vendredi 12 juin 2009

Cohabitation 2

En complément à la question posée l'autre jour : "Peut-on être à la fois chrétien et bouddhiste ?", et à laquelle je réponds par la négative, je voudrais ajouter quelques axes de réflexion, pour limiter les malentendus et cerner un peu mieux le sujet.

Peut-on suivre un chemin que l'on a choisi et en même temps respecter et apprécier (mais si) les autres ?
- Selon moi, OUI.

S'agit-il alors de tolérance ?
- Ce peut relever de la tolérance, mais ça peut aller bien au-delà.
Par exemple, le fait que j'ai opté pour la voie bouddhiste ne m'empêche pas de vivement admirer des dignitaires d'autres obédiences. Pour n'en citer qu'un ou deux parmi nos contemporains : l'Abbé Pierre et Guy Gilbert (vous savez le prêtre loubard). Mais il y a aussi Soeur Emmanuelle, le Pasteur Vernier, etc., etc.

Peut-on puiser de l'inspiration dans les autres chemins que le sien ?

- Selon moi, OUI (et heureusement).
Cf. pas mal de billets où je cite des textes d'autres religions - j'aime énormément "Je vous salue Marie" de Francis James - , et d'ailleurs aussi des textes qui ne sont pas "religieux" mais n'en sont pas moins riches de sens et empreints de compassion et de sagesse.

Au fond toutes les religions ne sont-elles pas identiques en ce sens qu'elle prônent les mêmes valeurs et mènent aux mêmes résultats ?
- J'aurais tendance à répondre à cette remarque très fréquente : Heureusement qu'il y a consensus sur les valeurs fondamentales !
Heureusement que maints chemins mènent à des résultats assez ressemblants (mais pas forcément strictement semblables).
Sinon, vous vous rendez compte ? Seuls quelques chanceux (d'accord : quelques êtres fortunés dotés des bons karma adéquats) pourraient espérer progresser parce qu'ils seraient nés au bon endroit, dans le bon contexte culturel, tandis que tous les autres seraient voués à stagner ou à régreser ? Quelle horreur.

A ce que j'ai compris et retenu des Enseignements de mes Maîtres, selon le bouddhisme, la diversité et la pluralité des religions et voies spirituelles répondent aux besoins et attentes des êtres, eux-mêmes nombreux et divers.
Il est donc normal qu'elles présentent des caractéristiques qui les différencient les unes et de autres.

De ce point de vue, gommer toutes les différences est, je le crains, dommageable.
Ca revient à vouloir administr
er un seul et même médicament - considéré comme tout-puissant et universel - à tous les malades, quels que soient leur état et leur demande.
Bref, à estimer qu'il n'est qu'une seule et unique religion qui soit juste et valable, une seule Vérité - absolue -, un seul aboutissement (rêve de la pensée unique ?)
Ceci me semble aux antipodes de ce que j'ai cru comprendre de la pensée bouddhiste. Et de la voie bouddhiste, aux multiples facettes : Theravada et Mahayana incluant Paramitayana et Vajrayana ; quatre systèmes philosophiques aux nombreuses branches ; quatre classes de tantra, etc.

Pour conclure : Vive la liberté (de penser, de pratiquer, de s'exprimer, etc.).



7 commentaires:

  1. Bonjour, Je réagis à votre texte parce que suis intéressé que vous répondiez 'non' à cette question de ' cohabitation... personnelement je pense qu'il est difficile de défendre la double appartenance, du fait qu'il est tout simplement difficile de suivre deux chemins à la fois... Pourtant, je ne vois pas dans vos arguments ce qui peut-être incompatible: La Foi en Dieu, et le concept de création...
    Pour la foi en Dieu: le ' Tout Autre ' non contingent ... est à mon avis bien au-delà ( cf Maître Eckhart )des 'divinités' du bouddhisme tibétain qui à mon avis se rapprochent plus de la 'réalité'( ? )de ces êtres contigents à ce qui 'existe' et auxquels j'aurais bien du mal à croire ...!!!
    Quant à la création: Dieu ne peut-être créé ( par définition ! )et notre pensée ne peut donner qu'un sens à ce qui est réel ( la foi ...) . La création est permanente ( cf Theilhard de chardin et ses continuateurs..) et je ne vois pas en quoi c'est contraire au bouddhisme.
    Merci de votre attention
    Perceval:
    Mon site: http://perceval.over-blog.net/

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  2. Merci, Cher Régis, d'avoir pris le temps de développer votre point de vue, qui vient enrichir notre réflexion.

    En ce qui me concerne, j'avoue pourtant ne pas bien comprendre vos propres arguments.

    Pour résumer, en tant que bouddhiste, je ne crois pas que le monde ait été créé par un principe divin. Je ne crois d'ailleurs pas en Dieu.
    C'est pour cela qu'il me semble impossible d'être simultanément bouddhiste et chrétien.

    Si, du côté chrétien, aucune incompatibilité n'est ressentie, pourquoi pas ?
    Je n'ai pas à prendre position pour autrui, n'est-ce pas ?

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  3. Et, les déités dans le bouddhisme ?
    Bien sûr, il ne s'agit pas de dire ce qu'autrui doit penser...! C'est la discussion qui m'intéresse. je sais: le mental ...! etc; mais je me spiritualise aussi par la pensée... Il doit y avoir une voie de la raison ( méditation y comprise )!:-)
    Dimanche dernier, j'ai regardé l'émission bouddhiste sur l'oracle du Dalai-lama... J'ai eu du mal à suivre la discussion, parce que je ne saisis pas la ' réalité ' des divinités et leur influence, et leur intervention ... Chrétien, j'ai tendance à rejeter toute matérialité à d'autres existences, et Dieu le ' Tout Autre ' n'est pas de cette contingence...! A suivre cette émission, je me sens alors bien plus athée, que ce que certains bouddhistes me disent être ...!
    Le christianisme n’accorde pas crédit à la communication avec les morts…

    Quant à l'aide des saints, des anges ..ce sont des dévotions populaires qui portent physiquement et psychiquement notre souffrance ( bienfaits du rite, commémorations, cérémonie auxquelles les ‘athées’ eux-mêmes participent et réclament parfois … Catharsis … Bienfaits de la communauté et du symbole.
    Si l'on compare les déités aux saints, c’est revenir à une religion populaire, magique, païenne ( et anti-chrétienne)... Je préfère n’accorder aux saints, que seulement l’immense valeur de leur témoignage de vie, - témoignages, d’ailleurs qui font partie du ‘ magistère ‘, c’est à dire de l’enrichissement du contenu de la foi ( ce n’est pas vrai pour les protestants…). Mais, ce ne sont pas des divinités et leur culte n’appartient pas au contenu du Crédo chrétien…

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  4. Excellente idée.
    Dans la mesure de mes moyens, les jours prochains, je vais essayer de faire un billet sur ce que l'on entend parfois par "déité" dans le bouddhisme.

    En ce qui concerne les prédictions et les oracles, a fortiori les oracles d'état, je suis - comment dire - pas franchement convaincue.
    Pardon. Je suis incapable de vous apporter la moindre lueur sur ce sujet qui me dépasse totalement. Et même qui me met mal à l'aise.

    Toute religion comporte, je crois, plusieurs facettes. Les croyances populaires sont souvent assez différentes des valeurs telles qu'explicitées par les lettrés ou expérimentées par les mystiques.

    J'ai fait le choix de devenir bouddhiste notamment parce que le Bouddha incite à ne pas croire à ceci ou cela pour la seule raison que ce serait lui qui aurait dit ceci ou cela.

    Je ne me sens donc pas obligée de faire semblant d'adhérer à tout ce qui se pourrait se dire ou se faire au sein des sociétés bouddhistes...

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  5. Excellente idée.
    Dans la mesure de mes moyens, les jours prochains, je vais essayer de faire un billet sur ce que l'on entend parfois par "déité" dans le bouddhisme.

    En ce qui concerne les prédictions et les oracles, a fortiori les oracles d'état, je suis - comment dire - pas franchement convaincue.
    Pardon. Je suis incapable de vous apporter la moindre lueur sur ce sujet qui me dépasse totalement. Et même qui me met mal à l'aise.

    Toute religion comporte, je crois, plusieurs facettes. Les croyances populaires sont souvent assez différentes des valeurs telles qu'explicitées par les lettrés ou expérimentées par les mystiques.

    J'ai fait le choix de devenir bouddhiste notamment parce que le Bouddha incite à ne pas croire à ceci ou cela pour la seule raison que ce serait lui qui aurait dit ceci ou cela.

    Je ne me sens donc pas obligée de faire semblant d'adhérer à tout ce qui se pourrait se dire ou se faire au sein des sociétés bouddhistes...

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  6. Ah oui, l'autre jour, vous avez écrit : "La création est permanente".

    Pourriez-vous préciser le sens qu'a le mot "permanent" dans ce contexte ? Merci d'avance.

    Pour nous, par pure convention, "permanent" (qui choisit tant bien que mal "mi rtag pa") qulifie un quelconque existant qui au second instant est identique à ce qu'il était au premier instant. Bref, quelque chose qui ne change pas. Mais qui pour autant n'est pas éternel.


    Exemple : la vacuité de ce billet, c'est-à-dire l'absence de nature intrinsèque de ce billet.

    Par définition, il n'est de vacuité d'un billet x que par rapport à un billet x.
    Ce n'est même pas une lapalissade.
    Il s'agit de souligner qu'avant la création du billet x et après sa disparition, il n'existe pas de vacuité relative à ce billet. Donc, cette vacuité afférente au billet est "permanente" en ce sens qu'elle ne se modifie pas d'un instant à l'autre, mais elle n'est pas "éternelle", son existence - limitée dans le temps - dépendant de celle du billet.
    Ce qui entraîne que la vacuité n'a aucun caractère d'absoluité, puisqu'elle existe en dépendance de sa base de référence.

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  7. En effet, c'est intéressant de préciser...
    Notre univers semble se situer 'entre' plusieurs infinis ( espace, temps, ...etc ?) Un peu comme un 'fond' sur lequel défilerait l'impermanence que nous semblons être .. ( cela me fait penser à la théorie de la relativité - quant au mouvement - Encore faudrait-i me situer... suis-je observateur, de l'impermanence ou suis-je 'dans' l'impermanence...? Bref!
    La création ( non-éternelle...) un peu comme un fleuve qui reste lui-même alors que ce n'est jamais la même eau ... La création est un processus: Une action permanente par laquelle le monde existe, il existe parce qu'il y a activité: activité de création permanente.
    Il est intéressant de situer la situation de l'homme dans ce processus....

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