Kâlâma
Sutra
L'accès au libre examen
1-
Se fier à l'Enseignement et
non à l'enseignant
2-
Se fier au sens et non à la lettre
3- Se fier au sens ultime et non au sens littéral
4- Se fier à la sagesse et non à la conscience (mentale ordinaire).
Extrait de l’Anguttara-Nikâya (Les
Sermons du Bouddha de M. Wijayaratna)
Les Kâlâmas, habitants de
Kesaputta, rendirent alors visite au Bhagavat. S'étant assis ainsi à l'écart
sur un côté, ils s'adressèrent au Bhagavat et dirent: "Ô vénérable Gautama,
il y a des religieux et des brahmanes qui arrivent à Kesaputta. Ils exposent et
exaltent seulement leur propre doctrine, mais ils condamnent et méprisent les
doctrines des autres. Puis d'autres religieux et brahmanes arrivent aussi à
Kesaputta. Eux aussi exposent et exaltent leur propre doctrine et ils
méprisent, critiquent et brisent les doctrines des autres. Ô Vénérable, il est
un doute, il est une perplexité chez nous à propos de ces diverses opinions
religieuses. Parmi ces religieux et ces brahmanes, qui dit la vérité, qui dit
des mensonges ?"
Le Bhagavat s'adressa alors aux
Kâlâmas et dit : "Il est juste pour vous, ô Kâlâmas d'avoir des doutes et
d'être dans la perplexité. Car les doutes sont nés en vous à propos de points
douteux. Venez, ô Kâlâmas, ne vous laissez pas guider par les paroles
rapportées, ni par la tradition (religieuse), ni par la rumeur. Ne vous laissez
pas guider par l'autorité de textes religieux, ni par la simple logique ou
allégation, ni par les apparences, ni par la spéculation sur des opinions, ni
par des vraisemblances possibles, ni par la pensée : "ce religieux
est notre maître spirituel". Ô Kâlâmas, lorsque vous savez par vous-mêmes
que telles choses sont mauvaises, qu’elles sont blâmables, qu’elles sont condamnées
par les sages et que, mises en pratique, elles conduisent au mal et au malheur,
abandonnez-les. Maintenant je vous demande: "Que pensez-vous, ô Kâlâmas ?
Lorsque l’attachement apparaît chez quelqu'un, cette attachement apparaît-elle
pour le bien de cet individu ou son mal ?"
Les Kâlâmas répondirent: "Ô
vénérable, l’attachement apparaît pour le mal de cet individu."
- Ô Kâlâmas, en se donnant à l’attachement,
étant vaincu par l’attachement, étant enveloppé mentalement par l’attachement,
un tel individu tue des êtres vivants, commet des vols, s'engage dans
l'adultère et profère des paroles mensongères. Il pousse un autre à accomplir
aussi de tels actes De tels actes entraînent-ils son mal et son malheur pour
longtemps ?
- Certainement oui, Ô Vénérable !
(Dialogues similaires à propos de l’aversion
et l’ignorance)
Maintenant, qu'en pensez-vous ô
Kâlâmas? Ces choses sont-elles bonnes ou mauvaises ?
- Ô Vénérable, ces choses sont
mauvaises !
- Ces choses sont-elles blâmables
ou louables ?
- Ô Vénérable, ces choses sont
blâmables !
- Est-ce que ces choses sont
censurées ou pratiquées par les sages ?
- Ô Vénérable, ces choses sont
censurées par les sages.
(Dialogues similaires sur
l'absence d'attachement d’aversion et d'ignorance, cette fois avec le bien-être
et le bonheur comme conséquences)
Le Bhagavat dit : "C'est
pourquoi, ô Kâlâmas, nous avons déjà dit : il est juste pour vous d'avoir un
doute, d'être dans la perplexité... Cependant,
ô Kâlâmas, lorsque vous savez vous-mêmes que certaines choses sont favorables,
que ces choses louables sont pratiquées par les sages ; que, lorsqu'on les met
en pratique, elles conduisent au bien et au bonheur, pénétrez-vous de telles
choses et pratiquez-les.
Ô Kâlâmas, le disciple noble qui
s'est ainsi séparé de l’attachement, de l’aversion, de l’ignorance, ayant une
compréhension claire et une attention de la pensée, demeure faisant rayonner la
pensée d’amour (bienveillance) dans une direction du monde et de même dans une
deuxième, dans une troisième, dans une quatrième, au-dessus, au-dessous, au
travers, partout dans la totalité en tout lieu de l'univers ; il demeure
faisant rayonner la pensée d’amour, large, profonde, sans limite, sans aversion
et libérée de malveillance...
(Discours similaires à propos de
la pensée de compassion, de la pensée de joie, de la pensée d'équanimité - les
quatre pensées infinies).
"Ô Kâlâmas, le disciple noble
qui a une pensée ainsi libérée de l’aversion, de la malveillance, qui a une
pensée non souillée et une pensée pure, est quelqu'un qui obtient les quatre assurances,
ici et maintenant, en songeant :
« Supposons qu'il y ait,
après la mort, des résultats pour les actes bons ou mauvais (accomplis avant la
mort). En ce cas, il est possible pour moi de naître après la dissolution du
corps, après la mort, dans un des cieux ou se trouvent des bonheurs
célestes ». Telle est la première assurance.
« Supposons qu'il n'y ait
pas, après la mort, de résultats pour les actes bons et mauvais (accomplis
avant la mort). Tout de même, ici et maintenant, dans cette vie, je demeure
sain et sauf avec une pensée heureuse, libérée de l’aversion, de la
malveillance. » Telle est la deuxième assurance.
« Supposons que des mauvais
résultats tombent sur l'individu qui a accompli des mauvaises actions. Quant à
moi, je ne souhaite aucun mal à personne. Alors comment se pourrait-il qu'un
mauvais résultat tombe sur moi qui ne fais aucune action mauvaise ? »
Telle est la troisième assurance.
« Supposons que des mauvais
résultats ne tombent pas sur l'individu qui fait des actions mauvaises. Alors
dans ces deux cas, je trouve que je suis pur. » Telle est la quatrième assurance.
"Supposons qu'il y ait, après la mort, des résultats pour les actes bons ou mauvais (accomplis avant la mort). En ce cas, il est possible pour moi de naître après la dissolution du corps, après la mort, dans un des cieux ou se trouvent des bonheurs célestes ». Telle est la première assurance.
RépondreSupprimer« Supposons qu'il n'y ait pas, après la mort, de résultats pour les actes bons et mauvais (accomplis avant la mort). Tout de même, ici et maintenant, dans cette vie, je demeure sain et sauf avec une pensée heureuse, libérée de l’aversion, de la malveillance. » Telle est la deuxième assurance."
C'est incroyable : on dirait "l'argument du pari" de Blaise Pascal qui, pour le coup, n'a rien inventé.