mardi 20 octobre 2009

"Les âmes errantes"

Comme promis, je me suis renseignée, et je viens vous livrer ce que j'ai retenu des explications gentiment fournies par mon amie vietnamienne Minh Tri Vô, qui est enseignante de Dharma au Village des Pruniers.
Par convention, je mettrai en italiques les ajouts ou remarques de mon cru.

La pratique remonterait à Maudgalyayana, celui des deux disciples principaux du Bouddha Shakyamouni qui était expert en pouvoirs supra-normaux. Il en a donc fait usage pour vérifier où avait repris naissance sa mère, et quand il l'a découverte dans les sphères infortunées, il s'est empressé de demander au Bouddha que faire pour l'aider. Le Guide lui a conseillé de rassembler des méditants avancés à l'occasion des retraites d'été, pour des cérémonies de prières dédiées à sa mère.

Au Vietnam, et sans doute dans d'autres pays d'Asie du Sud-est, le jour de la pleine lune du septième mois lunaire, est dévolu à la piété filiale et au culte des ancêtres (du fait de l'influence du confucianisme, je suppose).
On fleurit les autels aux parents et aux grands-parents, en signe de gratitude, et on dédie la journée aux défunts qui n'ont pas de famille pour célébrer le culte, ainsi qu'aux "âmes errantes", parfois appelées "âmes solitaires".

De qui s'agit-il donc ?
Deux cas de figure se dégagent :

1) des êtres qui, au sortir d'une vie, rencontrent des difficultés pour se réincarner , ce qui me fait penser à ceux que nous appelons en tibétain les bardowa.

En effet, après la mort de quelqu'un, au Vietnam, on célèbre le rituel pour "les âmes errantes" chaque semaine pendant sept semaine, ce qui nous amène à 49 jours si je ne m'abuse.

Le but est de contrecarrer les formations mentales constituant des énergies négatives, qui sinon risquerait d'empêcher l'individu concerné d'aller vers une bonne réincarnation.

2) On peut aussi faire ce rituel longtemps après, et c'est pour cela que, dès qu'il a pu se rendre au Vietnam, en 2007, Thich Nhat Hanh a accompli une très grande cérémonie pour les victimes des guerres.

En fait, à chaque fête bouddhiste dans une pagode, dans l'après-midi est effectué un rituel pour les âmes errantes : elles qui sont considérées comme livrées à elles-mêmes , "sans adresse", et incapables de se diriger par elles-mêmes vers de bonnes renaissances, sont conviées à venir pour prendre refuge dans les Trois Joyaux - ce qui leur permettra d'aller vers un mieux.

A leur sujet, Thich Nhat Hanh utilise aussi le nom de "fantômes affamés" - il s'agit donc probablement des preta, ou encore "esprits avides".

De fait, il y a des cérémonies pour "desserrer " les gorges nouées où ne peuvent passer la nourriture. Effectivement, certains preta sont décrits comme affligés par des noeuds à la gorge, ce qui les empêche d'avaler.

Enfin, notons que, dans une Pagode traditionnelle, seuls certains moines expérimentés savent faire ces cérémonies.
Au Village des Pruniers, en revanche, tout le monde fait des prières et des offrandes de nourriture liquide, etc.

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