mercredi 31 janvier 2024

Zanskar

 Les photos et le film sont sans doute jolis et pourquoi pas inspirants.




jeudi 25 janvier 2024

Vie humaine disponible et qualifiée

Il est souvent dit, lors des enseignements bouddhistes, que nous devrions nous réjouir d'avoir une vie humaine "disponible et qualifiée", et qu'il serait extrêmement regrettable de ne pas en tirer parti pour progresser - sur le plan spirituel, bien sûr.

 Qu'entend-on par là ?

    * Notre vie humaine est "disponible" : du fait qu'elle échappe à 8 non-libertés (4 types de naissances non-humaines, 4 types de naissances humaines moins favorables - sous-entendu pour pratiquer le Dharma), elle comporte 8 libertés, ou encore 8 disponibilités (il y a également deux mots en tibétain) :
 

1) Ne pas être né dans les enfers ; ne pas être né comme preta (esprit avide) ; ne pas être né comme animal ; ne pas être né comme déité à longue vie.
2) Ne pas être né dans un pays où le Dharma ne serait pas enseigné ; ne pas être né à une époque où aucun Bouddha n'est apparu ; ne pas avoir de facultés déficientes ; ne pas entretenir de vues fausses.

 

* Notre vie humaine est "qualifiée" (pour pratiquer le Dharma) si elle comporte 10 attributs (ou encore atouts) : 5 intérieurs à soi, 5 extérieurs à soi.

Les cinq attributs personnels : être né humain ; être né dans un pays "central" (où le Dharma est répandu) ; jouir de facultés intactes ; être exempt des cinq actes les pires (avoir versé volontairement le sang d'un Bouddha, avoir tué un arhat, son père, sa mère, avoir suscité un schisme dans la communauté monastique) ; avoir confiance dans le Dharma

 

Les cinq attributs extérieurs : venue d'un Bouddha ; exposé de l'Enseignement ; pérennité de l'Enseignement ; existence de disciples appliquant l'Enseignement ; entourage favorable à la pratique.


vendredi 19 janvier 2024

De la pudibonderie

Importante question de société. Cela donne matière à réflexion...

" TRIBUNE de l'écrivain Grégory Le Floch, dans l’Obs

Lettre à mes élèves d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

Quand j’avais votre âge, je souhaitais déjà devenir professeur car je savais que je m’épanouirais aux côtés de ceux qui ont l’âge des grands emballements, des grands enthousiasmes qui vous font plonger des mois durant dans les Rougon-Macquart ou les romans des sœurs Brontë. Etre professeur, c’est être dans le cœur de ce qui est important, dans le bouillonnement.

Mais parmi vous monte quelque chose qui m’inquiète et contre lequel je bute, quelque chose de bruyant et qui hurle : tout sera bientôt impossible. Je l’ai vu presque partout, dans tous les établissements où j’ai enseigné : une morale rabougrie et aveugle, qui n’est ni de votre âge ni de notre siècle. Nul besoin de fréquenter une école pour le savoir. Le phénomène est si important dorénavant qu’il est dans la presse depuis quelques années. Dernier événement en date : une professeure de français diffamée et accusée d’islamophobie, pour avoir montré un tableau du XVIIe siècle peint par Cavalier d’Arpin [de son vrai nom Guiseppe Cesari, NDLR] représentant Actéon qui surprend Diane et ses nymphes, nues, au bain.

Cet incident n’est pas anecdotique. Il témoigne d’un mouvement profond qui transforme le rapport de certains élèves à l’art. Ce changement, je l’ai moi-même observé dans mes classes au cours de mes treize années d’enseignement au collège et au lycée. Pour que ceux qui n’ont pas un lien concret et direct avec l’école d’aujourd’hui sachent réellement de quoi je parle, voici quelques faits bruts qui me restent en mémoire :

Je montre un épisode d’une série documentaire (« les Grands Mythes » narrés par François Busnel) : des élèves se cachent les yeux aussitôt qu’apparaît à l’écran le dessin d’une déesse nue. Sur leur visage : indignation et dégoût.

Des élèves de terminale m’expliquent dans leur dissertation qu’ils regrettent que Flaubert n’ait pas été condamné lors de son procès de 1857 pour outrage aux bonnes mœurs. S’ils le pouvaient, ils interdiraient aujourd’hui « Madame Bovary ».

Des élèves me disent que je suis « sale » parce que j’ai lu « la Religieuse » de Diderot dont je leur résume l’argument.

Des élèves s’offusquent de voir des personnages de prostituées chez Maupassant, Zola, Hugo.

Un élève menace de me dénoncer à son père parce que nous lisons et étudions en classe une scène de « Roméo et Juliette » où les deux amants s’embrassent.

Une élève refuse de regarder un dessin de Man Ray illustrant un poème de Paul Eluard dans « les Mains libres » car il représente une femme nue. Jusqu’à la fin du cours, afin de le dissimuler à sa vue, elle couvrira le dessin de sa main.

Une obsession de la pureté

Que me disent ces élèves pour justifier leur réaction ? Le sujet de l’œuvre étudiée est tout simplement et incontestablement immoral. Il heurte leur sensibilité, leur pudeur, leur religion. Etais-je donc insensible, impudique et dévoyé, moi qui lisais ces œuvres au même âge qu’eux ?

Autre fait parlant : la première fois que l’on m’a confié des terminales littéraires, j’ai voulu leur faire découvrir les grands musées parisiens. Le projet reposait sur le volontariat. Rien de formel : tout était libre. Nous avons commencé par l’Institut du Monde arabe, mes élèves furent au rendez-vous et ce fut un succès réjouissant. La conversation après la visite m’a montré des élèves curieux et intéressés. La semaine suivante, au tour du Musée d’Orsay. Mais à l’heure convenue, il n’y eut qu’une maigre poignée d’élèves (dans mon souvenir, deux). Le lendemain, en classe, j’eus l’explication : ils avaient vu sur internet que le Musée d’Orsay exposait des statues de femmes nues. Rédhibitoire.

Ces élèves n’étaient ni insolents ni perturbateurs, ils avaient même un assez bon niveau. Mais face à ce refus de voir et de lire, j’avais beau argumenter, expliquer qu’il s’agissait de représentations et de fictions, j’échouais systématiquement. A leurs yeux j’étais perdu, perverti.

Une partie du programme proposé par l’Education nationale était à leurs yeux indécente et, disons le mot, pornographique. Je me souviens qu’une élève de terminale est venue me trouver à la fin d’un cours sur le surréalisme pour me dire qu’elle priait pour moi. Mon âme était condamnée. La leur était sauvée.

Mais dans ma chute en enfer, je comprenais certaines choses.

Il y a parmi ces élèves une obsession de la pureté et, de facto, de la souillure qu’ils traquent partout, même où elle n’est pas. On ne doit, selon eux, ni penser le corps ni penser son langage particulier. L’idéal dont ils rêvent : un monde expurgé de tout désir apparent. Les conséquences sont considérables. Pour moi, c’est la censure. Pour eux, c’est bien pire : une négation du corps, un refoulement du désir, une incapacité à se comprendre soi-même. Qu’adviendra-t-il de ces jeunes femmes et jeunes hommes vivant avec un tel impensé de ce qui bouillonne en eux ? La littérature n’est-elle pas tout occupée à fouiller, modeler, éclairer les forces étouffées qui nous travaillent ? N’est-ce pas grâce à elle que nous parvenons à mieux nous comprendre, à mieux nous maîtriser ?

Leur bigoterie est redoutable car elle n’est ni honteuse ni dissimulée. Elle se revendique fièrement, bruyamment. Ce refus de voir et de lire est bavard, il dit : « Je suis pur et vous êtes corrompu. » Il dit : « Je m’élève et vous vous abaissez ». Il opère un retournement : le professeur est sermonné, remis dans le droit chemin, catéchisé par ses élèves qui prennent le pouvoir. « On ne montre pas ça, on n’écrit pas ça, on ne peint pas ça. Tirez le rideau sur ces pulsions. Cachez ! Cachez ! Cachez ! »

N’édulcorons pas, ne coupons pas, n’ayons pas peur

Ce qui m’inquiète le plus n’est pas ce retour à un ordre moral. La littérature en a affronté d’autres. Peut-être même a-t-il le mérite de revivifier des œuvres dont nous avons aujourd’hui du mal à percevoir la dimension scandaleuse de leur genèse. Non, ce qui m’alarme est ce nouveau rapport à la littérature qui s’installe : littéral, religieux, refusant l’interprétation. La littéralité signifie la mort de la littérature. Pour ces élèves, ce qui est écrit doit être vrai et se donner pour modèle aux lecteurs. La littérature deviendrait un édifiant manuel de bonne conduite, un guide de développement personnel, une suite de préceptes moraux et religieux. Car surtout la littérature ne doit pas gêner. C’est une vision arrangeante voire complaisante de la littérature que ces élèves nous proposent

Alors que faire ? Une seule solution : réaffirmer ce qu’est ou doit être la littérature, c’est-à-dire un art qui par essence remet en question, déstabilise et bouleverse le lecteur. Un art qui s’épanouit en dehors de toute considération morale et qui ne flattera jamais les illusions ni les préconçus. Car la littérature ne cajole pas, elle désaxe, décentre, désosse le lecteur pour lui permettre de penser autrement, contre lui-même, en entrant dans la pensée d’un autre.

Nous, professeurs, plongeons nos élèves dans Baudelaire, Brontë et Kafka. Lisons avec eux les tragédies antiques. Suscitons l’émoi, le désir, le frisson. Eduquons-les à voir et comprendre ce qui grouille et se soulève en eux lorsqu’ils aperçoivent la représentation d’un corps nu, lorsqu’ils lisent la vie de Fantine ou de Nana. N’édulcorons pas, ne coupons pas, n’ayons pas peur. Réaffirmons sans cesse les droits de la fiction, le pouvoir de l’imaginaire, le rôle transgressif des textes. Préservons l’espace de liberté qui s’ouvre à nous lorsque nous lisons.

Je m’adresse pour finir à mes élèves d’hier, d’aujourd’hui et demain : en classe nous vous faisons lire des textes qui vous transformeront nécessairement. C’est ainsi qu’opère la littérature, elle vous extirpe de vous-mêmes, de votre monde, de votre morale. Cela peut faire peur, je le comprends très bien : on ne quitte pas un univers familier pour l’inconnu si facilement que cela. Il y a une violence nécessaire à grandir, mûrir et abandonner ce en quoi l’on croyait. Mais il y a surtout un plaisir immense à éclore sous une nouvelle forme. Car voici notre rôle : vous permettre un mouvement intérieur de l’esprit et de l’âme. Et ce mouvement d’éclosion, cet accouchement de vous-mêmes, ne viendra que grâce aux savoirs que nous vous enseignons, que grâce aux arts auxquels nous vous initions. Ne croyez pas les fanatiques et les obscurantistes qui vous disent le contraire, ils vous mentent. Ce mouvement, nous devons vous l’imposer car lui seul permettra ce que votre nom d’élève vous a promis dès lors que vous êtes entrés dans une école et que nous nous sommes rencontrés : vous élever au-dessus de vous-mêmes.

Né en 1986, Grégory Le Floch est professeur de lettres et écrivain. En 2020, il publie son premier roman « De parcourir le monde et d’y rôder » (éd. Christian Bourgois). Suivent en 2023 « Gloria, Gloria » chez le même éditeur et « Eloge de la plage » aux éditions Payot & Rivages. Il préside la Société des Amis de Gabrielle Wittkop."

 

Bases du bouddhisme (cours en anglais)

 The Foundation Study Program ("FSP")

 Cours (en anglais) par Zoom toutes les  2 semaines

Thèmes : 

Introduction Le bouddhisme : science de l'esprit

Le mental et les facteurs mentaux

Allocution d'ouverture par Rinpoche (enregistrée début janvier 2024)



mardi 16 janvier 2024

Losar 2024

Le  Nouvel An tibétain (Losar), célébré le samedi 10 février 2024, marquera l'entrée dans l'année du dragon de bois.


La fête des "miracles" ཆོ་འཕྲུལ་དུས་ཆེན་  du 15e jour du 1er mois coïncidera avec le 24 février 2024.

lundi 15 janvier 2024

Dur dur de devoir aller au boulot !

Alors qu'il nous donnait un enseignement sur la patience, Khyongla Rato Rinpoche (1923-2022) nous fit part d'une expérience personnelle :

"Eh bien, oui, ce n'est pas toujours facile de faire montre de patience. Mais c'est nécessaire.
Ainsi, moi, à mon arrivée aux Etats-Unis, il a bien fallu que je me cherche un job pour ne pas mourir de faim. Le premier me plaisait beaucoup : j'ai été liftier dans un grand immeuble d'affaires, et je n'avais qu'à appuyer sur le bon bouton, celui qui correspondait à l'étage qu'on me demandait. Voilà qui était dans mes cordes.

Mais le second ! L'horreur. J'avais été engagé pour regarnir les rayons dans un magasin - jusque là, ça allait. Mais le chef de service était quelqu'un d'épouvantable. Une vraie terreur pour les malheureux employés, dont moi. Mais j'avais besoin de travailler. Alors, pendant des mois, chaque matin, avant de partir, je suis monté sur la terrasse de l'immeuble où j'habitais dans une minuscule pièce, et j'ai prié, prié avec ferveur les Bouddhas des dix directions, et surtout Tara la Libératrice, de m'accorder toute leur bénédiction pour que je ne perde pas patience.
C'est que je suis d'un tempérament assez vif, vous savez. Mais si je me laissais aller à répliquer à ce Monsieur, j'étais viré sur le champ. Je ne pouvais pas me le permettre.

Grâce à l'aide des Trois Joyaux, et en développant chaque matin une motivation puissante, puis en restant vigilant, j'ai réussi à tenir. 
Comme quoi on peut y arriver, croyez-en mon expérience."

samedi 6 janvier 2024

De l'incertitude de la durée de vie

 et du moment de la mort.




lundi 1 janvier 2024

Premier jour de l'an 2024

 Puisque c'est l'usage : "Bonne et Heureuse Année !" 

Ou plutôt "Meilleure Année !"

En société tibétaine, c'est le moment ou jamais de dire "Tashi délég" བཀྲ་ཤིས་བདེ་ལེགས་, expression naguère réservée aux grandes occasions, dont le Nouvel An.

Au fait, qu'est-ce que ça veut dire, "tashi délég" ? 

བཀྲ་ཤིས་ "Tashi" évoque et englobe tout ce qui est favorable ou encore de bon augure. 

Ce mot est donc couramment utilisé en tant que nom de personne (mixte).


བདེ་ "Dé" est traduit en général par "bonheur", ce qui embrasse un vaste champ sémantique, allant des bonheurs ordinaires et profanes au bonheur suprême de l'Éveil.

ལེགས་ "Lég" : ce qui est "bien", voire "excellent".