jeudi 13 février 2020

L'essence de l'enseignement

J'ai trouvé cette jolie histoire je ne sais plus trop où sur Internet.
Qu'elle soit vraie ou pas, peu l'importe. J'aime sa conclusion
Elle correspond à ce que j'ai bien souvent constaté dans la manière de faire de mes Maîtres bouddhistes.Il peut leur arriver de se montrer sévères, voire "durs", mais jamais, jamais, ils ne sont humiliants.


Un vieil homme rencontre un jeune homme qui demande :
"Vous souvenez-vous de moi ?  
Et le vieil homme dit NON.
Puis le jeune homme lui dit qu'il était son élève.
Et l'enseignant demande:
- Que fais-tu, que fais-tu dans la vie?
Le jeune homme répond:
- Eh bien, je suis devenu professeur.
- Ah, comme c'est bon, comme moi ? dit le vieil homme.
- Eh bien oui. En fait, je suis devenu professeur parce que vous m'avez inspiré à être comme vous."

Le vieil homme, curieux, demande au jeune homme à quel moment il l'avait décidé à devenir professeur.
Et le jeune homme lui raconte l'histoire suivante:
"Un jour, un de mes amis, également étudiant, est arrivé avec une belle montre neuve, et j'ai décidé que je la voulais et je l'ai volée. Je l'ai sortie de sa poche.
Peu de temps après, mon ami a remarqué le vol et s'est immédiatement plaint à notre professeur, qui était vous. Ensuite, vous êtes allé en classe et vous avez dit :
- La montre de cet étudiant a été volée pendant les cours aujourd'hui.
Celui qui l'a volée, veuillez la rendre."
Je ne l'ai pas rendue parce que je ne voulais pas le faire.
Ensuite, vous avez fermé la porte et nous avez dit à tous de nous lever et qu'il allait un par un fouiller nos poches jusqu'à ce que la montre soit trouvée.
Mais vous nous avez dit de fermer les yeux, car vous ne la chercheriez que si nous avions tous les yeux fermés.
Alors nous l'avons fait, et vous êtes allé de poche en poche, et quand vous avez fouillé ma poche, vous avez trouvé la montre et l'avez prise.
Vous avez continué à fouiller les poches de tout le monde, et quand vous avez eu fini, vous avez dit :
"Ouvrez les yeux. Nous avons la montre."
Vous ne m'avez rien dit et vous n'avez jamais mentionné l'épisode.
Vous n'avez jamais dit non plus qui avait volé la montre.
Ce jour-là, vous avez sauvé ma dignité pour toujours.
Ce fut le jour le plus honteux de ma vie.
Mais c'est aussi le jour où ma dignité a été sauvée de ne pas devenir un voleur, une mauvaise personne, etc. Vous ne m'avez jamais rien dit, et même si vous ne m'avez pas grondé ni donné une leçon de morale, j'ai reçu le message clairement.
Et grâce à vous, j'ai compris ce qu'un vrai éducateur doit faire.
Vous souvenez-vous de cet épisode, professeur?
Et le professeur répond :
"Je me souviens de la situation, de la montre volée, que je cherchais chez tout le monde, mais je ne me souvenais pas de toi, car j'ai aussi fermé les yeux en cherchant."

C'est l'essence même de l'enseignement :
Si pour corriger, vous devez humilier, vous ne savez pas enseigner.



3 commentaires:

  1. Tellement jolie cette histoire, fraiche et revigorante !
    Merci Marie-Stella

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  2. Bonjour, merci pour cette histoire, qui par là me réconcilie un peu avec le corps professoral.
    Si vous me le permettez je vais vous conter en quelques mots l’histoire inverse, la mienne. Les circonstances sont les mêmes, l’école primaire quand j’avais 8 ou 9 ans. Ici il ne s’agissait pas d’une montre mais d’une pièce de cinq francs toute neuve qui brillait d’un éclat magnifique, et qu’un de mes coreligionnaires assis en vis-à-vis exhibait avec fierté au vu et au sus de toute la classe. Une sorte de fièvre s’est emparé de moi et la voulais absolument. Est arrivé le moment où je m’en suis emparé subrepticement à la faveur d’un déplacement de son propriétaire, qui l’avais posée sur la table. Mal m’en as pris. Quelques minutes après, il s’en rendit compte et alla s’en plaindre auprès du professeur. Aussitôt les portes de la classe furent fermées et l’on demanda à haute voix qui avait pris cette pièce. Bien sûr je n’eu ni la force ni l’envie de me dénoncer. C’est ainsi que le cours fut arrêté, que le professeur commença à fouiller méthodiquement chaque élève, poches, cartables, manteaux, tout y passait tandis que nous devions nous tenir les mains bien visibles sur le pupitre en attendant. Ce fut mon tour, la pièce fut trouvée dans ma poche. Le professeur, énervé par tout ça, se montra extrêmement vindicatif, m’abreuva de reproches devant tout le monde, me tira sèchement par les cheveux et pour finir me botta les fesses en me mettant à la porte de la classe tout en me promettant une sévère punition. Le lendemain nous fumes convoqué, ma mère et moi, et fut prononcée une exclusion d’une semaine. Avec le recul des années et à la faveur de l’éclairage de votre histoire, je me suis rendu compte que ce jour là j’ai perdu une part de dignité, un peu comme on perdrait l’usage d’un membre dans un accident. A partir de là c’est accentué en moi de manière flagrante un manque de confiance et l’idée qu’au regard du plus grand nombre je n’étais pas une personne fiable ou normale. Cela m’a par la suite entrainé sur des chemins qui devaient s’avérer bien dangereux. Si aujourd’hui, cinquante ans plus tard, j’ai pu recouvrer une forme de dignité, c’est bien par la grâce d’un Maître spirituel, Dagpo Rimpoché pour ne pas le nommer, car à part lui et après des expériences diverses et variées, je n’ai rencontré personne qui au fond soit vraiment digne de confiance au point de s’en remettre entièrement à lui. Mais malgré cette chance et mes efforts sporadiques, quand bien même je sais aujourd’hui que ceux qui mènent le bal sont les kleshas, je conserve quelque part en moi cette idée qu’au fond je ne suis pas digne d’être le disciple d’un tel Maître. Tséring Puntsok.

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  3. Bien sûr que vous en êtes digne voyons !
    Pour paraphraser les paroles de la chanson qui a rendu Grégoire célèbre,

    "Toi plus moi plus eux plus tous ceux qui le veulent
    Plus lui plus elle et tous ceux qui sont seuls
    Allez, venez et entrez dans la danse
    Allez, venez, et pratiquez en toute confiance."

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