mardi 20 octobre 2009

Schisme suite

Suite aux questions soulevées par Ivan à propos du précédent billet sur les schismes, j'ai tout de suite posté une réponse, mais il n'est peut-être pas superflu de revenir encore un peu sur ce point délicat.

Ma première réaction : méfions-nous des mots, et évitons les amalgames hâtifs.

Par exemple, toute faute n'est pas forcément un sacrilège. De même, toute séparation ou autre situation conflictuelle n'est pas forcément un schisme.

Un schisme suppose une situation grave, une scission radicale et violente, notamment en ce qui concerne les vues professées par la communauté d'origine.

Ainsi, quand un nouveau courant se forme au sein d'une religion, il ne s'agit pas d'un schisme, du moment que les valeurs fondamentales demeurent les mêmes.
Sinon, ça entraînerait que toutes les écoles et sous-écoles issues au fil du temps d'un même Enseignement seraient ... non vertueuses ! L'expérience démontre que ce n'est pas le cas, même si sur le moment des débats font rage.

Rassurons-nous donc : pour pouvoir commettre un schisme, il faut disposer d'un "charisme" et de moyens peu ordinaires.
En clair : bien que bouddhistes, nous gardons la liberté de faire bande à part si l'envie (ou le besoin) s'en fait sentir.

D'ailleurs, le précieux lien tissé avec le Maître implique une proximité de coeur et d'esprit, mais n'exige en rien une proximité spatiale (heureusement pour le Maître).

3 commentaires:

  1. Merci Marie-Stella.
    Cela confirme l'idée que j'avais du schisme avant de lire ton billet (qui ma fait douter!), que cela ne concerne que des "hautes sphères".
    Mais quand même il me reste quelques questions :
    Au dire du premier billet, il faut vraiment que des moines soient présents ?
    Et puis il y a cette histoire "d'autorité distincte". De quel genre d'autorité s'agit t-il ?
    Aurais-tu aussi un autre exemple d'une scission grave autre que lié à des vues professées ?
    C'est donc quelque chose de très rare, dont nous sommes protégés, du moins pour le moment. Mais j'ai du mal à imaginer comment on peut arriver à produire un schisme alors que l'on est (très) avancé sur le chemin. Cela me parait contradictoire.
    Certains parlent de schisme avec ce qui se passe avec les deux Karmapa, et aussi avec Chouden. Mais vu la subtilité du sujet, il faudrait y réfléchir à plus que deux fois.
    Bon, cela ne va pas m'empêcher de dormir...

    RépondreSupprimer
  2. Cher Ivan,

    Ce que j'en ai compris et retenu, c'est qu'on ne peut parler de schisme qu'à propos d'une communauté comportant un minimum de moines pleinement ordonnés.

    Il ne peut donc pas y avoir de "schisme" au sein d'un groupe de laïcs. Ni au sein d'un groupe de religieux parmi lesquels il n'y a pas au moins quatre bhikshu. (NB mettre la pagaille dans ce genre de communauté est quand même grave).

    En ce qui concerne la reconnaissance d'un lama (tulkou), même quand il y a divergence sur la personne choisie (c'est arrivé souvent dans l'histoire du Tibet), cela n'entraîne aucune divergence de vues doctrinales. Ce n'a donc rien à voir avec un schisme.

    Ou encore, quand le 6ème Dalaï Lama a été destitué et banni, c'était sans doute violent mais ce n'était pas un schisme. La mise à mort de Reting Rinpoche, premier Tuteur de S.S. le 14ème Dalaï Lama, était un meurtre, mais pas un schisme.

    Quant aux querelles doctrinales qui apparaissent à chaque génération, pour véhémentes qu'elles soient, elles ne signent pas si souvent un schisme - heureusement, sinon, ça n'arrêterait pas.

    Je crois que sur le moment, il est toujours difficile d'évaluer la réelle portée d'un événement.

    Te donner des exemples de schisme ?
    Je vais vérifier dans l'histoire du bouddhisme.

    A chaud, ce pourrait par exemple être le cas si quelqu'un issu des rangs des bouddhistes prétendait le demeurer tout en établissant un système de pensée où il renierait certaines notions premières, comme la prise de refuge ou la loi de causalité. Ou encore, s'il décidait d'institutionaliser des "réformes" de son cru dans ce qui constitue l'essence même du Dharma, notamment le Vinaya, etc.

    NB1 Avoir un pouvoir ou du "charisme" n'implique pas d'être avancé sur le chemin. Cf. pas mal de tyrans à toutes les époques, y compris récemment, et pas que dans les sphères politiques.

    NB2 L'entrée sur le chemin ne suffit pas pour avoir éliminé les klesha. Jusqu'à un certain stade, on peut régresser, et chuter dans les états infortunés. Cf. Devadatta.

    RépondreSupprimer
  3. La définition ne m'est pas encore très clair. Je m'intéresse à la question car je me pose depuis quelques temps la question suivante :
    "Est-ce le Dalai lama en interdisant la pratique de Shougdèn (ou ceux qui continuent à le pratiquer) ont créé un schime ?" D'autant qu'il est difficile d'obtenir des informations sur le sujet non partisanes.

    RépondreSupprimer