vendredi 1 août 2008

Amour et compassion

Merci pour les deux promptes réponses à mes questions d'hier soir.

Lydie lags, tandis que le renoncement relève du non-attachement, l'amour quant à lui relève effectivement de la non-aversion (she sdang med pa).

La compassion, quant à elle, est l'un des deux aspects revêtus par la non-malveillance (rnam par mi 'tshe ba), aux côtés de la ... patience - ce qui est tout un programme. Bon sujet de cogitation, l'air de rien.
Par exemple, sachant que la compassion consiste à ne pas supporter quelque chose - la souffrance d'autrui -, comment expliquer qu'elle est pourtant l'autre facette de la patience, qui suppose de ... supporter (des problèmes, ennuis et autres obstacles nous advenant) ?

Dans un autre registre, pendant qu'on en est aux devinettes estivales (il faut bien occuper les longues soirées d'une manière ou d'une autre), la non-aversion et son sous-ensemble l'amour partagent-ils exactement les mêmes cibles, les mêmes objets ? En clair, l'amour peut-il ou non porter sur n'importe quel objet susceptible d'être pris en compte par la non-aversion, et inversement ?

2 commentaires:

  1. Merci pour ce nouvel éclaircissement.
    Ça ne pose pas de problème de considérer la patience et la compassion comme les deux faces d'une même pièce. Je ne conçois pas la patience comme une attitude passive et résignée. Elle englobe la compréhension de la loi de causalité et une prise de responsabilité par rapport à nos actes passés qui ont généré les empreintes pour que se manifeste un certain type de résultat désagréable aujourd'hui. Son but est, tout comme la compassion, d'empêcher la manifestation de l'aversion vis-à-vis de l'objet de souffrance, ce qui revient à couper le cycle "j'ai blessé untel/qui me blesse aujourd'hui/que je blesserai demain/etc." Ça permet aussi de comprendre que les autres (qui me blessent) sont dans ce processus également et qu'ils en souffrent maintenant et en souffriront dans le futur: d'où la compassion. Ce qui n'empêche nullement de ressentir leur souffrances comme insupportables. La différence, c'est qu'à notre niveau, nous pouvons agir et couper ce cycle de souffrances pour nous-mêmes (par la pratique de la patience) mais pas pour les autres, du moins pas tant que nous n'avons pas atteint l'état de Bouddha (compassion, esprit d'éveil, etc.).
    Je reviens sur ta deuxième question dans une seconde réponse, vu que ma tartine est déjà longue...

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  2. A mon avis, la non-aversion et son sous-ensemble l'amour ne partagent pas exactement les mêmes cibles. La non aversion peut porter sur des objets inanimés, pas l'amour. Par exemple: je peux ne pas éprouver d'aversion pour un aliment qui me rend malade (à condition que j'en sois déjà au stade où je peux considérer cet objet sans que le dégoût s'élève automatiquement), mais ce n'est pas pour autant que je vais avoir de l'amour pour lui. A l'inverse, si j'éprouve de l'amour pour un être (si je veux qu'il soit heureux), il s'en suit que l'aversion ne peut être présente dans mon esprit, vu que c'est un état d'esprit opposé. C'est donc la non-aversion qui prévaut.
    Donc: la non-aversion porte sur n'importe quel objet pris en compte par l'amour, mais l'inverse est faux.

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