vendredi 2 juillet 2010

Des perceptions 3

"Les perceptions sensorielles de l'Arya sont-elles différentes des nôtres" ?

Il m'est difficile de répondre car je ne suis pas arya. Mais cela n'empêche pas de réfléchir à la question.

Peuvent-elles être strictement identiques ?
Il faut ici tenir compte de la distinction entre les Aryabuddha et les Arya pas encore Bouddhas.
Dans le cas des Aryabuddha, par définition omniscients, les perceptions ne sont plus limitées, ce qui entraîne qu'elles ne sont plus non plus "spécialisées" : à leur propos, il n'est plus pertinent de parler de perceptions visuelles, auditives, olfactives, gustatives, tactiles et mentales distinctes, toutes les perceptions incluant désormais les six aspects. La différence est donc énorme.

En revanche, en-deçà de l'état de Bouddha, les êtres, même arya, ne peuvent qu'avoir des perceptions spécialisées par catégorie d'objets.

On peut cependant concevoir quelques nuances selon les niveaux atteints ou non :
par exemple, une fois que le voile des facteurs perturbateurs est dissipé, et que la personne concernée est devenue un Arhat, elle n'a désormais plus que des perceptions pures (dag pa), etc.

Par définition, un Arya est quelqu'un qui a obtenu la compréhension directe du non soi (ou si vous préférez, de la vacuité).
Voilà qui a sans doute un certain impact sur les perceptions sensorielles de l'Arya : même si jusqu'à un certain stade, les objets perçus continuent à montrer une fallacieuse apparence de réalité, il n'est plus dupe.
Et cela aussi, c'est une différence de taille.

6 commentaires:

  1. Qu'en est-il de saisie de soi ? Quel type de perception est-ce ? Comment pourrait-on la décrire ?

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  2. La saisie de soi, ou "la saisie du soi" ?

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  3. "la saisie du soi" oui. Il s'agit bien d'une "saisie" mentale, une perception donc ?

    Comment la caractériser ?

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  4. Suivant les écoles philosophiques, Il existe de nombreuses interprétations de ce qu'est le moi. Cependant, pour toutes ces écoles, le moi est associé à la conscience mentale (constituée d'instants successifs formant une chaine ininterrompue) qui transmigre d'une vie à l'autre.
    Quant à la saisie du moi, c'est le mode de perception erroné d'un moi indépendant, autogène, instinctivement appréhendé. fascicule Jhampa Gyamtsog page 78

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  5. "Quant à la saisie du moi, c'est le mode de perception erroné d'un moi indépendant, autogène, instinctivement appréhendé"

    Justement si on s'en tient à cette définition (qui me va bien), il s'agit bien d'une "perception".

    Comment qualifier cette perception particulière précisément ? (puisque l'on parle ici des perceptions, on les classe en groupes, on en définit les caractéristiques).

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  6. La souffrance (de l’arya) n’est-elle pas progressivement éliminée, au cours de la période (de maturation du continuum mental), comprise entre l’état d’arya et celui d’arhat ?
    En effet, si l’arya n’accumule plus de karmas négatifs liés à ses facteurs perturbateurs acquis, il n’en reste pas moins qu’il est porteur de ses FP innés.
    Sachant que les sensations éprouvent le bonheur et la souffrance en résultat des karmas, l’arya éprouve donc de la souffrance de part la loi de causalité.
    L’arhat lui n’éprouverait plus la sensation de la souffrance.

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