dimanche 24 avril 2022

Les deux manières d'exposer le lamrim

Des grandes universités bouddhistes de l'Inde ancienne, nous viennent deux manières d’exposer le Dharma : 

* Au travers des trois puretés à Nalanda 
- la pureté de la parole du maître, 
- la pureté de l’esprit du disciple 
- la pureté de l’enseignement exposé.

* Au travers des quatre grandeurs à Vikramashila où les pandits (dont Atisha) accordaient une grande importance à d’abord souligner les trois  premiers points : 
- grandeur de l’auteur de l’Enseignement, 
- grandeur de l’Enseignement
- manière de l’exposer et de l’écouter
- manière de guider les disciples au moyen de l'instruction à proprement parler.

vendredi 8 avril 2022

De l'art de tirer parti de toutes circonstances

Comment transformer maladies et autres circonstances en voie d'éveil
par Gyalsé Thogmé Zangpo (1295-1369)

 Namo Guru !
 
Ce corps que je possède comme les autres, cet amas illusoire,
S'il est malade, qu'il le soit ! De cette maladie, je me réjouis !
Elle balaie mon karma négatif du passé ;
Et les diverses pratiques du Dharma, après tout,
Servent à purifier les deux obscurcissements.

Si je suis en bonne santé, soit ! Je m'en réjouis !
Avec un corps et un esprit à l'aise,
La pratique de la vertu s'intensifie ;
Et ce qui donne du sens à cette vie humaine, après tout,
Est de tourner actes, paroles et pensées vers le bien.

Me voilà sans fortune, soit ! Je m'en réjouis !
Point du souci incessant de la garder et de la protéger !
Les disputes et les conflits quels qu'ils soient
Viennent, pour sûr, de s'attacher aux biens et aux richesses !

Me voilà riche, soit ! Je m'en réjouis !
Pour augmenter mon accumulation de mérites, rien de tel !
Tout ce que l'on trouve de bonheur, maintenant et dans le futur,
Est, pour sûr, le fruit du mérite !

Si je dois mourir bientôt, soit ! De la mort, je me réjouis !
Si l'adversité ne me barre pas la route,
Aidé par les habitudes positives que j'ai accumulées,
Je rejoindrai, pour sûr, le chemin infaillible !

Si je reste en vie longtemps, soit ! D'être en vie, je me réjouis !
La graine de l'expérience, une fois éclose,
Nourrie sans faiblir par le soleil et la pluie des instructions,
Finira avec le temps par porter ses fruits.
Ainsi, quoi qu'il advienne, entraînons-nous à nous réjouir !

En réponse à un guéshé Śākya qui demandait ce qu'il faut faire en cas de maladie, moi, le moine Thogmé, qui disserte sur le Dharma, j'ai exposé ces façons d'amener maladies et autres circonstances sur le chemin spirituel.
 
Sarva maṅgalaṃ !
 
| Traduction anglaise par Adam Pearcey, 2007. Rédigée par Phillippa Sison. Revue en 2012.
| Traduction française établie sur la base de l'anglais, Comité de traduction française Rigpa, 2013.

mercredi 6 avril 2022

La voie qui mène à la libération

 Extrait d'un Enseignement de Genlags (2 novembre 1981)

Lorsque l'on parle de voie qui mène à la libération, il ne s'agit pas d'une route carrossable, ni de rien de matériel extérieur à nous. La voie est par nature "pensée", "état d'esprit". Toute la voie est en fait une suite d'améliorations mentales, ou encore spirituelles.

Comment entrer sur la voie ?

Il s'agit tout simplement qu'en nous se manifeste spontanément le désir d'obtenir la libération et il faut que ce désir soit désormais aussi naturel pour nous qu'actuellement le sont la colère ou l'attachement. Lorsque nous nous mettons en colère, nous n'avons pas besoin de passer des heures à réfléchir pour en prendre la décision ; cela vient tout seul, même si nous ne le voulons pas. Il faut que l'aspiration à la libération devienne tout aussi spontanée.

Une fois l'aspiration à la libération devenue pour nous spontanée, nous serons entrés sur le chemin, sur la voie. La première étape, c'est le chemin de l'accumulation. Lorsque l'on atteint le chemin de l'accumulation, on peut se réjouir à juste titre, car c'est très bien. On n'a pas encore obtenu la libération complète du samsara, mais on est proche du stade (chemin de la préparation) où on ne courra plus aucun danger de retomber dans les existences défavorables. 

Chaque chemin comporte plusieurs niveaux. Lorsque l'on arrive au deuxième niveau du chemin de l'accumulation, on ne peut plus voir ses qualités se dégrader, on ne peut plus que progresser. Donc, une fois que l'on est parvenu à ce stade, il n'y a plus de danger de régresser et donc plus d'inquiétude à se faire ; on peut continuer tranquillement.

Une autre caractéristique de la voie est que, dès que l'on a obtenu un renoncement (dégoût) spontané au samsara, toutes les actions - favorables - même minimes sont de la substance, ou encore de la nature de la voie. Ce sont autant de pratiques authentiques du Dharma et qui concourent à la libération.

La voie est composée de cinq étapes, de cinq chemins :

·      Le chemin de l'accumulation,

·      Le chemin de la préparation,

·      Le chemin de la vision,

·      Le chemin de la méditation,

·      Le chemin au-delà de l'entraînement.

C'est un peu comme un cursus scolaire, où l'on passe de classe en classe. 
Ici, il s'agit de passer de niveau spirituel en niveau spirituel, en nous améliorant continument et en diminuant le nombre de nos défauts, lacunes et imperfections, jusqu'à les éradiquer totalement.

La voie qui culmine en l'Éveil

 Le lamrim = les étapes de la voie qui culmine en l’Éveil

 

Nous ne voulons pas de la souffrance, et nous aspirons au bonheur.

Dans les faits, nous subissons souvent des souffrances et nous n’obtenons pas les bonheurs souhaités.

 

Est-il ou non possible de remédier à cette situation ?

Oui, selon le Bouddha – qui est parti de ces mêmes observations, a beaucoup pratiqué et accompli un chemin qui l’a mené à l’Éveil.

Ensuite, à la demande de certains, il a expliqué son expérience. Libre à chacun de lui emboîter ou non le pas.

 

Si nous sommes intéressés, que faire ?

 

1)    Vérifier que la méthode, ou encore l’instruction, envisagée, à savoir ici lamrim, trouve bien sa source en le Bouddha, puis qu’elle a été transmise de génération en génération jusqu’à nos jours, en permettant à bon nombre de pratiquants de progresser, voire de parvenir au but.

 

NB Le lamrim est une instruction du mahayana, qui explicite en fait le soutra de la sagesse. Il s’adresse donc à des pratiquants bouddhistes qui aspirent à l’Éveil.

 

2)    Quelles sont les spécificités de l’instruction du lamrim ? Elle comporte 4 grandeurs.

 

3)    Précautions à prendre pour qu’elle nous soit utile : 

Comment l’écouter, ou l’exposer. Ne pas oublier la dédicace.

 

4)    L’instruction elle-même

    a)     Premièrement, chercher et trouver un instructeur, un guide, bref un maître.

 

    b)    Vérifier si nous avons ou non les conditions voulues pour progresser.

 

    c)     Priorité : tout faire pour éviter d’éventuelles renaissances infortunées : étapes de la voie communes avec les pratiquants de motivation inférieure.

 

    d)    Pas suffisant, car le samsara est horrible => il faudrait plutôt viser la libération complète : étapes de la voie communes avec les pratiquants de motivation moyenne.

 

    e)    Oui, mais nous ne sommes pas seuls => abandonner les autres êtres du samsara serait faire montre de la pire ingratitude, pour de multiples raisons.

Il faut en fait viser l’Éveil de Bouddha, niveau indispensable pour accomplir le bien d’autrui et soi-même.

 

    f)      Comment faire ? Réaliser l’esprit d’Éveil, s’entraîner aux conduites de bodhisattva, et ainsi devenir Bouddha : étapes de la voie des pratiquants de motivation supérieure.

 

 

 

 

Quatre perceptions erronées typiques du samsara

Pour tirer parti du support précieux, mais éphémère, d'une naissance humaine dotée des huit attributs et des dix libertés et avancer sur la voie menant à l'éveil, il importe de repérer, puis surmonter quatre obstacles majeurs constitués par quatre perceptions erronées qui appréhendent le contraire de la réalité (conventionnelle, bien sûr) :

1 - Percevoir comme permanent ce qui est impermanent.

2 - Percevoir comme du bonheur ce qui est souffrance.

3 - Percevoir comme propre (pur) ce qui ne l'est pas.

4 - Percevoir un soi inhérent là où il n'y a que vide de toute entité inhérente.

Conseils de Naropa à Marpa

Naropa prodigua de précieux conseils à son fils (spirituel) Marpa, 

juste avant que celui-ci ne s'en retourne au pays. 

En voici un aperçu :


Ô Marpa - Traducteur du Tibet,

Ne laisse pas les huit principes mondaine diriger ta vie.
Ne dissocie pas « je » et « autrui » ; ne saisis pas sujet et objet.
Ne distingue pas amis et ennemis.
Ne déforme pas les Enseignements d’autrui.
Écoute et réflexion sont les lampes qui dissipent les ténèbres ;
Ne te laisse pas piéger sur la voie excellente de la libération.
Jadis, nous avons été maître et disciple,
Souviens-t-en plus tard et ne le renie pas.