lundi 17 janvier 2011

De la bienveillance des êtres à notre endroit

Pour réaliser l'esprit d'Eveil (bodhicitta), et ainsi devenir un bodhisattva qui souhaite désormais - spontanément - accomplir le bien de tous les êtres, amis, ennemis comme indifférents, il y a pas mal de marches à gravir.

Sur la base du renoncement au samsara, il faut développer amour et compassion à l'égard de tous les êtres sans exception. Ceci suppose d'avoir réalisé l'équanimité en les mettant tous sur un pied d'égalité (plus facile à dire qu'à faire) et aussi d'avoir pris conscience de tout ce dont on leur est redevable, soit quand ces êtres êtres ont été pour nous des mères attentives soit dans d'autres contextes,
ou plus exactement avoir pris conscience qu'on leur est redevable de tout.

En effet, nous n'avons rien, mais alors rien, qui ne nous vienne d'autrui. De notre corps jusqu'à nos connaissances, en passant par nos divers autres biens matériels, ou encore nos qualités.

Voici un poème bien de chez nous, qui décrit notre situation de totale dépendance à l'égard de la bienveillance d'autrui.
Merci à MTG de me l'avoir envoyé.

Un Songe
de René François Sully Prudhommme (1839-1907)

Le
laboureur m'a dit en songe : "Fais ton pain
Je ne te nourris plus : gratte la terre et sème."
Le tisserand m'a dit : "Fais tes habits toi-même."
Et le maçon m'a dit : " Prends la truelle en main."

Et seul, abandonné de tout le genre humain
Dont, je traînai partout l'implacable anathème,
Quand j'implorai du ciel une pitié suprême,
Je trouvais des lions debout sur mon chemin.

J'ouvris les yeux, doutant si l'aube était réelle ;
De hardis compagnons sifflaient sur leurs échelles.
Les métiers bourdonnaient, les champs étaient semés.

Je connus mon bonheur, et qu'au monde où nous sommes
Nul ne peut se vanter de se passer des hommes,
Et depuis ce jour-là, je les ai tous aimés.