winner of Dragons and Tigers award in the 24th Vancouver International Film Festival.

N'hésitez pas à diffuser l'information autour de vous.

La Prise de refuge

Les Instructions du Lama

Nos Maîtres nous ont expliqué maintes fois que si nous souhaitions pouvoir méditer le lamrim - les étapes de la voie qui mène à l'Eveil de Bouddha -, nous avions tout intérêt à connaître l'itinéraire à suivre.

Le plan le plus usité chez nous est fondé sur les lamrim intitulés La Voie aisée et La Voie rapide, dues aux deux premiers Panchen Lama.
C'est le tout premier texte que Rinpoche m'a conseillé d'apprendre par coeur. J'avais 20 ou 21 ans, et je commençais à peine à balbutier quelques mots de tibétain.

Sous le titre Les Instructions du Noble Maître, une nouvelle traduction en français vient de paraître aux Editions Guépèle, avec le texte tibétain en vis-à-vis.

Rencontre inter-bouddhiste

Etonnant ! Il a fallu que nos amis soufis s'en mêlent pour que nous nous rencontrions.

Le dimanche 16 novembre, L'Universel - sis à Suresnes - a en effet organisé toute une journée consacrée à des thèmes prometteurs :
"Compassion et Liberté spirituelle A la rencontre du bouddhisme".

Exposés, méditations dirigées, témoignanges plus personnels, mais aussi musique (bols chantants tibétains et shakuachi japonais) ont constitué le programme de cette rencontre chaleureuse

mercredi 26 novembre 2008

Qui est le plus féroce ?


Mardi soir, au Forum à Paris, Lochen Rinpoche a poursuivi son Enseignement sur la prise de refuge d'une manière ... décapante.
Difficile de ne pas entendre un discours aussi clair et direct !


Entre autres, Rinpoche a esquissé un parallèle entre un animal "féroce" tel qu'un tigre - qui tue pour se nourrir - et nous, les humains - qui tuons aussi pour nous nourrir, mais pas seulement...

Et Rinpoche de souligner que la condition humaine est une lame acérée à double tranchant. Si nous en faisons un bon usage, elle peut nous permettre de monter jusqu'aux sommets, mais ... elle peut aussi nous faire dégringoler dans les abysses du samsara.
"A bon entendeur salut", n'a-t-il pas dit explicitement, mais le message était limpide : vous avez tous les atouts entre les mains. A vous de jouer.

Biographie de Lorepa suite

Pour ceux qui souhaitent en savoir d'avantage par rapport à ce que j'ai pu raconter dans un billet précédent daté du 20 novembre 08, le plus simple serait de se reporter à un ouvrage de 'Gos Lotsawa, traduit en anglais par George N. Roerich sous le titre de The Blue Annals (voir pages 672 - 676).

La trame demeure sensiblement la même que le résumé de Dungkar Rinpoche (heureusement...) mais avec maints détails et anecdotes qui donnent de précieux éclairages.

Par exemple, Gö Lotsawa raconte que les futurs parents de Lorepa n'arrivant pas à avoir d'enfant ont invoqué avec ferveur Avalokiteshvara, après quoi un fils (unique) leur est enfin né - ce qui explique pourquoi ils ont plus tard essayé de l'obliger à prendre épouse : quoi de plus naturel que de souhaiter maintenir la lignée familiale ?
Il narre également comment le jeune moine a résisté à la pression, en graduant les moyens qu'il a mis en oeuvre, d'abord très doux, puis de plus en plus fermes - ce qui est un enseignement en soi.

mardi 25 novembre 2008

Motivation initiale

Celui qui veut s’engager dans un travail sur lui-même, disaient les geshe Kadampa, est comparable à un paysan qui voudrait couper de l’herbe avec une faucille.
Mais voilà, sa faucille est émoussée. Si, sous prétexte de gagner du temps, le paysan se met tout de suite à couper l’herbe, comme l’outil est défectueux, il va se donner beaucoup de mal pour des résultats médiocres.

En revanche, s'il prend quelques minutes pour aiguiser la lame, il va pouvoir accomplir un excellent travail dans des délais très courts.

Autrement dit, prendre soin de se mettre dans un état d'esprit adéquat, faire apparaître en soi une bonne motivation - cela semble a priori une perte de temps, mais cela permet en fait d’en gagner beaucoup.*

* Extrait d'un Enseignement de Rinpoche

Aider à bon escient

Le grand Pandit Atisha insistait sur le fait que l'on ne peut apporter une aide efficace à autrui, il importe d'avoir réalisé la clairvoyance, et d'être capable de connaître ses pensées réelles (pas celles que nous lui attribuons).

Autrement dit, plutôt que de perdre mon temps à écrire des billets inutiles, dont le seul mérite est de me fournir une occasion de réfléchir, je ferais beaucoup mieux de m'entraîner en vue de réaliser shamatha, le niveau de concentratiion appelé "calme mental", et dont les pouvoirs comme la clairvoyance sont des effets secondaires.

Pour simplifier la vie

Ce dont j'ai envie de parler n'est pas un sujet spécifiquement bouddhiste, et j'espère que vous me pardonnerez de sortir du sujet.

Il y a pourtant un lien avec le bouddhisme, surtout le grand véhicule, où nous n'arrêtons pas de dire et répéter que nous voulons aider tout le monde et chacun.

Je me trompe sans doute, mais quant à moi, je poserai un principe de base dans nos relations mutuelles :
En toutes circonstances, demander directement l'avis de l'intéressé et ne pas présupposer ses choix et envies !

N'oublions pas que nos perceptions, et donc nos pensées et opinions, sont nécessairement conditionnées par nos propres karma - qui sont par définition différents de ceux des autres, y compris ceux que nous croyons (à tort) connaître par coeur.

Vouloir rendre service est beau, mais combien de conflits et/ou de frustrations seraient évités si nous cessions de croire que nous pouvons répondre pour l'autre, à la place de l'autre.

Depuis mon entrée dans le bouddhisme, j'avais rayé de mon vocabulaire l'expression : "L'enfer est pavé de bonnes intentions". Je me demande si je ne vais pas la réhabiliter.

Dromtönpa disait bien que nos pires ennuis viennent non pas de ceux qui nous veulent du mal, mais de ceux qui nous veulent du bien. Et se plantent (pardonnez cette expression triviale, mais imagée).

Effet boomerang

Autrefois, j'ai porté préjudice
Aux êtres de ce même genre (de manière).
Aussi, puisque je nuis aux êtres,
Il est juste que ce dam m'advienne.

énonce Shantideva dans le Bodhicaryavatara (Chapitre 6, strophe 42).

lundi 24 novembre 2008

Les lotsawa

Le bouddhisme a beaucoup voyagé, et des traducteurs ont dû s'improviser à chaque escale.

Dans le Tibet ancien, les lotsawa étaient très estimés. Ils étaient même qualifiés d'"oeil du monde" (rjig rten gyi mig).
Il faut dire qu'eux étaient des érudits et d'excellents pratiquants. En fait, ils étaient eux-mêmes des Maîtres - pensons au grand Marpa Lotsawa.

Aujourd'hui, le bouddhisme est arrivé de par chez nous. En France, aussi il faut des traducteurs - une marchandise assez rare sur le marché.

Vraiment très rare, car sinon, jamais quelqu'un comme moi, dénué de connaissances, de compétence et qui est encore loin des rangs des "pratiquants", n'aurait été amené à jouer ce rôle ingrat et délicat.

D'après mon expérience (c'est à dire mes expériences répétées au fil des années), de nos jours, en fait d'"oeil du monde", il serait plus exact de parler de "cinquième roue du carrosse" : un personnage encombrant, dont on voudrait bien se passer, et dont on est content de se débarrasser dès que c'est possible - avec raison vu la nullité dudit personnage en ce qui me concerne - je ne puis savoir ce qu'il en est pour mes "collègues".

N'empêche que ça met dans une position ô combien agréable et confortable...
A ne pas savoir sur quel pied danser (en plus, je n'ai jamais dansé en cette vie - à l'école maternelle, je me faisais
déjà porter malade pour échapper aux exercices de trémoussements collectifs).

Occasion en or pour mettre en oeuvre les lojong (blo sbyong), "entraînements de l'esprit", me direz-vous. Certes.
Mais pour cela, encore faudrait-il en avoir le niveau. Et quand on n'est même pas encore entré dans la pratique telle que définie par Dromtönpa...

Les trois principes du chemin

Autrefois, Je Rinpoche (c'est à dire Je Tsongkhapa) reçut du Bouddha Manjushri une précieuse instruction qui condensait la voie spirituelle en ces trois "principes" (au sens de "qualités principales") :
le renoncement - l'esprit d'Eveil - les vues excellentes (compréhension du non-soi).

Dur, dur de pratiquer

Dans le droit fil de l'article précédent, qui concerne les huit principes mondains, il y a cette anecdote célèbre, attribuée au fondateur de l'ordre Kadampa.

Lors de ses circumambulations autour du monastère de Rating qu'il a fondé naguère, Dromtönpa aperçoit un moine plongé dans la lecture d'un texte sacré. Il s'approche de lui et lui dit : "C'est très bien de lire, mais ne serait-il pas mieux de pratiquer ?".

Le moine réfléchit, et le lendemain Dromtönpa le voit assis en train de méditer :
"C'est très bien de méditer, mais ne serait-il pas mieux de pratiquer ?"

Décontenancé, le moine fait quelques autres tentatives, qui lui attirent la même remarque.
Ayant épuisé toutes ses ressources d'imagination, il se décide à aller trouver l'Abbé :
"Ne serait-il pas mieux de pratiquer, me dites-vous quoi que je fasse. Mais qu'entendez-vous donc par là ?
- Détourne-toi de tout intérêt pour cette vie", lui conseille Dromtönpa.

Tshe 'di la blo gtong !
Plus facile à dire qu'à faire...

Les huit principes mondains

Certains les appellent les huit préoccupations du monde ; en tibétain, on parle de rjig rten chos brgyad.

Ce sont huit situations, qui révèlent notre attachement aux bonheurs et privilèges de cette vie :
gains et pertes ;
bonheur et malheur ;
propos plaisants et propos déplaisants ;
compliments et critiques (variante : bonne réputation et mauvaise réputation).

Avouons. D'ordinaire, ne sommes-nous pas contents quand le premier terme de chaque paire nous échoit, et diablement mécontents quand c'est le second qui nous tombe dessus ?

Quoi de plus naturel ? Eh oui, hélas. Tout ce qu'il y a de plus naturel ... dans le samsara.

C'est pourquoi Nagarjuna recommandait instamment de mettre les huit sur le même plan.
Car tant qu'on reste dominé par eux, on ne peut pas prétendre au titre de "pratiquant du Dharma", et ce, même si on consacre ses journées à des activités que l'on appelle des "pratiques" - méditations, récitations de mantra, etc. -, mais qui en dépit des apparences, n'en sont pas. A cause de l'attachement persistant aux choses de cette vie.

jeudi 20 novembre 2008

Biographie de Lorepa

Pour répondre à la question de Sandrine, oui, il existe des biographies du Maître Lorepa. En tibétain... J'ai les coordonnées quelque part. Dès que je les retouve, je vous les donne.

Pour reprendre le résumé proposé par Dungkar Rinpoche dans son encyclopédie, Lo ras pa dBang phyug bTson 'grus (prononcez : Lorèpa Wangtchouk Tsöndru) naît en 1189, l'année de mouton de feu du 3ème cycle. Son père s'appelle rNal 'byor (Nèltchor), sa mère Me bza sKyid (Messa Kyi).

Dès l'âge de 5 ans, il maîtrise la lecture et l'écriture (pas si fréquent à l'époque, et d'ailleurs même de nos jours).
A 15 ans, il rencontre le Maître Chos rje gTsang pa et se met à son service, mais à 17 ans, c'est par le Maître sBal ti (Bèlti) qu'il est ordonné moine au monastère de sKyor mo lung. Il reçoit de lui son nom religieux - Wangchuk Tsöndru.

Bientôt il doit s'en retourner chez lui à la pressante demande paternelle. Arrivé à la maison, il découvre que son père a arrangé pour lui un mariage... Il refuse net et s'enfuit. Il se réfugie auprès de son Maître Chos rje gTsang pa , qu'il accompagne au Bhoutan.

Commence pour lui une période d'étude intense, tant sur le Vinaya que sur les tantra.

Quand il apprend le décès de son père, il vient effectuer à son intention prières et rituels de la manière la plus développée qui soit. Dédiant tout le patrimoine familial au Dharma, il ne conserve strictement rien pour lui.

De retour au Bhoutan, déterminé à se consacrer pleinement à la pratique, il prononce sept serments : - ne pas retourner au pays ; - ne pas quitter les montagnes ; - demeurer continûment assis en méditation ; - se garder de tout contact social ; - se contenter d'un habit de coton; - conserver le silence ; offrir chaque jour les cent torma.

Son Maître, Chos rje gTsang pa, lui dit qu'il ne devra pas à respecter de tels engagements à jamais : à l'image du Bouddha qui s'adonna aux ascèses six années durant, il suffira qu'il observe ses promesses pendant six ans.

Les six années écoulées, Lorepa revient dans le centre du Tibet avec son Maître, et reçoit à nouveau de nombreux Enseignements de lui.
Las ! Il n'a que 24 ans quand Chos rje gTsang pa quitte ce corps.

Des années durant, Lorepa se livre avec ardeur la méditation dans les montagnes, faisant fi du froid et de la faim – car il ne possède rien, et ne veut d'ailleurs rien posséder. Tout obstacle qu'il rencontre, il le transforme en condition favorable qui intensifie encore sa pratique.

Ainsi obtient-il une sagesse d'une grande puissance, alliée aux pouvoirs supranormaux (clairvoyances, etc.), effets secondaire de sa réalisation du calme mental.

Ayant atteint les qualités nécessaires, Lorepa peut désormais se consacrer à accomplir le bien d'autrui. Sans ménager sa peine , il dispense enseignements et initiations - notamment de Samvara.

Au fil des années, il va établir dans différentes régions du Tibet de très nombreux monastères, dont certains vont beaucoup se développer.
Ainsi, la communauté de dBu ri (proncez Ouri), où il demeure sept ans, compte bientôt plus de mille membres.
Ou encore, dKar po chos lung (Karpo Chöloung, fondé l'année du buffle) accueille plusieurs dizaines de milliers de religieux lors des grands événements. Il installe là comme support de foi de nombreux livres écrits en lettres d'or.

Comment décrire ce grand Maître ?
Il présente une générosité portée au plus au point ; une absence totale d'attachement ; un courage et une persévérance sans faille ; une vaste érudition ; une vive compassion qui le pousse à accomplir le bien d'autrui.
Bref, il témoigne de toutes les qualités d'un
bodhisattva, jusqu'à sa mort en 1250, le 21ème jour du 9ème mois de l'année du chien de fer.

De la générosité

Parmi les six perfections, la générosité est énoncée en premier, car elle est considérée comme plus facile à mettre en application - les six paramita sont de fait énumérées par ordre de difficulté croissante.

Oui, mais ! Pas si simple que ça, la générosité, à bien y réfléchir.

Sans même parler de ses aspects plus subtils que sont le don de protection et le don de l'Enseignement, rien qu'en ce qui concerne le don matériel, les pièges ne manquent pas : en toute sincérité, on peut commettre des fautes graves, sans en avoir conscience.

Dans le chapitre du Bodhisattvabhumi consacré à l'éthique des bodhisattva, Asanga met en garde contre les "vols" (NB le terme de "vol" n'est pas vraiment approprié ; pour rester plus proche de la lettre, il vaudrait mieux parler de "détournement") très graves aux yeux des bouddhistes : ceux commis à l'égard de Sangha, ici au sens de "communautés religieuses".

Or, la question est au plus haut point délicate.

Pour prendre un exem
ple, supposons deux monastères dénommés x et y. Pour grossir les traits, admettons que le monastère x soit riche, alors que le monastère y ait des difficultés matérielles.
Au détour d'une conversation avec, disons, Paul, celui-ci nous parle de son intention de faire un don à x. En toute sincérité, nous nous exclamons qu'il vaudrait mieux faire ce don à y, qui en a beaucoup plus besoin. Convaincu, Paul fait donc le don à y.

Eh bien, dit l'éthique de
bodhisattva (très stricte, il faut le souligner), cela s'apparente à un vol perprétré au détriment d'une communauté, en l'occurence la communauté x !

En revanche, si Paul nous dit : "J'ai envie de faire un don à un monastère. Que me conseilles-tu ?", lui faire valoir que y a plus de besoin que x est seulement informatif. Il n'y a alors aucun problème.

Autre cas litigieux : nous prenons la décision de faire un don à x, puis nous réfléchissons et changeons d'avis - soit nous gardons ce que nous avions envisagé de donner, soit nous le donner à y : ça revient à reprendre ce qui avait été donné D'ailleurs, chez nous aussi il y a une expression qui dit que c'est du ... vol.
MAIS n'exagérons pas non plus : nous avons le droit (et le devoir) de réfléchir avant de donner quoi que ce soit, à qui que ce soit. Et durant cette phase, il n'y a aucune faute à peser le pour et le contre, et à changer d'opinion, plusieurs fois le cas échéant : de nousveaux éléments peuvent nous apparaître au fur et à mesure.

En fait, toujours selon le bouddhisme (mahâyâna), le pire consiste à faire obstacle à un don (même minime, comme un simple pain) que quelqu'un souhaite faire à un bodhisattva, et par extension à un Maître.
Paul, toujours lui, nous annonce qu'il veut offrir, par exemple, un certain objet en sa possession au Maître Z. Nous lui rétorquons qu'il a bien tort car le Maître Z n'en aura que faire !
En réalité, c'est nous qui avons alors tort...






La foi et les apparences

Sharawa, grand geshe kadampa qui vécut de 1070 à 1141, déclarait :
"La foi des villageois réside dans leurs yeux !"

Pas sûr que cela ne concerne que les villageois...
Pas sûr non plus que nous ayons beaucoup évolué. Le rang, le titre, la vêture font souvent la différence...

samedi 15 novembre 2008

Les Maîtres et les animaux

Dans les années 1045, le Pandit indien Atisha choquait certains de ses disciples tibétains en se montrant doux et affectueux avec les animaux. Il en sauva des dizaines et des dizaines auxquels il permit de mourir de "leur belle mort", comme l'on dit.

A son image, Lochen Rinpoche, qui caresse sur cette photo un chien de garde d'origine "tibétaine", recueille souvent des animaux errants.
Actuellement, il a deux gros chiens au monastère, à Kaïs.

Il m'a aussi raconté que, lorsqu'il était astreint au travail obligatoire au Tibet, plutôt que de passer la nuit dans la promiscuité du baraquement, il avait obtenu la permission des gardes de se construire dehors un petit abri, ouvert à tous les vents - trois planches pour les murs et un bout de tôle ondulée en guise de toit. Trois chats lui tenaient compagnie à l'époque.

vendredi 14 novembre 2008

Lorepa

Le Maître qui est à l'origine de la lignée de Lamas dont Lochen Rinpoche est l'actuel représentant s'appelle Gyälwa Lorepa (rGyal ba lo ras pa) et il a vécu de 1187-1250.

Parmi les principaux disciples de Tsangpa Gyare Yeshe Dorje, il est considéré comme le fondateur d'une branche de l'école Drukpa Kagyu : Meddruk (sMad 'brug).

Ses œuvres complètes représentent rien moins que cinq volumes : Smad 'brug bstan pa'i mnga' bdag rgyal ba Lo ras pa Grags pa dbang phyug mchog gi gsung 'bum rin po che (Khenpo Shedup Tenzin & Lama Thinley Namgyal, Shri Gautam Buddha Vihar, Manjushri Bazar, Kathmandu, Nepal, 2002).

Exemple en action

Lochen Rinpoche, Lama de Dagpo Datsang, donnera des Enseignements au Forum, à Paris (104 rue de Vaugirard) les mardis 18 et 25 novembre, ainsi que le 2 décembre (Voir le programme sur le site de l'Institut Gandenling)

Lochen Rinpoche, dont c'est le 3ème séjour en France, est né dans la région du Dagpo officiellement en 1943, en fait en 1944. il est le cinquième d'une famille de douze enfants - sept garçons et cinq filles.

Très jeune, il a été reconnu comme la réincarnation du grand Lorepa, anachorète du XIIème siècle détaché des vanités mondaines et qui était le digne disciple d'un disciple de Jetsun Milarepa.

De fait, il montre encore cette fois les qualités d'un ermite aguerri. L'humilité est son blason.
Comment décrire Rinpoche ? Une persévérance et une résistance hors du commun, alliées à une grande intelligence, le tout agrémenté et d'une extrême bienveillance envers tous, animaux comme humains (sachant que, dans le vocabulaire bouddhiste, bonté ne signifie pas faiblesse !). Et surtout, surtout, une foi et une vénération totales envers ses Maîtres, dont notamment Dagpo Rinpoche.

Après sept années passées dans son propre monastère – Jara Gartog -, vers 12 ans, Rinpoche entre en effet à Dagpo Datsang pour étudier la philosophie, et il prend immédiatement la tête de la classe. Pas pour longtemps : les tragiques événements de 1959 interrompent brutalement ses études.
Son statut de Lama lui vaut aussitôt d'être assigné aux travaux obligatoires.

Il n'a que 15, 16 ans et le voilà en train de construire des routes en altitude. Alors que tant de ses compagnons meurent suite à des accidents et aux mauvais traitements, sa robuste constitution (et son moral d'acier) lui permet de survivre. Quelques années plus tard, sa situation s'améliore notablement quand il est affecté à une équipe de menuisiers. Sa dextérité manuelle le fait très vite apprécier par les militaires chinois pour qui il doit fabriquer tables et armoires. Ce qui lui permet d'obtenir à l'occasion quelques permissions.

C'est ainsi que, quand Dagpo Rinpoche se rend au Tibet en 1983, ils ont l'immense joie de se revoir. Lochen Rinpoche se met au service de son Maître pendant tout son séjour dans leur commune région d'origine.

Puis le travail du bois reprend jusqu'en 1987, année où il est enfin remis en "liberté" (surveillée, bien sûr). Il parvient bientôt à gagner l'Inde.

Il s'installe dans un ermitage non loin de Dharmsala et, durant cinq ans, se consacre à la méditation du Lamrim assidûment.
Dagpo Rinpoche le sort de son ermitage en lui demandant d'aller à Mundgod pour prendre soin des jeunes moines de Dagpo Datsang qui étudient la philosophie au monastère de Drepung Gomang. Lochen Rinpoche décide alors de reprendre ses études, mais … Bientôt, il lui faut aller à Kais pour concevoir et superviser la construction du nouveau complexe monastique.
Mission accomplie avec succès, avec le couronnement de l'inauguration présidée par Sa Sainteté le Dalaï Lama en personne.

Depuis, Rinpoche vit à Kais au sein de la communauté qui compte environ 130 moines désormais. Il s'occupe avec la plus grande attention de ses élèves et réserve à tous ses visiteurs un accueil chaleureux.