L'Enseignement du Bouddha est riche et varié - c'est qu'il a été dispensé rien moins que 45 années durant. De plus, le Bouddha n'énonçait pas la "Vérité", au sens d'une Vérité absolue et unique à laquelle chacun serait tenu d'adhérer. Non, il exposait la voie que lui-même avait suivie, en adaptant la présentation aux capacités et aspirations des auditeurs.
Sur une base commune - la finalité est de surmonter la souffrance et d'accéder au bonheur -, le bouddhisme offre donc différentes branches.
Les "véhicules", yana en sanskrit, (grand et petit, ou encore des shravaka, pratyekabouddha et bodhisattva) se distinguent de par leur conception de la souffrance à rejeter et du bonheur à réaliser, et donc de l'objectif à atteindre et des conduites à adopter pour ce faire.
Les "systèmes philosophiques", siddhanta en skt ("qui est allé au bout de l'analyse") se démarquent par les vues professées, notamment à propos du non-soi.
Pour simplifier, il y a quatre systèmes principaux :
- Vaibhashika, établi par la Première Roue du Dharma, avec le Soutra des quatre nobles vérités ;
- Sautrantika, établi par la Première Roue du Dharma, avec le Soutra des quatre nobles vérités ;
- Cittamatra, établi par la Troisième Roue du Dharma, avec le Soutra commentant la Pensée ;
- Madhyamika, établi par la Deuxième Roue du Dharma, avec le Soutra de la Sagesse.
Le Bouddha, qui n'a d'ailleurs cessé d'enseigner la loi de causalité et l'interdépendance, a forcément tenu compte du contexte dans lequel il vivait : l'Inde d'il y a 2 500, 2 600 ans.
L'Inde dont la culture était d'ores et déjà ancienne et très raffinée.
Le Bouddha a donc repris bien des notions déjà connues et admises de ses contemporains, quitte à apporter un éclairage nouveau sur certains points, ou à introduire des nuances, ou des précisions : passage d'une naissance à l'autre ; samsara et libération ; karma bien sûr, sans oublier la logique et l'art du débat remarquablement maîtrisés.
Mais il est aussi arrivé que le Bouddha réfutât certaines vues pour en affirmer d'autres, en particulier à propos du soi (skt atman ; tib. bdag) et du non-soi.
Les écoles hindouistes étaient déjà à l'époque extrêmement nombreuses.
Toujours pour simplifier, on parle de 5 ou de 6 courants principaux.
Classification en 5 :
Vaishnava, Aishvara, Jaina, Kapila (Samkhya), Barhaspatya.
Classification en 6 :
Vaishesika, Naiyayika, Samkhya, Mimamsaka, Nirgrantha, Lokayata (Carvaka)
Il est dit que, parmi ces 6 écoles, les 5 admettaient un soi (atman) "éternel", tandis que le système Carvaka n'envisageait qu'une seule et unique vie : l'actuelle.
Par rapport à ces vues, le Bouddha a introduit la notion de "non-soi" : absence d'un "soi" qui serait à la fois "permanent, un et indépendant", ou encore qui serait "établi de manière autonome et auto-substantielle", MAIS avec en parallèle l'affirmation d'un soi qui existe sur un mode relatif, ou encore conventionnel, c'est à dire qui existe en dépendance de ses agrégats constitutifs, etc.
Rapporté à l'individu, c'est ce soi nominal qui passe d'une vie à la suivante, qui va et vient, mange et réfléchit, etc.
Entre autres propriétés, un tel soi est impermanent : il change d'instant en instant.
Il n'empêche que certains systèmes philosophiques hindouistes sont très proches de leurs homologues bouddhistes.
C'est au point, dit-on, que quand Atisha, au Tibet, a appris la mort en Inde de Shantipa, il s'est exclamé :
"Il n'y avait que lui et moi pour savoir distinguer entre les deux. Maintenant que Shantipa est mort, il n'y a plus personne en Inde !"
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