samedi 6 décembre 2008

Le Pasteur Vernier- Vivre avec un Saint - pas une sinécure

La, ou plutôt les questions d'Ivan, à propos des "amis dans le Dharma" m'ont fait repenser à un personnage extraordinaire que j'ai eu la chance de connaître dans ma jeunesse de plus en plus lointaine, quand ma famille habitait la jolie ville de Maubeuge, célèbre pour son clair de lune.

Le Pasteur Vernier présentait toutes les caractéristiques d'un ... bodhisattva - l'époque, je ne l'aurais bien sûr pas qualifié ainsi, faute de connaître le terme.
Son épouse racontait que le soir de son mariage, elle s'était retouvé dans un appartement entièrement vide et avait dû dormir à même le sol un certain temps (en fait, un temps certain) : le Pasteur (qui venait d'une famille aisée et généreuse) avait donné TOUS les cadeaux de mariage - soit un mobilier complet et quelques autre "bricoles". Il n'avait rien gardé, à part leurs vêtements personnels (les vieux, pas les neufs, voyons).

C'était là les prémisses d'un art de vivre auquel le Pasteur resta fidèle sa vie durant, et qu'il inculqua à ses nombreux enfants.

Les sans-logis savaient qu'ils pouvaient frapper à sa porte à n'importe quelle heure du jour et de la nuit : il y aurait
pour eux un matelas dans un coin de la maison et le repas serait partagé équitablement entre tous les convives, attendus ou non.

Quand la police locale voyait un ivrogne affalé sur le bord d'une route, plutôt que de l'emmener au poste, elle appelait Monsieur le Pasteur, qui accourait récupérer le malheureux.
Un grave accident, et des lambeaux de corps à ramasser ? Monsieur le Pasteur était à pied d'oeuvre, récupérant avec respect les morceaux épars tout en faisant force prières pour les victimes.

Un homme extraordinaire vraiment.
Exempt de tout intérêt matériel. Faisant toujours passer les autres avant lui. Et avant sa famille...
Madame râlait parfois un peu pour la forme, mais elle ne cessa jamais de l'épauler, entre les énormes marmites de soupe à préparer chaque jour, les montagnes de lessives, le ménage à toujours recommencer.

Les enfants (huit, si mes souvenirs sont bons) râlaient aussi, car tout objet de bonne qualité entrant chez eux était immédiatement concédé à qui en faisait la demande à leur père, comme par exemple la voiture neuve un jour offerte par leur oncle, qui tremblait de voir son frère circuler dans un vieux tacot délabré - le soir même elle était entre d'autre mains -, mais tous se sont plus tard orientés vers des professions à connotation sociale.

NB Le Pasteur Vernier ne se contentait pas de porter à des sommets élevés les qualités du coeur. Il était aussi un fin lettré.


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