dimanche 6 janvier 2008

Les statues / 2

La plupart des bouddhistes installent chez eux, sinon un autel, au moins une représentation du Bouddha Shakyamouni, pour lui rendre hommage et lui présenter des offrandes.

Attention au vocabulaire ! On n'achète pas un tel objet. On l'invite !
Dans Tibet d'avant 1959, les artistes dignes de ce nom n'auraient jamais, au grand jamais, fixé un tarif. Ils se contentaient d'accepter l'offrande qui leur était remise, qu'elle couvre ou non les frais engagés. Lesquels sont souvent importants quand les statues sont dorées à l'or fin.

Sans doute à cause du climat local, glacial, les Tibétains aiment habiller leurs statues. C'est une offrande de vêtements, mais qui n'a pas de caractère obligatoire. Ne soyons pas plus royalistes que le roi (tendance fréquente de par chez nous...).




Autre coutume du Pays des neiges : emplir les statues de rouleaux de mantra. En tibétain, on dit : "offrir des dharani" (gzung phul).
J'entends souvent mes amis français parler de "charger" ds statues. J'ignore d'où leur vient cette expression, qu'à titre personnel j'évite : j'ai dû être militaire dans une vie antérieure, et pour moi, ce sont les fusils qu'on charge - de munitions.

Toujours est-il qu'offrir les dharani à des statues est un énorme travail, de spécialiste. Il ne faut surtout pas s'amuser à le faire soi-même, n'importe comment : on ne ferait qu'accumuler force démérites, par ignorance. Au mieux, on peut se proposer pour donner un coup de mains aux religieux compétents, pour quelques tâches, mais pas non plus n'importe lesquelles : certaines étapes sont exclusivement du ressort de personnes qualifiées (des moines).

En résumé, l'idéal est d'emplir la statue avant de la dorer. Cela facilite grandement la première étape qui consiste à laver soigneusement la statue. Une fois qu'elle est bien sèche, on la retourne tête en bas sur un tisu bien propre pour disposer à bon escient les rouleaux dûment préparés.

Lesdits rouleaux sont des bandes de papier safranées (offrande de parfum) sur lesquelles sont inscrits divers mantra .
On les enroule très serrés, parfois autour d'un bâtonnet d'encens si la statue à emplir est grande, puis on les consacre.
Il faut faire bien attention à disposer les mantra la tête en haut, et à les placer aux endroits adéquats : tête, gorge, épaules, tronc, jambes, socle. Ce travail exige savoir et savoir-faire, ainsi qu'une grand force physique : il s'agit de ne pas laisser d'interstices, et donc il faut faire entrer un maximum de rouleaux (à coups de maillet !) et caler avec des plantes médicinales et odoriférantes (surtout, éviter les poisons). Si on en dispose, il est permis et même conseillé d'ajouter des reliques émanant de grands personnages : cheveux ou petits morceaux de vêtements, etc.

Une fois la statue bien remplie de rouleaux de mantra, on ajoute encore quelques dessins de bon augure (roue, lotus, etc.) et on scelle le socle.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire