Dans Le Shravakabhumi, Asanga met en garde contre huit préoccupations pernicieuses བརྣོན་པའི་བསམ་བློ་བརྒྱད་susceptibles de souiller nos faits et gestes, par attachement et partialité :
1.
Désir des objets des cinq sens དུག་སྒྲིབ་གྱི་འདོད་པ་
2. Préoccupation relative à son propre pays རང་གི་ཕྱིན་ཡུལ་ལ་སྣང་བ་
3. Préoccupation relative à sa famille རང་གི་སྤུན་ཟླའི་སྣང་བ
4. Préoccupation relative à son propre corps རང་གི་ལུས་ཀྱི་སྣང་བ
5. Préoccupation relative à sa propre vie རང་གི་ཚེ་རིང་སྣང་བ
Au Tibet, l’explorateur Simon Allix entraîne un groupe de voyageurs dans une aventure hors du commun : le pèlerinage du Mont Kailash. À la découverte des richesses de l’une des plus belles régions du monde, ces amoureux de nature vivront une expérience qui marquera à jamais leur existence.
Destination enclavée et exceptionnelle, le Mont Kailash est considéré comme un pèlerinage unique. Situé au cœur de l’immense plateau transhimalayen du Chang Tang, son point culminant est le col du Dolma, à près de 6 000 mètres d’altitude.
Chaque année, des centaines de marcheurs viennent accomplir un périple sacré, initiatique, qui sera le plus important de leur vie, le plus long et peut être le plus douloureux : 54 kilomètres de marche entre 4 600 et 5 600 mètres d’altitude.
Une
consultation de la Commission européenne est en cours jusqu’au 7 août
pour recueillir l’avis des citoyens de l’Union sur une éventuelle
reprise de l’importation en UE des produits dérivés du phoque, incluant
les peaux de bébés phoques.
La commémoration du premier Enseignement du Bouddha - chos 'khor dus chen ཆོས་འཁོར་དུས་ཆེན་ - coïncide cette année avec le mardi 9 juillet.
C'est à Sarnath, au Parc des gazelles, que jadis le Bouddha Shakyamouni
mit en mouvement, pour la première fois, la Roue du Dharma,
en enseignant Le Sutra des Quatre Véritésdes arya, socle et quintessence de l'Enseignement qu'il dispensa jusqu'à sa mort 45 ans plus tard.
"Ceci est la vérité de la souffrance des arya (cad telle que vue par les arya - les "nobles")."
"Ceci"
désigne ici nos agrégats constitutifs, à nous êtres imparfaits, à
savoir notre corps et notre esprit conditionnés par nos facteurs
perturbateurs (ignorance en tête) et les karma que nous accumulons sous leur emprise.
-> Un corps et un esprit encore et toujours affectés par les facteurs
perturbateurs ne peuvent qu'être "de la nature de la souffrance", cad
soumis à la souffrance, sous ses différentes formes.
C'est la "vérité", ou encore la "réalité", que voient les arya,
les êtres qui ne sont plus "ordinaires" car ils ont désormais la
compréhension directe du non soi (absence de nature propre des choses). "Ceci est la vérité de l'origine" de la souffrance."
"Ceci" désigne cette fois nos facteurs perturbateurs (alias klesha : ignorance, attachement, aversion, et leurs cohortes) + les karma accumulés sous leur coupe "Ceci est la vérité de la cessation" de la souffrance." Si telleest la situation présente, ce n'est pas irrémédiable. On peut s'en sortir. "Ceci est la vérité du chemin" menant à la cessation de la souffrance." Comment se sortir du cercle vicieux du samsara ?
Grâce aux trois instructions (ou encore entraînements) supérieures - de l'éthique, de la concentration, de la sagesse.
Les trois s'entraident et se confortent mutuellement. Cependant, la base nécessaire consiste en l'éthique.
Teaching on The 37 Practices of the Bodhisattva by Gyalse Tokme Zangpo (10am-12pm, 3-5pm)
Oral Transmission of The Wish Granting Jewel - The Condensed Essence
of the Ritual According to the Sutra of the Bhagavan Master of
Medicine, by Panchen Losang Chökyi Gyeltsen (3-5pm)
Hayagriva, Vajrapani and Garuda (Ta Chag Khyung Sum) Initiation (9:30am)
Location
L'institut de Services à la Culture Tibétaine, Pagode du bois de Vincennes, Route de La Ceintures du Lac Daumesnil 75012 - Paris; Metro: Porte Dorjee. Contact - 0680729054
Traduction de l'anglais en français (par Yondöl lags - merci à elle)
I : Bonjour Rinpoché,
Merci infiniment d’accepter de
répondre à quelques questions aujourd’hui.
Rinpoché, quel est le but de la pratique
du bouddhisme ?
Rinpoché : Le but de la pratique du bouddhisme
est de parachever le bonheur de tous les êtres, humains et autres. Mais ce qui
est spécifique au bouddhisme c’est que les moyens essentiels pour obtenir le
bonheur et de se libérer des souffrances sont la recherche d’une voie qui
permette de changer nos manières de penser et de percevoir les choses. Ceci
pour la simple raison que, bien qu’existent en général de multiples sources de
bonheur et de souffrance, les principales se trouvent en nous-même, dans notre
esprit, qu’il est nécessaire de ce fait de les transformer. C’est ce que le
Bouddha a enseigné.
I : Alors, que signifie pratiquer le
bouddhisme ?
Rinpoché : Comme je viens juste de
l’expliquer, étant donné qu’à l’origine ce sont nos propres manières de penser
qui créent les problèmes que nous rencontrons, la principale méthode pour
pratiquer le bouddhisme est de travailler en vue d’améliorer nos modes penser.
Nous avons d’innombrables
sortes de pensées qui peuvent être classées en trois principales
catégories :
-Dans
la première catégorie, nous trouvons les pensées qui ont un effet négatif sur
nous
-Dans
le seconde, il y a celles qui nous sont toujours favorables quand elles se
manifestent,
-Dans
la troisième, celles qui vont avoir pour nous un effet ni particulièrement bon
ni particulièrement mauvais.
Pour améliorer nos pensées, par
conséquent nous devons les reconnaître et ainsi, quoi que nous fassions, en
activité ou au repos, nous devrions observer nos pensées. Quand nous découvrons
qu’elles sont bonnes, nous devons les entretenir.
Quand nous au contraire nous
identifions des pensées erronées, nous devons décider de nous y opposer,
sachant qu’elles nous sont nuisibles.
C’est ainsi que nous devons
procéder.
Mais qu’entend-on par mode de
pensée bon ou mauvais ? Les « bonnes » pensées sont celles qui
sont utiles pour nous et les autres comme vouloir le bonheur des autres, les
aider, éprouver de l’amour, de l’affection, du respect envers eux.
Les « mauvaises »
pensées et sentiments qui nuisent à nous-même et aux autres, ce sont par
exemple la colère, l’obscurité mentale qui nous empêche de comprendre les
phénomènes, la jalousie, le désir de critiquer les autres et ainsi de suite.
Ceux qui s’efforcent
d’améliorer leur mode de pensée et qui parviennent à maintenir la plupart de
pensées bénéfiques en leur esprit, verront leur qualité de vie s’améliorer de
manière vaste. Ils en seront plus heureux et seront capables de rendre autour
d’eux les autres plus heureux également – que ce soit les parents, le conjoint,
les enfants, etc. - et ceci parce qu’ils ont continuellement des pensées de
bonté envers les autres et le désir de ne pas leur nuire.
A titre d’exemple, les méthodes
pour obtenir ce résultat sont la méditation, l’étude, la récitation de prières,
faire des offrandes, pratiquer la générosité, aider les autres et beaucoup
d’autres activités bénéfiques. Ce sont les moyens qui, comme je l’ai dit,
consistent tout d’abord transformer son esprit.
I : Qu’est-ce que le Lamrim ?
Rinpoché : Pour comprendre ce qu’est le Lamrim, il
est nécessaire de comprendre que tous les êtres souhaitent le bonheur et ne
veulent pas de la souffrance. Toutefois, ils aspirent à différents niveaux de
bonheur. Le but de certains est d’obtenir le bonheur et d’échapper à la
souffrance exclusivement dans cette vie-même. D’autres visent le bonheur
maintenant et dans leurs vies futures. Et enfin, voyant que même le bonheur
dans les vies futures ne dure pas, les derniers aspirent à un bonheur durable
qui, selon le bouddhisme, est un objectif réalisable.
Ainsi il y a trois niveaux,
trois objectifs. En poursuivant le premier, le bonheur uniquement dans cette
vie, n’est pas considéré comme valable car ce genre de bonheur est de trop
courte durée – au grand maximum il peut durer 100 ans. Le rechercher seul est
donc considéré comme une perte de temps et de potentiel humain, car nous avons
besoin d'être heureux dans notre prochaine vie également.
En conséquence, le niveau
minimum de bonheur qui vaille la peine d’être recherché est celui de notre vie
future.
Toutefois, étant donné que le
bonheur est aussi impermanent et qu’il alterne avec des périodes de malheur, il
peut être considéré comme insatisfaisant, auquel cas, nous pouvons rechercher
le bonheur de la libération qui, lui, jamais ne s’arrête.
De plus, nous pouvons ne pas
nous contenter de notre bonheur personnel et, au contraire, souhaiter le
bonheur pour tous les êtres et tout faire pour l’accomplir, ce qui est
l’objectif le plus élevé possible.
Nous avons vu trois niveaux.
Pratiquer le Lamrim ou les
étapes de la voie consiste par conséquent à étudier progressivement et
travailler à appliquer les méthodes permettant d’atteindre ces trois objectifs.
I : Rinpoché, comment voyez-vous la mission
du centre du Dharma Kadam Tashi Choeling ?
Rinpoché : Le Bouddha a enseigné
d’innombrables méthodes pour que les êtres puissent obtenir le bonheur et se
libérer des souffrances. Le rôle de Kadam Tashi Choeling est de donner
l’opportunité à ceux qui s’y intéressent de se réunir pour tout d’abord
apprendre ce qu’ils sont. Une fois qu’ils l’auront bien compris, l’idée est de
ne pas se contenter de cette connaissance mais de la mettre en pratique,
constamment, tout au long de leur vie.
Cela vous permettra d’améliorer
progressivement vos comportements, de réduire vos défauts et erreurs et
d’épanouir et accroître vos bonnes qualités.
Une fois parvenu à ce stade,
l’objectif est de faire tout votre possible pour aider les amis, humains et
autres êtres, à résoudre leurs difficultés et surmonter leurs souffrances, qui
plus est, servir tous les êtres existant, spécialement l’humanité dans le monde
où nous nous trouvons actuellement.
La principale fonction du
centre est de faire de son mieux pour rendre cela possible.
I : Dans le bouddhisme il y a beaucoup
d’écoles différentes. Alors, à quelle école bouddhiste Kadam Tashi Choeling
appartient-il ?
Rinpoché : Bien qu’il y ait beaucoup d’écoles
différentes dans le bouddhisme, qu’elles soient d’obédience theravada ou
mahayana, elles partagent les mêmes fondamentaux.
De plus, à l’intérieur de
chaque école, il y a de légères différences concernant les vues et les modes
d’action. Ces nuances permettent de répondre aux besoins des auditeurs qui ont
des facultés, des capacités variables.
A l’intérieur de la branche du
bouddhisme mahayana, il y a le bouddhisme tibétain. Au Tibet, il y a quatre
principales branches du bouddhisme. Kadam Tashi Choeling, ainsi que le suggère
son nom, suit l’école kadampa fondée par les disciples tibétains du grand
Maître indien, Dimpamkara Shri Jnana (Atisha). Il avait un grand nombre de
disciples au Tibet.
Parmi eux, on observe les
traditions spécifiques au monastère de Dagpo Shedrup Ling concernant la manière
d’étudier etc.
I : Rinpoché, il y a de nombreuses religions
différentes dans le monde. Quelle est la place du bouddhisme ?
Rinpoché : Ainsi que vous le soulignez, il y a
en effet beaucoup de religions dans le monde et je pense que c’est très
important que cela soit ainsi.
Elles sont inestimables car,
compte tenu d’une population très nombreuse dans le monde et le fait que tous
les gens ont des points de vue différents, il est inconcevable qu’une seule et
unique religion puis être bénéfique à chacun d’eux.
Chacun a besoin d’une méthode
pour obtenir le bonheur qui corresponde à ses propres capacités et aspirations.
Quand existe une variété de religions, les gens peuvent choisir celle qui est
la meilleure pour eux. Quand quelqu’un a trouvé une religion qui lui convient
et qu’il l’a choisie, il est important de la comprendre profondément et de bien
la pratiquer.
De plus, sachant que chaque
religion permet à un nombre incalculable de personnes de surmonter leurs
problèmes et d’obtenir plus de bonheur, en tant que bouddhistes nous accordons
une profonde importance et respectons d’autres religions que la nôtre.
Nous pratiquons la religion qui
nous correspond le mieux et par rapport aux autres religions nous admettons que
si, à ce stade, elles ne sont pas faites pour nous, elles sont cependant très
bénéfiques à de nombreuses autres personnes et de ce fait, elles ont une
importance vitale. Par conséquent, nous les chérissons toutes comme nous
chérissons notre propre religion.
I : Rinpoché, je me considère comme une
bouddhiste. Mais pourriez-vous, s’il vous plaît expliquer ce qu’est être
bouddhiste ?
Rinpoché : Un bouddhiste est quelqu’un qui a
foi en les activités du Bouddha, qui y prend plaisir et croit en ce qu’il
enseigne. Sur cette base, il prend refuge en le Bouddha ou, en d’autres mots,
il place sa confiance en lui.
Il y a plusieurs façons de
placer sa confiance en le Bouddha, mais la première est de chercher sa
protection contre vos problèmes et pour trouver un bonheur plus grand.
Mais le plus important est de
faire ce que le Bouddha a enseigné de faire. Ceci signifie étudier ce qu’il a
enseigné, réfléchir à ses paroles et, ensuite, méditer. Cela va permettre de
progressivement s’améliorer, progresser. Il est important d’espérer et de prier
pour devenir Bouddha, car, si on peut parvenir à devenir Bouddha, alors on peut
à notre tour aider un nombre incalculable d’autres êtres.
Obtenir l’état de Bouddha est
donc l’objectif principal.
I : Merci
beaucoup d’avoir bien voulu partager votre temps, Rinpoché. Merci
(N.B. dans
d'autres pays d'Asie, les calculs sont différents)
En 2024, la 4ème
lunaison, dénommée "Sagadawa" en tibétain, et Vesak en
sanskrit et en pali,
coïncide à la période
qui va
du 9 mai au 6
juin inclus,
avec pour point culminant
le 15ème jour
de la 4ème lunaison,
soit le 23 mai
2024.
Le mois de Vesak est le mois le plus important du calendrier bouddhiste, car
Vesak est le temps où la plupart des bouddhistes commémorent à la fois la
naissance, l'Éveil et le parinirvanadu Bouddha Shakyamouni.
La première
moitié du mois de Vesak est considéré comme particulièrement bénéfique. Comme
il est notoire que toutes les actions alors accomplies sont d'une extrême
puissance, nombreuses sont les personnes qui multiplient les pratiques
vertueuses, comme de racheter et libérer des animaux sinon voués à une mort
imminente (tshe thar), prendre soin de personnes (animaux compris) âgées et/ou malades, s'abstenir de viande, font des retraites, etc.,
etc.
En société tibétaine, pendant cette période, les bouddhistes organisent des processions de prières, des cérémonies de
chant, de danse, de méditation et de dons. Les fidèles se rassemblent dans
les temples et les sanctuaires pour prier et allumer des lampes à
beurre. Des drapeaux de prière colorés sont suspendus dans les
temples, les villages et les collines, symbolisant les prières pour la
paix et le bien-être.
Kyabjé Dorjéchang, l'ami des animaux, un exemple unique parmi les dignitaires bouddhistes ?
Certes non.
Rappelons-nous Atisha qui, après son arrivée au Tibet en 1042, se fait -
mais oui - morigéner par son disciple Kutön. L'altier seigneur lui
reproche de caresser les animaux qu'il a, lui aussi, sauvés du boucher.
Franchement, ce ne sont pas des choses qui se font chez les nobles
Tibétains.
Atisha n'en a cure et rétorque qu'il n'est pas un noble tibétain...
Pire ! Atisha leur parle, et leur dit des mots doux. Il les appelle
tendrement "ses vieilles mères" et leur demande : "Mais qu'as-tu donc
fait pour te retrouver dans un état pareil ?" Puis il leur murmure des
prières à l'oreille. Pour que leur prochaine naissance soit meilleure.
Et ça peut marcher ! Le Pandit Sthiramati en a fait la preuve.
Sthiramati, disciple de Vasubandhu, est réputé pour avoir surpassé les
connaissances de son Maître dans le domaine de l'Abhidharma. Ce qui
n'est pas peu dire. Mais comment en est-il arrivé à un tel niveau ?
Selon les chroniques, dans sa vie précédente, il était un pigeon, lequel
avait élu domicile dans la frondaison d'un arbre. Rien d'étonnant, me
direz-vous. Oui, sauf que c'était l'arbre à l'abri sous lequel
Vasubandhu avait coutume de s'installer - dans une baignoire pleine
d'huile, pour éviter les tensions nerveuses ! - quand il récitait les
innombrables textes qu'il avait mémorisés.
Un jour, le pigeon meurt et renaît dans une famille à l'autre bout de
l'Inde. Sitôt né, le bébé lance à son père : "Où est mon Maître ? - Qui
est ce Maître ?, demande en retour Cudra, pas plus étonné que cela (mais
c'est un Indien, pour qui la réincarnation est une évidence). -
Vasubandhu."
En père attentionné, Cudra se renseigne auprès de commerçants et finit
par découvrir que Vasubandhu réside dans le Centre du pays. Et dès que
son fils est assez grand pour entreprendre le long voyage, il l'amène à
son Maître ! Exemple d'amour paternel, totalement désintéressé...
Non, ce n'est pas une fable que je m'apprête à vous narrer. Juste un
épisode de la vie de l'un des plus grands Maîtres tibétains du XXème
siècle : Kyabjé Ling Dorjéchang, qui fut le Tuteur Senior de S.S. le
14ème Dalaï Lama et aussi Ganden Tripa - chef suprême de l'école des
gélugpa, les "vertueux", très à cheval sur l'observance des règles du
vinaya.
À propos de cheval, aujourd'hui, ce n'est pas de la monture du hiérarque
dont je souhaite vous entretenir - il y aurait pourtant bien des
anecdotes à vous narrer, car Kyabjé Dorjéchang avait un lien très fort
avec sa jument également.
Je viens vous parler de Tsering, "Longue Vie", le mouton apprivoisé du
Maître qui le suivait dans les ruelles de Lhasa comme un chien fidèle.
A l'époque, le jeune Lama dirige d'une poigne de fer le collège
tantrique de Gyutö. Un jour qu'il se trouve sur le toit du temple - du
fait du climat, les toitures tibétaines sont traditionnellement plates
et servent de terrasses -, il jette un coup d'œil au spectacle des rues
en contre-bas, et horreur ! il aperçoit près de l'étal d'un boucher un
malheureux mouton déjà tout ficelé, prêt à être égorgé. Sans perdre de
temps, il expédie un de ses assistants pour racheter l'animal, avant
immolation bien sûr. C'est une pratique courante en société bouddhiste
que de sauver des bêtes de boucherie : en protégeant ainsi la vie
d'autrui, on acquiert d'excellents karma, gages de longévité et de santé
pour l'avenir.
In extremis, le mouton échappe au couteau et se retrouve au monastère
pour quelques jours, puis Kyabjé Dorjéchang l'emmène chez lui, dans son
ermitage, où il a déjà tout un cheptel sous sa protection diligente, et
affectueuse. Il noue une relation de confiance avec Tsering, qui bientôt
le suit partout comme un toutou. Les jours de congé et de beau temps,
le Maître attache un petit ballot sur le dos de son compagnon, et les
voilà partis tous les deux au bord de la rivière. Tandis que l'un lit ou
écrit installé sur le petit tapis porté par Tsering, l'autre paisse
tranquillement sans jamais s'éloigner.
Kyabjé Dorjéchang, qui connaissait bien ses compatriotes, n'avait de
cesse de les inciter à bien traiter les animaux. Tous les animaux. Et il
donnait l'exemple.
Ainsi, devenu professeur du tout jeune Dalaï Lama, quand il se rend pour
la leçon quotidienne au Norbu Lingka, il a toujours, dans les plis de
ses vêtements, des friandises destinées à la population animale du
Palais d'été. Les singes le savent bien , et ils se précipitent vers
lui, fouillant ses poches sans aucune considération pour son rang, mais
avec une confiance touchante.