vendredi 2 juillet 2010

Des perceptions 2

En réponse à Patrick, eh bien oui, seules des perceptions "mentales" peuvent appréhender les objets non matériels, tels que le non soi mais aussi l'amour ou encore l'impermanence : de tels objets échappent aux cinq sens.

Pour résumer, les objets que peuvent appréhender les perceptions visuelles, auditives, olfactives, gustatives et tactiles, peuvent aussi être appréhendés par des perceptions mentales. Ainsi pouvons-nous penser à une fleur, un chant d'oiseau, une mauvaise (ou une bonne) odeur, un fruit sucré, un tissu soyeux, etc.

L'inverse n'est pas vrai : pas mal d'objets de perceptions mentales, en fait tous les phénomènes qui ne sont pas concrets, ne sont pas du ressort des perceptions sensorielles. Ainsi ne pouvons-nous pas voir la vacuité, ni l'entendre, ni la sentir. "Seulement" y penser.

4 commentaires:

  1. Si nous ne pouvons pas voir la vacuité, ni l'entendre, ni la sentir, seulement y penser, comment pouvons nous la réaliser ? Si la vacuité n'est pas un objet de perception (sinon comme concept), puisqu'elle est l'essence du réel, donc de chaque chose, n'est-elle pas réalisable dans la perception d'un son, d'une odeur, d'une pensée ect....une perception non-duelle éclairée par buddhi ?
    Comme vous le voyez je me pose des questions confuses....mais , me direz-vous, y a qu'à y aller voir...

    Je m'interroge en fait sur "buddhi"distinct de "manas".

    RépondreSupprimer
  2. Si nous ne pouvons pas voir la vacuité, ni l'entendre, ni la sentir, seulement y penser, comment pouvons nous la réaliser ? Si la vacuité n'est pas un objet de perception (sinon comme concept), puisqu'elle est l'essence du réel, donc de chaque chose, n'est-elle pas réalisable dans la perception d'un son, d'une odeur, d'une pensée ect....une perception non-duelle éclairée par buddhi ?
    Comme vous le voyez je me pose des questions confuses....mais , me direz-vous, y a qu'à y aller voir...

    Je m'interroge en fait sur "buddhi"distinct de "manas".

    RépondreSupprimer
  3. "on ne réalise pas la vacuité", mais "on" (...c'est à dire un Arya!) a la compréhension directe du non soi. Ainsi, une "compréhension" (quelle qu'elle soit d'ailleurs) ne se voit, ne s'entend ni ne se sent...Cette perception mentale (de l'Aria) est dite "directe" c'est à dire sans l'intermédiaire d'une image mentale préalable ! (...à confirmer par Marie Stella, bien sur !)

    RépondreSupprimer
  4. A ce que j'ai cru comprendre, selon le système madhymamika prasangika (car pour parler de tels sujets, il importe de préciser à quel système philosophique on fait référence), tout existant présente deux aspects, ou encore deux plans : un plan conventionnel et un plan ultime.

    Le plan conventionnel d'une fleur consiste en sa forme, sa couleur, son odeur,etc. Le plan ultime de cette même fleur est la vacuité qui lui est relative (car par définition, il n'existe pas de vacuité absolue, seulement des vacuités afférentes à des phénomènes), c'est à dire l'absence de nature propre de cette fleur, ou encore l'absence d'existence en soi de cette fleur.
    De fait, la fleur existe - c'est indiscutable -, mais elle n'existe pas d'elle-même : elle est née de causes et de conditions. Elle a donc une existence relative (et dépendante). Elle n'a pas d'existence absolue (au sens d'indépendante de quoi que ce soit).

    Chez un être non encore Bouddha, il est dit qu'une telle propriété est objet de perceptions mentales, et en aucun cas de perceptions sensorielles.

    D'ailleurs, même dans des cas beaucoup plus faciles, quand nous voyons une fleur bleue, notre perception visuelle "photographie" la fleur bleue, mais elle n'est pas en mesure d'évaluer l'objet comme bleu.
    C'est une perception mentale consécutive à la perception visuelle qui "comprend" l'objet et le dénomme.

    RépondreSupprimer