Hier soir, au Forum à Paris, Enseignement de l'Abbé actuel de Drepung Gomang Datsang, originaire de l'Amdo.
Comme prévu, j'ai eu du mal à le comprendre.
Comme pas du tout prévu, j'ai eu un coéquipier : Thupten Gyatso, président de la Commauté tibétaine de Paris, et surtout originaire également de l'Amdo, et ancien moine de Gomang Datsang.
Nous avons commencé par une prestation en duo, puis Thupten a préféré continuer et conclure en solo.
Grand soulagement pour moi.
Intéressant pour les auditeurs, je crois.
Cela m'a mis en joie, pour plusieurs raisons trop longues à relater ici, et cela a fait remonter un souvenir de jeunesse :
en 1980, je m'étais déjà trouvée dans un cas de figure analogue.
C'était lors d'un séjour de Kyabje Ling Dorjechang, le dernier hélas, à l'Haÿ-les-Roses, chez Rinpoche.
Par l'intermédiaire de Geshe Lobsang Tengye, Kybje Ling Rinpoche avait été invité à la Pagode Linh Son, à Joinville le Pont.
Je lui avais déjà servie de traductrice plusieurs fois, mais dans le cadre d'entretiens privés.
C'était une première pour un exposé public.
Handicaps supplémentaires pour le cheval que je suis (NB selon l'horoscope asiatique : rassurez-vous, je ne me prends pas pour un équidé.) :
* on m'avait placée non pas à côté, mais devant le Tuteur Senior, en lui tournant le dos - pas très traditionnel selon les canons tibétains ;
* Rinpoche était certes à côté de moi, pour m'aider en cas de difficulté, mais ... Rinpoche était debout, alors que j'étais assise - toujours pas très conforme à nos usages.
* La Pagode était comble ; beaucoup de personnes étaient debout, faute de sièges en nombre suffisant.
Bref, j'étais tout sauf à l'aise. Et pas du tout sûre de moi (doux euphémisme).
Aux premières phrases énoncées par Kyabje Ling Rinpoche, j'ai prudemment préféré me tourner vers Rinpoche pour avoir confirmation de ce que j'avais cru comprendre.
Or, parmi les personnes debout, il y avait Bruno, un jeune Français qui à l'époque était moine au centre Tharpa Choeling du Mont Pèlerin, auprès de Geshe Rabtenlags.
Voilà notre Bruno, sans doute agacé de mes atermoiements, qui s'empare du micro et se met à traduire. Avec assurance, contrairement à moi - qui n'étais pas mécontente d'être délivrée de la torture de l'interprétariat.
Kyabje Rinpoche me fit signe plusieurs fois de reprendre le micro, mais j'aurais dû l'arracher à Bruno, et - autant l'avouer - je n'en avais guère envie. Ni la force, je suppose.
J'ai ainsi passé les deux heures assise aux pieds de Kyabje Ling Rinpoche, quasiment blottie contre ses genoux bienveillants, face à l'assistance, et sans plus rien avoir à dire.
Un grand moment !