mardi 6 juillet 2021

De l'interdépendance entre la nature et les êtres

Merci au centre Kalachakra de Paris pour ce beau poème.

L’arbre protecteur de l’interdépendance.
SS le Dalaï-Lama
 
Vous qui êtes sans pareil, ô Seigneur Tathagata, né de la branche d’lksvakus ; 
Vous qui percevez la nature omniprésente de l'interdépendance 
Entre l'environnement et les êtres, entre le samsara et le nirvana, entre le mouvement et l’immobile, 
Mû par votre compassion, vous enseignez au monde et lui accordez votre bienveillance.
 
Ô vous le sauveur, le bien nommé Avalokiteshvara, 
Personnification du Corps de compassion de tous les Bouddhas, 
Nous vous supplions de faire mûrir et fructifier nos esprits 
Afin que nous parvenions à observer la réalité dépourvue d'illusion.
 
Notre égocentrisme obstiné, enraciné dans nos esprits depuis des temps sans commencement, contamine, souille et pollue l'environnement, cet environnement créé par les karmas similaires de tous les êtres.
 
Les lacs et les étangs ont perdu leur clarté, leur fraîcheur.
 
L'atmosphère est empoisonnée.
 
La canopée céleste dans le ciel brûlant se décompose.
 
Et les êtres souffrent de maladies inconnues auparavant.
 
Les montagnes resplendissantes de neige éternelle, dans leur gloire, s’inclinent et s’anéantissent en eau. 
 
Les océans majestueux perdent leur équilibre éternel et submergent les îles.
 
Les dangers du feu, de l'eau et du vent défient le comptage.
 
Une chaleur étouffante assèche nos forêts luxuriantes, frappant le monde avec des tempêtes sans précédent.
 
Les océans cèdent leur sel aux éléments.
 
Les gens sont riches, mais ils ne peuvent acheter l’air pur.
 
Les pluies et les ruisseaux ne nettoient plus, ils stagnent, liquides inertes et impuissants.
 
Les êtres humains, les êtres innombrables qui peuplent l’eau et la terre, tous ploient sous le joug de la douleur physique, causée par des maladies nocives.
 
Les esprits sont émoussés, pleins de torpeur, de stupeur et d'ignorance, quand les joies du corps et de l’esprit, elles, sont loin, très loin.
 
Nous polluons inutilement le sein juste de notre terre mère.
 
Nous lui arrachons ses arbres pour nourrir notre cupidité étriquée.
 
Et son humus fertile, nous le transformons en un désert mort.
 
La nature interdépendante de notre environnement extérieur ainsi que la nature intérieure des personnes, telles que décrites dans les traités des tantras sur la médecine et l'astronomie, sont totalement confirmées par notre expérience présente.
 
Prenant la terre pour témoin, le Bouddha dit ceci, parole véridique : la terre abrite des êtres vivants ; « égalité et impartialité pour ce qui se meut comme pour ce qui est figé ! »
 
Un être noble est reconnaissant de la bonté maternelle et il fait montre de gratitude. Notre terre, mère universelle et nourricière, devrait recevoir la même considération, le même soin.
 
Abandonnez le gaspillage, ne polluez pas la nature propre et claire, constituée de quatre éléments. Ne détruisez pas le bien-être des gens. Mais absorbez-vous dans des actions qui sont bénéfiques pour tous.
 
Sous un arbre médita le grand Bouddha Saga. Sous un arbre il naquit, vainquit l’avidité et atteignit l'Éveil. Sous deux arbres, il passa en nirvana. En vérité, le Bouddha tenait l’arbre en grande estime.
 
Là où le corps de Lama Tsongkhapa – émanation de Manjoushri – s'épanouit, s'élève un arbre de santal aux feuilles marquées de cent mille images du Bouddha.
 
N’est-il pas connu que certaines divinités suprêmes, des divinités locales éminentes et des esprits indigènes font leur demeure dans les arbres ?
 
Les arbres florissants purifient le vent, nous assistent en maintenant l’air de la vie. Ils sont agréables à l’œil, leur ombre dispense un repos bienvenu.
 
Dans le Vinaya (Règle monastique), le Bouddha recommande aux religieux de prendre soin des arbres tendres.
 
De ceci, nous apprenons les bienfaits de planter et d'entretenir les arbres.
 
Aux religieux, le Bouddha interdit de couper ou d’inciter à couper des plantes en vie, de détruire des graines ou de souiller la fraîche herbe verte. Cela ne devrait-il pas nous inciter à aimer et protéger notre environnement ?
 
Ils disent, dans les royaumes célestes, que les arbres véhiculent la bénédiction du Bouddha et sont l’écho des notions bouddhistes fondamentales telle l'impermanence.
 
C'est l'arbre qui apporte la pluie.
 
L’arbre, encore, qui retient le substrat du sol.
 
C’est Kalpa-taru, l'arbre qui exauce tous les souhaits, qui existe virtuellement sur terre pour réaliser tous les buts.
 
Autrefois, nos ancêtres mangeaient les fruits des arbres, s’habillaient de leurs feuilles. Ils découvraient le feu par la friction du bois, se réfugiaient entre les feuillages quand ils rencontraient le danger.
 
Même à l’âge de la science et de la technologie, les arbres nous fournissent des abris, des chaises sur lesquelles nous nous asseyons, des lits sur lesquels nous nous couchons.
 
Quand notre cœur brûle de colère attisée par des disputes, une fraîcheur bienfaisante nous est apportée au contact des arbres.
 
Dans les arbres se trouve le rugissement de toute vie sur terre. S’ils disparaissent, notre terre qui porte le nom du Jambolan (Sysygium cumini) ne sera plus qu’un désert morne et désolé.
 
Rien n’est plus cher aux vivants que la vie. En reconnaissant cela, dans les règles du Vinaya, le Bouddha  prononça des interdictions comme l'usage de toute eau susceptible de contenir des animalcules.
 
Dans les confins de l'Himalaya, autrefois, le Tibet maintenait l’interdiction de la chasse, de la pêche et, pendant des périodes particulières, interdisait même la construction. Ces traditions sont précieuses, car elles préservent et chérissent la vie des êtres simples, impuissantes et sans défense.
 
Jouer avec la vie d'autres êtres, sans pitié ni hésitation, comme dans la chasse ou la pêche sportive, est un acte de violence désinvolte et inutile, une violation des droits légitimes de tous les êtres vivants.
 
Attentifs à la nature de l'interdépendance des êtres animées et des choses inanimées, nous ne devrions jamais relâcher nos efforts pour préserver et conserver l'énergie de la nature.
 
Un jour, un mois ou une année donné, nous devrions accomplir le rite de plantation d'arbres. Nous remplirions ainsi nos responsabilités à servir nos semblables.
 
Cela n’apporte pas seulement du bonheur, cela profite à tous.
 
Puisse la force d'observer ce qui est juste et de se détourner de ce qui ne l’est pas nourrir et accroître la prospérité du monde. Puisse cette force revigorer les êtres et les aider à s'épanouir ! Puisse la joie sylvestre et le bonheur immaculé augmenter sans fin, partout se répandre et englober tout ce qui est !
 
(Dialogue avec le bouddhisme. Le 2 octobre 1993 à New Delhi.)

 

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