vendredi 22 août 2008

Impermanence

Pour qui sait regarder, tous les phénomènes extérieurs révèlent l'impermanence.

Naguère, quand j'étais étudiante, j'eus la chance d'avoir une excellente amie, qui fut pour moi la petite soeur dont je rêvais depuis toujours.
J'étais son témoin le jour de son mariage avec un jeune historien japonais, avant qu'ils n'aillent s'installer en banlieue tokyoïte. Chaque année, au mois d'août, je les recevais, avec bientôt leurs deux enfants, pour deux ou trois semaines de vacances.
Jusqu'à la mort de Catherine ce funeste jour de juillet, à quelques jours de venir nous voir en France.
Elle venait d'avoir 42 ans. Une maladie orpheline, qui fit deux orphelins de 15 et 13 ans, après deux ans de souffrances très courageusement affrontées.

Et je viens de recevoir une mail de mon "beau-frère". L'aînée va mettre au monde un petit garçon d'ici deux ou trois jours. Le cadet (portrait craché de sa mère, sauf qu'elle était blonde et lui ... un peu Japonais quand même) va se marier le 14 septembre !

A la lumière du lamrim, c'est pour moi un nouveau messager du Seigneur de la mort : du jour où on est né, on n'arrête plus de courir vers lui.
Il est exact qu'il ne tient pas compte des préséances, ni d'âge ni de rien. Sinon, j'aurais dû partir avant Catherine - dont d'ailleurs la Maman va pouvoir connaître son arrière-petit-fils.

Malgré tout, c'est en voyant les jeunes grandir qu'on se rend compte qu'on vieillit.

En conclusion, tous mes voeux pour Naomi et Kei, leurs époux et épouse respectifs ainsi que tous leurs autres proches, qu'ils soient encore dans cette vie ou déjà dans une autre.
Où que tu sois, Catherine, puisses-tu être heureuse et suivre le chemin de ton choix.

Jour de jeûne


Sa Sinteté le Dalaï Lama, mercredi 20 août 2008 à Nantes, en conclusion des Enseignements, a dit :
« La culture tibétaine est en train de mourir. La communauté tibétaine en exil suggère une journée de jeûne le 30 août 2008, de 7 h 00 du matin à 19 h 00 le soir, pour promouvoir la non-violence. Je m'y joindrai. »

lundi 18 août 2008

Un bon disciple

Avoir rejeté toute attitude partisane et ressentir une puissante aspiration,
Être nanti de l'intelligence qui discerne ce qui est voie spirituelle et ce qui ne l'est pas,
Lors de l'écoute de l'Enseignement, avoir l'esprit parfaitement fixé sur lui -
Faites en sorte de réunir toutes ces qualités ; elles sont les caractéristiques du disciple.

Extrait du Gomchen lamrim

Le lamrim

Bien que les grands traités constituent les instructions suprêmes,
Pour un esprit non entraîné, il est difficile d'au travers eux saisir la Pensée du Victorieux ,
A supposer qu'il y parvienne, c'est au prix de longs et grands efforts,
Tandis que grâce à cette instruction-ci (lamrim), on discerne aisément la Pensée du Victorieux.

Extrait du Gomchen Lamrim, de Gomchen Ngaki Wangpo (2ème abbé de Dagpo Datsang)

dimanche 17 août 2008

Perceptions "directes" et "indirectes"

Pour apporter une première réponse succincte à la question de Marie, par convention,

on appelle "perception directe" (ou "immédiate") toute perception qui appréhende son objet "directement", c'est-à-dire sans avoir besoin d'utiliser une "image mentale" (une représentation mentale).
Toutes les perseptions sensorielles (visuelles, auditives, olfactives, gustatives et tactiles) ainsi que certaines perceptions mentales sont directes.

A l'opposé une "perception "indirecte" (ou "médiate", ou discursive, ou encore représentative, en fonction des traducteurs) est une quelconque perception qui saisit son objet par l'intermédiaire d'une image mentale.

Pour vous donner un exemple, quand nous avons sous les yeux disons notre chat, et que nous le regardons avec affection (ou agacement, etc.), la perception que nous avons de lui est directe, sans intermédiaire.
Quand, en son absence, nous pensons à lui, la perception est indirecte.

Concernant la vacuité, nous ne la voyons pas de nous-mêmes directement. D'abord, nous l'ignorons totalement, puis au fur et à mesure que nous en entendons (peut-être) parler, nous nous faisons une idée de ce qu'elle peut être. En principe, nous partons d'une idée très grossière pour ensuite affiner. C'est-à-dire que nous l'appréhendons au travers d'images mentales d'abord tout à fait approximatives, qui vont ensuite en s'améliorant (on l'espère - mais ce n'est pas toujours le cas pour tout le monde).
Nous avons alors des perceptions indirectes de la vacuité.

Il paraît que, à force de s'exercer correctement, finit par arriver un moment où ça "fait tilt".

Le jour où ça nous arrivera, nous comprendrons désormais la vacuité telle qu'elle est, sans plus passer par une représentation mentale. Notre perception, et donc la compréhension seront devenues directes. Et nous serons devenus des arya - pour toujours (aucune régression possible en-deça).

mardi 12 août 2008

Bodhisattva et Bouddhas

Autre question naguère soulevée : peut-on être à la fois bodhisattva et Bouddha ? NON.

Pourquoi ?
Cf. la définition de bodhisattva : "quelqu'un qui aspire à devenir le plus vite possible Bouddha, afin d'avoir les moyens d'oeuvrer pour le bien de tous les êtres."
"Qui aspire à devenir" implique qu'il ne l'est pas encore.

Pourtant, des personnages tels qu'Avalokiteshvara, Manjushri ou Maitreya sont tantôt qualifiés de bodhisattva, tantôt de Bouddhas !

1. Il faut faire bien attention du contexte dans lequel on se situe :
si le mahayana admet la pluralité de Bouddhas à une même époque (par exemple la nôtre), selon le hinayana, il ne peut y avoir qu'un Bouddha à la fois, par époque d'enseignement.

Dans cette optique, comme nous sommes à l'époque de l'Enseignement dispensé par le Bouddha Shakyamouni, Manjushri, etc., sont forcément des bodhisattva. Mais quand
l'Enseignement issu du Bouddha Shakyamouni aura totalement disparu, après une période sombre, un autre bodhisattva obtiendra l'Eveil suprême, donnera un Enseignement, lequel durera x siècles, puis déclinera, et ainsi de suite.

NB Selon le mahayana, le Prince Siddharta était déjà Bouddha et n'a fait que montrer l'obtention de l'Eveil, à titre d'exemple.
Selon le hinayana,
le Prince Siddharta était bodhisattva et a effectivement obenu l'Eveil à Bodhgaya, devenant alors et seulement alors Bouddha.

2. Même dans le mahayana, l'on utilise les deux vocables pour désigner de tels personnages. Pour des raisons précises, et en focntion des critères du moment.
Quand le critère est la nature même (ou disons le niveau atteint), ils sont à juste titre appelés
Bouddhas.
Quand le critère est l'aspect revêtu aux côtés du
Bouddha Shakyamouni, pour l'assister dans son oeuvre, ils sont appelés bodhisattva. Par extrapolation. Pas au sens littéral.

3. En ce qui me concerne, sauf mention contraire, je me situe dans la vision mahayana, puisque je suis la tradition tibétaine.

Arya et Bouddha suite

Je viens de relire vos réponses à propos de la "compatibilité" entre les statuts d'arya et de Bouddha, et du coup j'ai envie d'insister un peu sur cette question, que je croyais très facile, mais qui ne l'est finalement pas tant que ça. Toutes mes excuses.

Dans le vocabulaire bouddhique, le contraire d'arya est "être ordinaire", so skye - c.a.d. tout être qui n'a pas encore obtenu la compréhension directe du non-soi.

En clair, les êtres envisagés globalement se répartissent en deux catégories : êtres ordinaires et arya. Il n'y a pas de troisième possibilité.

Donc, quand on prend le terme "bouddha" pour désigner les êtres qui ont atteint le plein Eveil,
il faut pouvoir classer ces êtres dans l'une des deux catégories... Comme il est exclu qu'ils fassent partie des êtres ordinaires, il s'ensuit que... (je vous laisse compléter).

Le contraire de Bouddha est ... non-Bouddha., c'est-à-dire encore en-deçà de l'Eveil suprême.

Arya et Bouddha

Poser plein de questions, sans jamais donner les réponses, c'est tentant, je dois dire.

Mais bon, reprenons quand même un ou deux points importants :
- Peut-on être à la fois arya et Bouddha ? - OUI, oui, oui.
Un arya se définit en effet comme quelqu'un qui comprend directement la vacuité. Il serait étonnant que les Bouddhas (qui sont omniscients) n'aient pas une telle connaissance... Et si c'était le cas, ils ne seraient pas omniscients.

NB Aux yeux des bouddhistes, les Bouddhas sont "omniscients" au sens qu'ils ont la connaissance de tout ce qui existe, sous les deux facettes (plan ultime et plan conventionnel).
Pour ce qui est d'être ou non "omnipotents", eh bien, ça dépend de ce qu'on entend par là.
Les Bouddhas sont considérés comme détenant tous les pouvoirs possibles. Pourraient-ils faire des "miracles" ? Non. Des choses au-delà de l'ordinaire ? Oui, bien sûr.

Donc, tout Bouddha est obligatoirement un arya.
A l'inverse, un arya n'est pas nécessairement un Bouddha. Exemples (non exhaustifs) : les arya qui recherchent la libération personnelle et non l'état de Bouddha, ou encore les aryabodhisattva (sur les chemins de la vision et de la méditation du mahayana).

S.S. le Dalaï Lama à Veneux Les Sablons

Petit compte-rendu à l'intention de ceux de nos amis qui n'étaient pas présents à l'Institut ce matin, lors de la cérémonie pour la paix présidée par Sa Sainteté.

Pour résumer de façon succincte : RAS. Tout s'est très bien passé !
Contrairement aux prévisions météo des plus inquiétantes, il a finalement fait beau même à l'extérieur.

Au programme : la transmission des Trois Principes du chemin, instruction concise mais complète transmise à Je Tsongkhapa par le Bouddha de la sagesse lui-même (vous aurez reconnu Manjushri).
Sa Sainteté a précisé (conformément à la tradition) qu'il avait reçu cette transmission de ses trois Maîtres principaux : Tatag Rinpoche, Ling Rinpoche et Trijang Rinpoche.

Les trois principes en question ne sont autres que les trois qualités nécessaires pour devenir Bouddha : le renoncement au samsara, l'esprit d'Eveil et la compréhension du non-soi.
Sa Sainteté a bien expliqué que cet ordre d'énonciation des trois
de la part de Je Rinpoche ne devait rien au hasard. C'est tout simplement l'ordre "naturel" de progression sur la voie spirituelle.
Le renoncement est cause d'obtention de la libération de la souffrance sous toutes ses formes ; bodhicitta est cause d'obtention de l'Eveil complet de Bouddha, et la compréhension de la vacuité concourt aux deux.

dimanche 10 août 2008

Le Dalaï-Lama en France lundi

Dimanche 10 Août 2008
Le dalaï-lama en France lundi
Par Elsa GUIOL
Le Journal du Dimanche

La France s'apprête à accueillir le dalaï-lama. Le chef spirituel des Tibétains arrive lundi pour une visite religieuse. Il visitera plusieurs congrégations et dispensera une série d'enseignements. Une seule rencontre politique est notée au programme, avec Christian Poncelet, le président du Sénat. Le lama ne s'entretiendra pas avec Nicolas Sarkozy, mais avec sa femme.

Dans le jardin, des petites mains sont à l'oeuvre, accrochent des drapeaux de toutes les couleurs, passent des jets de Kärcher sur les pierres, ratissent les quelques feuilles mortes et les branches détruites par la dernière tempête. Dans le temple, plus loin, d'autres vérifient les derniers branchements, l'alignement des chaises, la peinture des murs qui a été refaite... Tout doit être parfait, ce n'est pas tous les jours que l'on reçoit "sa sainteté". Il y a deux ans déjà, le Vénérable Dagpo Rimpotché, le premier maître tibétain à s'installer en France en 1960, devait accueillir le dalaï-lama dans son centre d'études à Veneux-Les Sablons (Seine-et-Marne). Mais pour des raisons de santé, la visite avait été annulée. Cette fois, c'est sûr: le Prix Nobel de la paix viendra mardi matin "consacrer" la nouvelle salle de prière et professer un enseignement. "Nous sommes presque prêts", sourit-il, plutôt amusé par tout ce chambardement.

Cinq mois après les événements au Tibet, le dalaï-lama entame à partir de demain une visite très attendue, en pleins Jeux olympiques. Douze jours pour une visite essentiellement religieuse et spirituelle, avec un programme chargé: outre la rencontre avec Dagpo Rimpotché, le chef spirituel tibétain donnera mardi sa bénédiction à la nouvelle pagode d'une congrégation vietnamienne à Evry (Essonne), visitera jeudi d'autres congrégations à Aubry-le-Panthou (Orne) et Plouray (Morbihan) et dispensera une série d'enseignements à Nantes du 15 au 20 août.

A Lodève avec Carla Bruni

Une seule rencontre politique est prévue, au Sénat, où le 14e lama sera reçu par le président de la Haute Assemblée, Christian Poncelet. Le président de la République a, lui, finalement renoncé à s'entretenir avec le religieux tibétain. Une annonce qui a provoqué une vive polémique, provoquant la colère de la gauche et la déception des associations de droits de l'homme. "Même George Bush le reçoit", regrette Fabrice Midal, philosophe et bouddhiste*. Dans son centre de Veneux-Les Sablons, Dagpo Rimpotché se veut plus pacifique: "La réalité, je crois, c'est que la France a beaucoup d'espoir en la Chine sur le plan commercial. Est-ce que ça va marcher? ça je n'en sais vraiment rien..." Pour calmer les esprits, le bureau du Tibet à Paris a expliqué jeudi que le dalaï-lama ne souhaitait de toute façon pas de cette rencontre, les dates coïncidant avec les JO de Pékin qu'il a soutenus "de manière constante et cohérente".

Nicolas Sarkozy a toutefois promis de rencontrer "sa sainteté" avant la fin de l'année. En attendant, c'est sa femme, Carla Bruni, qui doit l'accompagner le 22 août près de Lodève (Hérault) à l'occasion de l'inauguration du temple de Lérab Ling, le centre d'études bouddhistes de Sogyal Rimpotché à Roqueredonde. L'un des plus grands d'Europe, celui où se ruent de nombreuses stars: Véronique Jannot, Jeanne Moreau, Yannick Noah... Lors de sa dernière visite en mai 2004, le chef spirituel tibétain avait déplacé les foules, au point même, au grand dam de ses fervents fidèles, d'être comparé à une rock star. A Veneux-Les Sablons, Dagpo Rimpotché attend plus de trois cents personnes. Trois fois plus que lors des autres enseignements.

* Auteur de Quel bouddhisme pour l'Occident?, Le Seuil, 2006.

Institut Ganden Ling, Veneux

Si vous avez envie de jeter un coup d'oeil à notre Institut de Veneux et de rencontrer mon vénéré Maître, Rinpoche, jetez un coup d'oeil à la vidéo sus-mentionnée.

10 août 2008 ... Le Bouddhisme, une religion mal connue en France. AFP - 08 h 28. A l'occasion de la visite du Dalaï-Lama en France, ...
http://fr.news.yahoo.com/afp/20080810/video/vfr-le-bouddhisme-une-religion-mal-connu-3837155.html

Je Lhündrub Tsöndrü

Le 69ème abbé de Gyudmed Datsang était originaire du Tsang.
Devenu moine à Shanga Chöde, il étudia ensuite à Sera Jey, puis à Gyudmed.

C'est en en 1940 qu'il devint Ganden Tripa, l'année de l'intronisation du 14ème Dalaï-Lama mais aussi de la destitution du régent Rateng Rinpoche qui mourut en prison en 1947, assassiné sur ordre du Conseil des ministres de l'époque.

Je Lhündrub Tsöndrü se retira cette même année et décéda à 64 ans.

Khenzur Rinpoche Sonam Gyaltsen avait eu l'occasion de le rencontrer à Ganden : "C'était, dit-il, un personnage très impressionnant. Un grand maître, conscient de l'être.
Je Lhündrub Tsöndrü disait de lui-même : "nga mkhas pa yin", "je suis savant". Il était effectivement réputé comme remarquablement versé en sutra, et aussi comme extrêmement sévère."

samedi 9 août 2008

Avoir chaud

Revenons un instant sur l'une des questions abordées il y a quelques jours, à propos de l'impression d'avoir chaud.
Vous avez remarquablement répondu les uns et les autres. Bravo et merci.

Effectivement, une impression de chaleur n'est pas une "sensation" au sens du facteur mental omniprésent du même nom. Ce qui va relever dudit facteur mental, ce sera l'aspect agréable, désagréable ou neutre de la perception concernée - laquel aspect résulte des karma qui arrivent alors à maturité, et non de l'objet qui provoque la perception tactile de chaleur !

Il est exact que c'est avant tout le facteur mental omniprésent de l'identification qui permet d'évaluer la chaleur en tant que telle, puis de la nommer.
Ici, la sagesse peut-elle ou non intervenir, à votre avis ?

Vous avez également raison sur le fait qu'il faut bien faire la différence entre la chaleur elle-même (un aspect du toucher, qui appartient à l'agrégat de la forme) et la perception appréhendant la chaleur.
Nouvelle question : quelle(s) perception(s) sont en mesure d'appréhender la chaleur ? Uniquement les perceptions tactiles, ou d'autres le cas échéant ?

Amaya demande si on peut dire que la chaleur appréhendée relève de "notre" agrégat de la forme. J'aurais tendance à dire : "Ca dépend." N'y a-t-il pas en effet une différence entre la chaleur par exemple dégagée par un feu allumé dans une cheminée et la chaleur issue d'un accès de fièvre, etc. ?

Etre bodhisattva

Tout d'abord, un grand merci à ceux et celles qui ont réfléchi et cherché des réponses aux devinettes proposées dans les billets précédents.

Pour rebondir sur l'un des points soulevés, non, tout bodhisattva n'est pas forcément arya, tant s'en faut (comme d'ailleurs, tout arya n'est pas bodhisattva).

Pour rappel, un arya est quelqu'un qui a obtenu la compréhension directe du non-soi (sans plus d'image mentale).

Un bodhisattva au sens strict du terme est quelqu'un qui a réalisé l'esprit d'Eveil spontané, c'est-à-dire qui a développé une ferme aspiration à devenir Bouddha afin de disposer des facultés maximales pour oeuvrer au bonheur des êtres. Bref, c'est un personnage profondément altruiste, déterminé à libérer tous les êtres de la souffrance sous toutes ses formes.

Lydie a raison quand elle pense qu'à partir d'un tel stade on ne risque plus grand chose de l'autochérissement (rang gces 'dzin) et de ses dérivés comme l'attachement. Tout danger est-il écarté sitôt qu'on a réalisé bodhicitta ? Pas tout à fait.
Pour être tout à fait précis, il faudrait déterminer quand l'autochérissement est définitivement dissipé.
A ce propos, les différents systèmes philosophiques du bouddhisme présentent des avis divergents. Selon les madhyamika prasangika, l'autochérissement relève du voile à la connaissance, qui ne peut être rejeté qu'après l'élimination du voile des facteurs perturbateurs (laquelle est achevée lors de la septième terre des bodhisattva). Autrement dit, le voile à la connaissance est progressivement rejeté au long des trois dernières terres, qualifiées de pures puisqu'elles sont déjà exemptes de tout facteur perturbateur. A l'instant même où il est totalement détruit, l'état de Bouddha est obtenu.

Pour continuer nos jeux de l'été, une ou deux questions ultra-faciles :
Peut-on être simultanément arya et Bouddha ? Bodhisattva et Boudha ?

vendredi 1 août 2008

La saisie d'éternalisme

"Quels sont les symptômes qui nous permettraient de voir par nous-mêmes si nous sommes ou non sous la coupe de la saisie d'éternalisme (rtag 'dzin) ?*

Observons de quelle manière nous concevons ce que nous appelons d'ailleurs "nos possessions" : notre maison, nos vêtements, nos objets multiples et divers. Nous disons communément : "C'est à moi, ça".

Lorsque nous pensons à un objet dont nous nous estimons être les propriétaires, est-ce que la façon dont nous le concevons n'est pas comme une possession à jamais ?
Est-ce qu'en regardant ce qui nous appartient, nous nous disons : "C'est à moi momentanément, mais après, de toute façon, cela passera entre les mains d'autres personnes" ? Ou est-ce que nous nous bornons à songer : "C'est à moi", sous-entendu pour toujours ?

Maintenant, élargissons le test en passant des objets matériels aux personnes.
Quand il s'agit des membres de notre entourage, de notre famille et en particulier de nos enfants, de quelle manière les voyons-nous? Est-ce que nous n'avons pas tendance à nous dire : "C'est mon fils. C'est ma fille.", sans aller plus loin ?
Notre ressenti par rapport à cette relation est, avouons-le, que c'est une relation pérenne.

Toujours plus proche de nous : notre corps. Comment d'ailleurs le qualifions-nous, sinon justement "mon" corps. Est-ce que spontanément l'idée pourrait nous effleurer qu'il n'est peut-être pas notre corps à jamais ? "

*Extrait d'un Enseignement de Rinpoche

Les Trois Roues du Dharma

Les Enseignements du Bouddha s’étalant sur quarante-cinq ans, sont nombreux et variés car le Bouddha adaptait ses explications à ses auditeurs, en fonction de leurs tendances et de leurs capacités du moment. Son but n’était pas de leur révéler la Vérité à tout prix, mais de leur permettre de progresser à leur rythme.

De nombreuses classifications ont donc été établies, dont les « Trois Roues de la loi », centrées autour de trois exposés essentiels dispensés les un après les autres.

La première Roue du Dharma repose sur le premier Enseignement énoncé par le Bouddha 49 jours après l’Eveil, à Varanasi, et elle institue deux des quatre systèmes philosophiques (vaibhashika et sautrantika). C’est le Soutra des quatre nobles vérités :
- La vérité de la souffrance :
- La vérité de l’origine de la souffrance
- La vérité de la cessation de la souffrance
- La vérité du chemin

La deuxième Roue du Dharma est centrée sur Le Soutra de la Sagesse , prononcé un an plus tard à Rajragriha et qui institue le système philosophique madhyamika. C’est avant tout un exposé de la vacuité, qui consiste non en un néant mais en l’absence de substance, qui permet à l’interdépendance de se déployer.

La troisième Roue du Dharma se réfère au Soutra qui explicite la pensée (du Bouddha), prononcé à Vaishali et qui institue le système philosophique cittamatra aux théories idéalistes.

La question du jour (très facile pour une fois) est la suivante : tous les bouddhistes acceptent-ils cette classification chronologique des Enseignements du Bouddha ?

L'attachement suite

L'émulation qui consiste par exemple à vouloir développer des qualités telles que la bonté, la patience ou autre, qu'est-elle finalement ? Une facette de l'attachement ? Autre chose ?

Et dans le cas du pratiquant qui s'exerce à la patience, en connaissant les résultats qu'il en obtiendra ultérieurement (beauté, séduction, etc.) ?

L'attachement

L'attachement est présenté comme un obstacle insidieux et terriblement pernicieux. Le repérer résulte d'efforts persévérants.

Ainsi, d'après vous, quand on a envie de se reposer, de prendre des vacances (sujet d'actualité), de se rafraîchir (idem), etc., est-ce ou non signe d'attachement ?

Pendant qu'on y est, la sensation que nous avons souvent ces jours-ci, d'avoir un peu chaud, relève de quel facteur mental ? La sensation ou un autre ?

Amour et compassion

Merci pour les deux promptes réponses à mes questions d'hier soir.

Lydie lags, tandis que le renoncement relève du non-attachement, l'amour quant à lui relève effectivement de la non-aversion (she sdang med pa).

La compassion, quant à elle, est l'un des deux aspects revêtus par la non-malveillance (rnam par mi 'tshe ba), aux côtés de la ... patience - ce qui est tout un programme. Bon sujet de cogitation, l'air de rien.
Par exemple, sachant que la compassion consiste à ne pas supporter quelque chose - la souffrance d'autrui -, comment expliquer qu'elle est pourtant l'autre facette de la patience, qui suppose de ... supporter (des problèmes, ennuis et autres obstacles nous advenant) ?

Dans un autre registre, pendant qu'on en est aux devinettes estivales (il faut bien occuper les longues soirées d'une manière ou d'une autre), la non-aversion et son sous-ensemble l'amour partagent-ils exactement les mêmes cibles, les mêmes objets ? En clair, l'amour peut-il ou non porter sur n'importe quel objet susceptible d'être pris en compte par la non-aversion, et inversement ?