L'emploi quelque peu différents des mots d'une école bouddhiste à l'autre s'avère source d'étonnements et parfois de malentendus.
Prenons l'exemple du terme "bodhisattva".
a) Au sens strict, un bodhisattva est quelqu'un qui a réalisé bodhicitta, l'esprit d'Eveil, cad que désormais, en lui, l'aspiration à devenir Bouddha pour être en mesure d'accomplir le bien de tous les êtres est spontanée.
En clair, c'est un personnage qui a épanoui l'altruisme et a dépassé toute forme d'egocentrisme.
b) Au sens large, le terme "bodhisattva" désigne celui qui a pris les voeux de bodhisattva (NB les nombres varient selon les branches du bouddhisme), ce, même s'il n'a pas encore réalisé bodhicitta.
Dans la sphère d'influence tibétaine, on se réfère plutôt au sens strict.
Entre autres implications, il est exclu de dire : "je suis bodhisattva", car cela reviendrait à prétendre avoir de très hautes réalisations. Or, ceux qui ont des réalisations sont censés ne pas s'en targuer => affirmer qu'on en a laisse à entendre qu'on n'en a pas :-)
(En revanche, affirmer qu'on n'en a pas est souvent pure vérité.)
Au Japon, en Corée, etc., c'est le second emploi qui prévaut.
Ici, dire "je suis bodhisattva" signifie simplement "j'ai fait le voeu de bodhisattva".
A noter, dans un traité tel que Bodhisattvabhumi, Asanga utilise le terme "bodhisattva"au sens large de "celui qui a pris les vieux de bodhisattva", sans plus.