mardi 24 décembre 2024

Meilleurs vœux

 Curieuse année 2024, marquée de nombreux bouleversements,

et bienheureusement riche aussi de quelques grands événements heureux.


Ce 25 décembre 2024 célèbre Noël, bien sûr, et aussi le Ganden Namchoe. 

C'est aussi le premier jour de Hanouka , fête juive des lumières.

Je me plais à y voir un présage d'harmonie.

Puissent les lumières de la sagesse partout vaincre les ténèbres de l'ignorance !



lundi 23 décembre 2024

Les écoles philosophiques du bouddhisme

 Enseignement du Vénérable Dagpo Rinpoche paru aux Éditions Guépèle 

Collection des instructions orales Volume 7
 



jeudi 19 décembre 2024

Ganden Ngamchö 2024 : le 25 décembre

 

Le 25 décembre 2024 coïncidera avec le 25ème jour du 10ème mois lunaire. 

Ce jour-là sera célébré le  Ganden Namchö དགའ་ལྡན་ལྔ་མཆོད་, la commémoration du paranirvana de Je Rinpoche, fondateur du monastère Ganden et de l'école gelugpa.

Que ce soit au Tibet ou en Mongolie, autrefois, tout le monde faisait force offrandes ce jour là, avec des lumières allumées partout. Pas seulement les gelugpa. Les autres bouddhistes, et même les non-bouddhistes. C'est au point que les Mongols avaient retenu cette date comme Jour de l'An ! Et tous de se congratuler, et de se souhaiter "Joyeux Anniversaire", car il n'était pas coutume de noter les jours de naissance des uns et des autres : tout le monde prenait une année de plus en même temps.


Que peut-on faire ? Par exemple :
- allumer des lumières (sous n'importe quelle forme) ;
- réciter le "miktséma" - dmigs brtse ma -, en hommage à Jé Rinpoche ;
- réciter le Ganden lhagyama (dGa' ldan lha brgya ma), guruyoga invoquant Jé Rinpoche ;
- lire une biographie de Jé Rinpoche et formuler des voeux pour suivre ses traces ;
- accomplir toute action bénéfique qu'il serait possible de faire.

mardi 17 décembre 2024

Miktséma en 9 vers

 

Le "miktséma" དམིགས་བརྩེ་མ་ est une invocation et une louage adressée à Jé Tsongkhapa (1357-1419), fondateur de l'école des gelugpa et du monastère de Ganden (en 1409) près de Lhasa.

Sous différentes formes (4 vers, 5 vers, 6 vers, 9 vers), le miktséma est couramment récité par les pratiquants gelugpa et tout particulièrement le jour du Ganden Namchö.

དངོས་གྲུབ་ཀུན་འབྱུང་ཐུབ་དབང་རྡོ་རྗེ་འཆང་།།
དམིགས་མེད་བརྩེ་བའི་གཏེར་ཆེན་སྤྱན་རས་གཟིགས།།
དྲི་མེད་མཁྱེན་པའི་དབང་པོ་འཇམ་དཔལ་དབྱངས།།
བདུད་དཔུང་མ་ལུས་འཇོམས་མཛད་གསང་བའི་བདག།
གངས་ཅན་མཁས་པའི་གཙུག་རྒྱན་བློ་བཟང་གྲགས་།།
 སྐྱབས་གསུམ་ཀུན་འདུས་བླ་མ་སངས་རྒྱས་ལ།།
སྒོ་གསུམ་གུས་པའི་སྒོ་ནས་གསོལ་བ་འདེབས།།
 རང་གཞན་སྨིན་ཅིང་གྲོལ་བར་བྱིན་གྱིས་རློབས།།
མཆོག་དང་མཐུན་མོང་དངོས་གྲུབ་སྩལ་དུ་གསོལ།།


Traduction
Muni Vajradhara, source de toutes les réalisations, 
Avalokiteshvara, grand trésor de la compassion sans objet,
Manjushri, seigneur de la sagesse sans tache,
Vajrapani, vainqueur de toutes les armées de Mara,
Losang Trak (Tsongkhapa), fleuron des sages du Pays des neiges,
Guru Bouddha, somme des trois objets de refuge.
Par les trois portes, avec respect, je vous invoque.
Afin de porter à maturité autrui et moi-même et de nous délivrer, veuillez nous bénir.
Les réalisations communes et suprêmes, veuillez nous les conférer.

 
Phonétique
Ngueu troup kun djoung thoup wang dordjé tchang
Mik mé tsé wé tér tchén tchèn rè sik
Tri mé khyén pè wang po djam pèl yang
Du poung ma lu djom dzè sang wè dak
Kang tchèn khè pè tsouk gyèn Losang Trak
Kyap soum kun du lama sang gyè la
Go soum ku pè go nè seul wa dép
Rang zhèn min tching treul war djin kyi lop
Tchok tang thun mong ngueu troup tsèl tou seul

Atisha (982-1054)

 Le Pandit Atisha est pour nous une référence constante ; c'est pourquoi je vais condenser quelques points essentiels de sa vie. Pas relater sa vie entière : d'une part, ce serait trop long ici ; d'autre part, d'excellentes biographies de lui sont disponibles en beaucoup de langues, y compris le français.

Son nom est Dipamkara Shrijnana, "Celui qui fait la lumière grâce à sa glorieuse sagesse suprême". Atisha est en fait un titre, extrêmement honorifique, que faute de mieux l'on rend en français par "seigneur". L'équivalent tibétain est "jowo" (ཇོ་བོ་), de sorte que les nombreux Tibétains qui, soucieux de marquer leur vénération vis-à-vis du Maître, l'appellent Jowo Atisha, disent - j'imagine sans trop s'en rendre compte - : "Seigneur Seigneur" .

Après tout, pourquoi pas ? Mais cela démontre ô combien le roi du Tibet Rälpacän (629–877) avait raison quand il interdisait de traduire les noms propres (cf. article Les Lotsawa de jadis n° 2) : non seulement on ne sait plus de qui on parle, mais tel nom magnifique dans une langue frise le ridicule dans une autre. Ainsi, moi qui savoure les consonances du nom "Ganden" n'apprécierait guère qu'on me parle du "Monastère Joyeux", ou "Monastères des Joyeux", voire "Joyeux Monastère", ou encore "Monastère des Ravis", tant qu'on y est. Vous admettrez que cela n'a pas le même écho !

Le lien avec Atisha ? C'est que la Terre pure de Ganden (en sanskrit Tushita) est, dit-on, sa résidence actuelle, en présence du Bouddha Maitreya et en compagnie de tant d'autres personnages prestigieux.

Lors de l'existence humaine qui nous intéresse, Atisha est un Bengali de souche royale qui, très jeune, renonce aux apanages de son rang pour s'adonner à la pratique spirituelle. Après avoir pratiqué les tantras en tant que yogi dans des lieux écartés et sauvages, il devient moine relativement tard, vers la trentaine. N'oublions pas que nous sommes au XIe siècle ; à l'aune de l'espérance de vie européenne de l'époque, c'aurait déjà été un vieillard. Apparemment pas en Inde, car il entame à peine une longue carrière bien remplie.

Ce grand penseur n'a rien d'un sédentaire. Lors de la périlleuse traversée de 12 mois qui le mène vers son Maître principal Serlingpa, il fait escale dans de nombreuses îles avant d'atteindre sa destination, soit Java soit Sumatra – la question reste à trancher. Ce n'était pas tout d'y aller ; encore faut-il revenir. Il y réussit. Il est désormais le dépositaire des précieuses instructions relatives à l'esprit d'Éveil, et sa réputation s'amplifie au Pays des Aryas. Il a dû retraverser toute la péninsule avec le confort que vous imaginez (encore aujourd'hui c'est long et fatigant) pour regagner les grandes universités monastiques du nord et se voit confier des fonctions élevées à Nalanda, Odantapuri et surtout Vikramashila. C'est là qu'il reçoit des visiteurs qui ont franchi l'Himalaya pour le prier de bien vouloir venir dans leur Tibet natal, afin d'y restaurer l'Enseignement du Bouddha quelque peu malmené depuis un bon demi-siècle.

Je passerai sur les péripéties et autres rebondissements qui aboutissent en 1042 à l'arrivée d'Atisha dans le Ngari. Si je calcule bien, le Pandit a donc 60 ans révolus ! Il sait que l'expédition tibétaine va écourter sa vie – Tara l'en a prévenu, et c'est de toute façon prévisible. Voyages éreintants. Chocs climatiques. Changement radical d'altitude, en passant de la plaine aux montagnes les plus hautes. Régimes alimentaires totalement différents. Quant aux mœurs et coutumes…

Pour accomplir le bien des être, Atisha accepte tout. Il supporte tout. Le prince raffiné cohabite de bonne grâce avec les rudes (rustres ?) montagnards. Il va jusqu'à apprendre leur langue. Mais il n'adopte pas toutes leurs habitudes. Il demeure doux et conciliant, toujours disponible pour tous, animaux y compris. Cela surprend. Cela choque même certains. Le fier Seigneur Kutön lui remontre que, si en Inde on condescend à parler à tout le monde avec aménité, ici ce n'est pas l'usage. Il faudrait quand même que le Maître tienne son rang. Le Maître écoute, sourit et … persiste. Il va jusqu'à caresser avec tendresse les bêtes qu'il a récupérées pour les sauver du couteau. Pire, il leur parle ! Et il s'adresse à elles en les appelant "mes vieilles mères".

C'est qu'Atisha a les plus hautes réalisations. Il sait que chaque être lui a servi de mères un nombre incalculable de fois dans le passé, sous toutes les formes, dans toutes les sphères. Il sait qu'alors et en bien d'autres circonstances chaque être a été pour lui d'une infinie bienveillance. Éperdu de gratitude, il mesure la souffrance de ses proches enlisés dans leurs passions et leurs certitudes fallacieuses. Il sait aussi qu'heureusement tous ont potentiellement la faculté d'évoluer jusqu'à obtenir la libération du samsara et même l'omniscience de Bouddha. Comment n'éprouverait-il pas le plus grand respect pour toutes les créatures ? Pourquoi ferait-il une différence entre elles, qui montrent sans doute ponctuellement des aspects divers, mais sont au fond soumises aux mêmes obstacles et porteuses des mêmes espérances ? Aujourd'hui l'un est roi, l'autre esclave ; demain ce sera le contraire. Mais un jour les deux seront enfin boudddhas.

Le sage versé tant en philosophie qu'en tantra ne cesse, au Tibet, d'enseigner … la prise de refuge et la loi de causalité, ce qui lui vaudra deux surnoms. D'être ainsi appelé (avec un certain dépit de la part de certains qui réclament des instructions "profondes") ravit Atisha : comme cela, dit-il, rien qu'en entendant parler de moi, "le lama de la prise de refuge" ou "le lama de la causalité", les gens acquerront de bonnes empreintes. Et cela leur indiquera l'essentiel." En réalité, bien comprise, toute facette de la voie inclut la totalité. Ce n'est pas une excuse pour vouloir dès le début viser les pratiques les plus élevées : elles sont alors inaccessibles et donc infructueuses, tandis que si, avec humilité, on commence par la base, on peut ensuite l'élargir jusqu'à y intégrer l'ensemble.

Voilà qui était Atisha : un authentique Seigneur, aimable et courageux ; doux et endurant ; modeste et sûr de lui ; érudit et simple, la liste de ses qualités se déroulant à l'infini : logique, quand on sait qu'il est aussi considéré comme une émanation du Bouddha Amitabha.

dimanche 1 décembre 2024

Alexandra David-Néel

Pour information (je n'ai pas vu le spectacle)