samedi 7 août 2010

Mort et naissance

Les 12 liens interdépendants (loi de production conditionnée - Skt. pratîtyasamutpada), points ô combien fondamentaux dans le bouddhisme, décryptent entre autres les relations, parfois surprenantes, entre les karma et leurs résultats.

Vous connaissez, je suppose, les douze liens.
Toute série de 12 liens commence avec l'ignorance, qui pousse dans une vie x à accumuler un karma d - souillé par elle, et éventuellement par d'autres facteurs perturbateurs. Cela aboutit, dans une vie y ou z - car une série de 12 liens ne peut en aucun cas se dérouler en une seule et unique vie - à une nouvelle naissance déterminée par ce karma d, à la condition sine qua non que ledit karma ait été porté à maturité par la soif * et l'avidité** (encore et toujours l'attachement).

L'enchaînement vaut le coup d'oeil.
Par exemple, selon cette vision typiquement bouddhiste des choses, quand un karma introducteur à une nouvelle naissance dans le samsara est venu à maturité, il ne peut plus ne pas donner son résultat : cette nouvelle renaissance, ce qui entraîne la fin de la naissance en cours - la mort, pour parler clairement.
Ainsi, ce n'est pas parce qu'on meurt qu'on renaît. C'est parce qu'on a à renaître qu'on meurt (il y a bien sûr d'autres facteurs qui interviennent, tels que l'éventuel épuisement du karma b qui avait déclenché cette naissance x).
"Amusant", non ?
Les effets de l'attachement seraient passionnants s'ils n'étaient pas aussi dramatiques.

Toujours est-il que c'est pour des raisons de ce genre que le Bouddha a enseigné que, au sein des innombrables maux du samsara, le pire est la naissance, car elle est porteuse du reste.
On retrouve par conséquent cette présentation des choses dans les traités bouddhistes, y compris les lamrim.

* Par convention, on appelle "soif" (tib. sred pa) l'attachement qui porte sur les sensations (souillées, bien sûr), agréables, désagréables ou neutres.
** Par convention, on appelle "avidité" (
tib. len pa) l'attachement consécutif à la soif et qui qui porte sur d'autres objets que les sensations.

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