jeudi 22 novembre 2007

Les nonnes d'Edo 2

2) Formes de la vie monastique

a) Le prix de la solitude

Quoi qu'on en pense généralement, il y eut malgré tout des religieuses vertueuses et dignes de louanges pendant cette période au fond assez mal connue en ce qui concerne les nonnes.

Zuitô-ni (1644-1730) était la fille de Takatsukasa Nobusakô et appartenait à une famille très influente.
Dès sa plus tendre enfance, elle montra un grand respect pour les trois joyaux (Bouddha, Dharma, Sangha). Elle ressentait profondément l'impermanence du monde et ne prenait pas plaisir au luxe qui l'entourait. En grandissant, elle fut demandée en mariage par un prince mais elle refusa cette alliance honorifique.

Agée de treize ans, elle entendit un jour son père expliquer un passage du Genji Monogatari et comprit soudain quelle était la vraie nature des êtres humains. Son père, émerveillé par la profondeur de ses raisonnements, déclara que sa fille lui était de loin supérieure et demanda aux deux moines les plus érudits des Monts Hiei et Kôya de lui enseigner la doctrine. Zuitô les surprit également par la subtilité de ses questions. En 1672, elle avait alors 29 ans, elle rêva qu'un envoyé du dieu Shirahige Myôjin (ou Sarudahiko no Kami) lui ordonnait de se consacrer à l'étude avec zèle.

Après la mort de Nobusakô, elle entra dans un monastère, à l'âge de 32 ans) et prit le nom de Shûzan Zuitô; elle s'installa d'abord au Tsûgen-ji, puis résida sept ans au Jiju-ji. Elle y eut pour disciple la fille de l'empereur retiré Gosai, à qui elle confia sa succession quand elle se retira dans un ermitage.

Sa réputation était parvenue jusqu'à l'empereur retiré Gomizuno.o qui l'invita à venir lui rendre visite dans son palais et voulait lui offrir l'habit violet. Elle déclina ces honneurs, prétextant qu'elle était indigne d'une telle faveur et que, de plus, étant vieille et malade, son état ne lui permettait pas d'entreprendre des voyages. Gomizuno.o approuva son attitude et lui adressa une calligraphie peinte de sa main, Zuitô refusa ce nouveau présent, estimant que ces choses futiles n'étaient bonnes qu'à éblouir et à aveugler les gens, prisonniers de leurs illusions.

Ainsi méprisait-elle tous les titres de gloire pour lesquels ses contemporains n'auraient reculé devant aucune bassesse. Elle excellait en littérature japonaise et écrivit des études (sous forme de questions-réponses) sur, par exemple, la véritable signification du Nenbutsu.

En 1707, elle rendit visite au Maître Manzan Dôhaku (16361715). Elle déclara par la suite qu'elle n'avait vécu tant d'années que dans l'attente de ce jour. Il y avait entre eux un lien très fort et leur relation devint vite celle de maître à disciple. Manzan Dôhaku possédait des reliques du maître Taiso Daishi, qu'il garda précieusement toute sa vie, mais qu'à sa mort il confia à Zuitô-ni.

On peut citer encore Jikô-ni, disciple de Zuitô-ni, qui reçut la transmission du maître Taikyû Genmitsu (1663-1720) ou Shungoku-ni qui présenta en 1721 le maître Tenkei Denson (1648-1735) à Shimomura Gensen.ishi. Ce dernier apprécia la valeur du moine et construisit un temple pour lui. Dairyô-ni restaura l'ermitage de Bashô, le Genjû-an, vers 1770 et Mankô-ni fit imprimer l'oeuvre de Dôgen, le Shôbôgenzô.

Sosen-ni (1730-1811) témoigna très jeune d'une profonde foi en le Bouddhisme. Comme elle voulait entrer en religion mais se heurtait au refus de ses parents, à neuf ans, elle se rendit auprès d'un maître, Hôjô Muso, et lui demanda de la recevoir comme religieuse. Emu, Hôjô Muso accepta d'intercéder pour elle et réussit à obtenir l'autorisation parentale indispensable. Elle pratiqua avec ardeur et se consacra surtout à la méditation; elle était remarquable aussi pour la profondeur de sa compréhension des points les plus délicats.

b) Le service des autres

Senrin-ni (1810-1869) voua sa vie aux oeuvres sociales. On rapporte de nombreuses anecdotes à son sujet. Ainsi relate-t-on comment elle procura un abri à des malheureux rencontrés en chemin ou comment, par une froide nuit d'hiver, elle donna son propre vêtement à un misérable, mue par la compassion. En 1868, elle participa à la construction de routes/dans la préfecture de Wakayama (col d'Ôsaka), ainsi que de ponts.

Ghikei Taitei, morte en 1909 à l'âge de 77 ans, a ouvert des écoles dans les monastères pour instruire les enfants de la campagne. C'était le premier essai d'éducation du peuple.

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