lundi 15 octobre 2007

Fortuné, mais pas riche

Si vous vous intéressez au bouddhisme tel que pratiqué au tibet, vous connaissez probablement le nom du grand yogi Milarepa. Peut-être même avez-vous lu le récit de sa vie. En ce cas, vous aurez retenu que si Jetsun Milarepa fut riche en dons divers (dont celui de faire tomber la grêle sur les importuns...) puis en réalisations spirituelles, sur le plan matériel, il vécut dans un dénuement qui aurait été insupportable pour n'importe qui d'autre.

Mais fut-il un exemple unique dans l'histoire du boudhisme ?
Oh que non.

En Inde, les siddha (personnages d'un très haut niveau spirituel) vivaient en général de rien, et passaient pour des vagabonds inquiétants aux yeux des "gens bien".

Au Tibet, eh bien, on pourrait citer Ensapa, dépositaire de la lignée orale des gelugpa, dont on dit qu'il atteignit l'état de Bouddha en une vie.

A date plus récente, les deux Tuteurs de Sa Sainteté le Dalaï Lama ne roulaient pas sur l'or dans leur jeunesse, c'est le moins qu'on puisse dire. Au collège de Loseling, Ling Rinpoche était le plus mal attifé de tous les lama, et peut-être de tous les moines, relate sa biographie. Quant à la pitance, c'était pour le moins frugal. Quand Ling Rinpoche devait assurer son rang lors d'un événement officiel, son intendant faisait la tournée des autres lamas pour emprunter le nécessaire.

De son côté, Kyabje Trijang Rinpoche rivalisait avec Jetsun Milarepa en ce qui concerne les déboires familiaux et la captation d'héritage après la mort du chef de famille. Mais lui n'utilisa jamais les sortilèges... A ce propos, bien des années plus tard, lorsque des siens disciples le mirent en garde contre des ennemis susceptibles de chercher à faire usage de sorts contre lui, il répondit paisiblement : "'Si ces gens sont à un niveau inférieur au mien, ils ne pourront pas m'atteindre. S'ils sont à un niveau égal ou supérieur au mien, ils ne feront jamais rien qui puisse nuire à qui que ce soit. Ne vous faites donc pas de souci."
Il n'empêche que les années de vache maigre avaient parfois été pénibles, comme il le racontait au cours de ses enseignements : "Depuis que j'assume des fonctions de professeur auprès de Kundun, les invitations à déjeuner affluent, et je suis obligé d'en refuser la plupart, sinon je passerai mes journées à manger. Autrefois, quand mon estomac criait famine et que j'aurais tant voulu être convié à faire des prière chez quelqu'un pour profiter au moins d'un en-cas, personne, absolument personne ne faisait appel à moi. Comme quoi le samsara est bel et bien de la nature de la souffrance..."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire