jeudi 3 décembre 2015

La coproduction conditionnée et les 12 liens interdépendants - 2

Les 12 liens interdépendants (nidhana)

(En gras, les 8 éléments mentionnés dans les textes les plus anciens.)

1.     Ignorance (avijjā / avidyā)
2.     Formations karmiques (sankhāra / samskāra)
3.     Conscience (viññāna / vijñāna)
4.     Nom et forme (nāma-rūpa)
5.     Bases de connaissance (6 sens) (salāyatana / sadāyatana),
6.      Contact (phassa / sparśa)
7.      Sensation (vedanā)
8.     Soif (tanhā / trisnā)
9.     Avidité (upādāna)
10.   Devenir ( bhava )
11.   Naissance (jāti)
12.   Vieillesse et mort (jarā - marana)

1- L'ignorance [ou non-connaissance]
Aux antipodes de la sagesse, l'ignorance constitue la cause première de l'errance dans le saṃsāra.
L'ignorance est une obscurité comparable à un aveuglement. Elle présente deux aspects : l'obscurité à propos des karma et de leurs effets, et l'obscurité à propos de l'absence de soi inhérent.

2 - Les karmas inducteurs 
Sous l'influence de l'ignorance relative aux karma et à leurs effets, sont accumulés des karma inducteurs défavorables - des démérites.
Sous l'influence de l'ignorance concernant le mode d'être, sont accumulés des karma soit favorables - des mérites -, soit "immuables".

3 - La conscience
NB On distingue la conscience du moment de la cause et la conscience du moment du résultat.
La première est la conscience à l'instant même où est déposée l'empreinte du karma inducteur concerné. La seconde est la conscience à l'instant de la conception en tant que phase de naissance.

4 - "Le nom et (selon le type de naissance) la forme", cad les cinq ou quatre agrégats (skandha)
"Le nom" consiste en la sensation, l'identification, les formations volitionnelles et la conscience.
La forme désigne l'ovule fécondé dans lequel pénètre la conscience puis tout son développement.

5 - Les sphères (ou bases) de connaissance [“ qui génèrent et développent ”]
Il s'agit des six sens, visuel, auditif, etc., en notant que le sens physique et le sens mental existent dès le premier stade embryonnaire.

En cas de naissance spontanée dans les deux mondes inférieurs, le lien du nom et de la forme et le lien des sphères de connaissance se produisent simultanément.
Dans le monde du sans forme (arūpaloka), ne se produisent que le lien du nom et le lien de la faculté mentale (cad que le lien de la forme et le lien des cinq bases relevant de la forme n'y existent pas).

6 - Le contact
Le rôle du lien du contact est d'enregistrer que l'objet est agréable, désagréable ou neutre.

7 - La sensation
Un contact suscite une sensation, agréable, désagréable ou neutre.

8 - La "soif" (attachement portant uniquement sur une sensation)
À l'égard d'une sensation de bonheur surgit la soif sous la forme du désir de ne pas en être séparé.
À l'égard d'une souffrance, la soif se traduit par le désir d'en être séparé ; elle est attachement envers cette séparation.
À l'égard d'une sensation neutre se produit la soif qu'elle ne décline pas.

9 - L'avidité [ou la saisie] (appétence et attachement pour l'objet nés de l'intensification de la soif)
On distingue quatre sortes d'avidité :
-        l'avidité pour les objets des sens : attachement aux objets des sens
-        l'avidité pour les vues : attachement pour les vues mauvaises à l'exception de la vue portant sur "la collection transitoire" des agrégats ;
-        l'avidité pour les fausses éthiques et observances, qui est un attachement à des éthiques et pratiques de bas étage, en relation avec les vues mauvaises ;
-        l'avidité pour l'assertion du moi, qui n'est autre que la saisie conceptuelle d'absolu et qui porte principalement sur la collection transitoire des agrégats.

10 - Le devenir
Une fois qu'une empreinte karmique déposée précédemment sur la conscience par un karma inducteur a été mûrie par la soif et l'avidité, l'empreinte devenue capable de provoquer le corps de la vie suivante est appelée “devenir”.

11 - La naissance
La naissance se produit à l'instant précis de la conception, quand la conscience pénètre dans l'un ou l'autre des quatre lieux de naissance, et ce sous l'impulsion du karma qui a développé le pouvoir de produire une renaissance après avoir été activé par la soif et l'avidité.

12 - La vieillesse et la mort
Consécutivement à la naissance, les liens du vieillissement et de la mort se produisent de manière graduelle.
Par vieillissement, on désigne le processus de transformation progressive et de maturation des agrégats.
Par mort, on entend le rejet, ou encore la destruction d'une certaine chaîne d'agrégats.

Résumé
L'ignorance amène à créer les karma qui s'impriment sur une conscience, produisant les agrégats et les six sens, ce qui permet au contact d'entraîner la sensation, qui suscite la soif puis la saisie, ce qui provoque le devenir, lequel déclenche la naissance, dont découlent a vieillesse et la mort

21 commentaires:

  1. Les textes anciens parlent-t-ils d'ovules, ou est-ce notre interprétation moderne ?
    En occident il a fallu attendre 1828 pour que l'ovule soit identifié avec exactitude.
    A l'époque du Bouddha, les grecs anciens croyaient que le père fournissait le bébé à naître sous forme de graine, et que la mère avait uniquement un rôle nourricier.
    Soit dit en passant, la découverte de l'ovule donne à la femme un rôle plus central.
    A-t-on une idée du point de vue du bouddhisme ancien à ce sujet ?

    Une autre conséquence du point 4 ci-dessus est que si la conscience pénètre la première cellule, elle se retrouve probablement dans toutes les autres cellules au fur et à mesure des divisions. L'esprit serait donc chevillé au corps dans chacune de ses cellules, ce qui diffère du point de vue de Descartes, pour qui l'esprit était lié au corps en un seul point (la glande pinéale).

    En ce qui me concerne j'ai plutôt l'impression d'être dans ma tête, mais c'est peut-être parce qu'elle héberge les sens principaux.

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  2. Erreur de manoeuvre : j'ai supprimé des commentaires involontairement. Désolée.

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  3. Cf. l'ouvrage intitulé Les Grands Disciples du Bouddha Tome 2 Chapitre 3

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  4. Bonsoir,
    Merci pour ce retour. :o)
    Et je suis sûr qu'il vous reste encore un sac de riz dans la réserve ... ^¿^

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  5. A propos de l'embryologie, voir Sūtra de l'entrée dans la matrice (Garbhvakrntistra)

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    1. Merci pour les références.

      La biologie moderne nous fournit maintenant une explication très détaillée de ce qui se passe au moment de la conception. Ce serait trop long à décrire ici, mais en résumant les points principaux : le père fournit 23 chromosomes sur un total de 46, et la mère également 23 chromosomes sur un total de 46. Ces chromosomes vont se mélanger pour créer les 46 chromosomes du nouvel être.

      Mais ce n'est pas immédiat : il faut des préparatifs qui durent plusieurs heures à l'intérieur de l'ovocyte, pendant lesquelles les chromosomes du père et de la mère restent chacun dans leur coin.

      Ensuite il n'y a pas de cellule primordiale du nouvel être : au moment du mélange final, deux cellules complètes vont être produites en même temps.

      Il serait intéressant de savoir à quel moment l'esprit s'associe au nouvel être : est-ce au moment de la pénétration du spermatozoïde, ou est-ce au moment de la production des deux premières cellules qui identifient le nouveau corps, c'est à dire 24 heures plus tard environ ?

      En fait ce qui serait intéressant, ce serait de connaître de façon très précise le mécanisme d'association entre l'esprit et le corps.

      Dans son livre "Cheminer vers l'éveil", le Dalaï-lama écrit qu'il faudra peut-être un siècle ou deux aux scientifiques pour expliquer le mécanisme de la réincarnation. Il semble donc s'attendre à une percée dans ce domaine.

      Est-ce que cela peut nous aider à atteindre l'éveil ? Je ne sais pas. Mais si la réincarnation était démontrée de façon scientifique avec certitude, ce serait un sacré chamboulement sur les plans philosophique et religieux. Notre aspect spirituel ne pourrait plus être mis en doute par personne.




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    2. Moment où un continuum mental s'approprie un nouveau support physique : il y a plusieurs versions, selon les textes (bouddhistes) pris en référence (soutra/tantra).
      D'après mes vagues souvenirs,il me semble qu'un jour Rinpoche avait répondu que ce moment n'était pas fixe.

      Moyen plus rapide et plus sûr pour obtenir une certitude à propos du passage d'une vie à une autre : méditer jusqu'à obtenir le calme mental (shamatha) puis les clairvoyances qui se fondent sur ce niveau minimal de concentration.

      Quel que soit le sujet abordé (pas seulement le passage d'une vie à une autre), je doute que quiconque puisse en faire une présentation telle que cela ne puisse plus être mis en doute par personne. Cela impliquerait que tous les êtres aient adopté un même mode de pensée, et qu'ils aient les mêmes perceptions des objets. Ce qui supposerait qu'ils soient porteurs des mêmes empreintes karmiques, aient des organes sensoriels identiques à tous points de vue, etc.

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    3. Effectivement, j'ai rencontré un adventiste qui croit dur comme fer que l'univers a été créé il y a 8000 ans, malgré toutes les évidences d'un âge infiniment plus ancien.

      Il est déjà arrivé que la science fasse plier l'église catholique, par exemple avec la révolution copernicienne. L'église s'est pourtant battue farouchement, en emprisonnant Galilée et en brûlant Giordano Bruno. Mais elle a fini par céder et admettre que la terre tourne autour du Soleil, et non l'inverse. Les doctrines ont du s'adapter.

      Il n'est donc pas impossible que des découvertes scientifiques puissent entraîner une révolution réincarnationiste qui pourrait peut-être favoriser l'essor du bouddhisme.

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  6. Vous écrivez "En gras, les 8 éléments mentionnés dans les textes les plus anciens."

    Cela signifie-t-il que les 4 autres éléments n'ont pas été énoncés par le Bouddha ? Ou qu'il a fallu du temps pour passer de l'oral à l'écrit ?

    La réponse à cette question ne concerne pas uniquement le passé, mais aussi le futur. Dans quelle mesure le bouddhisme est-il amené à évoluer ?

    Il est dit que le Bouddha a délivré l'enseignement sous de nombreuses formes en fonction des aptitudes de ses auditeurs.

    Nous avons maintenant progressé au niveau scientifique. Dès lors ne faudrait-il pas faire tourner une "quatrième roue" d'enseignement adaptée aux esprits de notre époque ?

    Le Dalaï-lama quant à lui s'intéresse beaucoup à la science moderne, par exemple à la mécanique quantique. Il a organisé les rencontres annuelles "Mind and Life" entre scientifiques et bouddhistes, et quelqu'un ma raconté récemment avoir visité une cellule de moine en Inde, et été surpris d'y trouver un ouvrage décrivant les découvertes de la science moderne, y compris la mécanique quantique, édité spécialement à l'intention des monastères.

    Il me semble que le Dalaï-lama a écarté les futilités de son chemin, et que s'il a consacré de son temps à étudier ces questions, c'est que probablement il y voit un intérêt pour le bouddhisme.

    Quant à moi, je m'attends un peu à ce que la science moderne puisse prochainement nous aider à comprendre de façon plus fine de quelle façon l'esprit est lié au corps. Par exemple comment fait un esprit immatériel pour faire bouger un muscle matériel ?

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  7. @ Philippe : Merci pour vos commentaires.
    Vos remarques sont pour moi d'un grand intérêt car vous êtes un scientifique, et moi plutôt une littéraire.

    Les sujets évoqués étant vastes et profonds, je ne prétends pas répondre à vos questions/questionnements. Ce serait largement au-delà de mes capacités et connaissances.
    Je ne puis que vous proposer quelques éléments de réflexion.

    "Texte" implique "écrit".
    L'Enseignement du Bouddha est fondamentalement oral. Il a été mis par écrit des décennies après son parinirvana.

    Il y a deux façons - compatibles - de comprendre les différents niveaux de l'Enseignement :
    * ce peut être un même Enseignement "entendu" de manières diverses par des auditeurs de niveaux divers ;
    * ce peuvent être des exposés divers adaptés à des auditoires divers.

    Quand il est question des "aptitudes" des auditeurs, je crois que cela fait référence à des qualités telles que la capacité de sagesse/discernement, sur fond d'éthique, etc., plus qu'au savoir ou à la connaissance intellectuels.


    Question : Une partie de la population humaine actuelle de notre planète a "progressé" sur le plan scientifique.
    En parallèle, comment a-t-elle évolué sur le plan spirituel ?
    Fait-elle preuve de plus d'éthique, de générosité, de patience, etc. ?

    Au fil du temps, il me semble que les Maîtres qui transmettent adaptent forcément le vocabulaire et le style à leurs contemporains.
    Exemple : les lamrim, qui présentent de façon plus accessible les thèmes du Sutra de la Sagesse.

    Le Dalaï-Lama et la science occidentale :
    * D'après ses biographies, le SS le Dalaï Lama a fait montre d'intérêt pour la mécanique, etc., dès son plus jeune âge. Pourquoi pas ?
    C'est d'ailleurs le cas de bon nombre de jeunes garçons, dont certains deviennent plus tard ingénieurs. :-)
    C'est apparemment moins fréquent chez les petites filles, tant et si bien que de nos jours, les sociologues, psychologues, etc. se demandent si cela tient principalement au sexe, à l'éducation, ou autre.
    * A chaque époque, les Maîtres bouddhistes prennent connaissance des cultures et connaissances de leurs auditeurs, et en tiennent compte dans leurs exposés. Sinon, il leur serait impossible de se faire comprendre.
    Par exemple, SS le Dalai Lama (ou tout autre Maître tibétain) présente les sujets de manière assez différente selon qu'ils s'adressent à des auditoires tibétains ou occidentaux. C'est inévitable, car les acquis culturels ne sont pas les mêmes.


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    1. Je vous remercie, d’autant plus que j’hésite à poster des commentaires, car j’ai peur de vous faire perdre un temps précieux.

      J’ai effectivement suivi un cursus scientifique, surtout parce qu’au lycée les cursus littéraires étaient moins bien considérés que les cursus scientifiques, qui offraient davantage de débouchés.

      Mais au fil du temps j’ai réalisé que la science et la technique n’ont pas réponse à tout, notamment tout ce qui touche au domaine de l’esprit.

      Pour ma part je ne souhaite pas dissocier science de la matière et science de l’esprit, car je crois que les deux sont complémentaires. D’ailleurs le bouddhisme nous enseigne que nous sommes à la fois forme et esprit. Je crois également que le Dalaï-lama partage ce point de vue, car il s’est beaucoup investi dans les rencontres Mind and Life.

      Je m’attends par exemple à ce que la science nous permette de comprendre de façon plus fine de quelle manière l’esprit est relié au corps humain. Si par exemple je décide en tant qu’esprit de faire bouger un muscle, comment ça marche ? Le muscle réagit à un influx nerveux qui vient d’un neurone moteur dans le cerveau, mais comment fait l’esprit, qui est immatériel, pour communiquer avec un neurone moteur qui est matériel ? Il me semble qu’il doit y avoir quelque part une sorte d’interface esprit/matière.

      La synergie entre science de la matière et bouddhisme peut également s’exprimer sur un plan plus pragmatique. Par exemple les études sur la nutrition ont démontré que les végétariens vivent plus longtemps (9 ans de plus pour les hommes et 6 ans de plus pour les femmes, en Californie) et ont moins de risques d’accidents cardiovasculaires (réduction d’un tiers du risque d’accidents cardiaques en Angleterre). Or selon les bouddhistes il est difficile d’obtenir une vie humaine disponible et qualifiée, autant donc la faire durer le plus longtemps possible, car cela améliore nos chances de franchir des étapes essentielles avant de mourir. Autrement dit un bouddhiste qui s’intéresse aux recherches scientifiques devrait logiquement être végétarien, c’est d’ailleurs après avoir lu ces études que je suis devenu végétarien il y a un peu plus de 6 mois.

      Voici des exemples d’études sur le végétarisme :
      http://www.docbuzz.fr/2013/01/30/123-manger-vegetarien-reduit-dun-tiers-le-risque-de-souffrir-dun-accident-cardiaque/
      http://www.consoglobe.com/pourquoi-vegetariens-vivent-plus-longtemps-cg

      C’est un exemple concret du genre de services que la science peut rendre au bouddhisme. D’un autre côté le bouddhisme peut aider à éviter que la science soit dépourvue de conscience, car la formule de Rabelais est plus vraie que jamais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

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    2. Pour ma part, j'ai écouté pour la première fois un Enseignement bouddhiste en juillet 1974. Je suis végétarienne depuis - je souhaitais l'être depuis l'enfance, et j'ai saisi l'occasion.

      Selon certains Enseignements du Bouddha, l'esprit est "inséparable" de sa "monture" constitué par un phénomène physique subtil appelé en tibétain རླུང་ (rlung), terme qui est rendu en français par "air", "vent", "souffle", etc., selon les traducteurs.

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    3. Si le "souffle" est un phénomène physique, cela veut dire qu'il doit appartenir au monde de la forme.

      Cela veut dire également qu'il devrait pouvoir se prêter à une "étude scientifique".

      Depuis quelques siècles la science a appris à étudier les phénomènes invisibles : la gravitation, l'électricité, le magnétisme, les ondes radio, les rayonnements radioactifs, la matière noire (la plus grande partie de l'univers, disent les scientifiques, mais invisible et dont nous ne savons presque rien).

      Donc il ne faudrait pas trop pousser les scientifiques pour leur faire comprendre qu'il y a un type d'énergie ou de matière inconnu qui mériterait d'être étudié.

      Concernant l'esprit et sa monture subtile, si je comprends bien, c'est ce couple inséparable qui saute de corps en corps, d'une vie à l'autre. C'est donc lui également qui porte les empreintes karmiques.

      Les textes nous disent-ils si l'empreinte karmique est déposée plutôt sur l'esprit ou plutôt sur la monture subtile ?

      Etant donné que les liens interdépendants impliquent de la mémoire et des processus, on peut se demander si cette monture subtile serait en fait une sorte "d'ordinateur subtil", doté de mémoire, de fonctions et d'interfaces : une interface côté esprit et une interface côté cerveau.

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    4. Les formes subtiles (et a fortiori les formes très subtiles) sont objets de la conscience mentale, plutôt que des consciences sensorielles. Ce qui n'exclut sans doute pas une "étude scientifique", mais dépend sans doute aussi du niveau atteint par les scientifiques.

      Les textes dont j'ai entendu parler ou que j'ai vus disent que les empreintes (karmiques ou autres) s'imprègnent sur le continuum mental. Mais je ne connais qu'une infime goutte d'eau de l'océan des Enseignements du Bouddha...

      Comme souvent (toujours ?), se pose le problème de traduction.
      Le terme français "déposer" a des connotations d'une part concrète d'autre part "active"/"volitive", même si dans votre énoncé vous avez employé le passif.
      Le terme tibétain correspond, dont le sens principal est "laisser",
      est employé à la forme "résultative" - qui ressemble un peu à la forme pronominale : cela dépeint un phénomène qui se produit de par un concours de circonstances, sans décision de la part d'un agent.

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    5. Cela ressemble effectivement à un enregistrement.

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    6. Est-ce que les mémoires des vies passées sont "gravées" sur le même support que les empreintes karmiques ?

      Il arrive que ces mémoires soient très performantes.
      Je pense notamment au cas de Trinley Rimpoché, qui s'est mis à parler un tibétain parfait vers l'âge de 1 an, alors que ses parents parlaient français et anglais. Ce qui suppose une grande précision de "stockage".

      J'utilise des guillemets, car je ne sais pas si la terminologie informatique est appropriée.



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    7. Je ne sais pas si les mémoires des vies antérieures sont "gravées". Cela dépend de ce que vous entendez par "mémoires".

      Sur la base du calme mental (samatha - qui livré à lui-même est une "réalisation" temporaire), le méditant peut développer certaines facultés de perception (qu'ont naturellement tous les bardowa et, si je crois, les preta). On parle parfois de "clairvoyances" mais ce terme peut être source de malentendus. Entre autres, * la faculté de "connaître"/voir x vies antérieures (chiffre variable en fonction des individus concernés) ; la faculté de "connaître"/voir x vies futures ; la capacité de percevoir les pensées d'autrui, etc.
      => Il semble donc qu'il s'agisse d'une capacité à "voir"/appréhender des objets que ne perçoivent pas les humains qui n'ont un niveau de concentration suffisant, et pas seulement d'un stockage

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    8. Je m'étais imaginé que la mémoire des vies passées passait par les empreintes karmiques. D'après votre réponse, il s'agirait plutôt de l'aptitude à contacter et percevoir directement le passé, sans passer par un "enregistrement" intermédiaire.

      Pour ce qui est de la transmission d'un langage, dans le cas de Trinley Rimpoché, il faut tout de même que ce langage soit en quelque sorte "implanté" dans le mental, soit fonctionnel dans le temps présent. Il faut tout de même qu'une sorte de recopie soit à l'oeuvre.

      Cela peut-il passer par les empreintes karmiques ? Ces empreintes sont par définition déposées sur le continuum mental, et sont capables d'une certaine précision, puisqu'à chaque type d'acte passé correspondent des résultats bien précis.

      Mais la précision des empreintes karmiques peut-elle aller jusqu'à servir de support à un langage ?

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    9. Tous les facteurs mentaux, y compris la mémoire, laissent des empreintes (toujours neutres) sur le continuum mental - pas seulement la volition (alias karma).

      Les empreintes karmiques ont pour effets principaux 1) de permettre l'apparition de nouveaux karmas (facteurs mentaux) ; 2) de "colorer" les sensations en les rendant agréables, désagréables ou neutres, selon la nature des karmas (vertueux, no vertueux, neutres) à l'origine des empreintes karmiques (neutres) qui viennent alors à maturité.

      Il me semblerait logiques que les "souvenirs" réapparaissant au fil du temps soient principalement issus d'empreintes laissées par le facteur mental mémoire, ou encore par le facteur mental sagesse, etc., et non par le facteur mental volition (karma), qui a pour fonction de permettre la mobilité de l'esprit, ni plus ni moins.
      Il est cependant exact exact que, pour que la mémoire, ou la sagesse, etc., fonctionnent, il faut l'accompagnement des cinq facteurs mentaux omniprésents, dont la volition, mais pas que la volition.

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  8. Je suis ces échanges avec beaucoup d'intérêt et je fais partie des petites filles que leur éducation a conduit vers les métiers des sciences humaines :)
    Se pose pour moi la question de l'autorisation de l'IVG confirmée par la loi Veil.
    J'aurais vivement souhaité connaitre l'éclairage apporté par le bouddhisme sur cette question somme délicate et souvent difficile pour ceux qui demandent et ceux qui accompagnent.

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  9. Sur le plan de l'éthique, la règle générale est de ne pas ôter la vie à un être vivant (autrui ou soi-même). Comme toute règle, celle-ci accepte des exceptions, notamment au cas où la vie de la mère serait menacée.

    Quand la loi nationale autorise l'IVG, ou l'euthanasie, ou le suicide assisté, etc., (mais sans pour autant les rendre obligatoires), le citoyen a la liberté de réfléchir et de se renseigner avant de prendre des décisions.
    Ce n'est pas toujours facile, car ce qui est légal n'est pas forcément moral (et réciproquement).
    L'idéal est sans doute d'agir en amont, pour éviter au maximum les situations litigieuses.
    D'où l'importance de la sagesse/discernement, et des autres paramita : éthique + générosité, patience, enthousiasme, concentration.

    Concernant ceux qui n'ont pas réussi à éviter les pièges, c'est qu'ils ont été dominés par leurs facteurs perturbateurs, à commencer par l'ignorance.
    Ils sont donc des objets de compassion et d'amour, et certainement pas de haine et de malveillance.
    Il n'est pas lieu de les "approuver", mais il importe de les aider.

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