mardi 4 mars 2008

Ethique et ordinations / 3

Respecter l'éthique telle que conçue dans le bouddhisme ne consiste nullement à se plier à un morale arbitraire et contraignante. Il s'agit bien plutôt d'adopter une attitude responsable, de sorte à agir de la manière la plus utile (ou la moins préjudiciable) pour tous - autrui comme soi-même.

1 - Abstention des comportements négatifs et nuisibles (suite)
Nous avons déjà parlé un peu de la prise de voeux de pratimoksha : huit niveaux, dont sept communs aux deux véhicules, petit et grand.

A ces engagements qui concourent à l'obtention de l'Eveil synonyme de libération individuelle, le mahâyâna ajoute d'autres prises de voeux, en vue d'obtenir l'Eveil suprême de Bouddha.

En lieu et des voeux pris par les fidèles du hinayâna pour 24 heures et qui sont strictement réservés aux laïcs, le grand véhicule dispose des voeux mahâyâna-upasatha, également pris pour 24 heures à la fois. Outre la motivation, une différence est que les religieux également peuvent prendre ces voeux s'ils le souhaitent, contrairement aux voeux de 24 heures du hinayâna qui leur feraient perdre leurs voeux monastiques de pratimoksha.
La première fois, il faut bien sûr les recevoir de quelqu'un qui les a déjà. Pas forcément un "maître" au sens strict du terme. Pour une fois, un ami dans le Dharma (laïc ou religieux) peut remplir cet office.
Il va sans dire que cela crée un lien puissant entre celui qui donne et celui qui reçoit les voeux. Un lien de maître à disciple ? Il faudrait y réfléchir sérieusement avant de vouloir trancher cette question délicate.

La cérémonie centrale du grand véhicule est "la production de l'esprit d'Eveil", qui consiste à développer la détermination à devenir au plus vite Bouddha pour accomplir le bien de tous les êtres encore exposés à la souffrance sous ses différentes formes.
C'est là un état d'esprit magnifique et ô combien louable, mais aussi ô combien difficile et exigeant, puisqu'il revient à troquer notre égocentrisme viscéral contre un altruisme d'une totale pureté.
Le Bouddha, qui connaît bien son monde, a donc recommandé d'y aller doucement et de s'y prendre par étapes.

La cérémonie de production de l'esprit d'Eveil comporte ainsi trois paliers :
- production de l'esprit d'Eveil en tant qu'"aspiration simple" : on fait en sorte de se mettre dans l'état d'esprit voulu (aspirer à l'état de Bouddha pour le bien de tous les êtres) mais sans prendre aucun engagement ;

- production de l'esprit d'Eveil en tant qu'"aspiration renforcée", assortie de l'engagement de maintenir en soi cet état d'esprit jusqu'au bout, c'est à dire jusque l'obtention de l'Eveil suprême : cela implique de dorénavant observer 12 préceptes, dont quatre ont pour finalité de maintenir les voeux pris tout au long de cette vie, et huit de les maintenir au fil des vies suivantes, jusqu'à l'Eveil.

Car une grande différence entre les voeux de pratimoksha et les voeux du mahâyâna (à l'exception de ceux de 24 heures, bien évidemment) est que les voeux de pratimoksha sont pris pour toute la vie (c'est à dire cette vie ci), alors que les voeux du mahayâna sont pris pour toutes les vies ! La barre est nettement plus haute... C'est l'une des raisons pour lesquelles il faut réfléchir à deux fois avant de se lancer dans une telle aventure à (très) long terme.

- production de l'esprit d'Eveil en tant qu'"engagement" à se consacrer aux pratiques et conduites de bodhisttva - les six paramita : cela revient à prendre les "voeux de bodhisattva", qui supposent d'éviter 18 chutes principales et 46 fautes secondaires (N.B. il existe d'autres possibilités pour dénombrer les chutes : 4 ou 14, mais le sens ne change guère).

La toute première fois, il convient de recevoir les voeux de bodhisattva de la part d'un Maître qualifié. Ensuite, il est non seulement possible mais obligatoire de les reprendre fréquemment (au moins six fois par jour !) ; aussi peut-on le faire seul, mais il n'est pas interdit - au contraire - de les reprendre auprès d'un Maître.
Même pour la première prise de voeux, s'il s'avère totalement impossible de les recevoir d'autrui car il n'y a aucun Maître à l'époque où on se situe, on peut alors les prendre "seul", avec pour témoins tous les Bouddhas des dix directions dûment invités et visualisés en face de soi.

Contrairement aux voeux de pratimoksha et aux voeux des tantra, à prendre sans les connaîte encore, il FAUT étudier les voeux de bodhisattva avant de les assumer. Non seulement les étudier, mais déjà s'y exercer, pour ne les prendre que quand on est à peu près sûr de pouvoir les tenir un tant soit peu correctement...

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