vendredi 4 janvier 2008

Méditation sur l'impermanence

"Point ne t'apitoie sur toi
Regarde ton cadavre de visage
Les stèles de tes dents de temple enfui
Tes yeux grenouilles privés de mare
Au vent blanchi des chevaux - cheveux
rebelles comme le Destin
Le piège des nuages inonde ton âme
Le clapotis des passions tressaute comme un squelette
Dans la lande de poussière
La lune n'est qu'un appât
Etre le chat
Qui marche sur la muraille de neige
Entre le Vide et le Plus Vide encore"


Poème composé par André FABRE dans le TGV vers Perpignan, le 16.12.04
* * *
S'il est une notion importante dans le bouddhisme, c'est bien celle d'impermanence , comme vous le savez.
Quand j'ai lu ce poème rédigé par l'un de mes chers professeurs des Langues'O, le Professeur émérite André Fabre, me sont aussitôt revenus en mémoire des bribes de chants entonnés par Jetsun Milarepa, quand il raconte que c'est par peur de la mort qu'il s'est enfui dans la montagne pour méditer, mais que désormais la mort peut venir : il ne la craint plus. Ou encore quand Milarepa souligne le fait quelque peu désagréable que notre cadavre n'est jamais bien loin de nous : il n'est autre que notre corps, privé du souffle vital.

Je profite de l'occasion pour rendre hommage à mes maîtres et professeurs, depuis l'école maternelle à aujourd'hui, et je suppose, jusqu'à ma mort.
Quand j'entends parler beaucoup d'autres personnes, de tous âges, qui se plaignent amèrement du corps enseignant, j'ose en général à peine prendre la parole, car en ce qui me concerne, je n'ai pour ainsi dire que des bons souvenirs... J'ai eu, je le confesse, d'excellents professeurs, dévoués et compétents.
Déjà, la directrice de l'école maternelle ! Nous l'aimions tant que les grands du C.P. que nous étions devenus se précipaient souvent dès la cloche de midi pour traverser un parc et quelques rues, et avoir le temps de la saluer à la sortie de la Maternelle quelques minutes plus tard (les Mamans n'ayant pas forcément le don d'ubiquité, les décideurs avaient aménagé intelligemment les horaires).

Quant aux Langues'O, qu'en dire, sinon que c'est là que j'ai rencontré Rinpoche ? D'où mon attachement éperdu à cette noble institution.
En section de japonais également, nous avons eu des enseignants remarquables, Asiatiques ou Occidentaux : Messieurs Mori, Origas, Fujimori ou Ninomiya pour ne citer que quelques noms. Et Monsieur Fabre.
Ce dernier enseignait principalement la langue et la culture coréennes - ses spécialités- , mais aussi la linguistique et la littérature japonaise classique. Et à ses moments perdus, l'informatique. Je l'ai donc retrouvé plusieurs fois dans des registres assez variés. D'aspect réservé, voire timide, il ne pouvait dissimuler longtemps son profond sens de l'humour, qui transparut pour nous dès le premier trimestre dans ses choix de textes pour nous entraîner à l'austère phonétique.
A la retraite depuis quelques années, il est retourné dans sa région natale, mais reste extrêment actif : si j'ai bien compris, il enchaîne conférences et publications, sans pour autant omettre l'essentiel : poésie et spiritualité.

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