Voyons, que faire pour pratiquer ?
S'adonner à de longues méditations ? Multiplier les prosternations et circumambulations ?
Faire force dons et offrandes ?
Mouais, pourquoi pas, mais de telles activités ne sont pas forcément des pratiques du Dharma. Pas si simple.
La frontière entre "pratique" et "non pratique" n'a rien, mais rien à voir avec les activités en tant que telles.
Comme d'habitude, c'est en tout et pour tout une question d'état d'esprit.
Tant que persistent "les apparences et l'attrait de cette vie" (tshe 'di'i snang zhen), en termes plus simples l'attachement aux choses de cette vie, notamment aux joies et privilèges, il n'est point encore de pratique.
La pratique débute à l'instant où l'attachement aux seuls plaisirs de cette vie est enfin mis en veilleuse.
Comme il faut bien commencer par quelque chose, en tant que débutant complet, comme on n'a pas encore réalisé ce premier aspect du renoncement, que faire en vue de générer une répulsion totale et entière à l'égard de ces leurres dangereux et pernicieux que constituent les bonheurs de la vie présente ?
Il faudrait s'astreindre à observer l'inanité desdits bonheurs.
Plus facile à dire qu'à faire - surtout en période de vacances.
NB Pas de malentendu, surtout. Le bonheur n'est nullement incriminé.
C'est l'attachement qui est mis en cause.
Ce billet me rappelle une histoire ancienne du temps des anciens kadampas, régulièrement rapportée au travers des enseignements.
RépondreSupprimerL'histoire d'un jeune moine qui désirait s'adonner à la pratique du Dharma mais qui ne savait pas vraiment comment s'y prendre.
Il commença à faire des circumambulations autour des stoupas de manière très concentrée et ceci longuement jusqu'à ce que finalement un maître kadampa qui le vit faire ainsi, lui demanda ce qu'il faisait au juste. Notre moine lui répondit qu'il pratiquait le Dharma en tournant autour des stoupas.
Certes, c'est bien de tourner autour des stoupas lui répondit le maître, mais il serait mieux que tu pratiques de manière authentique le Dharma, n'est-ce pas ?
Notre moine interloqué pris de doutes réfléchit un instant et pensa que la lecture des textes sacrés devait être la bonne méthode pour pratiquer le Dharma. Ce qu'il fit avec une grande attention.
Vint alors à nouveau le Maître Kadampa qui lui demanda ce qu'il faisait donc. Et bien, je pratique le Dharma répondit le moine : voyez, je lis des textes du Dharma.
D'accord, lui répondit le Maître, mais ne vaudrait-il pas mieux que tu pratiques le Dharma de manière authentique ? Sur ces bonnes paroles, il partit et laissa notre moine bien perplexe.
Celui-ci réfléchit à nouveau sur la manière de pratiquer et dans un grand élan, se mit à méditer dans la posture appropriée. Mais bien sûr que oui, pensa-t-il, la méditation est la manière de pratiquer le Dharma !
Pendant qu'il méditait bien sagement, le Maître Kadampa qui l'aperçut se rapprocha de lui et lui demanda finalement ce qu'il faisait donc. Et bien, je pratique le Dharma : voyez comme je médite.
Bien, bien, répondit le Maître, mais ne devrais-tu pas pratiquer le Dharma de manière authentique ?
Là, notre moine, complètement désarçonné, donna sa langue au chat et pria le Maître de bien vouloir lui expliquer ce qu'une pratique authentique du Dharma signifiait donc. Car si ce n'est pas faire des tours autour des stoupas, ni de lire des textes sacrés, ni même de méditer, qu'est-ce donc à la fin ?
Le maître Kadampa lui répondit que la véritable pratique était de trancher son attachement.
Tout un programme donc.
Une histoire à garder en tête et qui peut nous aider à rester humble.