mardi 28 janvier 2020

Les trois catégories d'existants selon le système cittamatra

Après avoir manifesté l'obtention de l'Eveil à Bodhgaya, le Bouddha a consacré le restant de sa vie - environ 45 ans - à dispenser ses précieux Enseignements, qui sont regroupés dans les trois Corbeilles (Tripitaka), les trois Instructions supérieures (éthique, concentration, sagesse) ou encore les trois Roues du Dharma, en fonction des critères utilisés - thèmes, chronologie, etc.

Le système philosophique cittamatra, qui professe des vues "idéalistes" (NB au sens philosophique du terme, bien évidemment) est issu de la troisième Roue, c'est-à-dire qu'il se fonde sur les soutras regroupés sous l'appellation "troisième Roue", à commencer par le Samdhinirmocanasutra.

Pourquoi qualifier les cittamatrin d'"idéalistes" ?
Parce qu'ils estiment que "les existants ne sont jamais que de la nature de l'esprit".
Attention ! Ils ne disent pas pour autant que tous les existant seraient en tout et pour tout de nature mentale.

Les cittamatrin admettent en effet trois catégories d'existants :
les existants (en tout et pour tout) nominaux (ou encore imputés) - kun brtags
les existants certains - yongs grub
les existants dépendants (dont l'esprit et ses composantes)

Un existant (en tout et pour tout) nominal (imputé) est un existant qui existe aux yeux d'une perception représentative mais qui n’existe pas de manière ultime ("ultime" au sens cittamatra du terme, cad "réelle").
Deux divisions :
  • phénomènes nominaux dénombrable. Par exemple, "les connaissables" (catégorie générale et abstraite incluant tous les existants, par définition objets de connaissance)
  • phénomènes nominaux dénués de toute caractéristique. Par exemple, le soi de l'individu, ou encore le soi des phénomènes. En clair : des choses qu'on s'imagine mais qui n'existent pas.
Un existant certain (littéralement "parfaitement établi") consiste en la vacuité, vide du soi de l'individu comme du soi des phénomènes.
Deux divisions
  • phénomènes certains exacts. Par exemple, les sagesses supérieures des arya absorbés en concentration (sur la vacuité)
  •  phénomènes certains immuables. Les sagesses supérieures de la concentration des aryas décrivent les premiers et la vacuité illustre les seconds.

Un existant dépendant  est un phénomène né sous le pouvoir d'autres phénomènes : causes et conditions, et il est support des phénomènes certains.
Deux divisions 
  • phénomènes dépendants purs. Par exemple, les sagesses supérieures des arya non absorbés en concentration, ou encore les qualités physiques des Aryabouddha (32 signes principaux et 80 marques secondaires), etc.
  • phénomènes dépendants impurs. Par exemple, les agrégats impurs. En clair, tous les phénomènes impermanents - forme, esprit, ni forme ni esprit - qui ne relèvent pas du continuum mental ou physique d'arya.
En autres particularités, les existants dépendants sont objets de perceptions sensorielles, tandis que les existants strictement nominaux ne peuvent être appréhendés que par des perceptions représentatives.
Par exemple, nous avons des perceptions visuelles de couleurs et de contours, des perceptions auditives de sons, des perceptions olfactives d'odeurs, des perceptions gustatives de saveurs, des perceptions tactiles de doux ou de rêche, etc.
En revanche, des objets tels que "les connaissables" ou encore "l"humanité" (notion abstraite), nous ne pouvons ni les voir ni les entendre, ni les sentir, etc., mais nous pouvons y penser, cad en avoir des perceptions représentatives.




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