mardi 9 août 2022

Un chant de compassion

par Shabkar Tsokdrouk Rangdrol


Mon cœur s'emplit de compassion pour tous ceux qui souffrent aujourd'hui,
Ceux-là même qui furent mes mères et prirent soin de moi avec tendresse
Depuis la nuit des temps jusqu'à maintenant.

Ces mères pleines de bonté m'ont rafraîchi quand j'avais chaud ;
Certaines ont aujourd'hui pris naissance dans les huit enfers brûlants
Où elles endurent une chaleur extrême.
Pour elles, mon cœur s'emplit de compassion.

Ces mères m'ont réchauffé quand j'avais froid ;
Certaines ont aujourd'hui pris naissance dans les huit enfers glacés
Où elles endurent un froid glacial.
Pour elles, mon cœur s'emplit de compassion.

Ces mères m'ont donné à manger et à boire quand j'avais faim et soif ;
Certaines ont aujourd'hui pris naissance dans le monde des preta
Où elles endurent famine et sécheresse.
Pour elles, mon cœur s'emplit de compassion.

Ces mères pleines de bonté ont constamment pris soin de moi avec affection ;
Certaines ont aujourd'hui pris naissance dans le monde des animaux
Où elles subissent asservissement et exploitation.
Pour elles, mon cœur s'emplit de compassion.

Ces mères pleines de bonté ont comblé tous mes souhaits par leur amour ;
Certaines ont aujourd'hui pris naissance parmi les êtres humains
Où les tourmentent les affres de la vieillesse et de la mort.
Pour elles, mon cœur s'emplit de compassion.

Ces mères pleines de bonté m'ont mis à l'abri de tout danger ;
Certaines ont aujourd'hui pris naissance parmi les asura
Où les affectent querelles et dissensions.
Pour elles, mon cœur s'emplit de compassion.

Ces mères pleines de bonté m'ont élevé dans mon seul intérêt ;
Certaines ont aujourd'hui pris naissance parmi les dieux
Où les angoissent la mort et la transmigration.
Pour elles, mon cœur s'emplit de compassion.

Par vous-mêmes, vous n'aurez aucune chance d'échapper aux souffrances du saṃsāra
Et aujourd'hui vous n'arrivez pas à vous protéger vous-mêmes,
Pour vous, O mes mères qui subissez tant de souffrances, mon cœur s'emplit de compassion.

Quand je pense à ses souffrances que nous endurons tous,
Je me dis : « Et si je pouvais atteindre l'état de bouddha !
Non pas demain, mais dès aujourd'hui ! »

Et j'aspire alors à pouvoir vite, très vite, atteindre l'Éveil,
Pour éliminer la souffrance de tous les êtres, mes propres mères,
Et les guider vers le bonheur ultime.

Alors qu'une foule de pauvres gens, toujours en manque de nourriture et de vêtements, venait mendier constamment à la porte de ma chambre de retraite, une irrésistible compassion pour tous les êtres s'est élevée du plus profond de mon cœur et j'ai écrit ces mots en pleurant.
 

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