jeudi 29 mai 2008

De l'intérêt des études

Mais si, ça vaut le coup d'apprendre. Le tout est de ne pas rester au stade purement intellectuel et de savoir tirer les applications pratiques, dans la vie quotidienne, comme nous y engagent vivement nos Maîtres dans leur grande sagesse.

Vive les cours de philosophie et de logique appliquées !
Ce petit moine - appelons-le Tashi - l'avait bien intégré. Heureusement, car cela lui sauva la mise ce jour funeste où, de retour de la fontaine, la jarre chut, et se brisa en mille morceaux.

L'air de rien (et c'était héroïque), il s'adresse à son professeur en train de vaquer à ses propres occupations :
"Dites, les phénomènes composés, ils sont bien impermanents ?
- Oui, oui.
- Ca veut dire que c'est destructible, c'est bien ça ?
- Mais oui, voyons.
- Quelque chose comme notre jarre, pour l'eau, c'est une phénomène de ce genre, non ?
- Forcément, espèce d'idiot.
- Donc, un phénomène composé finit toujours par disparaître?
- Bien évidemment ! Comment pourrait-il en aller autrement ?
- Eh bien, c'est que notre jarre, justement, vient de vérifier la règle. Elle était destructible ; elle est mainetenant détruite. Ca devait arriver tôt ou tard, pas vrai ?.."

Et le professeur de rire, sans penser à punir le garnement futé.
Comme quoi, plus tôt on se met à la philo, et mieux ça vaut.

Oser l'idéalisme

Si vous avez trois minutes à consacrer à cette jolie vidéo, alors pourquoi ne pas rêver un instant à un peu plus de paix grâce à beaucoup plus de respect ?

http://www.dailymotion.com/video/xmqp8_pour-un-monde-de-paix_life

jeudi 22 mai 2008

Démocratie bouddhiste

La notion de "démocratie" est sans doute occidentale, mais à mes oreilles, le bouddhisme a des consonnances agréablement démocratique. Le Vinaya - la loi monastique - en est une excellente illustration.

Pour prendre un exemple plus récent, on raconte que losque le prédécesseur de Rinpoche, Dagpo Lama Rinpoche Jampel Lhündrub, était invité dans un monastère, il avait soin d'instaurer une discipline rigoureuse et aussi d'inciter la communauté concernée à ne plus consommer de viande*. Mais sans rien imposer. En prenant le temps nécessaire pour parvenir à une adhésion consensuelle.

Ainsi, quand Dagpo Lama Rinpoche fut nommé abbé de Dagpo Datsang, de son ermitage isolé haut dans la montagne (à deux jours de marche du collège), il envoya aussitôt un message à l’intention de l'intendant, en lui demandant d’organiser un sondage d’opinion et d'inviter les moines à voter. Ceux qui voulaient continuer à manger de la viande devraient mettre un grain de blé ; ceux qui acceptaient un régime végétarien un grain d’orge, et les partisans d'un régime mixte (parfois carné, parfois végétarien) utiliseraient un grain de seigle.
Sept moines sur cinq cents environ votèrent pour le maintien de la viande au menu et le régime mixte remporta une ou deux voix. Le régime végétarien fut donc adopté à une large majorité, sans pourtant obligation de s'y soumettre. Il ne fallut guère de temps pour que tout le monde s'y ralliât, rapporte la biographie du Maître.

Sitôt qu'une communauté acceptait qu'en lieu et place de la viande, ce fut ésormais du beurre qui fût distribué aux moines, le Lama s'arrangeait pour fournir le financement aux intendants, pour couvrir la dépense.

* Le Vinaya n'interdit pas formellement la consommation de viande.

mercredi 21 mai 2008

Le karma fait des miracles

Des miracles ? Enfin, pas toujours.

Mais là, quand même, ça donne à réfléchir : ce midi, alors que je regardais (distraitement) les informations, pour nous changer un peu des horreurs continues, l'on nous a montré deux rescapées des séismes qui ont frappé la Chine et le Khams - le Sichuan englobe en effet des régions tibétaines.
Les sauveteurs ont extirpé des décombres deux femmes en vie après neuf jours sous les décombres : une sexagénaire qui se trouvait dans ... un temple, ainsi qu'une dame de 102 ans, qui a survécu en buvant de l'eau qui ruisselait.

Parfaite illustration de la loi de causalité, dont la lettre est si simple et les implications si profondes : - tout résultat procède de ses causes et conditions ; - tant que lesdites causes et conditions ne sont pas toutes présentes, le résultat ne peut en aucun cas se produire ; - dès que toutes sont réunies, il est impossible que le résultat ne se produise pas.

Cela semble limpide, mais de là à l'assimiler...

mardi 20 mai 2008

Un peu de pédagogie

Dans un monastère situé au sud du Tibet, les moinillons étaient quelque peu turbulents.

Cet hiver-là, dès la nuit venue, ils avaient pris l'habitude de se jouer aux fantômes et ils s'amusaient à faire peur à leurs aînés, qui comme la plupart des Tibétains (pas qu'eux, d'ailleurs) craignaient énormément les esprits.

Les faits remontèrent jusqu'aux oreilles du maître de discipline, qui n'eut aucun doute sur l'identité de l'instigateur du petit jeu nocturne. Plutôt que d'intervenir directement et de punir les mauvais plaisants, il préféra prendre la parole à l'issue d'une cérémonie commune :
"Vous savez comme moi que, depuis quelques jours, notre communauté était hantée la nuit par des esprits malfaisants. Mais ne vous inquiétez pas, je connais un moyen efficace pour vous en prémunir. Dès ce soir, je recommande à tous les moines adultes de se munir de quelques gros cailloux quand ils déambuleront dans l'enceinte. Sitôt qu'ils apercevront la moindre apparition, qu'ils la visent avec soin pour ne pas la rater. Cela aura pour effet de la faire se volatiliser, croyez m'en."

Inutile de préciser que personne n'eut à utiliser de cailloux : les fantômes disparurent le jour même, comme par enchantement.

lundi 19 mai 2008

Faites ce que je dis, pas ce que je fais.

Kyabje Ling Dorjechang, Tuteur senior de S.S. le Dalaï Lama, citait souvent lors de ses Enseignements ce qu'il appelait "l'instruction d'Akyi".

Akyi était un simple moine qui n'était guère instruit, mais qui était doté d'un solide bon sens. Et il n'entendait pas se laisser marcher sur les pieds. Or, Geshe X (restons discrets) lui semblait un tantinet orgueilleux.
Un jour, Akyi se rend auprès de ce geshe. Il le salue très poliment selon l'usage et lui présente sa requête : "Pourriez-vous, je vous prie, me transmettre l'un de ces Enseignements dont vous avez le secret. Un Enseignement à dire aux autres, pas à appliquer soi-même."

Kyabje Ling Dorjechang adorait cette anecdote, et il répétait en riant que la demande d'Akyi constituait une véritable instruction, criante de vérité.

Fautes et transgressions

Récemment, l'une de nos amies a soulevé une question de vocabulaire en demandant quelle était la nuance entre ce que, faute de termes plus satisfaisants, on peut momentanément rendre par "faute" (sdig pa), par rapport à "transgression".

De toute évidence, il existe une différence entre des comportements que tout le monde aurait en général intérêt à éviter parce qu'ils sont par nature mauvais et nuisibles (tuer, par exemple), et d'autres qui ne sont à rejeter que dans certains contextes, par exemple suite à la prise de voeux et engagements religieux. Pour prendre un exemple simple, si les religieux bouddhistes ne sont pas censés s'adonner à des danses ou des chants profanes, en soi ce sont là des activités qui n'ont vraiment rien de répréhensibles.

Un maître de chant du monastère tibétain de Gyudmed, Gen Loyang, aimait beaucoup les animaux, qui le lui rendaient bien. Les oiseaux n'hésitaient pas à venir picorer sur sa table, et les chiens errants des alentours savaient qu'ils pouvaient compter sur le contenu de ses poches, mine généreuse de bouts de pain ou autres.

Un jour, Gen Loyang aperçoit un moine du collège qui poursuit un chien efflanqué en lui jetant des pierres.
"Mais qu'est-ce que tu fais là ? Que t'a donc fait cette pauvre bête ?, s'interpose-t-il aussitôt.
- Cette pauvre bête ? Cette sale bête, oui. Ce fichu clebs m'a volé ma galette de pain !
- Volé ? Mais non, voyons. Il l'a pris, tout simplement. Un chien ne commet pas de transgression, sais-tu ? Mais toi, en le maltraitant, si..."

Une matinée dense...


Samedi 24 mai de 9h à 11h30
Conférence du Vénérable DAGPO LAMA RIMPOTCHE à Nantes

"La loi de causalité, la mort, les états intermédiaires, la vacuité"


A l’Université Permanente : Atelier et chantier 2e étage, salle Jorje Morin 2bis Bd Léon Bureau - ancien chantier naval - parking gratuit

Fête du bouddhisme

GRANDE PAGODE DU BOIS DE VINCENNES
LES 14 ET 15 JUIN 2008

L'Union Bouddhiste de France propose :
« Arts et cultures des traditions bouddhistes »
« Don et partage »

PROGRAMME
sous réserve de modifications ultérieures et/ou ajouts

Samedi 14 juin 2008
13h Ouverture des portes
13h -18h30 Stands – échanges – ateliers- animations- expositions

13h30 Cérémonie d'offrande inter-traditions
14h Discours officiels
15h-15h30 Danses laotiennes
16h-17h30 Conférence « Dana, la pratique du don »
17h45 Cérémonie commune de dédicace de fin de journée
18h30-20h Spectacle « Chants et danses de l’Himalaya » (gratuit)
par les moines tibétains du monastère de Séra

Dimanche 15 juin 2008
13h Ouverture des portes
13h-18h30 Stands – échanges – ateliers- animations- expositions
13h15-13h45 Cérémonie d'offrande inter-traditions
14h-15h15 Conférence « La méditation : apaiser l’esprit »
15h30-17h30« Cérémonie laotienne du Baci - cérémonie de souhaits et hommages aux aînés »
17h45-18h 15 Cérémonie commune de clôture avec offrande de « torma »

Au cours des deux journées, des ateliers :
- Art de la calligraphie japonaise, chinoise et tibétaine
- Art du mandala de sable offert par des moines de tradition gelugpa
- Art des torma proposé par la tradition kagyupa
- Art des Thangka
- Expositions sur le bouddhisme

ENTREE LIBRE
Participation aux frais libre
Pas de service de restauration
Collation et boissons offertes aux visiteurs

dimanche 18 mai 2008

Pour un monde en Paix

A l'invitation du Vénérable Dagpo Rimpotché

RASSEMBLEMENT pour la paix, à Paris, le 25 juin 2008
(www.choeurpourlapaix.org)

Citoyens de tous continents et de toutes cultures, ensemble exprimons notre souhait d'un monde en paix, dans le respect de chacun et la reconnaissance de sa dignité intrinsèque.

« Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. »
« Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité », il y a 60 ans, était proclamée la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.

De leur côté, depuis plus de 2500 ans, des millions de bouddhistes répètent chaque jour : « Si seulement tous les êtres pouvaient échapper à la souffrance et aux causes de la souffrance, si seulement ils pouvaient accéder au bonheur et aux causes du bonheur ! Moi-même je ferai en sorte qu'il en soit ainsi. »

Avec tous ceux qui soutiennent de tels principes, le mercredi 25 juin à Paris, berceau des Droits de l'Homme, réunissons-nous pour affirmer, haut et clair, nos légitimes aspirations à ce que tous les êtres puissent cohabiter dans l'harmonie !

Chacun avec nos mots et nos sensibilités, laïques ou religieuses, au travers de chants ou de poèmes, de prières ou de vœux, unissons nos voix pour que la paix et le bonheur rayonnent pour tous et partout, car la paix sera universelle ou ne sera pas.

« Pour que la paix et la prospérité fleurissent au plus vite dans tous les pays du monde,

Pour que l'humanité progresse dans tous les domaines et dissipe les fléaux qui l’accablent,

Pour que l'environnement soit préservé, pour le bien des générations présentes et futures, et que cesse la surexploitation des ressources, les pollutions généralisées, la déforestation, pour que les animaux également soient traités avec le respect qui leur est dû,

Pour que la sagesse et le discernement deviennent nos valeurs communes, pour que la solidarité remplace l’égoïsme, pour que tous les souhaits raisonnables des êtres puissent rapidement se réaliser,

Avec énergie et conviction, réunissons-nous pour édifier ensemble un monde de paix fondé sur l'équité et le respect
mutuel. »

Choeur pour la Paix - Pour un monde en paix
Association loi 1901

vendredi 16 mai 2008

La valeur n'attend pas le nombre des années

A la tête de tout monastère bouddhiste, il y a forcément un supérieur, lequel porte ou non le titre d'abbé - mkhan po en tibétain. Le mode de désignation varie également d'un établissement à l'autre, et au fil des générations.

Ainsi, autrefois, au collège philosophique de Ganden Jangtse, la coutume était de s'en remettre au choix de Pälden Lhamo, la déité protectrice du collège, forme courroucée du Bouddha Tara.

Les moines faisaient soigneusement le ménage dans le temple, puis tous ceux qui avaient une ancienneté minimale, à partir des toutes premières classes de philosophie, installaient leur tapis individuel (gding ba) à leur place et en fin de journée célébraient Pälden Lhamo, en lui demandant de bien vouloir désigner le nouvel abbé. La cérémonie terminée, tout le monde sortait et la porte était dûment fermée par les responsables.
Le lendemain matin, à l'ouverture des portes, on retrouvait l'un des tapis déployé sur le trône, sur lequel devait prendre place son propriétaire - ainsi intronisé abbé.

Or, il arriva qu'un jour, Pälden Lhamo fixa son choix sur un moine originaire de la région de Gyälrong un certain Tendar, qui n'était qu'en classe des Raisonnements (rtags rigs), c'est-à-dire encore au tout début du long cursus qui comporte les classes de bdus grva (notions de philosophie), blo rig (l'esprit et les perceptions), rtags rigs, phar phyin (les perfections - paramita), dbu ma (la voie du milieu - madhyamika), mdzod (la métaphysique - abhidharma) et 'dul ba (la Règle monastique - vinaya), avec en parallèle l'étude de tshad ma (la logique - pramana).

Lors de la première cérémonie qui suivit, certains geshe quelque peu indignés se prosternèrent non pas en direction de l'Abbé, comme ils auraient dû le faire, mais vers la statue du Fondateur Je Rinpoche.
On dit qu'alors une voix retentit de derrière l'Abbé : "Je suis ici !", et tout le monde vit apparaître dans la pierre une image de Je Rinpoche Cette image surgie spontanément (rang byung) était encore visible en 1959 et en fait jusqu'à la destruction de Ganden par les gardes rouges.

Bientôt, Geshe Tendar fut reconnu pour ce qu'il était : un personnage doté de très hautes qualités spirituelles...

jeudi 15 mai 2008

Lettre de Lhasa

The following letter was written by a resident of Lhasa, who wishes to remain anonymous. It gives a personal account of the current situation and the tense atmosphere in the city:

Yesterday it was quite hot outside and the soldiers guarding one of the petrol stations had a big umbrella to protect them from the intense sunlight. Today it’s the opposite: cold, cloudy and even light snowfall as storm-fronts hover over the mountains and sometimes close in on the valley. Like the weather here in Lhasa the rules are quickly changing too. One day you can go nearly everywhere, the next, military checkpoints won’t let you pass. At the beginning of last week it seemed life was getting back to normal. Guards at the checkpoints relaxed and they seemed not as serious anymore, and overall, there was less military on the streets. But then suddenly heavy military presence was back. A few days ago, in the evening, I walked up Beijing Road. As I did, many military trucks passed me and there were patrols everywhere, only a few cars were to be seen driving around, and the streets were near empty of civilian people. The atmosphere was tense and made the young, normally childish looking soldiers, suddenly look scary.

It is difficult to describe Lhasa these days, because you can only see a fraction of what is really going on. If you quickly glance at the city it may seem normal except for the old Tibetan centre, east of the Potala Palace. In the centre, the military has occupied every intersection and stand on every side street, diligently checking your identity card. Even the tiniest of alleyways have at least four military personnel, of whom at least one has a bayonet and all of them a shield, a baton and a helmet. The bigger intersections have more military, and people have to line up in order to get checked. Ethnic Chinese can pass these checkpoints much easier than local Tibetans. Tibetans living at Tromsikhang and the Barkhor area need a special permit, issued by the police, in order to be allowed to go in and out the immediate area surrounding their homes.

The square in front of the holiest Tibetan Temple, the Jokhang, normally a sea of people, prostrating, circumambulating and socialising, is now completely empty. In front of the square two military-men in blue uniforms strictly ensure nobody walks on the square. As back up, in case they miss a person, military-men in green suddenly appear out of nowhere to apprehend and push back person’s entering these normally public areas. The round pedestrian street circling the Jokhang is empty too. Only people living in this area are allowed to pass, but everyone is forbidden to do religious Koras around the Jokhang. Instead on the normally bustling retail and religious lanes you can only find small children playing football and other games, trying to get on with life, behind the military guards on these silent streets.

On Beijing Road and Sera Road the government has initiated road works. Sections of road are being dug up and replaced where cars were burnt during the March 14 protests leaving burned tarmac. Sidewalks on Beijing Road are being repaved as well after protesters used the pavement stones to throw and break shop windows. As you walk through Lhasa, you can still see many burnt or damaged shops. On Beijing Road alone, there are around 16 shops or shopping complexes burnt out, one of them being the Bank of China and one a jewellery store.

Not only are roads and shops getting rebuilt, but also some old, traditional Tibetan houses.

If you look casually around you may not think there is a heavy military presence anymore. However, if you look inside hotels and the courtyards of building, and walled grounds, you see trucks, tents and often companies of soldiers exercising. Wherever there is space, you find the military. They are hidden in any empty building, behind buildings and even in the hospital courtyard of Lhasa City Peoples Hospital.

Walking the streets of Lhasa, seeing big tea houses unusually empty and many shops still closed, makes you aware of how scared people are these days. Very few people stop on the street when they meet friends, because every gathering of people is cause for suspicion. A lot of people still stay at home because they are scared they will get arrested for no reason if they go out.

When you finally find someone not too scared to talk to you, you hear consistent, dramatic, disturbing and daunting stories that give you nightmares. But since they don’t have proof of what happened, it is difficult to inform the media. From the 14th of March 2008, there has been a heavy military presence throughout the city. But people are scared to take photographs because of the many security cameras which monitor the city. People were too scared to take photographs of the tanks in front of the Jokhang Temple and elsewhere in town. And since all the dead bodies got immediately carried away by the military or taken from people’s home during nightly military raids, nobody could prove their brother, relative or friend died. All they could do was confirm that this person had disappeared. All you hear are rumours about the death toll and the number of arrested people. These are anxiously passed on from person to person.

Yesterday I talked to a Tibetan man who was speaking for himself and his friends who want the world to know what is going on here. He asked me if I could pass all the information he has to foreign media, so people here could get help and don’t have to be so scared anymore. By talking to me he risked being arrested and being tortured in prison, but he seemed desperate enough not to care about that. In order to protect him, his family and friends and also myself, I will not mention details about the place we met, his age or job. This is what he told me:

“On March 14th in the afternoon we heard that there were demonstrations going on in front of Ramoche Temple. Later we saw four people dragging a person who was shot dead in front of the Jokhang and that was when we became really scared. Normally the government should use gas or water against protesters, but here they shoot them. So we went home as fast as possible.

In the evening my wife went to pick up our child from school around 6p.m. At that time the military was already on Jiangsu Road were the school was. The military was shooting at the locals who went to pick up their children. One woman got shot in her leg and one man was hit in the head or neck and he died. Later his brother wanted to get his body from the hospital, but the hospital didn’t want to give it to him. Finally the brother became so desperate that he threatened to burn himself and the hospital if they didn’t give his dead brother to his family. The hospital finally gave him his brother’s body, but just a few hours after that the military came and took the dead body away.

After March 14th whenever somebody died, you had to get three different papers in order to be allowed to bring the dead body to the sky burial place. If you didn’t have these papers you got pushed back inside your house with the dead body by the army; a very bad omen in Tibetan culture. These three papers one needed were from the local police, the hospital and a lawyer. The reason for this was that with this rule the government made sure that everybody who didn’t die under normal circumstances was found and taken away from the family, so nobody can take photographs and show them to friends or journalists outside Tibet. The problem for the people was that all the offices were closed during these days and therefore nobody could bring their dead family members to the sky burial place on the days they should have according to Tibetan astrology.

On March 14, 15 and 16 the military came around midnight to check the homes in our area for pictures of the Dalai Lama, and took everybody with them who didn’t have an identity card. They also had with them pictures of people who were in the demonstrations and they compared them with our faces. About 50 military men with guns came to our home and searched everything. We stayed at home for three days, only going out to go to the toilet and we only had tsampa to eat, and people whose home ran out of gas couldn’t even boil water. The gate to our house complex was closed and there were soldiers posted in front of it. If you went out, you got beaten up quite badly by them. After three days everybody who worked for the government got a phone call and had to go back to work. Without this working permit we were still not allowed to go out. I know at least seven people who got arrested and one who got shot for going out without a working permit.

When the foreign journalists were in Lhasa, I think it was from 27th to 29th of March, the military suddenly disappeared from the streets. Instead of wearing their military uniform they changed into traffic police uniforms, gatekeeper uniforms or civil dress and they were hiding inside buildings and behind corners where the journalists couldn’t see them. We were suddenly allowed to go everywhere; there were no checkpoints for those three days. When the journalists were allowed to walk around by themselves, officials in normal clothes or traditional dress followed them, answered their questions and took photographs of individuals who talked to the press. We wanted to tell the press what is going on here in reality, behind the show that was being performed for them, but we didn’t have any chance to get close to them without being punished for that later. When we finally heard that the Jokhang monks told them the truth we were very happy.

The pilgrims inside the Jokhang temple at the time were all elderly officials who were forced to go there for pilgrimage on those three day. Normally these people are not allowed to engage in any religious activities, but on those days they had to go. A lot of the other officials were given leave from their office and were told to go to the Barkhor and the Potala, if possible with their families, so that it looked like there was a lot of freedom in Lhasa.

After the journalists left the military immediately came back in strength, and we heard that the Jokhang monks got arrested for their statements to the foreign media and foreign officials two days later.

Between 17th and 20th of April most of the monks were taken away from Sera to an unknown place. Sera Monastery normally has over 300 monks but now there is only a handful left who care for the chapels. Around midnight about fifteen to twenty military trucks came and detained the monks. We have this information from inside the monastery and also from an abutting (?) owner. But we don’t know what is happening in Drepung and Ganden, two of the biggest monastic centres around Lhasa, but we have heard that monks have been arrested and taken out of Lhasa.

From the monasteries around Lhasa a lot of monks and nuns got taken away too and the ones who are still at their monastery are under house arrest. We think the government is worried that when the Olympic flame is in Lhasa there will be new protests by the monks and nuns. That’s why they detain them. They took all of them, no matter if they protested on March 10th and the following days or not, Only chapel custodians, drivers and a few other monastery workers are allowed to stay in the monasteries.

Lately there are only a few monks to be seen on the streets. It is dangerous for them, because on the Tibetan TV channel they said that for every suspicious person you report to the police you will get RMB20,000. In reality you only get about RMB2000 but still some people call when they see monk or nuns.
Since last week all Tibetans who are not from Lhasa have been ordered to go back to their home districts, except students and teachers studying at government schools. Now the police come to your residence and make you leave Lhasa if you are not from this city. When the Olympic Torch will be in Lhasa only local people and Chinese will be allowed to be here. They did something like this a few years ago at the celebration of the 50th Anniversary of the Peaceful Liberation of Tibet.

There is a big problem in the jails now. There is not enough food, not enough water and not enough blankets. The prisoners have to sleep on the ground and sometimes they only get one cup of water a day and nothing else. This way they get health problems, their bodies get really weak and they sometimes die, either in prison or after they are released. The prisoners get beaten very badly. They especially hit prisoners in the kidney, liver and gall-bladder region so prisoners get internal injuries and die slowly. I know this from three friends who were just released from prison.

We are so worried about our friends and family members who are in prison. We need to help them, but we don’t know what to do. That’s why we have to tell the foreigners so the world will get to know and help us.
The situation is controlled very tightly here in Lhasa. Without ID cards you cannot go out and if you live at Tromsikhang or Barkhor you need a special paper. Wherever there is a gathering or argument people get arrested.

At the schools and in the offices people have to write reports and confessions about the 14th of March and they have to speak ill of His Holiness the Dalai Lama. When they write about the Dalai Lama they are only allowed to write Dalai, and not Lama. Otherwise they have to write it again. My child already had to write such reports three times.

We are scared and worried about the prisoners. After the demonstrations, I saw some military vehicles like they use in the Iraq war, the same vehicles I saw in the news about Iraq. (probably tanks or armoured troop carriers. ed) but they were in our city. I thought these vehicles are only allowed in war between two countries. On the Tibetan TV News one presenter said that the military did a very good job since this was their first experience with something like war and a good opportunity for them to practise how to shoot and how to kill people.

Now they are starting the preparations for the Olympic Flame to come here. They are putting up decorations on the Potala and Jokhang Square. Big Olympic Rings were set up in front of Jokhang and removed again yesterday evening”.

What this man told me, I have also heard from other people not connected to him in any way.

I have no doubt the Chinese government will forbid foreign tourists from visiting here for the next few months. Tibetans want a chance to tell their side of the story; they try to tell you what happened to them. They know they need help from outside and therefore I believe, by preventing tourism, the government has a way of controlling, censoring and suppressing the situation here. What has happened and continues to happen in Lhasa is extremely sad and scary. Never before have I heard monks talking about methods of torture used in local prisons and different gun types that were used by military during this year’s demonstrations in Lhasa. And never before have I seen Tibetan people so desperate and angry that they do things they know they will die for, or be put in prison for a long time.

With the up coming Labour Day Celebrations and Torch Relay in May anxiety has increased in Lhasa and fear of citywide house arrest has resulted in the stockpiling of food.

Every day you see people arguing with soldiers at checkpoints. A father and daughter wanted to pass a checkpoint however the military personnel told the man he was permitted but his daughter, who is not old enough to have an identity card, was refused access due to not having one.
But even in this difficult time you still see brave and good action. Yesterday I saw a little boy, around one or two years old; that I believed displayed a good example of Tibetan spirit. The baby looked as if he had just learnt how to walk and was out with his grandmother and her little dog. They were standing in front of the Jokhang Square where soldiers in blue uniforms ensured that nobody crossed the square. The baby walked up the three steps to the square and started to make prostrations towards the Jokhang while his grandmother also prayed but her frail body prevented her from prostrating as well. When the boy finished he looked at the guards, then at his grandmother, and then started to walk closer to the temple. The guards looked at the baby, not knowing what to do. After about ten meters the baby boy stopped and prostrated again, then turned around, walked back to one of the guards and took his hand to say goodbye. Seeing this reminded me that all Tibetan people want religious freedom and the right to preserve their culture.
They are tired of writing papers against the Dalai Lama, of patriotic re-education and all the rules and regulations that make their life so difficult.

Lhasa, 27.04.2008

Interdit d'aider ?

Les moines birmans tentent d'aider les rescapés de Nargis

AFP - jeudi 15 mai 2008 - il y a 1 heure 1 minute

KYI BUI KHA, Birmanie - Les moines bouddhistes, qui ont conduit les manifestations pro-démocratie contre la junte birmane en septembre, tentent d'aider les rescapés du cyclone Nargis avec de la nourriture, des abris et un réconfort spirituel, mais les autorités entravent leurs efforts alors même qu'elles ne fournissent pas une assistance adéquate aux sinistrés.

Le régime birman a fixé une date limite à certains monastères pour qu'ils fassent partir les rescapés qui s'y sont réfugiés, dont beaucoup ont perdu leur maison dans la catastrophe, expliquent les moines et des survivants.

"Il n'y a pas d'aide. Nous n'avons vu personne du gouvernement", déclare U Pinyatale, 45 ans, moine du monastère de Kyi Bui Kha, dans le delta de l'Irrawaddy, qui partage ses stocks de riz presque épuisés et de l'eau de pluie avec une centaine de villageois sans abri.

On observe des scènes similaires dans d'autres zones du delta et à Rangoon, la plus grande ville du pays, où les monastères sont devenus des lieux de refuge suite au passage de Nargis le 3 mai et au manque de réaction du régime pour venir en aide aux sinistrés.

"Par le passé, je faisais des dons aux moines. Mais aujourd'hui c'est le contraire, ce sont les moines qui nous aident", souligne Aung Khaw, un ouvrier en bâtiment de 38 ans qui a emmené son épouse et sa fille dans un monastère de Hlaingtharyar, dans la banlieue de Rangoon, après le passage du cyclone, qui a détruit sa maison en bambous.

Un des moines du monastère raconte avoir tenté de discuter avec les militaires, qui ont ordonné à la centaines de réfugiés présents sur le site de partir. "Je ne sais pas où ils vont aller", ajoute-t-il sous couvert de l'anonymat par crainte de représailles.

Il semble que les ordres d'évacuation des monastères sont donnés de manière sélective. Certains monastères de Rangoon ont été priés de faire partir les victimes du cyclone dans les prochains jours, selon les moines. Dans le delta, les réfugiés ont été autorisés à y rester ou ont été informés qu'ils pouvaient venir y chercher des fournitures, mais pas s'y abriter.

Les autorités "ne veulent pas qu'un trop grand nombre de personnes se regroupent dans des petites villes", selon Hla Khay, un opérateur de bateaux dans le delta. Elles sont "préoccupées par la sécurité. S'il y a beaucoup de personnes frustrées ensemble, il pourrait y avoir un nouveau soulèvement."

Les plus grands monastères sont étroitement surveillés. Le régime semble craindre une réédition des manifestations pro-démocratie conduites par les moines en septembre dernier et réprimées dans le sang. Au moins 30 personnes auraient été tuées, mais selon les organisations de défense des droits de l'homme le bilan de la répression serait beaucoup plus élevé.

Un nombre indéterminé de moines sont toujours en prison et d'autres qui ont fui leur monastère par crainte d'être arrêtés ne sont toujours pas revenus. "Après les manifestations de septembre, le gouvernement a peur que les gens vivent avec les moines dans les monastères. Les moines pourraient les convaincre de participer à de nouvelles manifestations", déclare un dentiste de Rangoon sous couvert de l'anonymat.

La presse a reçu l'ordre de ne pas publier d'articles sur l'aide apportée par les moines aux rescapés et les autorités ont également interdit à au moins un monastère et un couvent à Rangoon d'accepter des fournitures d'organisations humanitaires.

"Le gouvernement excerce un grand contrôle", précise U Pinyatale, du monastère de Kyi Bui Kha. "Ceux qui veulent donner directement aux victimes ont des ennuis. Ils doivent donner au gouvernement ou le faire en secret."

Il ne reste plus que dix sacs de riz dans son monastère, précise-t-il. De quoi tenir jusqu'à la fin de la semaine. "Nous devrons trouver un moyen de trouver plus de nourriture", dit-il.

Selon U Pinyatale, la vingtaine de moines et de nonnes du sanctuaire tentent également d'apporter un réconfort spirituel aux habitants du village de Kyi Bui Kha, où 90 maisons sur 120 ont été totalement détruites et où de nombreux cadavres ont été découverts après le cyclone. "Nous prions avec eux." AFP

Dialogue avec les autres religions

Hier étaient célébrés les 20 ans du CECEF - Conseil d'Eglises chrétiennes en France - en la Cathédrale orthodoxe Saint Stéphane, à Paris.

Les trois Co-Présidents : Métropolite Emmanuel, Pasteur Baty et Cardinal Vingt-Trois, ont solennellement signé la Charte oecuménique européenne, qui affirme leur désir de coopération entre Chrétiens mais aussi la solidarité avec les autres religions, avec les migrants ou encore les sans-papiers, et un "non" cétégorique à la torture et à la peine de mort.

L'Union Bouddhiste de France ayant été conviée à participer à cette cérémonie dans un esprit d'ouverture et de paix, j'ai eu le plaisir d'y assister hier soir, et d'y entendre les magnifiques chants orthodoxes.
J'ai été très touchée du nombre de témoignages de sympathie envers les bouddhistes actuellement en proie à de grandes épreuves, les Tibétains en particulier, sans oublier les Birmans ou les Chinois.

mercredi 14 mai 2008

Fécondation in vitro

A cette question posée* : "Quand la conscience investit-elle l’embryon ou le fœtus ? et que se passe-t-il dans le cas de la fécondation in vitro ?", le Vénérable Dagpo Rinpoche apporte la réponse suivante, qui, tient-il à préciser, émane de son avis personnel car il ne s’autorise pas à parler au nom de tous les bouddhistes sur une question aussi délicate :

« A l’époque du bouddha Shakyamouni, toute question qui surgissait lui était soumise, et son omniscience lui permettait d’y répondre.
De nos jours, nous ne pouvons que faire appel à nos facultés de réflexion, et une personne seule n’a pas autorité pour trancher. Il faudrait un concile réunissant des personnalités compétentes et reconnues, représentatives de toutes les sensibilités.

A mon sens, lors de la fécondation in vitro, ce qui est constitué, c’est un support physique – susceptible d’éventuellement accueillir un courant de conscience quand les autres facteurs seront réunis (ce qui, je pense, requiert le milieu utérin). En d’autres termes, je ne pense pas que des courants de conscience pénètrent dans les embryons conservés à l’extérieur. A supposer qu’ils n’y pénètrent pas, les cellules concernées peuvent être utilisées ou détruites sans que ce soit répréhensible.
En revanche, s’il s’avère qu’un courant de conscience puisse pénétrer dans un embryon in vitro, aussitôt apparaît un humain en puissance, et tout ce qu’on ferait à son encontre s’apparente à un crime ».

* Cf. Emission TV « Voix bouddhistes » du 3 juin 2001, avec le Professeur René Frydman et le Vénérable Dagpo Rimpoché, – France 2

La contraception

Concernant la contraception, le bouddhisme estime que - dans l'absolu - la meilleure solution serait sans doute l’abstinence, mais qu’il importe d’être réaliste.

Il vaudrait donc mieux mettre à la disposition des gens des moyens préventifs (préservatifs, stérilet, etc.) afin de les préserver de recourir plus tard à des techniques abortives, nuisibles aux uns et aux autres.

La méditation

Les traités du Pandit indien Kamalashila (invité au Tibet au IXème siècle) montre que le bouddhisme utilise traditionnellement la méditation avec ses deux aspects : concentration et méditation analytique.

Les deux sont nécessaires car elles ont des effets différents et complémentaires.
La concentration améliore la stabilité de l’esprit et concourt au calme mental (shamatha).
La méditation analytique accroît la clarté et l’intensité de la perception, d’où la vue supérieure (ou vision pénétrante, vipassyana).

Sur quoi faire porter la méditation ? L’éventail des objets potentiels est infini, comme le sont les connaissables. En fait, le choix doit tenir compte de la personnalité du pratiquant et de son niveau actuel.

mardi 6 mai 2008

"La Lumière de la Voie"

La Lumière de la Voie composée par Atisha peu après son arrivée dans le Tibet occidental est en fait une exégèse du Soutra de la Sagesse et des commentaires afférents, à commencer par l'Abhisamayalamkara.

De très nombreux Maîtres tibétains ont depuis rédigés de nouveaux lamrim, certains extrêmement succincts, d'autres très volumineux. On attribue du reste un auto-commentaire à Atisha lui-même.

Mais comme le déclara péremptoirement Dromtönpa, pourtant réputé pour sa modestie et son humilité :
"Le commentaire de la Lumière de la Voie, c'est moi !"

La Birmanie dévastée

Un cyclone se forme, et une population est décimée ! Plus de dix mille morts, selon l'estimation officielle du jour.

Aux morts, il faut ajouter d'innombrables autres victimes : les sinistrés, les orphelins, les ruinés, etc., etc., sans oublier les animaux qui auront aussi payé un lourd tribut aux éléments déchaînés.

N'oublions pas nos amis birmans dans nos prières. Ils en ont le plus grand besoin.

L'avortement

Dans La vie est à nous (Paris, Pocket n° 10481, 1998), S.S. le 14ème Dalaï-lama répond à cette question délicate de la manière suivante :

« Le contrôle des naissances est quelque chose de très important. Le choix du système de prévention revient à chaque individu en privilégiant les moyens non violents. Il faut savoir que prendre une pilule contraceptive ou abortive une fois que la conception a eu lieu revient à tuer. » (p.155)

« D’un point de vue bouddhiste, l’avortement peut se justifier uniquement dans des cas exceptionnels et très rares, lorsque, par exemple, la vie de la mère est en danger. » (p.156)

«... bien que je trouve cette attitude mauvaise, c’est là une décision qui appartient quand même à l’individu. La mère qui avorte doit savoir que c’est un acte négatif, mais c’est un droit individuel. On ne peut pas punir une femme pour cet acte. » (p.158)

« … Je pense d’une manière générale qu’on doit éviter et l’avortement et l’euthanasie. Dès que la loi lève un interdit, tout le monde suit. Par contre, si elle dit : « Non, il n’est pas permis de tuer », les cas exceptionnels ne trouveront jamais de solution. Dans ces domaines il est difficile de tirer un trait et de dire : « De ce côté-ci, c’est noir, de l’autre blanc. » (p.160)

La pratique bouddhiste

Par essence, la pratique bouddhiste consiste en un travail sur soi, ce qui est compatible avec à peu près n’importe quelle activité, du moment qu’elle ne soit pas négative.

Faire le ménage ou la cuisine, soigner un malade ou s’occuper d’un animal peuvent constituer d’authentiques pratiques du moment que l’état d’esprit soit approprié.

Inversement, la méditation ou la récitation de prières risquent de ne pas être des pratiques mais des activités futiles, voire négatives, en fonction des pensées agitées simultanément.

La loi de causalité

Les phénomènes composés, les êtres comme les choses, sont régis par la loi de causalité. Nés de la conjonction de causes et de conditions, eux-mêmes produisent des effets. Ils sont soumis à l’impermanence à deux niveaux : leur mort ou leur destruction sont qualifiées d’impermanence grossière, tandis que leur transformation d’instant en instant constitue l’impermanence subtile.

Il s’ensuit qu’aucun phénomène composé, et d’ailleurs aucun phénomène en général, n’est absolu, autogène ou encore substantiel.
S’il n’est donc pas d’âme ou d’entité éternelles, tous les phénomènes présentent un continuum, car les phénomènes existent, c’est une évidence ; ils sont relatifs et interdépendants. D’où l’importance pour l’individu de respecter les autres phénomènes : son bien-être, voire sa survie en dépendent, et réciproquement.

L'estrade des défenses

Dans mon jeune âge, alors que j'étudiais avec ardeur la langue et la civilisation japonaise aux Langues'O, à Paris, j'ai parfois eu du mal à comprendre le ... français de certains de nos éminents professeurs.

Ainsi ai-je mis des mois à comprendre ce qu'était "l'estrade des défenses" dont ne cessait de parler notre professeur d'histoire.
D'après mes souvenirs, aux temps anciens, le parti qui mettait la main sur cette fameuse estrade détenait du même coup le pouvoir impérial. Les coups d'état (fréquents) étaient donc ponctués par un déménagement ou un réemménagement de l'estrade en question, kaidan pour les initiés.

Je ne vous ferai pas languir plus longtemps : il s'agit de l'"estrade d'ordination", bref du lieu d'ordination où les moines et moniales japonais du temps jadis "prenaient les défenses", en clair prenaient les voeux de vinaya.

C'est dire si, à l'époque, la religion était détachée du politique au Pays du Soleil levant...

Enseignements d'Atisha

A l'occasion du nouveau temple de l'Institut Kadam Tcheuling de Bordeaux, Rinpoche a accepté de donner la tranmission et l'explication du texte fondateur de l'école tibétaine Kadampa, et au fond de toutes les écoles tibétaines - qui se sont effectivement constituées après la venue d'Atisha Dipamkara Shrijnana au Pays des neiges.

Atisha qui étonnait tant les rudes Tibétains en se montrant ô combien affectueux avec les animaux, qu'il caressait tendrement tout en leur parlant.

Atisha ne s'adressait-il pas aux moutons et autres yacks qu'il avait sauvé du couteau du boucher, en les qualifiant de "Ma vieille Mère" ? Il faut dire qu'il était quand même le digne héritier du grand Maître Serlingpa, lui-même dépositaire attitré des lignées d'instructions qui permettent de réaliser l'esprit d'Eveil (bodhicitta) : la détermination à devenir Bouddha pour accomplir le bien de tous les êtres, dûment identifiés
comme ayant été si souvent pour soi, au fil des vies successives, des mères bienveillantes.

lundi 5 mai 2008

Pas si facile à faire...

87 – De fait, tous les torts incombent à un seul et même facteur*. Méditons sur l’extrême bienveillance de tous les êtres. Tout ce dont ne veulent pas les autres, assumons-le personnellement et dédions nos racines vertueuses à eux tous.

(Extrait de La Roue des armes tranchantes

* L'égocentrisme, rang gces 'dzin.

De la responsabilité

Un des Enseignements les plus percutants à mes yeux est l'Instruction intitulée La Roue des Armes tranchantes et qui vient de Dharmarakshita, l'un des Maîtres d'Atisha. En voici un échantillon :

13 – Des propos déplaisants heurtent-ils nos oreilles ? En raison de nos égarements verbaux : calomnies et autres, les armes tranchantes – nos mauvais karmas – se sont retournées contre nous. Désormais, bannissons les écarts de langage.


dimanche 4 mai 2008

Vient de paraître

Sans déployer ses ailes, l’Oiseau ne peut voler
La Lumière de la Voie vers l'Eveil & autres textes
de Jowo Atisha
traduit par Marie-Stella Boussemart

Œuvre maîtresse de Jowo Ātisha, la Lumière de la Voie vers l'Eveil constitue la base et le coeur de toutes les écoles bouddhistes du Pays des neiges car elle est de fait une véritable instruction, qui explicite le sens caché du Soutra de la sagesse, énoncé jadis par le Bouddha au Pic des Vautours. C'est elle, sans nul doute, qui a permis que le Dharma se propage et rayonne au Tibet avec l'éclat que l'on sait.

En maître accompli, Ātisha multiplia les éclairages à l'intention de tous ceux qui souhaiteraient progresser et acquérir une plus grande maîtrise d'eux-mêmes. Parmi les nombreux Enseignements du Père des Kadampa, quatre sont ici proposés en français et en tibétain : La Lumière de la Voie vers l'Eveil, La Guirlande des Joyaux de bodhisattva, Brève Instruction sur les conduites de bodhisattva et Cristalliser l'essence.

Rien qu'une stance, rien qu'une phrase même, tirée de ce florilège de conseils émanant d'Ātisha, apporte à celui qui l'applique un indéniable mieux-être et facilite grandement ses relations avec les autres.

L'ouvrage comporte également une Louange à Ātisha, composée par le fidèle Dromtönpa.

(Editions Guépèle)

Temps de dégénérescence ?

Admettons que le monde soit plat comme une médaille (après tout, certains sont convaincus qu'il l'est, plat), et jetons un coup d'oeil à ses deux faces.

Côté pile : Le tableau est sombre, et pour le moins inquiétant : les guerres et massacres se déplacent sans jamais prendre fin; les épidémies et famines gagnent chaque jour du terrain ; les récessions s'aggravent et les dérèglements climatiques génèrent des effets dont l'ampleur nous échappe sans doute.

Côté face : Des facteurs d'espoir sont patents : les avancées de la science et de la technique rendent aujourd'hui possible l'impossible d'hier ; les moyens d'information et de communication entraînent une meilleure connaissance mutuelle, d'où (chez quelques-uns) plus de compréhension et plus d'ouverture ; des prises de conscience suscitent ici et là de sincères réactions en faveur de la paix et d'une plus grande solidarité.

Conclusion : aucune... A part peut-être : "Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir."

Comme le dit souvent Rinpoche (si j'ai bien compris) : "On ne peut que se réjouir des progrès extraordinaires accomplis par la science. Il faudrait simplement que les progrès intérieurs soient à la hauteur des progrès extérieurs... Sinon, ceux-ci risquent de se retourner contre nous, si nous n'en gardons pas la maîtrise"

L'amour

A quoi bon se fatiguer à formuler mal ce qui a déjà été magnifiquement exprimé par d'autres ?

" Un Amour plus grand que l'amour "
Lecture de la première lettre de Saint Paul, apôtre, aux Corinthiens (12,31 -13,8a)

Frères,
Parmi les dons de Dieu,
Vous chercherez à obtenir ce qu'il y a de meilleur.
Eh bien, je vais vous indiquer une voie supérieur à toutes les autres.

J'aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel,
Si je n'ai pas la charité, s'il me manque l'amour,
je ne suis qu'un cuivre qui résonne,
une cymbale retentissante .
J'aurais beau être prophète,
avoir toute la science des mystères,
et toute la connaissance de Dieu,
et toute la foi jusqu'à transporter les montagnes,
s'il me manque l'amour,
je ne suis rien.
J'aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés,
j'aurais beau me faire brûler vif,
s'il me manque l'amour,
cela ne me sert à rien.

L'amour prend patience,
l'amour rend service,
l'amour ne jalouse pas,
il ne se vante pas,
ne se gonfle pas d'orgueil,
il ne fait rien de malhonnête,
il ne cherche pas son intérêt,
il ne s'emporte pas,
il n'entretient pas de rancune,
il ne se réjouit pas de ce qui est mal
mais il trouve la joie dans ce qui est vrai,
il supporte tout,
il fait confiance en tout,
il espère tout, il endure tout
L'amour ne passera jamais.

samedi 3 mai 2008

Bouddhisme ou bouddhismeS ?

Le Bouddha a enseigné durant quarante-cinq ans environ, et l'une de ses qualités premières était son immédiate adaptation à chaque auditeur.
Il est donc normal que la collection de ses Paroles soit volumineuse et des plus variées.

Pour autant, est-il bon de mettre le mot au pluriel le mot en usage chez nous : "bouddhismeS", comme le font certains, en avançant d'ailleurs des arguments tout à fait valables ?

Mon opinion personnelle est qu'il est préférable de conserver le singulier, qui souligne l'unité dans la diversité, et met mieux en valeur l'harmonie, la cohérence et la convergence de tous les Enseignements du Guide, le Grand Médecin.

J'ai souvent le sentiment qu'à force de vouloir "préciser", on ne fait que réduire les champs pourtant recouverts.

Ainsi, Zen est-il souvent associé au qualificatif "japonais". Zen est effectivement l'équivalent japonais de "dhyana", mais la lignée qui est ainsi désignée est bel et bien née en Chine (sous le nom de Ch'an) et s'est répandue en Corée et au Vietnam notamment.

Quant au bouddhisme "tibétain", il est natif de l'Inde. Il est pratiqué par les populations issues du Pays des neiges, certes, mais aussi en Mongolie, au Népal, dans plusieurs régions du Nord de l'Inde, ce, même sans tenir compte de la diffusion internationale actuelle, qui l'un des effets indirects (et non programmé) de l'invasion du Tibet par la Chine communiste en 1950.

Par ailleurs, pour la plupart des gens, "bouddhisme tibétain" est considéré comme un équivalent commode de "vajrayana".
D'une part, le bouddhisme qui s'est répandu au Tibet inclut des Enseignements de tous les véhicules du bouddhisme, et pas seulement du vajrayana - qui requiert un très haut niveau de pratique.
D'autre part, cela revient à mettre aux oubliettes le vajrayana introduit et conservé dans bien d'autres pays : Chine, Corée, Japon, Vietnam, etc.