dimanche 1 mars 2020

Les guéshé lharampa

            « Lharampa » est la contraction de « Lhadèn raptchampa », « docteur de Lhasa ». La tradition remonte au 1er Panchen lama, Losang Tcheukyi Gyèltsèn (1570-1662), réincarnation du fameux Énsapa Losang Döndroup et tuteur du 5ème Dalaï-lama qu’il reconnut en 1622. Lors d’une période de conflit entre le Tsang et le Tibet central, de 1613 à 1618, il remplaça le Ganden Thripa et dirigea donc la Grande Prière. A cette occasion, en vue d’inciter à l’étude des cinq domaines, il fit soutenir des débats par les candidats les plus brillants des grands monastères.


Jusqu’en 1959, pour présenter les ultimes examens au Jokhang au milieu des milliers et milliers de moines rassemblés, seize candidats étaient chaque année sélectionnés par les abbés des sept collèges philosophiques : les deux de Ganden, les deux de Séra, les trois de Drépoung ainsi que Ratö, à raison d’un candidat pour Ratö, deux pour chacun des autres, le dernier par l’un des six collèges des trois piliers, à tout de rôle. Prévenus au moins un an à l’avance, ils étaient astreints à une préparation intense avec obligation de présence et de participation active à tous les débats internes et externes douze mois durant. L’enjeu n’était plus le titre de guéshé lharampa, d’ores et déjà acquis, mais le rang décerné, de premier à septième, qui n’était pas un classement des candidats de l’année entre eux, mais avait une portée plus générale, tant et si bien qu’il pouvait y avoir plusieurs ex æquo ou au contraire des rangs non pourvus : aucune premier mais trois deuxième, ou le contraire, etc.
          En exil, les traditions sont maintenues tant bien que mal, avec des adaptations rendues nécessaires par les événements. Par exemple, l’un des trois collèges philosophiques de Drépoung, Déyang, n’a pas été reconstitué en Inde. Actuellement, il semble que, sur les sept rangs, seulement les trois premiers sont encore décernés et si chaque collège présente, en principe, deux candidats (actuellement, beaucoup plus), un seulement – désigné d’avance par l’abbé – concourt pour un rang : même si le comparse réussit remarquablement ses débats, il sera simple guéshé lharampa, sans rang honorifique. Par ailleurs, alors qu’au Tibet, tous les examens étaient oraux, en Inde certaines épreuves sont écrites. 

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