Je viens de lire le petit mot de Fred (que je remercie de sa fidèle participation), et si je ne puis qu'être d'accord avec lui quand il dit souhaiter que les religieux aient à coeur de montrer l'exemple, sa remarque m'a inspiré quelques questionnements, qui partent un peu dans tous les sens.
"Ne pas montrer le mauvais exemple" équivaut-il exactement à "montrer l'exemple" ? J'ai comme l'impression qu'il y a une nuance.
Si la prise des voeux de bodhisattva est fondée sur l'altruisme, l'entrée en religion est fondée (si elle est authentique) sur le renoncement. Le renoncement est-il forcément associé à l'altruisme ?
Objectif : "Montrer l'exemple".
OK Mais comment ? Jusqu'à quel point ?
Imaginons quelqu'un qui montre l'exemple d'un vif renoncement.
Va-t-il être reconnu par tous comme un modèle à suivre et susciter une admiration unanime ?
J'ai franchement un doute - Cf. Jetsun Milarepa.
Cf. le Pasteur Vernier dont je vous ai naguère parlé, qui était un personnage extraordinaire, mais qui a soumis ses proches à de rudes épreuves : pas facile de vivre avec un saint quand soi-même on conserve des attachements ordinaires.
Marie-Stella, je réponds bien volontiers à ce beau billet "Montrer le bon exemple".
RépondreSupprimerTout un programme !
J'aurais envie de dire que ne pas montrer le mauvais exemple, c'est déjà s'abstenir d'agir négativement.
Pour un bouddhiste, ce serait de parvenir à maintenir sa vigilance et sa discipline morale. De ce point de vue, on pourrait dire que c'est quand même montrer le bon exemple. Non ?
En ce qui concerne l'objectif à atteindre, si objectif il doit y avoir, alors je ne serais pas loin de penser que celui-ci pourrait être considéré comme atteint lorsque inspiré par notre façon d'être et de faire, autrui a été en mesure de résoudre ses problèmes, de réduire ses perturbations mentales et d'éviter de commettre les actions jugées non vertueuses. Je prends, sur ce dernier point, l'exemple "ne pas tuer" : l'un de mes enfants (peut-être les deux d'ailleurs) a bien compris qu'une araignée pouvait avoir sa place dans la maison et que son bien être était tout aussi important que le nôtre. Le fait de me voir soucieux de ne pas lui marcher dessus ou de ne pas l'aspirer avec l'aspirateur a eu un écho favorable chez lui. Pour moi, c'est une grande satisfaction et je considère qu'une partie de l'objectif est remplie dès lors qu'il est maintenant d'accord pour prendre soin de la vie de ces petites bêtes trop souvent jugées indésirables.
Merci encore pour ces pistes de réflexions que tu nous donnes et pour les précieuses informations que tu nous fais passer.
Bonsoir à tous, bonsoir Marie-Stella ,
RépondreSupprimerje recouvre petit à petit votre blog avec intérêt et plaisir. J'y retrouve la même vivacité et fraicheur que j'avais apprécié dans "Dromteunpa, l'humble yogi ".
Je me demande si les hagiographies et autres récits biographiques sont destinés à donner l'exemple ? Je les aborde plutôt comme des récits édifiants et inspirants pour sa propre pratique,dans sa propre voie qui n'est pas celle de tous.
"Un exemple" implique l'idée d'imitation, de modèle à suivre... mais la voie exige bien plus que l'imitation d'une bonne conduite.
La discipline est nécessaire pour développer le calme, lui-même indispensable pour approfondir la vue, la connaissance de l'esprit - à l'aide d'une minutieuse introspection et d'une honnêteté intrépide, disent les intraitables Kadampas !
C'est souvent en commettant des erreurs que l'on renonce plus en profondeur et que l'on progresse dans la connaissance de l'esprit: Milarépa commence sa carrière dans le crime, et que penser d'Angulimâma, psycho-killer (repenti !) des Himalayas... Ainsi je pense que personne n'est indigne de son engagement tant qu'il fait de ses fautes une occasion d'approfondir son discernement et son renoncement. Si on est indigné par le comportement de quelqu'un c'est aussi une bonne occasion de s'interroger sur les raisons qui nous font penser à tort que tel personne serait indem des trois poisons.
Je ne pense pas que le renoncement (vous voulez dire le renoncement des moines et moniales ?) soit nécessairement associé à l'altruisme. Je crois que l'on parle de différentes motivations dans l'engagement sur la voie: pour soi-même, pour soi-même et autrui et pour autrui. Les maîtres mettent d'ailleurs en garde sur un altruisme prématuré:
"Pour le moment nous sommes loin d'avoir déraciné la saisie de l'égo, nous n'avons même pas maîtrisé notre esprit. Vouloir se consacrer aux autres dans de telles conditions est insensé c'est pourquoi les enseignements parlent de réalisation pour soi-même et de compassion pour autrui" Dilgo Khyentsé in Le trésor du coeur des êtres éveillés.
Je suis bien d'accord avec vous la fréquentation des saints ne doit pas être de tout repos ! Et quand on constate ce que des renoncements mineurs à certaines complaisances ou mondanités peuvent susciter comme réactions dans l'entourage on imagine ce que ça doit être pour d'intrépides renoncants !
Amicalement
Elise