vendredi 26 décembre 2008

Un centre bouddhiste dévasté par les flammes

Le Centre Lama Tsongkhapa de Pomaïa, près de Pise, a été en proie à un incendie.

Comme nous sommes assez nombreux à nous y être rendus pour y assister à des Enseignements, notamment de Kyabje Ling Dorjechang (en août 1980), il m'a semblé utile de vous transmettre cette triste information.

http://www.unita.it/index.php?section=ansanews&idNotizia=9339
Incendio devasta monastero buddista a Pomaia

(ANSA) - POMAIA (PISA), 26 DIC - Un vasto incendio, probabilmente innescato da un corto circuito, ha devastato buona parte del monastero buddista di Pomaia (Pisa). E' uno tra i piu' importanti d'Europa. L'incendio ha distrutto la sala grande di meditazione e moltissimi incunaboli, testi antichi e statue. Non ci sono feriti. I vigili del fuoco hanno circoscritto l' incendio e provveduto a isolare la zona. Il monastero non e' piu' agibile. I danni ammontano a oltre un milione di euro. Le fiamme, secondo quanto appreso, hanno sfondato anche il tetto del monastero oltre ad aver distrutto preziosissimi testi tibetani molto antichi. I monaci escludono che si sia trattato di fuoco provocato da candele perche' in quella sala, per motivi di sicurezza, candele non ne vengono piu' accese da tempo. Disperazione tra gli oltre 25 monaci che vivono nel monastero: 'Saremo costretti a fare un appello - ha detto il presidente dell' istituto Lama Tzong Khapa, il monaco Raffaello Longo - perche' i danni sono ingentissimi e non ce la possiamo fare da soli a ristrutturare il monastero. Domani doveva cominciare il master per gli studenti che vengono qui da tutto il mondo e non sappiamo come fare'. (ANSA).

jeudi 25 décembre 2008

Noël 2008

Pour ne pas faillir aux usages céans, permettez-moi de vous souhaiter un très JOYEUX NOËL.

En fait, depuis une dizaine de jours, pas mal de personnes se sont enquises : "Vous fêtez Noël chez vous ?", sous-entendu chez les bouddhistes.
Ca fait 34 ans (comme le temps passe !) que j'ai "sauté le pas" en répétant après Geshe Rabten-lags les formules de la prise de refuge, et bientôt douze ans que j'ai adopté l'habit monastique.
Vous ne me croirez sans doute pas, mais on ne m'avait jamais encore posé cette question. Et cette année, ça n'arrête pas.

J'y ai donc réfléchi, encore qu'il me suffisait de me remémorer ce que Rinpoche nous répète chaque année au dernier Enseignement de décembre :
"Je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'année.
A cette occasion, vous allez sans doute vous retrouver en famille ou avec des amis. Profitez-en bien et faites tout pour favoriser une ambiance détendue et chaleureuse. Ce n'est vraiment ni le lieu ni l'heure pour entrer en conflit avec qui que ce soit, même si tel ou tel affirment des opinions contraires aux vôtres. Après tout, chacun est libre de penser ce qu'il veut, et d'exprimer ses vues.
A quel titre vouloir imposer notre propre point à autrui ? Sommes-nous si certains d'avoir toujours raison ?
Noël, vous le savez, commémore la venue de Jésus en ce monde, pour délivrer un message de paix et d'amour qui depuis des siècles aide et réconforte des millions et des millions de personnes un peu partout dans le monde.
Nous, bouddhistes, nous nous réjouissons vivement de son oeuvre en faveur des êtres souffrants et les fêtes de Noël nous offrent l'opportunité de formuler des voeux et prières pour que ses souhaits puissent s'accomplir - pour le bien de tous les êtres."

Autrement dit, oui, nous célébrons Noël, à notre manière.

Sans oublier l'autre aspect - moins religieux mais fermement ancré dans nos habitudes culturelles : les petits cadeaux d'usage assortis de voeux.

Nombre de personnes critiquent ces "voeux purement conventionnels" et s'y dérobent. Je trouve cela un peu dommage.
D'accord, ils sont conventionnels. Comme tout ce qui existe (Cf. système philosophique madhyamika prasangika).
L'aspect positif est qu'ils permettent de renouer ou d'entretenir des liens et de développer des "bons sentiments". Lesdits bons sentiments sont sans doute éphèmères - ni plus ni moins que les autres phénomènes composés. Ils auront eu le mérite de se produire. Et donc de laisser des traces, des empreintes, pour une fois bonnes.

Faut bien commencer un jour quelque part !

mercredi 24 décembre 2008

Les qualités des Bouddhas

Voilà un sujet pour le moins vaste...
Qualités du Corps, de la Parole et de l'Esprit - Omniscience, Compassion, Pouvoirs. Activité spontanée et ininterrompue.

Pour prendre un exemple, le simple fait de voir un Bouddha inonde de joie l'heureux bénéficiaire, disent les traités. Et neutralise en lui les facteurs pertubateurs pendant une durée X.

D'ailleurs, toujours selon les traités, le simple fait d'avoir envie de rencontrer et de voir un bodhisattva est source d'immenses mérites.

A l'inverse, empêcher quelqu'un de faire un don, une offrande à un bodhisattva - ne serait-ce que d'un petit morceau de pain - est source d'immenses démérites.

Il en va de même, en plus puissant, quand il s'agit de "champs" encore supérieurs, en ordre croissant : Bouddhas et Maîtres.

Foi et attachement

Foi et attachement sont des facteurs mentaux radicalement distincts. Rien de plus évident.
Encore que ... Parfois, on se pose des questions. Car les symptômes extérieurs peuvent étrangement se ressembler.

Quelques petits "trucs" pour s'y retrouver (merci, ô Asanga, pour vos définitions dans l'Abhidharmasamuccaya) :
- La foi est toujours vertueuse ; l'attachement jamais.
- L'attachement porte exclusivement sur des phénomènes "souillés", c'est-à-dire en lien avec les facteurs pertubateurs.
- L'attachement a tendance à décliner ; la foi a vocation à croître.
- L'attachement est cause de souffrance ; la foi est source de bonheur.

Peut-on éprouver de l'attachement pour un Bouddha ?
Eh bien non, car par définition un Bouddha ne relève pas de la catégorie des "phénomènes souillés" !

Peut-on éprouver de l'attachement pour un Maître ?
Pas davantage, et ce, pour les mêmes raisons. S'il s'agit d'un Maître authentique, bien évidemment.

Dans ma jeunesse chaque jour plus lointaine (mais si), je choisis de faire porter mon mémoire de maîtrise de tibétain sur Dromtönpa - sa vie, son oeuvre. Car j'aime infiniment Dromtönpa, je l'avoue. En tout bien tout honneur, et toute foi !
Le jour de la soutenance, l'un des membres du jury (une vénérable orientaliste, viscéralement communiste par ailleurs) me lança donc : "On sent que vous êtes amoureuse de votre personnage."

Cela me choqua sur le coup. Aujourd'hui, je lui trouve des circonstances plus qu'atténuantes.
Car quand on est empli de foi pour le Maître, aux yeux des profanes, cela peut effectivement ressembler à un coup de foudre.

Quand Jetsun Milarepa entendit pour la première fois prononcer le nom de Marpa Lotsawa, les larmes lui montèrent aux yeux, tous ses poils se hérissèrent sur son corps et il fut pris de tremblements.
Quelques années auparavant, quand Dromtönpa avait pour la première fois entendu prononcer le nom d'Atisha, il avait réagi exactement de la même manière.

En résumé, honni soit qui mal y pense.

Mon Maître


Mon Maître ? C'est Rinpoche, bien sûr.
C'est-à-dire le Vénérable Dagpo Lama Rinpoche.

Mais alors, les autres ?

Ils sont aussi "mon" Maître !
Où est le problème ? L'un n'inclut-il pas l'autre, ou plutôt les autres ? Et Rinpoche est indéniablement le premier (déjà du point de vue chronologique dans cette vie, mais pas seulement).

C'est juste un problème de ... français.
Ah ! les langues asiatiques - comme le tibétain ou le japonais ! Elles sont infiniment plus souples et inclusives. C'est bien plus pratique.

Pourquoi parler de Rinpoche aujourd'hui ?
A cause de Ganden, qui m'évoque Maitreya, qui m'évoque ... Rinpoche, car il porte ce nom magnifique de Jhampa (Amour / Maitri / Maitreya).

mercredi 17 décembre 2008

Erreurs et ignorance

Je rentre à peine de Bordeaux, où Lochen Rinpoche nous a dispensé de ces Enseignements ... percutants dont il a l'art et la manière.
Un ou deux petits exemples :

- "Quand quelqu'un commet une faute, souvent il se réfugie derrière l'excuse : "Je ne savais pas."
Vous ne saviez pas ? D'accord. Eh bien, apprenez ! Etudiez ! Parce que si vous ne faites pas l'effort d'apprendre, ça ne va pas s'arranger tout seul."

- "Prendre le contrôle de soi est difficile, trouvez-vous.
C'est vrai : c'est difficile. Très difficile même. C'est bien pour ça qu'il faut vous y mettre sans plus tarder."

- "Un résultat ne se produit pas sans cause. Une main ne peut pas claquer seule, sans l'autre. Si on a des problèmes avec quelqu'un, c'est qu'on a autrefois accumulé les karma pour."

lundi 8 décembre 2008

Geshe Ngawang Khyenrab

Parmi les Maîtres que j'ai eu la joie et l'honneur de rencontrer et d'esssayer de suivre, il y eut Geshe Ngawang Khyenrab, hélas décédé beaucoup trop vite - il n'avait que 62 ans, et semblait en parfaite santé.

Geshelags, qui avait étudié à Loseling, l'un des collèges de Drepoung, après avoir fait le long trajet depuis son premier monastère qitué dans son Khams natal, était étonnamment doux et humble
Aussi, lorsque Rinpoche l'invita pour nous servir de mentor lors de notre première retraite (trois semaines quand même, et en complète réclusion), je fus très inquiète. J'aimais déjà beaucoup Geshelags mais je craignais qu'il ne vînt pas à bout de notre petit groupe : vingt personnes de ... fortes personnalités, dirons-nous.

Las ! Pourtant, depuis le temps, j'aurais dû savoir que les choix de Rinpoche étaient forcément les bons.
Geshelags nous a pris fermement en mains dès le premier matin ! Surtout moi, ai-je eu l'impression (mais il est probable que chacun de nous ait eu le même sentiment).
Il était de ces personnes qui ont de l'autorité quand nécessaire, et se mettent en veilleuse sinon.

Les trois premiers jours, si j'avais pu, je me serais enfuie à toutes jambes. Pas de veine : la retraite ayant lieu chez moi, j'étais coincée.
J'ai cru que j'allais mourir de fatigue, mais comme m'a dit gentiment Geshelags quand il m'a vu faire la grimace à l'annonce que le lendemain je devrais me lever encore plus tôt que les autres jours pour cause de grande fête bouddhiste (commémoration du Premier Enseignement du Bouddha) : "Tu n'en mourras pas ! Et si tu en mourrais, ce serait tant mieux. Tu te rends compte : mourir une si bonne date ! Quelle chance ce serait."
Que voulez-vous répondre à ça ? Rien. Je ne dis donc rien.

Pendant ces trois semaines, à chaque fois qu'un détail clochait un peu, Geshelags me dit sans ambages qu'il m'en tenait pour responsable, ce, quel que fût l'objet du délit : pas de sel sur la table ; la soupe pas chaude ; les offrandes pas trop bien disposées, etc.

C'est cette fois là que j'ai compris tout ce qu'on peut faire en 2 ou 3 minutes : énormément de choses si on s'y prend bien.
C'est aussi là que j'ai apris que, passé un cap, ce qui était épuisant devient dynamisant.

Je suis sortie de cette retraite heureuse comme je ne l'avais jamais été aupavant, et avec un punch du tonnerre.
J'aurais d'ailleurs voulu que cela ne s'arrête jamais. J'ai même joué les prolongations quelques jours, avec Geshelags et Joëlle (qui était dans les mêmes dispositions que moi), après le départ des autres retraitants à l'issue des trois semaines prévues.

Hélas ! Six mois après, Geshelags nous a quitté brutralement : vers la fin du Mönlam, une après-midi, il s'et plaint d'avoir légèrement mal au côté.
Il est allé s'allonger, dans la posture du lion. Et il s'est éteint paisiblement, seul dans sa chambre, sans avoir été malade, un jour considéré comme particulièrement "auspicieux".

Depuis, la remarque que me fit Geshelags parce que je renâclais à la perspective d'avoir à me lever une demi-heure plus tôt, est ancrée dans ma mémoire.
Lui l'a fait. Délibérément, j'en suis convaincue.

Sa Sainteté le Dalaï-Lama à Veneux

Sagesses bouddhistes
émission de l'Union Bouddhiste de France
diffusée sur France 2, le dimanche matin de 8 h 30 à 8 h 45
(l'émission peut être visionnée la semaine suivante sur le site de
France 2)
dimanche 25 janvier

Sa Sainteté le Dalaï-Lama à Veneux-les- Sablons et Evry

Reportage de Michel Baulez




Himalaya, le chemin du ciel




mardi, 9 décembre 2008 à 23:05

Rediffusions :
21.12.2008 à 12:50
23.12.2008 à 15:20
Himalaya, le chemin du ciel
(France, 2008, 65mn)
ARTE F
Réalisateur: Marianne Chaud


L'incroyable odyssée hivernale, à travers les montagnes himalayennes, de moines bouddhistes partis officier dans les villages. Une immersion inédite réalisée par une jeune ethnologue.

Au plus froid de l'hiver, dans les montagnes himalayennes du Zanskar, les moines bouddhistes de Phukthal quittent leur monastère. Pendant un mois, ils traversent des paysages de neige et de glace, empruntent des sentiers vertigineux, longent le lit des rivières gelées. Leur but : se rendre dans les villages situés à plusieurs jours de marche pour y effectuer des prières d'abondance dans chaque maison. Le petit Kenrap, moinillon âgé de seulement 8 ans, fait partie de l'expédition...

samedi 6 décembre 2008

Le Pasteur Vernier- Vivre avec un Saint - pas une sinécure

La, ou plutôt les questions d'Ivan, à propos des "amis dans le Dharma" m'ont fait repenser à un personnage extraordinaire que j'ai eu la chance de connaître dans ma jeunesse de plus en plus lointaine, quand ma famille habitait la jolie ville de Maubeuge, célèbre pour son clair de lune.

Le Pasteur Vernier présentait toutes les caractéristiques d'un ... bodhisattva - l'époque, je ne l'aurais bien sûr pas qualifié ainsi, faute de connaître le terme.
Son épouse racontait que le soir de son mariage, elle s'était retouvé dans un appartement entièrement vide et avait dû dormir à même le sol un certain temps (en fait, un temps certain) : le Pasteur (qui venait d'une famille aisée et généreuse) avait donné TOUS les cadeaux de mariage - soit un mobilier complet et quelques autre "bricoles". Il n'avait rien gardé, à part leurs vêtements personnels (les vieux, pas les neufs, voyons).

C'était là les prémisses d'un art de vivre auquel le Pasteur resta fidèle sa vie durant, et qu'il inculqua à ses nombreux enfants.

Les sans-logis savaient qu'ils pouvaient frapper à sa porte à n'importe quelle heure du jour et de la nuit : il y aurait
pour eux un matelas dans un coin de la maison et le repas serait partagé équitablement entre tous les convives, attendus ou non.

Quand la police locale voyait un ivrogne affalé sur le bord d'une route, plutôt que de l'emmener au poste, elle appelait Monsieur le Pasteur, qui accourait récupérer le malheureux.
Un grave accident, et des lambeaux de corps à ramasser ? Monsieur le Pasteur était à pied d'oeuvre, récupérant avec respect les morceaux épars tout en faisant force prières pour les victimes.

Un homme extraordinaire vraiment.
Exempt de tout intérêt matériel. Faisant toujours passer les autres avant lui. Et avant sa famille...
Madame râlait parfois un peu pour la forme, mais elle ne cessa jamais de l'épauler, entre les énormes marmites de soupe à préparer chaque jour, les montagnes de lessives, le ménage à toujours recommencer.

Les enfants (huit, si mes souvenirs sont bons) râlaient aussi, car tout objet de bonne qualité entrant chez eux était immédiatement concédé à qui en faisait la demande à leur père, comme par exemple la voiture neuve un jour offerte par leur oncle, qui tremblait de voir son frère circuler dans un vieux tacot délabré - le soir même elle était entre d'autre mains -, mais tous se sont plus tard orientés vers des professions à connotation sociale.

NB Le Pasteur Vernier ne se contentait pas de porter à des sommets élevés les qualités du coeur. Il était aussi un fin lettré.


12 préceptes

Pour répondre à Jacqueline, voici les 12 préceptes consécutifs à la production de l'Esprit d'Eveil assortie de la promesse de maintenir cette même détermination jusqu'au bout.

- Quatre préceptes ont pour finalité de permettre au pratiquant de maintenir bodhicitta tout au long de cette vie :
1- 3 fois le jour, 3 fois la nuit (bref, 6 fois par jour), réfléchir aux bienfaits de l'esprit d'Eveil.
2-
3 fois le jour, 3 fois la nuit, accomplir la production de l'esprit d'Eveil.
3- S'adonner à la réunion des 2 accumulations - de mérites et de sagesse.
4- Ne jamais abandonner un être (c'est à dire, ne jamaisse laisser à songer : "Celui-là, il peut toujours courir. Je ne ferai jamais rien pour lui !" NB On peut en revanche se dire que momentanément on ne fera rien pour Untel.)

- Huit
préceptes ont pour finalité de permettre au pratiquant de maintenir bodhicitta au long des vies suivantes, jusqu'à l'obtention du but - l'état de Bouddha :

A Eviter les quatre "dharma noirs"
:
1- Mentir aux Maîtres, Abbés, prents, etc., et ce, en étant mû par de la malveillance.
2- Critiquer des êtres porteurs de qualités, et ce, à portée d'ouïe de leur part (il n'est bien sûr pas non plus recommandé de les critiquer à leur insu !).
3- Inspirer du regret à quelqu'un qui avait bien agi.
4- Sans raison valable, faire preuve d'hypocrisie et de duplicité ("sans raison valable", car parfois "la fin justifie les moyens". MAIS dans des contextes très précis).

B Mettre en oeuvre les quatre "dharma blancs"
:
1- Rejeter le mensonge.
2- Considérer tous les êtres en tant que guides (c'est-à-dire en tant que Bouddhas, ou au moins bodhisattva).
3- Aider ceux qui montrent des prédispositions (et le souhaitent) pour cela à s'engager dans le mahayana.
4- Faire preuve de probité, de droiture.

lundi 1 décembre 2008

Les amis dans le Dharma

Les amis dans le Dharma sont présentés dans les textes comme les compagnons précieux et nécessaires pour la pratique.

Par définition, si j'ai compris ce que le lamrim en dit, un ami dans le Dharma est quelqu'un qui va nous inciter au bien et non au mal, qui va nous exhorter à cultiver les facteurs vertueux de l'esprit, et non les facteurs perturbateurs, et ainsi de suite.

Bref, pour un être foncièrement ordinaire, qui se laisse voluptueusement aller à la distraction, la paresse et leurs dérivés multiples (je parle de moi),
un ami dans le Dharma ne sera pas forcément quelqu'un de si agréable que ça à fréquenter !!!

L'esprit d'Eveil

L'esprit d'Eveil : détermination à réaliser l'état de Bouddha pour accomplir le bien de tous les êtres.

La production de l'esprit suppose toute une progression, ponctuée de prises de responsabilités allant croissant.

Par exemple, il y a une différence dans les engagements assumés selon que simplement on développe le souhait d'accéder à l'Eveil suprême pour le bien de tous, ou que l'on se promet en outre de poursuivre de vie en vie jusqu'à atteindre l'objectif.

Dans ce deuxième cas, on parle de production de l'esprit d'éveil aspiration avec promesse. Et ce faisant, on a pris 12 engagements : 4 qui concourent au maintien d'un tel état d'esprit toute cette même vie durant ; 8 pour le conserver au fil des vies ultérieures.

Sans entrer aujourd'hui dans les détails, les 8 en question se partage entre 4 dharma (ici, au sens de "comportements") noirs à proscrire et 4 dharma blancs à appliquer.
Pour donner un exemple, le premier dharma noir à rejeter consisterait à mentir aux "champs supérieurs", à commencer par nos Maîtres, à les abuser, etc.

Fastoche ! Pas de danger, pourrions-nous songer en notre fors intime.
Pas si sûr. Car il y a aussi, hélas, les mensonges par omission, par absence de dénégation, les "légers arrangements" apportés à la présentation des faits, etc., etc.

"Grands" et "petits" Maîtres ?

Dans le temps, d'après mes lectures (dépassées ?), le lamrim recommandait d'avoir un respect égal envers tous nos Maîtres directs (dont nous avons reçu directement des Enseignements), peu important leurs titres et rangs dans la société.
Aujourd'hui ? Je me sens un peu perdue, entre ce qui est dit et ce quil me semble voir faire - sachant quand même que les apparences sont trompeuses et que nos, et donc "mes", perceptions ne sont en rien fiables !

Parole de geshe

Geshe X, qui a une longue expérience de centres bouddhistes dans différentes parties du monde, disait au détour d'une conversation :
"Les centres ! Un deuxième samsara dans le premier !"

Maîtres et disciple


Sa Sainteté le XIVème Dalaï Lama, entourés de ses deux Maîtres :
Kyabje Ling Dorjechang et Kyabje Trijang Dorjechang (dont vous pouvez télécharger les biographies résumées ).

Le mois du Tibet

L’Association Péniche ANAKO, qui a pour vocation d’être une passerelle entre les cultures, organise Un mois du Tibet du 3 au 21 décembre 2008.

Péniche ANAKO Bassin de la Villette face au 61 Quai de la Seine 75019 Paris
Métro Riquet ou Stalingrad

Entre autres activités, je serai à la Péniche les samedi 6 et dimanche 21 décembre 08, pour parler de la méditation. Le dimanche 14 décembre, ce sera Getsulma Koenchok Choedroen (Nicole Roger) qui expliquera comment s'entraîner à la concentration.
Les séances sont prévues de 10 h 30 à 12 heures environ.

Rinpoche


Cette photo de Rinpoche, prise à l'Institut de Veneux les Sablons, me rappelle un rêve que j'ai fait naguère où il était ... tout doré : le teint doré, les vêtement dorés, un rayonnement ... (je vous laisse deviner).

dimanche 30 novembre 2008

Le sourire du Maître



Les sourires de Rinpoche !
Enseignements par l'exemple.
Ô combien chaleureux.
Ô combien réconfortants.

Un bon pratiquant

"Assis dans une grotte nichée à flanc de montagne, un vieux moine tibétain lit avec attention un traité de Vinaya - à propos des règles monastiques, et il découvre dans un passage que les religieux ne doivent pas utiliser des tapis faits en peaux.
Il se lève d'un bond, arrache la peau d'ours sur laquelle il s'était installé et la jette à l'extérieur.
Puis il se replonge dans son manuel.

Un peu plus loin, il trouve une longue liste d'exceptions : il est interdit de faire ceci ou cela, sauf si...
Ainsi, dans le cas de moines âgés, qui souffriraient de telle affection, l'usage d'un tapis en peau d'ours est autorisé, dans un but thérapeutique.


Aussitôt, le vieux moine se relève, va récupérer en contre-bas son vieux tapis et ... reprend son étude."

Voilà une petite histoire que Genlags m'a un jour racontée, quand il m'expliquait que, dans le bouddhisme, l'étude doit être rapportée à soi, et déboucher sur une application immédiate. Comme ici.

jeudi 27 novembre 2008

Kyabje Trijang Dorjechang

Statue de Kyabje Trijang Rinpoche, Tuteur de S.S. le XIVème Dalai Lama, Monastère de Sera Mey, Bylakuppe, Inde

Films en tibétain

Films en tibétain projetés à l'Université Paris Dauphine (XVIème).
Entrée gratuite.
Dates : le 28 novembre et le 3 décembre

INALCO Dauphine, vendredi 28 novembre
, 18h-20h, salle P105
projection de deux films de Padma Tsetan (ch.: Wanma Caidan), réalisateur tibétain diplômé de l'Académie du Film de Pékin. Ce court-métrage de fiction et ce documentaire n'ont jamais été projetés en France. Les films sont en VO tibétaine (dialecte de l'Amdo) sous-titrée en anglais. Padma Tsetan sera présent pour commenter les films à l'issue de la projection.

- La Prairie (Rtswa thang), fiction, 2004, 26'


"An old woman loses a cow in the Tibetan district of Qinghai. The village head thought the notorious young men had stolen it. The suspects were reluctant to meet the head's order to vow before the Buddha. They were indeed innocent. In the end, the head's son admitted he was the thief when faced with his father's inquiry. The father led the son to apologize to the old woman. It is a tranquil and consistent film, slowly unfolded, simply put."


- The Weatherman's Legacy, documentaire, 2005, 26'

"A Tibetan shaman wants to pass down his hailstorm-stopping and rain-making skills to his son, who would rather run a video-rental business in the village. Worried that his reputation in the village is slipping, the shaman’s last hope lies with his grandson, who is beginning to learn the ancient incantations. In the meantime, the local meteorologist is gaining popularity amongst the villagers, who are starting to favour the more scientific methods of cloud-seeding and man-made rain over traditional shamanistic rituals."



Le mercredi 3 décembre, en salle B409, projection du premier long-métrage de Padma Tsetan, "Le Silence des Pierres Sacrées" (vo sous-titrée en anglais)

The Silent Holy Stones

Written and Directed by Wanma Caidan (Pronounced Pema Tsetan)
Tibet 2005 | Drama | 102 min | Tibetan with English subtitles

The Silent Holy Stones traces the intermingling of native Tibetan culture with the influence of the outside world. The movie tells the story of a young Lama who returns to home for New Year holidays from his remote temple, and is deeply impressed by the changes in his village.
The young Lama discovers a new TV set in his family's home. He falls in love with the television series Journey to the West. Upon returning to the temple, the boy begs his father to bring the VCD and TV back to the temple for other Lamas to watch.
His fixation on the TV begins to distract him from his duties to the temple and his community. Despite the intensity of contrast between the religious and secular, the ancient and contemporary, The Silent Holy Stones never escalates the tension to the level of contrived narrative conceit.
Awards: Winner of the 25th Golden Rooster, Best Directorial Debut; winner of the 13th Beijing Student Film Festival, Best Directorial Debut; winner of the New Currents Award in the 10th Pusan International Film Festival; winner of Dragons and Tigers award in the 24th Vancouver International Film Festival.
Director Pema Tsetan was born in the Tibetan area in Qinghai, northwest China in 1969. He studied Tibetan language and culture at the Northwest National University, and film at the Beijing Film Academy. A screenplay writer and director, he wrote and conducted a 35mm coloured short film — The Grassland — 2004, which won the best short film prize at the Chinese Students' Films Sections and the 3rd International Students Audio and Visual Works Show at the Beijing Film Academy. He was chosen one of Discovery's First Time Filmmakers of 2004 and his second feature film, BLIND MOUNTAIN, is currently in post-production.
The Silent Holy Stones won the 25th Golden Rooster, Best Directorial Debut; winner of the 13th Beijing Student Film Festival, Best Directorial Debut; winner of the New Currents Award in the 10th Pusan International Film Festival; winner of Dragons and Tigers award in the 24th Vancouver International Film Festival.

N'hésitez pas à diffuser l'information autour de vous.

La Prise de refuge

Les Instructions du Lama

Nos Maîtres nous ont expliqué maintes fois que si nous souhaitions pouvoir méditer le lamrim - les étapes de la voie qui mène à l'Eveil de Bouddha -, nous avions tout intérêt à connaître l'itinéraire à suivre.

Le plan le plus usité chez nous est fondé sur les lamrim intitulés La Voie aisée et La Voie rapide, dues aux deux premiers Panchen Lama.
C'est le tout premier texte que Rinpoche m'a conseillé d'apprendre par coeur. J'avais 20 ou 21 ans, et je commençais à peine à balbutier quelques mots de tibétain.

Sous le titre Les Instructions du Noble Maître, une nouvelle traduction en français vient de paraître aux Editions Guépèle, avec le texte tibétain en vis-à-vis.

Rencontre inter-bouddhiste

Etonnant ! Il a fallu que nos amis soufis s'en mêlent pour que nous nous rencontrions.

Le dimanche 16 novembre, L'Universel - sis à Suresnes - a en effet organisé toute une journée consacrée à des thèmes prometteurs :
"Compassion et Liberté spirituelle A la rencontre du bouddhisme".

Exposés, méditations dirigées, témoignanges plus personnels, mais aussi musique (bols chantants tibétains et shakuachi japonais) ont constitué le programme de cette rencontre chaleureuse

mercredi 26 novembre 2008

Qui est le plus féroce ?


Mardi soir, au Forum à Paris, Lochen Rinpoche a poursuivi son Enseignement sur la prise de refuge d'une manière ... décapante.
Difficile de ne pas entendre un discours aussi clair et direct !


Entre autres, Rinpoche a esquissé un parallèle entre un animal "féroce" tel qu'un tigre - qui tue pour se nourrir - et nous, les humains - qui tuons aussi pour nous nourrir, mais pas seulement...

Et Rinpoche de souligner que la condition humaine est une lame acérée à double tranchant. Si nous en faisons un bon usage, elle peut nous permettre de monter jusqu'aux sommets, mais ... elle peut aussi nous faire dégringoler dans les abysses du samsara.
"A bon entendeur salut", n'a-t-il pas dit explicitement, mais le message était limpide : vous avez tous les atouts entre les mains. A vous de jouer.

Biographie de Lorepa suite

Pour ceux qui souhaitent en savoir d'avantage par rapport à ce que j'ai pu raconter dans un billet précédent daté du 20 novembre 08, le plus simple serait de se reporter à un ouvrage de 'Gos Lotsawa, traduit en anglais par George N. Roerich sous le titre de The Blue Annals (voir pages 672 - 676).

La trame demeure sensiblement la même que le résumé de Dungkar Rinpoche (heureusement...) mais avec maints détails et anecdotes qui donnent de précieux éclairages.

Par exemple, Gö Lotsawa raconte que les futurs parents de Lorepa n'arrivant pas à avoir d'enfant ont invoqué avec ferveur Avalokiteshvara, après quoi un fils (unique) leur est enfin né - ce qui explique pourquoi ils ont plus tard essayé de l'obliger à prendre épouse : quoi de plus naturel que de souhaiter maintenir la lignée familiale ?
Il narre également comment le jeune moine a résisté à la pression, en graduant les moyens qu'il a mis en oeuvre, d'abord très doux, puis de plus en plus fermes - ce qui est un enseignement en soi.

mardi 25 novembre 2008

Motivation initiale

Celui qui veut s’engager dans un travail sur lui-même, disaient les geshe Kadampa, est comparable à un paysan qui voudrait couper de l’herbe avec une faucille.
Mais voilà, sa faucille est émoussée. Si, sous prétexte de gagner du temps, le paysan se met tout de suite à couper l’herbe, comme l’outil est défectueux, il va se donner beaucoup de mal pour des résultats médiocres.

En revanche, s'il prend quelques minutes pour aiguiser la lame, il va pouvoir accomplir un excellent travail dans des délais très courts.

Autrement dit, prendre soin de se mettre dans un état d'esprit adéquat, faire apparaître en soi une bonne motivation - cela semble a priori une perte de temps, mais cela permet en fait d’en gagner beaucoup.*

* Extrait d'un Enseignement de Rinpoche

Aider à bon escient

Le grand Pandit Atisha insistait sur le fait que l'on ne peut apporter une aide efficace à autrui, il importe d'avoir réalisé la clairvoyance, et d'être capable de connaître ses pensées réelles (pas celles que nous lui attribuons).

Autrement dit, plutôt que de perdre mon temps à écrire des billets inutiles, dont le seul mérite est de me fournir une occasion de réfléchir, je ferais beaucoup mieux de m'entraîner en vue de réaliser shamatha, le niveau de concentratiion appelé "calme mental", et dont les pouvoirs comme la clairvoyance sont des effets secondaires.

Pour simplifier la vie

Ce dont j'ai envie de parler n'est pas un sujet spécifiquement bouddhiste, et j'espère que vous me pardonnerez de sortir du sujet.

Il y a pourtant un lien avec le bouddhisme, surtout le grand véhicule, où nous n'arrêtons pas de dire et répéter que nous voulons aider tout le monde et chacun.

Je me trompe sans doute, mais quant à moi, je poserai un principe de base dans nos relations mutuelles :
En toutes circonstances, demander directement l'avis de l'intéressé et ne pas présupposer ses choix et envies !

N'oublions pas que nos perceptions, et donc nos pensées et opinions, sont nécessairement conditionnées par nos propres karma - qui sont par définition différents de ceux des autres, y compris ceux que nous croyons (à tort) connaître par coeur.

Vouloir rendre service est beau, mais combien de conflits et/ou de frustrations seraient évités si nous cessions de croire que nous pouvons répondre pour l'autre, à la place de l'autre.

Depuis mon entrée dans le bouddhisme, j'avais rayé de mon vocabulaire l'expression : "L'enfer est pavé de bonnes intentions". Je me demande si je ne vais pas la réhabiliter.

Dromtönpa disait bien que nos pires ennuis viennent non pas de ceux qui nous veulent du mal, mais de ceux qui nous veulent du bien. Et se plantent (pardonnez cette expression triviale, mais imagée).

Effet boomerang

Autrefois, j'ai porté préjudice
Aux êtres de ce même genre (de manière).
Aussi, puisque je nuis aux êtres,
Il est juste que ce dam m'advienne.

énonce Shantideva dans le Bodhicaryavatara (Chapitre 6, strophe 42).

lundi 24 novembre 2008

Les lotsawa

Le bouddhisme a beaucoup voyagé, et des traducteurs ont dû s'improviser à chaque escale.

Dans le Tibet ancien, les lotsawa étaient très estimés. Ils étaient même qualifiés d'"oeil du monde" (rjig rten gyi mig).
Il faut dire qu'eux étaient des érudits et d'excellents pratiquants. En fait, ils étaient eux-mêmes des Maîtres - pensons au grand Marpa Lotsawa.

Aujourd'hui, le bouddhisme est arrivé de par chez nous. En France, aussi il faut des traducteurs - une marchandise assez rare sur le marché.

Vraiment très rare, car sinon, jamais quelqu'un comme moi, dénué de connaissances, de compétence et qui est encore loin des rangs des "pratiquants", n'aurait été amené à jouer ce rôle ingrat et délicat.

D'après mon expérience (c'est à dire mes expériences répétées au fil des années), de nos jours, en fait d'"oeil du monde", il serait plus exact de parler de "cinquième roue du carrosse" : un personnage encombrant, dont on voudrait bien se passer, et dont on est content de se débarrasser dès que c'est possible - avec raison vu la nullité dudit personnage en ce qui me concerne - je ne puis savoir ce qu'il en est pour mes "collègues".

N'empêche que ça met dans une position ô combien agréable et confortable...
A ne pas savoir sur quel pied danser (en plus, je n'ai jamais dansé en cette vie - à l'école maternelle, je me faisais
déjà porter malade pour échapper aux exercices de trémoussements collectifs).

Occasion en or pour mettre en oeuvre les lojong (blo sbyong), "entraînements de l'esprit", me direz-vous. Certes.
Mais pour cela, encore faudrait-il en avoir le niveau. Et quand on n'est même pas encore entré dans la pratique telle que définie par Dromtönpa...

Les trois principes du chemin

Autrefois, Je Rinpoche (c'est à dire Je Tsongkhapa) reçut du Bouddha Manjushri une précieuse instruction qui condensait la voie spirituelle en ces trois "principes" (au sens de "qualités principales") :
le renoncement - l'esprit d'Eveil - les vues excellentes (compréhension du non-soi).

Dur, dur de pratiquer

Dans le droit fil de l'article précédent, qui concerne les huit principes mondains, il y a cette anecdote célèbre, attribuée au fondateur de l'ordre Kadampa.

Lors de ses circumambulations autour du monastère de Rating qu'il a fondé naguère, Dromtönpa aperçoit un moine plongé dans la lecture d'un texte sacré. Il s'approche de lui et lui dit : "C'est très bien de lire, mais ne serait-il pas mieux de pratiquer ?".

Le moine réfléchit, et le lendemain Dromtönpa le voit assis en train de méditer :
"C'est très bien de méditer, mais ne serait-il pas mieux de pratiquer ?"

Décontenancé, le moine fait quelques autres tentatives, qui lui attirent la même remarque.
Ayant épuisé toutes ses ressources d'imagination, il se décide à aller trouver l'Abbé :
"Ne serait-il pas mieux de pratiquer, me dites-vous quoi que je fasse. Mais qu'entendez-vous donc par là ?
- Détourne-toi de tout intérêt pour cette vie", lui conseille Dromtönpa.

Tshe 'di la blo gtong !
Plus facile à dire qu'à faire...

Les huit principes mondains

Certains les appellent les huit préoccupations du monde ; en tibétain, on parle de rjig rten chos brgyad.

Ce sont huit situations, qui révèlent notre attachement aux bonheurs et privilèges de cette vie :
gains et pertes ;
bonheur et malheur ;
propos plaisants et propos déplaisants ;
compliments et critiques (variante : bonne réputation et mauvaise réputation).

Avouons. D'ordinaire, ne sommes-nous pas contents quand le premier terme de chaque paire nous échoit, et diablement mécontents quand c'est le second qui nous tombe dessus ?

Quoi de plus naturel ? Eh oui, hélas. Tout ce qu'il y a de plus naturel ... dans le samsara.

C'est pourquoi Nagarjuna recommandait instamment de mettre les huit sur le même plan.
Car tant qu'on reste dominé par eux, on ne peut pas prétendre au titre de "pratiquant du Dharma", et ce, même si on consacre ses journées à des activités que l'on appelle des "pratiques" - méditations, récitations de mantra, etc. -, mais qui en dépit des apparences, n'en sont pas. A cause de l'attachement persistant aux choses de cette vie.

jeudi 20 novembre 2008

Biographie de Lorepa

Pour répondre à la question de Sandrine, oui, il existe des biographies du Maître Lorepa. En tibétain... J'ai les coordonnées quelque part. Dès que je les retouve, je vous les donne.

Pour reprendre le résumé proposé par Dungkar Rinpoche dans son encyclopédie, Lo ras pa dBang phyug bTson 'grus (prononcez : Lorèpa Wangtchouk Tsöndru) naît en 1189, l'année de mouton de feu du 3ème cycle. Son père s'appelle rNal 'byor (Nèltchor), sa mère Me bza sKyid (Messa Kyi).

Dès l'âge de 5 ans, il maîtrise la lecture et l'écriture (pas si fréquent à l'époque, et d'ailleurs même de nos jours).
A 15 ans, il rencontre le Maître Chos rje gTsang pa et se met à son service, mais à 17 ans, c'est par le Maître sBal ti (Bèlti) qu'il est ordonné moine au monastère de sKyor mo lung. Il reçoit de lui son nom religieux - Wangchuk Tsöndru.

Bientôt il doit s'en retourner chez lui à la pressante demande paternelle. Arrivé à la maison, il découvre que son père a arrangé pour lui un mariage... Il refuse net et s'enfuit. Il se réfugie auprès de son Maître Chos rje gTsang pa , qu'il accompagne au Bhoutan.

Commence pour lui une période d'étude intense, tant sur le Vinaya que sur les tantra.

Quand il apprend le décès de son père, il vient effectuer à son intention prières et rituels de la manière la plus développée qui soit. Dédiant tout le patrimoine familial au Dharma, il ne conserve strictement rien pour lui.

De retour au Bhoutan, déterminé à se consacrer pleinement à la pratique, il prononce sept serments : - ne pas retourner au pays ; - ne pas quitter les montagnes ; - demeurer continûment assis en méditation ; - se garder de tout contact social ; - se contenter d'un habit de coton; - conserver le silence ; offrir chaque jour les cent torma.

Son Maître, Chos rje gTsang pa, lui dit qu'il ne devra pas à respecter de tels engagements à jamais : à l'image du Bouddha qui s'adonna aux ascèses six années durant, il suffira qu'il observe ses promesses pendant six ans.

Les six années écoulées, Lorepa revient dans le centre du Tibet avec son Maître, et reçoit à nouveau de nombreux Enseignements de lui.
Las ! Il n'a que 24 ans quand Chos rje gTsang pa quitte ce corps.

Des années durant, Lorepa se livre avec ardeur la méditation dans les montagnes, faisant fi du froid et de la faim – car il ne possède rien, et ne veut d'ailleurs rien posséder. Tout obstacle qu'il rencontre, il le transforme en condition favorable qui intensifie encore sa pratique.

Ainsi obtient-il une sagesse d'une grande puissance, alliée aux pouvoirs supranormaux (clairvoyances, etc.), effets secondaire de sa réalisation du calme mental.

Ayant atteint les qualités nécessaires, Lorepa peut désormais se consacrer à accomplir le bien d'autrui. Sans ménager sa peine , il dispense enseignements et initiations - notamment de Samvara.

Au fil des années, il va établir dans différentes régions du Tibet de très nombreux monastères, dont certains vont beaucoup se développer.
Ainsi, la communauté de dBu ri (proncez Ouri), où il demeure sept ans, compte bientôt plus de mille membres.
Ou encore, dKar po chos lung (Karpo Chöloung, fondé l'année du buffle) accueille plusieurs dizaines de milliers de religieux lors des grands événements. Il installe là comme support de foi de nombreux livres écrits en lettres d'or.

Comment décrire ce grand Maître ?
Il présente une générosité portée au plus au point ; une absence totale d'attachement ; un courage et une persévérance sans faille ; une vaste érudition ; une vive compassion qui le pousse à accomplir le bien d'autrui.
Bref, il témoigne de toutes les qualités d'un
bodhisattva, jusqu'à sa mort en 1250, le 21ème jour du 9ème mois de l'année du chien de fer.

De la générosité

Parmi les six perfections, la générosité est énoncée en premier, car elle est considérée comme plus facile à mettre en application - les six paramita sont de fait énumérées par ordre de difficulté croissante.

Oui, mais ! Pas si simple que ça, la générosité, à bien y réfléchir.

Sans même parler de ses aspects plus subtils que sont le don de protection et le don de l'Enseignement, rien qu'en ce qui concerne le don matériel, les pièges ne manquent pas : en toute sincérité, on peut commettre des fautes graves, sans en avoir conscience.

Dans le chapitre du Bodhisattvabhumi consacré à l'éthique des bodhisattva, Asanga met en garde contre les "vols" (NB le terme de "vol" n'est pas vraiment approprié ; pour rester plus proche de la lettre, il vaudrait mieux parler de "détournement") très graves aux yeux des bouddhistes : ceux commis à l'égard de Sangha, ici au sens de "communautés religieuses".

Or, la question est au plus haut point délicate.

Pour prendre un exem
ple, supposons deux monastères dénommés x et y. Pour grossir les traits, admettons que le monastère x soit riche, alors que le monastère y ait des difficultés matérielles.
Au détour d'une conversation avec, disons, Paul, celui-ci nous parle de son intention de faire un don à x. En toute sincérité, nous nous exclamons qu'il vaudrait mieux faire ce don à y, qui en a beaucoup plus besoin. Convaincu, Paul fait donc le don à y.

Eh bien, dit l'éthique de
bodhisattva (très stricte, il faut le souligner), cela s'apparente à un vol perprétré au détriment d'une communauté, en l'occurence la communauté x !

En revanche, si Paul nous dit : "J'ai envie de faire un don à un monastère. Que me conseilles-tu ?", lui faire valoir que y a plus de besoin que x est seulement informatif. Il n'y a alors aucun problème.

Autre cas litigieux : nous prenons la décision de faire un don à x, puis nous réfléchissons et changeons d'avis - soit nous gardons ce que nous avions envisagé de donner, soit nous le donner à y : ça revient à reprendre ce qui avait été donné D'ailleurs, chez nous aussi il y a une expression qui dit que c'est du ... vol.
MAIS n'exagérons pas non plus : nous avons le droit (et le devoir) de réfléchir avant de donner quoi que ce soit, à qui que ce soit. Et durant cette phase, il n'y a aucune faute à peser le pour et le contre, et à changer d'opinion, plusieurs fois le cas échéant : de nousveaux éléments peuvent nous apparaître au fur et à mesure.

En fait, toujours selon le bouddhisme (mahâyâna), le pire consiste à faire obstacle à un don (même minime, comme un simple pain) que quelqu'un souhaite faire à un bodhisattva, et par extension à un Maître.
Paul, toujours lui, nous annonce qu'il veut offrir, par exemple, un certain objet en sa possession au Maître Z. Nous lui rétorquons qu'il a bien tort car le Maître Z n'en aura que faire !
En réalité, c'est nous qui avons alors tort...






La foi et les apparences

Sharawa, grand geshe kadampa qui vécut de 1070 à 1141, déclarait :
"La foi des villageois réside dans leurs yeux !"

Pas sûr que cela ne concerne que les villageois...
Pas sûr non plus que nous ayons beaucoup évolué. Le rang, le titre, la vêture font souvent la différence...

samedi 15 novembre 2008

Les Maîtres et les animaux

Dans les années 1045, le Pandit indien Atisha choquait certains de ses disciples tibétains en se montrant doux et affectueux avec les animaux. Il en sauva des dizaines et des dizaines auxquels il permit de mourir de "leur belle mort", comme l'on dit.

A son image, Lochen Rinpoche, qui caresse sur cette photo un chien de garde d'origine "tibétaine", recueille souvent des animaux errants.
Actuellement, il a deux gros chiens au monastère, à Kaïs.

Il m'a aussi raconté que, lorsqu'il était astreint au travail obligatoire au Tibet, plutôt que de passer la nuit dans la promiscuité du baraquement, il avait obtenu la permission des gardes de se construire dehors un petit abri, ouvert à tous les vents - trois planches pour les murs et un bout de tôle ondulée en guise de toit. Trois chats lui tenaient compagnie à l'époque.

vendredi 14 novembre 2008

Lorepa

Le Maître qui est à l'origine de la lignée de Lamas dont Lochen Rinpoche est l'actuel représentant s'appelle Gyälwa Lorepa (rGyal ba lo ras pa) et il a vécu de 1187-1250.

Parmi les principaux disciples de Tsangpa Gyare Yeshe Dorje, il est considéré comme le fondateur d'une branche de l'école Drukpa Kagyu : Meddruk (sMad 'brug).

Ses œuvres complètes représentent rien moins que cinq volumes : Smad 'brug bstan pa'i mnga' bdag rgyal ba Lo ras pa Grags pa dbang phyug mchog gi gsung 'bum rin po che (Khenpo Shedup Tenzin & Lama Thinley Namgyal, Shri Gautam Buddha Vihar, Manjushri Bazar, Kathmandu, Nepal, 2002).

Exemple en action

Lochen Rinpoche, Lama de Dagpo Datsang, donnera des Enseignements au Forum, à Paris (104 rue de Vaugirard) les mardis 18 et 25 novembre, ainsi que le 2 décembre (Voir le programme sur le site de l'Institut Gandenling)

Lochen Rinpoche, dont c'est le 3ème séjour en France, est né dans la région du Dagpo officiellement en 1943, en fait en 1944. il est le cinquième d'une famille de douze enfants - sept garçons et cinq filles.

Très jeune, il a été reconnu comme la réincarnation du grand Lorepa, anachorète du XIIème siècle détaché des vanités mondaines et qui était le digne disciple d'un disciple de Jetsun Milarepa.

De fait, il montre encore cette fois les qualités d'un ermite aguerri. L'humilité est son blason.
Comment décrire Rinpoche ? Une persévérance et une résistance hors du commun, alliées à une grande intelligence, le tout agrémenté et d'une extrême bienveillance envers tous, animaux comme humains (sachant que, dans le vocabulaire bouddhiste, bonté ne signifie pas faiblesse !). Et surtout, surtout, une foi et une vénération totales envers ses Maîtres, dont notamment Dagpo Rinpoche.

Après sept années passées dans son propre monastère – Jara Gartog -, vers 12 ans, Rinpoche entre en effet à Dagpo Datsang pour étudier la philosophie, et il prend immédiatement la tête de la classe. Pas pour longtemps : les tragiques événements de 1959 interrompent brutalement ses études.
Son statut de Lama lui vaut aussitôt d'être assigné aux travaux obligatoires.

Il n'a que 15, 16 ans et le voilà en train de construire des routes en altitude. Alors que tant de ses compagnons meurent suite à des accidents et aux mauvais traitements, sa robuste constitution (et son moral d'acier) lui permet de survivre. Quelques années plus tard, sa situation s'améliore notablement quand il est affecté à une équipe de menuisiers. Sa dextérité manuelle le fait très vite apprécier par les militaires chinois pour qui il doit fabriquer tables et armoires. Ce qui lui permet d'obtenir à l'occasion quelques permissions.

C'est ainsi que, quand Dagpo Rinpoche se rend au Tibet en 1983, ils ont l'immense joie de se revoir. Lochen Rinpoche se met au service de son Maître pendant tout son séjour dans leur commune région d'origine.

Puis le travail du bois reprend jusqu'en 1987, année où il est enfin remis en "liberté" (surveillée, bien sûr). Il parvient bientôt à gagner l'Inde.

Il s'installe dans un ermitage non loin de Dharmsala et, durant cinq ans, se consacre à la méditation du Lamrim assidûment.
Dagpo Rinpoche le sort de son ermitage en lui demandant d'aller à Mundgod pour prendre soin des jeunes moines de Dagpo Datsang qui étudient la philosophie au monastère de Drepung Gomang. Lochen Rinpoche décide alors de reprendre ses études, mais … Bientôt, il lui faut aller à Kais pour concevoir et superviser la construction du nouveau complexe monastique.
Mission accomplie avec succès, avec le couronnement de l'inauguration présidée par Sa Sainteté le Dalaï Lama en personne.

Depuis, Rinpoche vit à Kais au sein de la communauté qui compte environ 130 moines désormais. Il s'occupe avec la plus grande attention de ses élèves et réserve à tous ses visiteurs un accueil chaleureux.

lundi 20 octobre 2008

L'égalité dans le samsara

Pour être tendance, on se doit aujourd'hui de réclamer l'égalité et la parité partout.

Petite précision (d'importance) : on peut se permettre de manifester de la sorte quand on vit dans des pays et des sociétés comme les nôtres, où les droits de l'homme (incluant la femme, mais si) ne sont pas lettres mortes.
Parce que chez certains de nos voisins proches, ...

Et pourtant ! L'égalité, nous en jouissons "naturellement", hélas, en ce bas monde.
En tant qu'êtres encore soumis au samsara (je parle de moi et de mes semblables, pas de vous), nous sommes fondamentalement égaux devant la souffrance et ses causes, à commencer par "les trois poisons de l'esprit" que sont l'aversion, l'attachement et avant tout l'ignorance - la racine première de tous les maux.

Mais nous sommes aussi fondamentalement égaux dans notre capacité à nous libérer : le mahâyâna, en tout cas, admet que tout être est porteur de la nature de Bouddha. Ce qui ne signifie pas qu'il est déjà Bouddha, mais qu'il est appelé à le devenir un jour ou l'autre.

En dehors de cela, la justice et la perfection sont-elles de ce monde (sous-entendu le samsara) ? Certainement pas !

A ce que j'ai entendu dire, par définition, le samsara est souffrance, et la seule vraie solution serait non pas de désespérément tenter de l'améliorer de l'intérieur - entreprise vouée à l'échec -, mais d'appliquer avec ardeur et détermination les moyens permettant de s'en débarrasser définitivement, soi et autrui.

Bien sûr, ceci n'est en rien une excuse pour ne (plus ?) rien faire sur le plan ordinaire.

Si un affamé frappe à notre porte, donnons-lui quand même à manger. D'accord, ça ne sert pas à grand chose : il aura à nouveau faim dans quelques heures, mais à ce compte-là, nous non plus ne devrions plus nous alimenter.
Et si nous assistons à des actes de cruauté, et que nous ayons les moyens d'intervenir, même si cele n'apporte qu'une amélioration passagère et très limitée, n'attendons pourtant pas pour agir : un léger mieux est ... mieux que rien.

MAIS agissons sans illusion : quoi que nous fassions, nous ne pourrons pas rendre BON le samsara !


Décès de Soeur Emmanuelle

Je viens d'ouvrir l'ordinateur, et je tombe sur le communiqué suivant, issu de l'AFP il y a huit minutes :
"Soeur Emmanuelle, qui a dédié sa vie aux plus pauvres, est décédée lundi à l'âge de 99 ans, a annoncé dans un communiqué Trao Nguyen, président d'Asmae-Association Soeur Emmanuelle."

Je suppose que la fervente pratiquante qu'elle était a accueilli la mort avec une joie immense.
C'est le challenge qui est proposé aux pratiquants bouddhistes également, même si l'arrière-plan doctrinal est très différent.

Quelles prières énoncer ?
Vis-à-vis de Soeur Emmanuelle, je ne sais, car - ainsi que le disent les traités bouddhistes -, un être ordinaire (comme moi) est incapable de reconnaître en tant que tel un être supérieur. Il faut être soi-même devenu bodhisattva pour "voir" clairement que X ou Y est bodhisattva, ou Bouddha. En-deça, on peut "croire que", "estimer que", mais on n'a pas de certitude.

Je vais donc opter pour une formulation large, du genre : "Puisse tout se dérouler au mieux pour feu Soeur Emmanuelle, et d'une manière conforme à ses souhaits."
"Puisse son oeuvre perdurer et se développer, pour le bien des êtres en difficulté."


samedi 18 octobre 2008

Samsara

Si vous avez envie d'en savoir plus l'Inde d'aujourd'hui et d'hier, "en vous amusant", d'après les critiques (littéraires).
Merci à Marie de m'avoir conseillé ce livre... Lu à l'éclairage du lamrim, il est passionnant. Et terrifiant. Une excellente photo du samsara.

LES FABULEUSES AVENTURES D'UN INDIEN MALCHANCEUX QUI DEVINT MILLIARDAIRE

par Vikas Swarup

Quand le jeune Ram Mohamad Thomas devient le grand vainqueur de 'Qui veut gagner un milliard de roupies ?', la production soupçonne immédiatement une tricherie. Comment un serveur de dix-huit ans, pauvre et inculte, serait-il assez malin pour répondre à douze questions pernicieuses ? Accusé d'escroquerie, sommé de s'expliquer, Thomas replonge alors dans l'histoire de sa vie... Splendeur et misère de l'Inde d'aujourd' hui ou les rocambolesques aventures d'un gamin des rues qui rêve de devenir quelqu'un.

Les objets d'attachement

L'une de mes amies a récemment évoqué devant moi ce qu'elle appelait "les objets d'attachement".
Il m'a semblé que, dans son idée, certaines choses seraient par définition, ou encore par eux-mêmes, des "objets d'attachement".

Cela m'a posé question. Vous savez - "la paille et la poutre" : c'est toujours plus facile de critiquer l'autre que de voir ses propres errements.
J'ai d'abord été étonnée qu'elle envisage, apparemment, le sujet de cette manière (mais c'était peut-être une projection de ma part, après tout), puis j'ai essayé de regarder de plus près ma propre vision.

Intellectuellement parlant, je "sais", disons j'admets qu'il n'existe aucun objet d'attachement en soi, pas plus d'ailleurs qu'aucun objet en soi en général. C'est ce que mes Maîtres m'ont dit, répété et expliqué maintes fois.

O.K. en ce qui concerne la théorie.
Hélas, sur le terrain, ça se gâte ! Le tout est de trouver un domaine particulièrement sensible pour soi - la nourriture, la mode, le pouvoir, l'argent ou autre. Après, il s'agit d'arriver à observer ses propres réactions au naturel. Pas si simple. Mais édifiant !...

Après, les épithètes de l'attachement deviennent plus "palpables", plus parlantes. La glue, comme disent les textes, ou encore l'huile qui macule et imprègne le tissu.


vendredi 17 octobre 2008

La compassion : qualité masculine ou féminine ?

Pas plus tard que, cette semaine, j'ai vu l'une de mes amie s'étonner que le bouddhisme mette la compassion au rang des qualités "masculines, alors qu'à ses yeux c'est une qualité résolument "féminine".

Cas typique où on n'accorde peut-être pas le même sens aux mots.

Déjà il faudrait bien définir ce qu'on entend par compassion, qui n'est ni apitoiement ni sensiblerie.
D'après ce que j'ai retenu des Enseignements de mes Maîtres, la compassion consiste à prendre conscience de la souffrance de l'autre et à la juger inacceptable, d'où le souhait qu'elle s'apaise. Voire la prise de responsabilité d'oeuvrer à cette fin.

Maintenant, quel serait le genre (masculin ou féminin) de cet état d'esprit ?

D'accord, en français, le mot est au féminin. Le mot. Le contenu aussi forcément ? Pas toujours. Exemple : "le" professeur peut être une femme, etc.

Dans le bouddhisme, en tout cas dans la branche mahâyâna, il est dit que l'obtention de l'Eveil de Bouddha procède du parchèvement des deux classes de qualités : celles qui s'apparentent à la méthode et celles qui relèvent de la sagesse (au sens de discernement ; pas la "sagesse" grecque).

La sagesse est aussi qualifiée de "Mère", et elle est donc "féminine".
La "méthode", qui inclut toutes les qualités en dehors des divers aspects revêtus par la sagesse, symbolise quant à elle le "Père" et donc le côté masculin.

Pourquoi ?
N'oublions pas que l'Enseignement du Boudha est issu de la culture indienne, avec en toile de fond une société à castes.

Par analogie, la sagesse est la "Mère" car tous les êtres réalisés (arhat, Bouddhas, bodhisattva) naissent d'elle.
La méthode est le "Père" car de même que la caste d'un Indien est déterminée par celle de son père, la "caste", ou le "lignage", des êtres réalisés dépend de l'ampleur de la compassion et de l'amour développés, ou encore de la présence ou non de l'esprit d'Eveil.

C'est de ce point de vue là que la compassion est considérée comme une qualité "masculine".
Mais elle n'est un apanage ni des hommes ni d'ailleurs des femmes. Seulement des personnes au grand coeur.
Enfin, je crois.


Sortie de l'hôpital

Ca y est, Sa Sainteté a quitté l'hôpital de Delhi hier, jeudi.
D'après son entourage (très attentif, soyons-en sûrs), il est en pleine forme. D'ailleurs, dès la fin octobre, les voyages autour du monde vont reprendre de plus belle, en commençant par le Japon.

Après tout, ce ne sont pas quelques menus décalages horaires, ou quelques légères variantes climatologiques ou alimentaires qui pourraient freiner le rétablissement d'un jeune homme de 73 ans à peine.

Les congés de maladie ou de convalescence, non, ça ne fait pas partie du package des lamas.

On a trop foi en eux pour pouvoir ne serait-ce qu'imaginer qu'ils puissent avoir envie/besoin de se reposer, n'est-ce pas ?

mardi 14 octobre 2008

Sa Sainteté hospitalisé à Delhi

Hospitalisé à New Delhi jeudi dernier, Sa Sainteté le Dalaï Lama a été opéré vendredi (calculs dans la vessie, d'après certains journaux).

A Mundgod, et sans doute ailleurs, les cérémonies succèdent aux cérémonies.
Les moines de Ganden se relaient pour réciter les Louanges à Tara 24 heures sur 24, ai-je appris.

Ils montrent ainsi un exemple de ce qu'il est bien de faire quand on s'inquiète pour la santé de son Maître (ou de quelqu'un d'autre, d'ailleurs).

L'habit fait le moine

Il y a environ deux semaines, j'ai assisté aux obsèques de l'un de mes voisins à l'église de la petite ville où j'habite.
Pas de prêtre - le curé du "coin" est en charge de je ne sais combien de paroisses, et il est totalement débordé.
La cérémonie (qui n'est pas une messe, faute d'officiant assermenté) est célébrée par deux laïcs, en civil. Âgés. Ils font de leur mieux, indéniablement. Mais ...
Un enterrement n'a jamais rien de bien gai. Mais là, c'est sinistre. J'en suis navrée pour la famille qui aurait bien eu besoin d'un réconfort.

Avant-hier, me revoilà dans une église. A Paris. Pour assister à la première prédication d'un ami ordonné diacre il y a huit jours. L'office est célébré par le curé, assisté de son diacre. Tous deux ont revêtu aubes, étoles et chasubles.
Eh bien, rien que ça, ça change déjà l'ambiance !

Pourquoi ici parler "chiffons" ?

Parce qu'en France, et sans doute dans les autres pays occidentaux, pas mal de religieux bouddhistes n'osent plus porter l'habit, en tout quand ils sortent.

Je trouve que c'est dommage.

Je reconnais que les premiers jours après l'ordination, je n'étais pas particulièrement à l'aise pour sortir dans la rue avec ma nouvelle tenue.
Je craignais le regard des autres, surtout celui des personnes âgées.

Je m'inquiétais à tort.
Faute de signes visibles, les gens ne savent plus à qui s'adresser. Je suis donc parfois abordée dans la rue, le train, le bus, par des personnes (hommes comme femmes) d'un certain âge, voire d'un âge certain, qui éprouvent le besoin d'exprimer leur peur de la mort, et demandent des prières.
A quelqu'un d'une autre religion qu'elles !

La morale de l'histoire (très subjective) : osons les symboles !

Le renoncement

Un exemple contemporain.

Comme quoi la lecture des journaux et équivalents peuvent illustrer le lamrim, en fonction du regard que l'on porte sur eux.

Quand un trader quitte tout pour devenir moine

Passé des salles de marchés aux cités populaires, l'ex-trader millionnaire Henry Quinson, aujourd'hui moine et éducateur dans les quartiers pauvres du nord de Marseille (sud-est), vit sa reconversion comme une quête de sens, loin de la crise financière.

"Je me rends compte que j'ai vécu dans trois lieux qui font fantasmer les gens parce qu'on en parle beaucoup et que très peu de gens les connaissent: une salle de marché, un monastère et une cité HLM (logements populaires), ça donne une forme de continuité à mon itinéraire", dit-il.

Il y a près de vingt ans, à 28 ans, ce Franco-Américain abandonnait une augmentation de 30% et un confortable bonus offerts par la banque Indosuez où il travaillait pour se retirer dans un monastère.

Cette décision avait stupéfait ses proches et sa hiérarchie, persuadée qu'il partait à la concurrence pour une offre plus lucrative.

Mais le dieu-dollar ne séduisait plus ce jeune financier élevé à New York dans une famille pratiquante, qui décida, la "trouille au ventre", de rejoindre l'abbaye cistercienne de Tamié, dans les Alpes, pour se consacrer à la prière et à la fabrication de fromage.

C'est juste avant cette retraite de presque six ans qu'il eut une vision: "Je me suis vu à Marseille, où je n'étais jamais allé, où je ne connaissais personne, entouré d'enfants maghrébins à qui je faisais l'école".

Vision devenue réalité en 1996 avec son arrivée dans les quartiers Nord et la création de la fraternité religieuse St-Paul dans une cité dont 70% des habitants sont musulmans.

Avant cela, il s'est "débarrassé" de ses millions en les cédant à différentes associations et non à l'Eglise catholique. "C'est bien de faire des discours sur les pauvres, mais c'est encore mieux d'en faire partie", explique-t-il.

Dans l'appartement qu'il partage dans la cité avec l'un des quatre moines de sa fraternité, son quotidien mêle prières, cours d'anglais, soutien scolaire aux enfants, écoute, mission d'écrivain public et aide aux étudiants pour décrocher des bourses d'étude.

Ce moine moderne, maniant avec autant d'aisance l'humour que les références bibliques, estime que l'argent "perturbe la relation avec les personnes" et préfère "faire de l'éducatif".

"Si un jeune vient chez nous trois jours par semaine pendant dix ans, il va non seulement faire des progrès scolaires mais sa vision du monde va être transformée", juge-t-il.

Ce qui lui manque le plus de sa précédente vie, ce n'est ni l'argent, ni l'effervescence des marchés mais... les femmes: "peut être la plus grande souffrance", avoue-t-il.

Sur la crise financière, il reste philosophe. "Un gros rhume pour le marché", tranche-t-il, estimant qu'il "y a toujours eu des crises même si celle-ci est particulièrement grave".

"J'ai conseillé à tous ceux qui me le demandaient il y a un an de complètement sortir du marché d'actions, je ne sais pas s'ils m'ont écouté", sourit-il.

"Aujourd'hui mon salaire annuel de professeur à l'Education nationale correspond à une prime mensuelle de mon salaire de trader à l'époque", mais, poursuit-il, "j'ai infiniment plus de pouvoir en tant que professeur qu'en tant que trader", car "la vraie richesse, c'est l'éducation", "seule apte à changer le monde".


vendredi 3 octobre 2008

Liberté chérie

Je trouve savoureux les proverbes et autres adages, pas vous ?

En particulier, l'incorrigible Française que je suis (vous savez, avec un fond culturel fortement ancré, style "droits de l'homme", goût de la démocratie, esprit cartésien, etc.) apprécie particulièrement cette expression tibétaine :
tshong dang bla ma gang zag gsum, littéralement "dans les trois cas du commerce, du lama et des gens".

Le sens est que tout un chacun est libre de ses choix dans les trois domaines privilégiés que sont : faire ou non un négoce ; suivre ou non un Maître ; fréquenter ou non quelqu'un, et que ce sont là des libertés naturelles et intangibles.

C'est là l'une des raisons qui m'ont décidé à opter pour la voie bouddhiste.

Par exemple, "fréquenter ou non quelqu'un", n'est-ce pas un droit fondamental pour tout être ? Et pas seulement humains, à mon avis - de là la chattière qui, "chez moi" (expression tout ce qu'il y a de plus conventionnelle), permet aux deux chats venus s'installer sur le même terrritoire que moi d'aller et venir à leur guise.

L'activité spontanée des Bouddhas

Quoique les qualités des Bouddhas soient infinies, indescriptibes et par suite inconcevable, il est coutume de les consenser en trois aspects principaux : mkhyen rtse nus gsum : omniscience, compassion et pouvoirs.

mkhyen : La connaissance des Bouddhas est totale. Eux seuls ont la capacité de percevoir en même temps le plan utime et le plan relatif des phénomènes existant.

rtse : La (grande, bien sûr) compassion des Bouddhas embrasse tous les êtres, en toute impartialité, que les êtres aient des comportements amicaux ou inamicaux à leur égard.

nus : Les Bouddhas ont réalisé tous les pouvoirs possibles - je précise, car il est bien spécifié dans les Traités qu'ils ne peuvent accomplir l'impossible : ça paraît évident, mais... Ainsi les Boudhas ne peuvent-il pas modifier les propriétés physiques des grands éléments (terre, eau, feu, air) ni arranger à leur guise les karma des êtres (sinon, il y a longtemps que plus personne ne moisirait dans le samsara. Las, chacun est le seul artisan de ses propres karma).

C'est parce que les Bouddhas détiennent de telles facultés que leur activité est désormais spontanée, c'est-à-dire qu'elle s'accomplit sans plus leur demander d'effort, pas même simplement "d'y penser".
En clair, cela signifie que, sitôt que quelque part, un quelconque être est "mûr" pour recevoir une quelconque aide, les Bouddhas la lui apporte instantanément, sous la forme adéquate (nourriture, médicament, eau, pont, véhicule, Enseignement, etc.).

Il est dit qu'en réalité, l'activité des Bouddhas est ininterrompue. Mais pour que des résultats se produisent, il est également admis qu'une cause unique ne suffira jamais.
Il est nécessaire qu'il y ait conjonction entre l'aide apportée par les Bouddhas (constante) et l'ouverture, ou encore la disponibilité des êtres en demande d'aide.

En bref, la balle est dans notre camp. A nous de jouer !

mercredi 1 octobre 2008

Pour que les Maîtres demeurent

Nonobstant l'article précédent, il est certainement plus agréable que nos Maître demeurent en vie le plus longtemps possible pour nous dispenser des Enseignements d'une manière plus douce.

Oui, Lydie, la longévité du Maître dépend des karma, c'est à dire des mérites, de leurs disciples. Et aussi des tâches qu'ils peuvent ou non accomplir pour le moment.

Si un Maître montre des signes de maladie, que peut-on faire ?
Prier "pour" lui ? Oui, mais pas comme on le fait dans le cas d'un ami ou un parent - ce qui reviendrait à sous-estimer le Maître.

Il faut en fait adresser des requêtes au Maître pour qu'il fasse en sorte de demeurer encore longtemps.
Il est utile aussi d'essayer d'accumuler des karma positifs (tous domaines confondus), dédiés à la longévité du Maître et à l'accomplissement de son oeuvre, etc.

Vie et mort des Bouddha et Maîtres

Dimanche dernier, à Veneux, une personne a demandé à Rinpoche quelles pouvaient bien être les raisons du parinirvana (en clair, de la mort) d'un Bouddha.

Rinpoche a expliqué que le but de tout Bouddha (et donc, de tout Maître) est de venir en aide aux disciples prêts à recevoir une aide, principalement en leur prodiguant des Enseignements, qui portent sur les sujets les plus divers, dont tout particulièrement l'impermanence, et la mort (qui est une forme très grossière de l'impermanence).
La mort d'un Bouddha
, a dit Rinpoche, est en fait un Enseignement sur l'impermance, une mise en garde : les Bouddhas ne sont plus soumis aux contraintes ordinaires, mais leurs disciples si. Or, ils ont une fâcheuse tendance à ne pas vouloir regarder la réalité en face. D'où de tels Enseignements, concrets et un tantinet brutaux - hélas.

Mais, Chère Lydie, dans un cas tel que celui du 100ème Ganden Tripa qui est pour le moment en état de mort clinique, tout en poursuivant manifestement une méditation (par définition, sur la vacuité)
, outre le rappel de l'issue fatale de toute naissance, il y a également la démonstration flagrante que la pratique peut aboutir à des résultats indéniables !

Il faut être parvenu à un haut niveau de réalisation pour ainsi être capable d'utiliser la claire lumière de la mort.
C'est difficile, mais pas impossible, même de nos jours, nous montre ce Maître plein d'amour et de compassion - un vieil ami de Genlags, ajouterai-je, pour ceux qui pourront situer : ils étaient ensemble à Varanasi, avec l'actuel Ganden Tripa (Geshe Longri Namgyal-lags) ou encore Geshe Jampa Gyatso de Pomaïa, décédé l'an dernier.

En m'apprenant la mort de son ami, Genlags m'a aussi parlé de la disparition de l'un de ses principaux Maîtres : Phara Rinpoche, à Buxa. Lui aussi est resté quelque temps en méditation après la mort apparente, environ sept jours (en pleine chaleur du Bengale).
Genlags m'a dit que la tristesse profonde qui l'avait envahi à l'annonce du décès s'est dissipée lorsqu'il est venu saluer la dépouille et qu'il a vu son Maître rayonnant, magnifique, pas du tout "mort" au sens habituel du terme. Jamais il n'avait semblé aussi "vivant" !