mardi 24 mai 2022

Blue-jean Rinpoche

Blue-jean Rinpoche, ou plus simplement Jean Rinpoche, est le surnom accordé par ses amis new-yorkais à Khyongla Rato Rinpoche, un fier Khampa né en 1922 ou 23.

Son autobiographie, My Life and lives, est tout simplement passionnante. Rédigée avec l'humour qui caractérise ce grand lama tibétain, elle fourmille de renseignements sur la culture et l'histoire de son pays.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, et il a prêté sa plume à son Maître, Sa Sainteté le XIVème Dalaï lama, pour écrire la biographie de leur Maître commun : Kyabjé Ling Dorjéchang, Tuteur senior (biographie en langue tibétaine dont en 2006 j'ai extrait quelques passages qui me touchaient tout particulièrement - d'où une courte biographie en français, que vous pouvez télécharger).

Naguère, il venait assez souvent en Europe et a été invité plusieurs fois en France par son ami, Dagpo Rinpoche. C'est comme cela que nous avons pu faire sa connaissance et bénéficier de ses Enseignements.

Je me rappelle quand il nous exposait le Bodhicaryavatara dans l'appartement de notre dévouée secrétaire de l'époque, Colette M., Porte de Versailles.

Khyongla Rinpoche avait bien sûr refusé de revêtir la robe tibétaine que lui avait proposé Rinpoche, et il est indiscutable que pour sauter d'un bond sur le "trône" que nous lui avions bricolé avec une table un peu solide, une couverture et deux coussins, il était plus à l'aise dans ses sempiternels jeans - qui lui ont valu le surnom qu'il nous a expliqué lui-même en introduction.

Et les anecdotes ont fusé, et les conseils pratiques, pour mieux nous faire comprendre la teneur et la portée des vers de Shantideva, qu'il connaît par coeur.

La patience ?
"Eh bien, oui, ce n'est pas toujours facile d'en faire montre, a-t-il admis.
Ainsi, moi, à mon arrivée aux Etats-Unis, il a bien fallu que je me cherche un job pour ne pas mourir de faim. Le premier me plaisait beaucoup : j'ai été liftier dans un grand immeuble d'affaires, et je n'avais qu'à appuyer sur le bon bouton, celui qui correspondait à l'étage qu'on me demandait. Voilà qui était dans mes cordes.
Mais le second ! L'horreur. J'avais été engagé pour regarnir les rayons dans un magasin - jusque là, ça allait. Mais le chef de service était quelqu'un d'épouvantable. Une vraie terreur pour les malheureux employés, dont moi. mais j'avais besoin de travailler. Alors, pendant des mois, chaque matin, avant de partir, je suis monté sur la terrasse de l'immeuble où j'habitais dans une minuscule pièce, et j'ai prié, prié de tout mon coeur les Bouddhas des dix directions, et surtout Tara la Libératrice, de m'accorder toute leur bénédiction pour que je ne perde pas patience.
C'esrt que je suis d'un tempérament assez vif, vous savez. Mais si je me laissais aller à répliquer à ce Monsieur, j'étais viré sur le champ. Je ne pouvais pas me le permettre.
Grâce à l'aide des Trois Joyaux, et en développant chaque matin une motivation puissante, puis en restant vigilant, j'ai réussi à tenir. Comme quoi on peut y arriver, croyez-en mon expérience."

1 commentaire:

  1. Bonjour

    Je l'ai "revu " hier soir dans un film doc sur Nicholas Vreeland : "a monk with a camera" sur la chaîne "Sundance chanel" (gratuite en ce moment) en redif et à la demande encore disponible.

    Il y a des anecdotes succulentes à son sujet : ses jouets préférés (la scène du perroquet est hilarante et déconcertante ^?~ ), lorsqu'il était interrogateur de Sa Sainteté pour son titre de Guéshé ou je ne sais plus quoi,et à la fin Sa Sainteté qui le qualifie avec humour et tendresse de "Lama Stupide" ....

    Bien à Vous Tou(te)s
    ZBLBFSKI

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