A ce que j'ai retenu à ce jour des Enseignements reçus de mes Maîtres,
en précisant que j'ignore beaucoup de choses, qu'il m'arrive bien souvent de croire à tort avoir compris et qu'en outre, il n'y a pas une seule et unique façon d'appréhender une question, mais plusieurs, en fonction de l'angle, de l'école philosophique prise en référence, etc.
Les indications ci-dessous correspondent à la présentation la plus usuelle, fondée sur le système sautrantika.
Les objets de perceptions relèvent forcément des connaissables (shes bya), et donc des existants (yod pa).
Les objets les plus souvent évoqués sont les objets apparaissants / snang yul et les objets conçus / zhen yul.
Il existe d'autre catégories, bien sûr :
objets saisi / gzung yul (qui équivaut à l'objet apparaissant)
objet introductif / 'jug yul
objet du mode de saisie / 'dzin stangs kyi yul
objet visé / dmigs yul.
Toute perception, représentative comme non représentative, a un objet apparaissant.
Par ex, quand nous voyons la Tour Eiffel, l'objet apparaissant est la Tour Eiffel,.
Quand nous pensons à Tour Eiffel, l'objet apparaissant est l'image mentale de la Tour Eiffel.
Dans la mesure où l'objet saisi équivaut à l'objet apparaissant, toute perception en a un.
En revanche, les objets conçus, introductifs et "du mode de saisie" n'existent que lors des perceptions correctes.
Par ailleurs, seules les perceptions représentatives correctes ont un objet conçu.
Par ex, quand nous pensons à Tour Eiffel telle qu'elle est, l'objet conçu est la Tour Eiffel.
Si nous pensons à quelque chose qui est le pur produit de notre imagination, par une Tour Eiffel en or massif de 500m de haut, il n'y a pas d'objet conçu, pour la bonne raison que le quelque chose qui nous est apparu à l'esprit ... n'existe pas (l'image mentale de ce quelque chose, elle, existe).
Passons à l'objet introductif :
Lors d'une perception non représentative correcte, il équivaut à l'objet apparaissant.
Lors d'une perception représentative correcte, il équivaut à l'objet conçu.
Autrement, du moment qu'on voit la Tour Eiffel telle qu'elle est, ou qu'on y pense sans commettre d'erreur, l'objet introductif est la Tour Eiffel.
Il en va grosso modo de même dans le cas de "l'objet du mode saisie".
Quid de l'objet visé ?
Il consiste en l'objet pris en compte par la perception.
Ainsi, quand nous "voyons" des cornes à un lièvre, l'objet visé n'est autre que les oreilles du lièvre.
Quand nous prenons un bout de corde pour un serpent, l'objet visé est le bout de corde.
Ceci entraîne que la saisie du soi et la sagesse comprenant le non soi ont le même objet visé.
Pour ce qui concerne la perception non représentative, ma compréhension très subjective croyait distinguer :
RépondreSupprimerL’objet apparaissant : (objet apparaissant dans l’esprit) de l’objet saisi : (objet qui est « sujet » de l’objet apparaissant).
Ainsi, lorsque « l’objet saisi» (extérieur à moi) est jaune, il peut « m’apparaitre » d’une autre couleur. D’où le commentaire de Lobsang Tcheuki « en comparant l’objet saisi et l’objet apparaissant, on voit de quelle manière, un objet peut avoir un effet sur le mental » (ce qui me semble également applicable aux objets de la conscience mentale : perception représentative). Qu’en pensez-vous Marie ?
Mais…hormis qu’il soit composé (d’agrégats), quelle est donc la « perception du moi » de l’arya ? …« (même si) les objets perçus continuent à montrer une fallacieuse apparence de réalité, il (l’arya) n'est plus dupe ». Voulez vous dire que la réalité de l’arya ne serait qu’un reflet de ses karmas (école cittamatra) ou/et une conception...jusqu'à ce qu'il devienne aryabouddha ?
Une conversation entre bhikkhus, il y a quelque deux millénaires, est rapportée dans le Samyutta-nikâya et résumée ainsi par W.Rahula (dans L'enseignement du Bouddha p 92):
RépondreSupprimer"Ces moines demandent à Khemaka si dans les 5 Agrégats il voit un Soi ou quelque chose appartenant à un Soi. Khemaka répond "Non". Alors les bhikkhus disent que si il en est ainsi, c'est qu'il doit être un Arahant libéré de toute impureté. Mais Khemaka confesse que bien qu'il ne trouve pas dans les 5 Agrégats, un Soi ou quelque chose appartenant à Soi, "je ne suis pas un arahant libéré de toute impureté. Amis, en rapport avec les 5 Agrégats d'attachement, j'ai la sensation : "JE SUIS", mais je ne vois pas clairement: "ceci est JE SUIS." Puis Khemaka explique que ce qu'il appelle "JE SUIS"n'est ni matière, ni sensation, ni perception, ni formation mentales, ni conscience, ni quelque chose en dehors d'eux. Mais il a la sensation:"JE SUIS" en rapport avec les 5 Agrégats d'attachement bien qu'il ne puisse voir clairement "ceci est JE SUIS"
Il dit que c'est comme l'odeur d'une fleur qui n'est ni l'odeur des pétales, ni celle de la couleur, ni celle du pollen, mais l'odeur de la fleur.
De plus Khemaka explique que même une personne qui a atteint les premières étapes de réalisation conserve encore cette sensation de "JE SUIS". Mais plus tard, quand elle a encore progressé, cette sensation de "JE SUIS" disparaît elle aussi, de même que l'odeur chimique d'une étoffe fraichement lavée disparaît après un certain temps quand elle a été rangée dans un coffre.
Cette discussion fut si utile et si lumineuse pour eux, qu'à la fin de celle-ci, dit le texte, tous, y compris Khemaka lui-même, devinrent des Arahant libérés de toute impureté, s'étant ainsi finalement débarrassés de "JE SUIS"."
Ceci ne répond pas je crois à tes questions Patrick,dont à vrai dire je ne soupçonne qu'à peine les subtilités.
C'est une délicieuse conversation autour d'un sujet déconcertant, qui s'achève, une fois de plus, drôlement bien !
Puissions-nous être de l'étoffe de ses héros !
(correction: "...ou quelque chose appartenant à un Soi" à la 8eme ligne)
RépondreSupprimerLe parfum subtil de l'aphorisme romantique exhale d'effluves qui laissent en suspend un "je suis" insaisissable, évanescent. Mais... Elise, quel est donc le parfum de cette fleur, s'il n'est nul "je suis" pour l'humer ?
RépondreSupprimerAnjali !
RépondreSupprimerElle arrange les fleurs,
leur parfum imprègne ses vêtements