Dans le bouddhisme, à partir de quand n'est-on plus un laïc, mais un religieux ?
Selon le Vinaya, Cher Ivan, c'est à partir du stade appelé pravrajita en sanskrit, pabbajita en pali, rab tu byung ba en tibétain, shukke en japonais, etc.
Rab tu byung ba signifie littéralement "être devenu ... excellent" !
Toutes proportions gardées, bien sûr : par rapport à ceux qui demeurent englués dans les miasmes de la vie profane.
Le sens littéral de shukke est "quitter la maison", cad quitter sa famille - comme le Prince Siddartha le fit, pour atteindre l'Eveil suprême en vue d'accomplir le bien de tous les êtres.
L'entrée dans la carrière religieuse coïncide avec l'instant où l'Abbé (upadhyaya) coupe une mèche de cheveux du disciple.
Dès ce premier stade, le religieux assume 10 voeux, ou engagements, fondamentaux - cad fondamentaux pour tous les religieux y compris les bhikshu.
Puis viennent éventuellement, mais pas nécessairement :
- l'ordination mineure, de shramanera (dge tshul) / shramanerika (dge tshul ma) : aux dix voeux fondamentaux viennent s'ajouter 36 préceptes.
- l'ordination majeure, de bhikshu (dge slong) / bhikshuni (dge slong ma) : le nombre des préceptes varie en fonction des Vinaya. Par ex, selon le Mulasarvastivada-vinaya répandu dans la zone himalayenne (Tibet, Mongolie, Bhoutan, etc.) : respectivement 253 et 364 (mais la lignée de bhikshuni du Mulasarvastivada-vinaya est interrompue depuis des siècles).
- En ce qui concerne les moniales, il y a un étape intermédiare entre les ordinations mineures et majeures, en tant que shikshamana (48 préceptes)
Il est également possible de pratiquer le Dharma tout en conservant le statut laïque : bien des maîtres l'ont prouvé dans tous les pays où le bouddhisme s'est diffusé.
Pour ne citer que quelques exemples parmi les grands noms tibétains :
Domtönpa, Marpa ou encore Milarepa n'étaient pas moines.
Peut-être (mais simple supposition) que c'est justement avec ces 10 voeux de pravrajita (rab tou djong wa) que l'on en arrive à entendre parler de "novice" ? (toujours par erreur donc).
RépondreSupprimerCes voeux de pravrajita sont pris également pour la vie, ou pas forcement ? Car j'ai même entendu parler de "pré-novice" avec ces voeux là !
Les voeux-preceptes de pratimoksha se décline en huit "niveaux". Ce stade de pravrajita n'est pas nommé dans les huit. Mais alors, est-il sous-entendu avant Shramanera ? Comment considérer pravrajita par rapport à ces huit niveaux ?
merci !
Petite rectification, Cher Ivan :
RépondreSupprimeren fait, les 10 voeux sont pris pour toute la carrière religieuse, cad à vie, en tout cas selon le Mulasarvastivada-vinaya.
Du côté des Theravadin, il semble qu'il existe des possibilités de prendre des voeux pour les périodes limitées. De là sans doute certaines des confusion que vous évoquez.
Toujours est-il que, selon le Mulasarvastivada-vinaya, il faut avant tout devenir pravrajita.
Ensuite, les 36,253 ou 364 "voeux", ou plutôt "préceptes" / "règles", viennent en complément.
Et en aucun cas en remplacement.
Pourquoi le statut (et non le "stade") de pravrajita n'est-il pas cité parmi les huit niveaux de pratimoksha?
Réfléchissons ensemble.
Ce qui est totalement sûr est qu'il précède forcément celui de shramanera, car il constitue la base incontournable tant pour les shramanera que pour les bhikshu (idem au féminin, bien sûr).
En d'autres termes, les shramanera et les bhikshu sont encore et toujours des rab byung !
Comme l'état de rab byung inclut toute la carrière religieuse, pour en rendre compte dans les tableaux, on pourrait indiquer une première classification binaire : - laïcs ; - religieux. Ces deux catégories seraient ensuite resubdividées : 3 divisions pour les laïcs, et 5 pour les religieux.
Merci, en fait cela correspond à ce que j'avais appris.
RépondreSupprimerMais pour préciser, je crois qu'il est possible de recevoir directement les voeux de Guetsul,
et à ce moment là, j'imagine que dans le cadre de la même cérémonie, on reçoit les dix voeux de Rapdjoung, puis les 36 voeux de guetsul.
C'est cela ?
Mais sinon, par rapport à la classification en huit, je trouve toujours étonnant que les voeux de rapdjoung n'y soient pas inclus, comme un niveau à part entière, juste avant celui de Shramanera (même si, nous sommes d'accord, les bhikshu et shramanera restent bien aussi des rapdjoung).
Ce qui est dommage, c'est que du coup il y a soit confusion à propos de ces voeux de pravratija, soit tout simplement ignorance, on n'en parle carrément pas.
Mais il doit bien y avoir une raison que ce soit cette division en huit qui a été établit !
Autre chose :
Il y a des maîtres Tibétain qui donnent les voeux de sangtcheu guénièn pour une période limité, pas forcement pour toute la vie. Mais cela ne semble pas être conforme au moulasarvastivada-vinaya.
Tu confirme cela, Marie-Stella ?
Cher Ivan, Effectivement, au cours d'une seule et même cérémonie on peut entrer en religion, en prenant les 10 voeux, puis devenir shramanera.
RépondreSupprimerEn ce qui concerne le fait que des maîtres tibétains donnent les voeux de sangtcheu guénièn pour une période limitée, je ne sais pas. Il faudrait voir ça avec eux.
Je me demande ou et à partir de quel moment a commencée cette manière de prendre des voeux de sangtcheu-guénien sur une période limitée (pas pour toute la vie) ?
RépondreSupprimerIl y avait déjà cette façon de faire au Tibet ? Ou bien est-ce apparu avec l'arrivée des Tibétains en occident ?
Merci !