vendredi 18 juin 2021

Autrui est premier

 Avec qui que je sois où que ce soit,

Puissé-je me voir comme inférieur à tous,

Et aux tréfonds de mon cœur, les autres,

Puissé-je les chérir suprêmement !

 

Dans L’Entraînement de l'esprit en huit stances, le géshé kadampa Langri Thangpa Dorjé Séng-gé (1054–1123) exhorte à laisser la première place à autrui, en toutes circonstances.

Tel est l'exemple donné par tant de Maîtres dont l'humilité n'a d'égale que la simplicité. Pour n'en citer que quelques-uns : Domtönpa au XIème siècle, mes Maîtres aujourd'hui - Rinpoche, Genlags...

Exemple magnifique, mais ô combien difficile à suivre. 

 

Y parvenir requiert d'une part de bien réfléchir d'une part aux moult inconvénients millénaires de la tendance à se considérer (soi et les siens) comme sinon le centre du monde, du moins comme prioritaire, d'autre part aux multiples bienfaits de l'altruisme.

 

Les langues asiatiques aident à prendre du recul par rapport à "je" roi, en ce sens qu'elles comportent en général plusieurs niveaux de langage, de l'honorifique (envers autrui) au modeste (à propos de soi), en passant par le neutre (généralités, narrations objectives, etc.).

Ainsi, quand on s'adresse à ses Maîtres, à ses parents, à des aînés, etc., l'on est censé jongler entre les termes de politesse à leur propos, et les termes de modestie envers soi et assimilés.

 

Le Japon (et peut-être d'autres pays d'Asie ?) a la particularité de prôner les termes de modestie non seulement pour parler de soi, mais aussi des siens, y compris ses parents et autres proches - pas quand on s'adresse à eux, mais quand on parle d'eux.   

En revanche, au Tibet, si j'ai bien compris, on se doit d'utiliser à propos des parents des termes honorifiques dans les deux cas.

Deux cultures, deux sensibilités, deux visions des rapports entre les êtres.

 

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