Les notions de permanent et impermanent reviennent constamment dans les enseignements bouddhistes, car ce qui existe est soit permanent soit impermanent.
On qualifie de "permanent" tout existant qui "n'est pas de la durée de l'instant".
On qualifie d'"impermanent" tout existant qui "est de la durée de l'instant".
(Selon les sutras, l'instant est de la durée d'un 1/64e de claquement de doigts.)
Outre le fait que ces notions ne sont pas si simples que cela, le vocabulaire adopté en français est souvent source de malentendu.
On pourrait essayer de contourner la difficulté posée par le vocabulaire en adoptant une autre technique d'approche.
Soit deux notions opposées : a) dénommée en tibétain "Takpa" རྟག་པ་ et b) "Mitakpa" མི་རྟག་པ་ ("mi" étant une marque de négation).
Voyons maintenant à quels existants sont appliquées ces deux adjectifs, en commençant par le plus facile pour nous.
Quelques exemples de Mitakpa :
arbre, montagne, corps, individu, mot, année, esprit, naissance, mort, etc.
Plus généralement tout phénomène composé de parties / tout phénomène né de causes et de conditions / tout phénomène soumis à une destruction / tout phénomène capable de produire un résultat / tout phénomène capable de remplir une fonction
Quelques exemples de Takpa :
non-soi ; vacuité ;
cessation de la souffrance opérée par un arhat ou un Bouddha ; le fait
que vous ne soyez pas moi ; le fait que je ne sois pas vous, etc.
Point
commun entre les existants "takpa" ?
Ce sont autant de notions abordées sous un
angle négatif (par élimination). Il s'agit aussi d'existants qui ne sont
pas différents d'un moment à un autre, qui ne naissent pas de causes et
de conditions, qui ne remplissent pas de fonctions, etc.
Revenons aux phénomènes mitakpa.
Les phénomènes composés sont des phénomènes "instantanés", au sens qu'ils apparaissent et disparaissent à chaque instant. Ils naissent de causes et de conditions (antérieures à eux), et ils sont causes des phénomènes qui leur succèdent.
Or, la capacité de perception d'un être humain est relativement sophistiquée, mais pas au point de percevoir isolément un phénomène instantané.
Ce que nous percevons, ce sont donc des continuums de phénomènes, cad des ensembles de x instants de phénomènes causes et résultats de même genre, mais pas strictement identiques.
Par exemple, au fil des instants, un corps matériel vieillit.
Venons-en à l'esprit, ou plus globalement, au continuum mental (également appelé courant de conscience).
Par définition, un continuum mental est un ensemble composé de parties. Ce trait suffit pour le mettre dans la catégorie Mitakpa, mais poursuivons l'examen.
Un continuum mental est-il ou non capable d'accomplir une fonction ? Si oui, ce trait également entraîne qu'il relève des phénomènes Mitakpa. Or, il perçoit des objets, cad qu'il les reflètent et les appréhendent. Les bouddhistes disent même que c'est lui qui passe d'une vie à une autre, en véhiculant les empreintes engrangées au fil du temps. Un continuum mental est donc classifié comme Mitakpa.
Par le fait :
RépondreSupprimer- Impermanent : ce qui est en relation ou/et à l’échelle humaine
- Permanent : ce qui est en dehors du champ humain
Vous croyez ?
RépondreSupprimerIl me semble que "impermanent" s'applique à des propriétés "positives" de l'objet pris en compte (ce qu'il est) et "permanent" à des aspects "négatifs" (ce qu'il n'est pas).
Par exemple, le fait que je ne sois pas vous (et inversement) est "permanent", et c'est en relation ou/et à l’échelle humaine.
L’équivoque existe de part et d’autre :
SupprimerLorsque l’on évoque : « la vacuité ou le temps passé ou futur… » ces éléments sont définis comme des phénomènes existants, (« propriétés "positives" de l'objet pris en compte » ce qu'ils sont), n’est-ce pas ? Pourtant ces éléments sont répertoriés comme phénomènes permanents (c’est-à-dire « à des aspects "négatifs" (ce qu'ils ne sont pas).
A mon sens, il y a une part de dogme dans ces définitions. J’en veux pour preuve l’expression « pour les bouddhistes voici la définition de ….(ceci ou cela) ». Ce qui sous-entend « ce qui est vrai pour les bouddhistes » ne le seraient pas pour telle autre communauté voire pour telle(s) école(s) philosophique (s).
Une sorte d’arme de rivalité en gage de pouvoir politique ou/et religieux. Un outil de dualité.
Pourtant, ce qui « universel », est commun. (le soleil brille pour tout le monde).
"Pour les bouddhistes" est une expression contractée signifiant grosso modo :
Supprimer"selon les conclusions auxquelles sont parvenues les (ou des) bouddhistes après s'être livrés à étude-réflexion-méditation, en soulignant qu'ils ne prétendent pas que ce soit le seul point de vue possible, et encore moins l'expression de La (seule et unique) Vérité.
Effectivement, cela sous-entend que ce qui semble vrai aux yeux des uns n'apparaît pas forcément comme vrai aux yeux des autres, pour toutes sortes de raisons (karmas divers, facultés sensorielles et mentales diverses, opinions diverses, etc.).
Cf. Les quatre systèmes philosophiques du bouddhisme, leurs branches et sous-branches.
Est-ce là une attitude dogmatique ?
A mon point de vue (subjectif), non. Mais vous êtes tout à fait libre d'avoir un autre point de vue.
"Ce qui est « universel » est commun" : c'est un point de vue, tout à fait respectable (mais pas forcément ... universel).
La vacuité (vide de x ; absence de x) est classée parmi les existants, et plus précisément parmi les existants "négatifs" (et en aucun cas "positifs"), lesquels sont qualifiés de "permanents" pour diverses raisons et avec divers sens selon les systèmes philosophiques bouddhistes (mais pas avec le sens de "ni début ni fin").
Certes Marie-Stella et j'ai confiance en vous !
SupprimerCependant, le bouddhisme fut aussi, pendant un temps, l’instrument des pouvoirs !...
C'est gentil de me dire que vous avez confiance en moi, et je vous en remercie, mais je n'en suis pas digne.
RépondreSupprimerCe n'est pas de la fausse modestie, mais de l'honnêteté : je débute en la carrière. Je connais à peine une goutte d'eau de l'océan du Dharma.
Le blog a pour but le partage et le dialogue, entre amis. Ni plus ni moins.
Bien sûr que le bouddhisme, comme tout autre système de pensée, peut être détourné de son objectif et être dévoyé en instrument de pouvoir politique. Nous sommes dans le samsara ! C'est arrivé dans le passé, cela se produit dans le présent, et il serait étonnant que cela n'arrive plus dans le futur.
D'où l'importance accordée à la motivation, ainsi qu'à la vigilance et aussi à la transmission d'une lignée remontant au Bouddha.
..."la lignée" évoquée, n'était-elle donc pas un instrument du pouvoir politique ?
SupprimerJe ne sais pas. :-)
RépondreSupprimermoi non plus, mais au regard du contexte, je ne vois pas comment la lignée pourrait être en dehors de la sphère politico-religieuse ...Merci de votre sincérité
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