mercredi 28 novembre 2018

Kyabje Ling Rinpoche & Kyabje Trijang Rinpoche - biographies en anglais

The Life of My Teacher: A Biography of Kyabjé Ling Rinpoché
Wisdom Publications (11 juillet 2017)

"Au Tibet, la tradition voulait que les disciples écrivent des biographies de leurs maîtres. Ici le disciple est le Dalaï-lama et le maître est Ling Rinpoché, l'un des fleurons du bouddhisme tibétain au vingtième siècle. C'est un portrait fascinant qui retrace l'éducation et la carrière d'un tulku légendaire ainsi que les événements historiques dont il fut le témoin." (Donald S. Lopez, Jr., Arthur E. Link, Professeur émérite d'études bouddhistes et tibétaines à l'Université du Michigan).
"La vie de mon Maître est un récit touchant, respectueux et méticuleux qui nous permet de mieux comprendre les domaines d'intérêt, les priorités et le caractère de Sa Sainteté, bien mieux que n'importe quel autre texte écrit par lui-même ou par d'autres." (Alexander Norman,  éditeur de Freedom from Exile: The Autobiography of the Dalai Lama).
"Bien qu'elle soit rédigée dans le style traditionnel d'une biographie spirituelle tibétaine (rnam thar), cette biographie particulière de Kyabjé Ling Rinpoché, grand tuteur senior de Sa Sainteté le Dalaï-lama, est unique à bien des égards. Tout d'abord l'auteur et son sujet sont tous deux des êtres extraordinaires. Ensuite c'est l'unique biographie de ce genre écrite par le Dalaï-lama lui-même; elle se concentre sur celui que Sa Sainteté décrit comme "celui qui a exercé la plus grande influence sur ma vie", et comme son véritable "point d'ancrage" tout au long des événements tumultueux dont le Dalaï-lama et son peuple ont fait l'expérience lorsqu'ils furent contraints à l'exil dans notre monde moderne. Ensuite ce récit détaille les nombreuses activités spirituelles exercées sans relâche par ce précieux tuteur, Ling Rinpoché. Enfin cet ouvrage nous présente un portrait touchant des interactions en coulisse entre un maître respecté et son élève très spécial, alors que ce dernier progressait pour devenir un leader religieux courageux sur la scène internationale. Ce récit rare et souvent empreint de tendresse est un véritable cadeau qui nous est offert. Réjouissons-nous de sa publication."  (Jan Willis, auteur de Enlightened Beings et Dreaming Me).



The Magical Play of Illusion: The Autobiography of Trijang Rinpoche
Wisdom Publications (2 octobre 2018)

"Kyabjé Trijang Rinpoché (1901–1981) fut non seulement l'un des tuteurs de Sa Sainteté le quatorzième Dalaï-lama, il fut également le maître racine d'un grand nombre de lamas qui ont introduit le bouddhisme en occident dans les années soixante. Cette autobiographie documente ses études poussées ainsi que ses efforts incessants pour diffuser les enseignements dont il s'était rendu maître; elle sera une précieuse source d'inspiration pour tous ceux qui ont bénéficié de cette transmission éclairée, directement ou indirectement. Ce récit est également vivement recommandé car il retrace la toile de fond de cette période de bouleversements dans l'histoire du vingtième siècle." (Jonathan Landaw, éditeur de Introduction to Tantra).

“Kyabjé Trijang Rinpoché, l'un des rares maîtres à maîtriser l'ensemble des enseignements du bouddhisme tibétain, fut l'un des lamas les plus influents du vingtième siècle. Cette biographie magnifiquement écrite et traduite avec élégance nous révèle la vaste étendue de ses activités spirituelles ainsi que leur contexte historique." (Alexander Berzin, fondateur et auteur, Berzin Archives, studybuddhism.com)

Kyabjé Trijang Rinpoché, tuteur junior du Dalaï-lama, fut unanimement reconnu comme l'un des plus grands maîtres du bouddhisme tantrique, réfugié en Inde après l'invasion du Tibet par la Chine communiste dans les années cinquante. Il fut également étonnamment humble et terre-à-terre. Son récit est bien plus qu'une simple autobiographie car il nous dévoile la beauté et les merveilles du Tibet disparu. Cette histoire fourmille de pics émotionnels aussi hauts que l'Himalaya et de moments de profonde détresse après la perte de la mère patrie et lors des destructions qui ont suivi. C'est une lecture indispensable conseillée à tous ceux qui s'intéressent à la culture tibétaine, à son histoire et à sa vie spirituelle. (Glenn Mullin, auteur de The Fourteen Dalai Lamas: A Sacred Legacy of Reincarnation).

vendredi 23 novembre 2018

Décès de Hubert Durt

Condoléances à la famille de Monsieur Durt et à ses collègues orientalistes.


EFEO - Ressources numériques - In Memoriam Hubert Durt


Hubert Durt (1936-2018)



Hubert Durt nous a quittés le 15 septembre 2018. Il a, durant plus d’un demi-siècle, été l’une des figures des études bouddhiques et, au-delà, des relations intellectuelles entre la France et le Japon.
Né en 1936 à Uccle en Belgique, Hubert Durt fut d'abord formé aux humanités gréco-latines, à l’archéologie et à l’histoire de l’art occidental. Il obtint une licence en philologie classique à l’université de Louvain (1958), puis un diplôme de langue japonaise à l’université de Gand (1960). Sans doute, cette double formation d’humaniste classique et de spécialiste d’études asiatiques – en l’occurrence du bouddhisme –est-elle à l’origine de son inlassable curiosité qui lui permit d’acquérir une érudition qu’il portait avec légèreté et humour, modestie et cordialité. De ces années de formation il faut retenir que si l’histoire de l’art amena Hubert Durt à s’intéresser au bouddhisme, c’est son admiration pour l’art bouddhique qui le conduisit à la philologie et l’étude des langues classiques de l’Inde de l’Extrême-Orient.

Hubert Durt fut l’élève de l’illustre savant Mgr Étienne Lamotte, auquel il voua toujours une immense admiration et qui fut son principal mentor. Son premier séjour au Japon, après l’obtention d’une bourse du gouvernement belge se déroule aux universités de Kyōto et de Tōkyō entre avril 1960 et mars 1963. Kyōto, l’ancienne capitale, exerça immédiatement sur lui une fascination qui correspondait à son goût pour l’histoire de l’art et à son intérêt pour le bouddhisme. Il arriva au Japon comme s’il avait lui-même suivi les routes et les traces du Bouddha en passant par l’Iran, le Pakistan, l’Inde et Sri Lanka.

En février 1964 il devient l’assistant d’Étienne Lamotte à l’Institut orientaliste de l’université de Louvain et enseigne en même temps la langue japonaise ; il est également collaborateur aux Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles et travaille comme bibliothécaire et secrétaire des publications de l’Institut belge des hautes études chinoises. Il revient au Japon en décembre 1965 où, contractuel à la Maison franco-japonaise de Tōkyō, il travaille jusqu’en décembre 1969 pour le Centre de Kyōto de l’École française d’Extrême-Orient – dont la principale activité est alors la rédaction du Hôbôgirin – encyclopédie de la terminologie bouddhique sino-japonaise entreprise en 1926 à Tōkyō puis continuée à partir de 1961 à Kyōto – pour laquelle il rédigera une vingtaine d’articles dont plusieurs constituent de courtes monographies. En janvier 1970, il est nommé membre de l’École française d’Extrême-Orient et affecté au Centre de Kyōto. En juin de la même année, il obtient un doctorat en philologie et histoire orientales de l’université de Louvain pour sa thèse intitulée La version chinoise de l’Introduction historique de la Samantapāsādikā : traduction du chapitre introductif du Chan Kien Liu P’i-P’o-Cha et notes sur les rapports entre ce texte et la tradition pāli concernant l’histoire du bouddhisme ancien en Inde et à Ceylan. En collaboration étroite et harmonieuse avec la grande sinologue Anna Seidel (1938-1991), qui avait intégré l’École française d’Extrême-Orient un an auparavant, en 1969, il allait, parallèlement à son activité scientifique, contribuer à faire du centre de Kyōto l’un des hauts lieux de la recherche sur le bouddhisme et les religions de l’Asie. La liste des spécialistes d’études sur l’Asie orientale et le bouddhisme que le centre a accueilli et formé est impressionnante. Le Centre de Kyōto se situait alors dans l’un des temples séparés du grand monastère zen du Shōkoku-ji qui, deux siècles plus tôt, avait déjà été l’un des lieux privilégiés où se rencontraient moines, artistes et lettrés à Kyōto.
En 1985 paraît le premier numéro du périodique Cahiers d’Extrême-Asie, consacré aux relations entre les religions et la société en Asie orientale (Chine, Japon, Corée, Tibet). Hubert Durt seconde Anna Seidel dans le travail de rédaction. Il devient rédacteur en chef en 1991 à la suite de la mort prématurée d’Anna Seidel. Cinq années plus tard, en avril 1996, il est nommé professeur à l’International College for Advanced Buddhist Studies de Tōkyō l’année de sa fondation par Hirakawa Akira (1915-2002) l’une des grandes figures des études bouddhiques japonaises. Le nombre de fonctions qu’Hubert Durt a occupé avec une égale compétence sans jamais ménager son temps ni ses forces est très important : ainsi membre associé de l'Istituto per il Medio ed Estremo Oriente (IsMEO), membre du comité de direction de l'International Association for Buddhist Studies, président en 1997 du comité directeur du Lumbini International Research Institute au Népal.
À l’extrême fin des années 1980, Hubert Durt donnait à l’Institut national des Langues et Civilisations orientales (INALCO) une conférence sur l’Inde du Bouddha telle qu’elle apparaissait dans les récits d’un célèbre recueil japonais médiéval d’anecdotes : les Histoires qui sont maintenant du passé dont les extraits traduits par Bernard Frank (1927-1996), l’introduction et l’annotation forment nous avaient attiré, après Lafcadio Hearn, vers les études japonaises. Un hasard heureux autant qu’inexpliqué fit qu’en l’espace d’une même année il fut donné à l’auteur de ces lignes de rencontrer ces deux grands orientalistes dont les leçons s’avérèrent déterminantes.
En mars 2001, Hubert Durt prend sa retraite de l’École française d’Extrême-Orient mais il continua à manifester un attachement indéfectible à celle-ci. Il devient vice-président de l’International College for Advanced Buddhist Studies.

À partir de Kyōto et vers tous les horizons du monde, Hubert Durt a su rassembler et unir autour de lui chercheurs et amis de tous âges et de toute condition, sensibles à son urbanité et charmés par la grâce sans égale de sa conversation et servir avec dévouement et passion l’École française d’Extrême-Orient. Les études bouddhiques furent pour lui un domaine de recherche presque naturel. Elles requièrent des connaissances profondes dans un grand nombre de domaines allant de la philologie à la littérature classique, de l’histoire de l’art à l’anthropologie, mais également un désir d’aller à la rencontre d’une véritable mosaïque de cultures, depuis l’Inde qui vit naître le bouddhisme jusqu’au Japon, en passant par la Chine, la Corée, l’Asie centrale, le Tibet sans oublier l’Europe ou les États-Unis.

Ayant été nommé à l’École française d’Extrême-Orient en 2000 puis affecté à Kyōto en mars 2001, ce fut un privilège pour nous, durant plus de six années, de bénéficier des conseils d’Hubert Durt et de cultiver en sa compagnie cet art de la conversation qu’il pratiquait avec un inégalé bonheur. Chaque rencontre devenait l’occasion d’entrevoir des horizons nouveaux, des pistes inexplorées, des rapprochements inédits. Mélomane et pacifiste, comme son cher Romain Rolland Hubert Durt fut aussi un homme d’engagements. Ainsi celui qu’il partageait avec sa femme, la vitrailliste Michiyo Durt-Morimoto, pour la défense du patrimoine – celui, toujours menacé, de l’architecture des maisons traditionnelles japonaises – mais également française, comme à l’église de Saint-Hilaire-La-Combe à Curemonte, dont les vitraux ont été offerts par Michiyo Durt-Morimoto, en ce village où sur les lignes de crête de l’extrémité méridionale de la Corrèze il aimait, entouré de collègues et d’amis, oublier un temps toujours trop compté les rigueurs de l’été japonais et les menaces croissantes qui pèsent sur la beauté du monde – en ces hauts lieux comme dans ses recès les plus simples– toujours soumise aux imprévisibles caprices de la nature, aux inexorables destructions du temps et à la constante incurie des hommes. Autant que ses recherches qui continuent d’inspirer les jeunes chercheurs, la personnalité unique d’Hubert Durt, par son dévouement, son sens de la loyauté, sa fidélité en amitié manqueront aux siens et à l’École française d’Extrême-Orient dont il a incarné à la perfection les idéaux de recherche et d’échanges entre les disciplines ayant trait aux civilisations de l’Asie et entre les femmes et les hommes qui s’y consacrent depuis l’Inde jusqu’au Japon.
Nos pensées vont à sa femme Michiyo, à sa fille Sara, à son fils Ali ainsi qu’à tous ses proches.

François Lachaud

lundi 19 novembre 2018

Biographies des deux Tuteurs de SS le Dalaï Lama

The Life of My Teacher: A Biography of Kyabjé Ling Rinpoché
Wisdom Publications (11 juillet 2017)

“In Tibet, it was traditional for disciples to write biographies of their teachers. In this case, the student is the Dalai Lama and the teacher is Ling Rinpoche, one of the giants of Tibetan Buddhism in the twentieth century. It is a fascinating portrait, both of the education and career of a legendary tulku and of the epochal events that he witnessed.” (Donald S. Lopez, Jr., Arthur E. Link Distinguished University Professor of Buddhist and Tibetan Studies, University of Michigan)

“Touching, reverent and a meticulous record, The Life of My Teacher gives the reader a better insight into His Holiness's interests, priorities and character than anything else written by or about him.” (Alexander Norman, editor of Freedom from Exile: The Autobiography of the Dalai Lama)

“Though written in the traditional style of a Tibetan spiritual biography (or rnam thar), this particular biography of the great senior tutor of His Holiness the Dalai Lama, Kyabje Ling Rinpoche, is unique in many respects. First, the subject of the biography as well as its author are both extraordinary beings. Second, it is the only such biography that the Dalai Lama himself has written, and it focuses on the teacher whom His Holiness describes as the “greatest influence on my life” and as his one true “rock” throughout the tumultuous historical times experienced both by the Dalai Lama and his people as they were forced to become refugees in the modern world. Third, the book provides a detailed accounting of the vast and continuous spiritual activities of the precious tutor, Ling Rinpoche. And fourth, it offers a touching portrayal of the behind-the-scenes interactions between a revered teacher on the one hand and his very special student on the other as the latter develops into a courageous religious leader on the world stage. This rare and oftentimes tender life story is a gift to us all. Its publication should be greeted with much rejoicing.” (Jan Willis, author of Enlightened Beings and Dreaming Me)



The Magical Play of Illusion: The Autobiography of Trijang Rinpoche
Wisdom Publications (2 octobre 2018)

"Not only was Kyabjé Trijang Rinpoché (1901–81) a tutor to His Holiness the Fourteenth Dalai Lama, he was also the root guru of a great many of the lamas responsible for introducing Tibetan Buddhism to Westerners beginning in the 1960s. This autobiography—documenting his extensive learning and his tireless deeds disseminating the teachings he had mastered—will therefore prove inspiring and invaluable to those who have benefited, both directly and indirectly, from this transmission of insight. It is also highly recommended for the background it gives to this transformative period of twentieth-century history." (Jonathan Landaw, editor of Introduction to Tantra)

“Kyabjé Trijang Rinpoché, a rare master of all fields of Tibetan Buddhist learning, was one of the most influential lamas of the twentieth century. This beautifully written and elegantly translated autobiography reveals not only the vast scope of his enlightening activities but also the historical context in which they took place.” (Alexander Berzin, founder and author, Berzin Archives, studybuddhism.com)

"Kyabjé Trijang Rinpoché, the junior of the two great gurus of the Dalai Lama, was universally recognized as one of the greatest Buddhist tantric masters to escape to India following the Chinese Communist invasion of Tibet in the 1950s. He was also amazingly humble and down to earth. His story is not only a personal autobiography but a glimpse into the beauty and wonder that was Tibet. It is a story filled with emotional peaks as high as the Himalayas and the emotional lows that came with the loss of homeland and subsequent destruction. A must read for anyone interested in Tibetan culture, history, and spiritual life." (Glenn Mullin, author of The Fourteen Dalai Lamas: A Sacred Legacy of Reincarnation)

jeudi 15 novembre 2018

Lama à 19 ans… Et après?


Lama à 19 ans… Et après? - Claire Lumière


Auteur : Hermès Garanger

Est-ce parce qu'elle porte un improbable prénom, celui du " messager des dieux " dans la mythologie grecque ? Hermès Garanger semblait, dès sa naissance, promise à un destin hors du commun. Enfant, elle grandit en France, dans l'un des plus grands centres bouddhistes tibétains d'Europe, fondé par ses parents, et s'épanouit au milieu des moines bouddhistes qui lui enseignent la méditation. A 15 ans et demi, elle fait un choix radical, qui va transformer le reste de son existence : partir en retraite pour une durée de plus de mille jours, selon l'une des traditions bouddhistes. Pendant 3 ans, 3 mois et trois jours, elle vivra dans une pièce de 9m2, sans aucun lien avec le monde extérieur, en méditant 14 heures par jour, pour devenir à sa sortie... la plus jeune Lama occidentale ! Trente ans plus tard, devenue maman et productrice de télévision, elle pratique toujours plusieurs fois par jour la méditation, qui lui a appris à gérer ses émotions et à surmonter les pires épreuves. De ses voyages en Inde et au Népal, jusqu'aux plateaux de télévision en passant par le Centre de Recherches en Neurosciences de l'Inserm de Lyon, où elle participe aux travaux scientifiques consacrés aux pouvoirs de la méditation sur le cerveau humain, c'est un parcours de vie étonnant que livre Hermès Garanger.

mercredi 14 novembre 2018

Ganden Namchö 2018

En 2018, le Ganden Namchö (dGa' ldan lnga mchod) tombe le dimanche 2 décembre.

Le Ganden Namchö, le 25ème jour 10ème mois lunaire, est la commémoration du passage en nirvana de Je Rinpoche, c'est à dire Je Tsongkhapa, fondateur du monastère de Ganden (dGa' ldan) et partant de l'école des dGa' ldan pa, également connus sous les noms de dGe lugs pa (prononcé guélougpa : "Vertueux"), ou encore de bKa' gdams gsar ma ba (c'est à dire "Nouveaux Kadampa"), et ce donc depuis le début du XVème siècle, le monastère de Ganden ayant été fondé en 1409. 
Que faire ? Par exemple :
- allumer des lumières (sous n'importe quelle forme) ;
- réciter le "miktséma" - dmigs brtse ma -, en hommage à Je Rinpoche ;
- réciter le Ganden lhagyama (dGa' ldan lha brgya ma), guruyoga invoquant Je Rinpoche ;
- lire une biographie de Je Rinpoche et formuler des voeux pour suivre ses traces.

Ne pas oublier de souhaiter la Bonne Année aux amis mongols bouddhistes, qui depuis des siècles célèbrent à cette occasion la nouvelle année.

mardi 13 novembre 2018

Lama / tülku ou non

On entend parfois ce genre d'expression : C'est un grand Lama. Ce qui laisse à entendre que d'autres lama ne seraient pas si grands... Ce qui, je dois dire, me gêne un peu. Car sur quels critères se base-t-on pour de tels jugements ?

Prenons acte que cette expression existe et essayons de la comprendre.

Un grand Lama, c'est sans doute d'abord un pratiquant et un maître dont les qualités sont tellement évidentes qu'elles éblouissent les êtres ordinaires alentours, pourtant fortement aveuglés par leur ignorance et leurs voiles karmiques (n'oublions pas que, selon le bouddhisme, la perception de chaque être dépend somme toute plus de ses karma que des objets "extérieurs", au point que les cittamatrin nient jusqu'à l'existence des objets extérieurs à l'esprit).
Un grand Lama n'est donc pas obligatoirement un personnage riche ou d'un haut rang social. Souvent, d'ailleurs, il fuit les hochets de la notoriété profane. Pour prendre quelques exemples, citons Dromtönpa, Milarepa ou encore Ensapa.

Un grand Lama est-il toujours un haut dignitaire religieux, supérieur de moult communautés ?
Cela peut arriver, quand il le juge nécessaire. Mais c'est loin d'être systématique.
Bien des grands Lamas sont des anachorètes "asociaux". Rien de plus normal : ils prennent le contre-pied des conventions de ce bas-monde (ambitions, compétitions, pouvoir politique, richesses matérielles et autres vanités fondées sur l'intérêt personnel).
Notons au passage que tous les grands Lamas ne sont pas des moines - beaucoup sont laïcs. Et il se trouve même des femmes en leur sein (Cf. Machik Labdrön, qui n'est pas une exception unique) !

Quand même, ne peut-on concevoir une hiérarchie, avec par exemple en un le Dalaï lama, en deux le Panchen Lama, etc. ?
Ce genre de hiérarchie existe bien sûr, mais elle n'a de valeur que politique. Rien ne la justifie sur le plan spirituel : qu'est-ce qui permettrait d'affirmer qu'un Bouddha l'emporterait sur l'autre ? Idem pour leurs émanations. Car des émanations d'Avalokiteshvara, c'est qu'il y en a beaucoup, outre les Dalaï lama et les Karmapa.

De toute façon, pour le pratiquant, le Lama le plus important est son propre Maître, et personne d'autre.

Toute société éprouvant le besoin de règles et d'un cadre structuré, il était cependant inévitable que les Tibétains établissent une hiérarchie parmi les lama, en mettant au sommet ceux qui sont le plus en vue, c'est-à-dire ceux qui, au cours de l'histoire, ont eu le plus de contacts avec les gouvernants chinois ou mongols.
Chacun sait que le titre "dalaï lama" est d'origine mongole et a été décerné au 3ème du nom par le grand Khan de l'époque, lequel avec largesse a englobé les deux prédécesseurs immédiats.

Lors d'une cérémonie dans un temple tibétain, comment sont placés les lama (sauf quand exceptionnellement un Maître de caractère du genre de Dagpo Lama Rinpoche ou Tag-ri Rinpoche imposent l'application scrupuleuse des règles du Vinaya).
Les lama sont classés enfonction de cinq catégories :
1. Les rgyal sprul : incarnations de rois du Tibet.
2. Les ho thog thu : incarnations d'empereurs mandchous, de Dalaï lama et de Panchen Lama.
3. Les tshogs chen sprul sku
(les tulkou de la grande assemblée, c'est-à-dire du monastère entier tous collèges confondus) : lama réincarnés qui ont obtenu du gouvernement (contre le versement d'offrandes matérielles aux membres dudit gouvernement) le privilège d'être intronisés dans le temple principal du monastère, et non pas dans le temple d'un des collèges (comme c'est le cas des grva tshang sprul sku). Dans certains collèges comme Drepung Loseling, la hiérarchie interne parmi les tshogs chen sprul sku est basée sur le montant des dons effectués par le lama lors de son intronisation.
4. Les Khri sprul : incarnations de Ganden Tripa (le rang qui leur est concédé démontre assez clairement que les critères retenus ne sont guère d'ordre spirituel).
5. Les mkhan sprul : incarnations d'abbés, notamment d'abbés des trois "piliers" : Sera, Drepung et Ganden (même remarque que ci-dessus).

Lama / tülku

Les bouddhistes admettent la réincarnation mais, à ma connaissance, ce sont les Tibétains qui ont poussé ce principe jusqu'à rechercher systématiquement les nouvelles formes revêtues par certains grands personnages du passé. Ils les appellent lama (bla ma) ou, pour être plus précis, tulkou (sprul sku).

Le problème pour les non-initiés est que ces termes ont tous deux d'autres emplois. d'où ambiguïté et, parfois, malentendus. Ce week-end, lors du séminaire sur la mort à La Mutualité, il a été posé à Rinpoche une question concernant les renaissances des lama et tulkou, ce qui m'a donné envie de reprendre ici ce sujet.

Bla ma est la contraction de bla na med pa, qui signifie littéralement "sans supérieur", ou encore "suprême. Autant dire que, si ce titre est décerné par d'autres personnes, d'accord, mais se l'accorder à soi-même, ou simplement l'utiliser pour soi-même manquent quelque peu de modestie ! Supposons que nous rencontrions quelqu'un qui se présente à nous comme étant Lama Untel, pour qui comprend un peu la langue tibétaine, cela sonne bizarrement.

Toujours est-il qu'un lama est un maître spirituel. Notre propre maître est donc "notre lama", qu'il soit ou non reconnu en tant que lama par la société.

sPrul sku est l'équivalent tibétain du terme sanskrit nirmanakaya. Il désigne en premier lieu le ou les Corps d'émanation des Bouddha.
Ainsi, le Bouddha Shakyamouni était un Nirmanakaya, de ceux qui sont qualifiés de "Nirmanakaya suprêmes" (mchog gi sprul sku), bhikshu qui présentent les 32 signes majeurs et les 80 marques secondaires caractéristiques des Bouddhas. De telles apparitions dans un monde sont très rares, une seule à la fois par cycle d'Enseignement. Nous nous situons en effet toujours dans l'ère du Bouddha Shakyamouni. Le prochain Nirmanakaya suprême annoncé sera Maitreya (pour l'heure, skye ba sprul sku en la Terre pure de Tushita, alias Ganden), longtemps après le déclin et même la disparition de l'Enseignement de son prédécesseur à la surface de la terre.

En revanche, le troisième type de nirmanakaya (bzo bo sprul sku, "Corps d"émanation exécutants") est plus abondant et d'aspects infiniment variés : il est dit que les Bouddha et aryabodhisattva peuvent prendre toutes formes utiles pour accomplir le bien d'êtres en mesure de recevoir une aide de leur part. Cela va de l'aspect d'un musicien à des formes animales, en passant par des objets tels que des ponts !

Pour qu'on puisse s'y retrouver, il conviendrait d'élucider quelques questions élémentaires. Entre autres :
- Tous les lama sont-ils des tulkou ?
NON.

- Tous les Tulkou sont-ils des émanations de Bouddhas ?
OUI, si on prend "tulkou" au sens premier du terme. NON, si on entend par là "un lama réincarné".

- Alors, sont-ils au moins des émanations d'aryabodhisattva ?
NON, pas tous.

- Les lama sont-ils tous des "lama réincarnés" - de nouvelles formes prises par des maîtres antérieurs ?
NON. Comme indiqué plus haut, notre propre maître est notre lama. Mais il n'a pas forcément été intronisé comme étant la réincarnation de tel maître du passé.
DE PLUS, certaines populations ont généralisé le terme de lama jusqu'à dénommer ainsi tous les moines ! C'est ce qui se passe chez les Indiens : ils appellent lama tous les moines tibétains. Dans certaines régions du Tibet, cela se faisait déjà. Ou encore, dans l'école kagyu, le titre de lama est désormais décerné à ceux qui ont accompli des retraites de trois ans ou plus.

- Tous les "lama réincarnés" sont-ils des Bouddhas ou bodhisattva ?
Non, ils peuvent aussi être l'incarnation d'un maître qui est encore un être "ordinaire" au sens où il n'a pas obtenu la compréhension directe de la vacuité (et n'est donc pas un arya) et/ou il n'a pas réalisé bodhicitta (l'esprit d'Eveil), tant et si bien qu'il n'est pas un bodhisattva. MAIS si sa réincarnation est recherchée, c'est sans doute qu'il a déjà fait preuve de grandes qualités, notamment de sagesse, d'amour et de compassion.

- Lors de la recherche des lama réincarnés, des erreurs se produisent-elles parfois ?
OUI, bien sûr. Il est admis en société tibétaine que ce n'est pas toujours le bon candidat qui est retenu : outre les inévitables pressions politiques ou financières, il arriverait qu'à la place du maître, on sélectionne un de ses proches assistants, finalement mieux à même que l'intéressé d'identifier les objets lui ayant appartenu !

- Le nouveau tulkou marche-t-il toujours sur les traces de ses prédécesseurs ?
NON, et ce, même si aucune erreur n'a été commise dans son identification. Les temps ayant changé, le tulkou d'aujourd'hui s'adapte à son environnement et à ses contemporains. Il suffit de feuilleter les biographies des Dalaï lama pour constater que les maîtres réincarnés ne se contentent pas de reproduire un seul et même schéma à l'identique au fil des siècles.

Mandala et pratique du Dharma

Enseignement du Vénérable Othok Rimpoché

Mardi 13 Novembre à 19h15
Institut Kadam Tcheuling
30-34 Rue la Mothe, 33800 Bordeaux

Enseignement diffusé en direct 
sur la page Facebook 
de l'Institut Kadama Tcheuling Bordeaux

Le vénérable Othok Rimpoché Tenzin Damchö est né au Tibet, en juillet 1975, aux alentours de Lithang, dans une région du nom de Othok.
En 1982, Il a quitté le Tibet pour Drepung Gomang en Inde afin d’y faire ses étude monastique. L’année suivante, le Dalaï Lama le reconnaît comme la réincarnation d’un dignitaire. En 2007, alors âgé de 32 ans, il obtint le titre de Gueshé Lharampa (le plus haut grade de docteur en philosophie). Il a par la suite, selon la tradition, intégré le collège de Gyudmed pour parfaire sa formation en tantras.
Il a effectué de nombreux voyages les pays occidentaux comme représentant de son monastère (Drepung Gomang) : en Russie, aux Etats-Unis, en France où il a séjourné 2 ans au mont Salève et en Italie.
Il possède une fondation en Mongolie. Le monastère qui porte son nom comporte actuellement environ 500 moines, selon la tradition ils étudient la philosophie bouddhiste.

lundi 12 novembre 2018

Table ronde Tibet, patrimoine vivant en péril


Cour Mably · Bordeaux

19h : table ronde : « Tibet, patrimoine vivant en péril », animée par Christophe Lucet, grand reporter et éditorialiste à Sud-Ouest
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Intervenants :
Mr Anziani, maire de Mérignac et membre de la commission sénatoriale France Tibet
Marie-Stella Boussemart, ancienne présidente de l’Union Bouddhiste de France
Othok Rinpoché, Lama tibétain réfugié en Inde, docteur en philosophie bouddhiste


jeudi 1 novembre 2018

Il y a prière et prière

Le terme "prière" est fréquemment employé, mais pas toujours avec le même sens.
Quelques exemples, en partant du vocabulaire tibétain - plus précis.
 

sMon lam : Dungkar Rinpoche définit smon lam comme signifiant rang nyid kyi 'dod bya'i don 'grub par smon pa. Au cas où l'un d'entre vous n'aurait pas parfaitement suivi, traduisons approximativement par "Souhaiter la réalisation de quelque chose que soi-même l'on désire."
Ex. : sMon lam chen po, rendu en général en français par "la Grande Prière" (NB. les premiers traducteurs étaient des missionnaires chrétiens).

gSol 'debs : rang nyid kyi re 'dun zhu ba'i tshig brjod pa, "exprimer ses souhaits" ; "formuler ce que l'on souhaite".
Ex. : bLa ma la gsol ba 'debs pa, "invoquer le Maître" après avoir énoncé un souhait (guérir d'une maladie, ou d'un facteur perturbateur ; progresser sur la voie spirituelle ; obtenir une bonne renaissance, etc.). En d'autres termes, il s'agit ici de demander au Maître son aide et sa bénédiction afin que se réalisent les souhaits formulés.

sNgo ba : "dédier" (des mérites) ; "dédicace" (de mérites)
Par rapport à smon lam 'debs pa, qui couvre un champ sémantique plus vaste, sngo ba suppose d'avoir accompli quelque chose de bien (de n'importe quel ordre), que l'on "dédie" en vue de l'accomplissement d'un objectif précis, de préférence élevé.
Par ex., après s'être occupé d'un animal, d'un malade, ou d'ailleurs de n'importe qui ayant eu besoin d'une aide, on pourrait dédier les karma positifs ainsi accumulés en vue de devenir Bouddha, ou de réaliser telle ou telle qualité, ou d'atteindre tout but à son gré.

kha don byed pa : "faire ses prières", "faire ses pratiques". Consiste pour le pratiquant à réciter, ou à relire, régulièrement des formules et des textes censés sous-tendre une réflexion et/ou une méditation de sa part. Par ex; : réciter chaque fois la formule de la prise de refuge en les trois Joyaux, ou répéter des mantra, ou chanter la Louange à Tara, etc.