lundi 3 mars 2008

Superlatifs dangereux

L'Enseignement du Bouddha prône, à ce que j'ai cru comprendre, le respect d'autrui.

Le Bouddha accorde à chacun la liberté de pensée et d'opinion d'autant plus volontiers que, par nature, le mode de perception de chaque être lui est personnel, si on y réfléchit un peu.
D'accord, il y a une frange "commune" (ou similaire, plutôt) avec les "congénères" (les êtres nés dans dans la même sphère d'existence). Mais comme toute perception est déterminée par les karma dont est porteur le sujet percevant, et qu'il est impossible que deux individus aient exactement les mêmes karma, il s'ensuit que, placés devant un même objet, deux individus en ont obligatoirement une vision différente. D'où des réactions également différentes.

C'est pour cela que les superlatifs me gênent souvent. Pas le superlatif absolu (très), mais les superlatifs relatifs (le plus..., le moins...).
Par exemple, qu'un pratiquant bouddhiste dise de son Maître qu'il "est très bien, très bon, très érudit", me semble naturel, normal, légitime même. En revanche, avancer que "mon Maître est le meilleur, le plus ceci, le plus cela" est sans doute tentant , c'est aussi ... choquant. Mettons-nous à la place de notre interlocuteur, qui pense exactement la même chose, mais à propos de son Maître à lui - espérons-le pour lui.

Que notre Maître soit excellent, soit. Qu'il soit le meilleur pour nous, sans doute. Mais qu'il soit le meilleur tout court, qu'en savons-nous ? A quel point de vue ? Selon quels critères ?

Tout cela pour dire qu'à mon humble avis, nous avons intérêt à peser et soupeser nos mots lorsque nous souhaitons célébrer notre Maître - sinon, nous risquons de produire l'effet inverse à celui que nous recherchions...
Sakya Pandita n'énonçait-il pas naguère : "Les louanges du sot rabaissent ; les critiques du sage rehaussent."

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