jeudi 18 janvier 2018

De la générosité

La première citée dans la liste des six perfections est la générosité, parce qu'elle est relativement plus facile que les suivantes. Elle se définit comme consistant en "la volition de donner" (gtong ba'i sems pa), ce qui signifie qu'elle est avant tout un état d'esprit.

La générosité se conjugue de diverses manières, trois ou quatre selon les critères de classification adoptés :
- don matériel - en notant que même ici, la générosité est avant tout la volition de donner, et non l'acte de donner ... qui n'est pas forcément généreux (par exemple, si on donne un objet dont on n'a pas besoin, ou qu'on n'aime pas, pour s'en débarrasser, ou si on donne à quelqu'un quelque chose dont on sait que cela lui sera nuisible, etc.)
- don de protection (littéralement "non peur")
- don du Dharma, par exemple sous la forme de l'enseignement
- don de l'amour - qui se peut se faire dans la solitude, puisqu'il s'agit de cultiver le souhait que les êtres accèdent au bonheur et aux causes du bonheur 

Le don matériel est considéré comme plutôt du ressort des laïcs, les religieux étant invités à privilégier les autres aspects de la générosité, de plus grande portée.



3 commentaires:



  1. Merci pour ces précisions.

    J'ai tendance à privilégier les résultats visibles dans le monde matériel, peut-être par déformation professionnelle.

    Il est vrai que les enseignements bouddhistes insistent sur le développement de l'esprit, et qu'il est peut-être possible d'aller plus loin dans la solitude d'une grotte.

    Mais tout de même, dans le contexte du mahayana, il faut bien que ce travail solitaire débouche sur une aide concrète apportée aux êtres, sinon c'est une démarche égocentrique.

    Peut-on aider les êtres lorsqu'on vit seul au fond d'une grotte?
    Par exemple, les prières et dédicaces peuvent-elles avoir des effets sur le monde ?

    Ou une vie de retraite solitaire sert-elle de prélude à des actions concrètes dans les vies suivantes ?

    Matthieu Ricard semble avoir résolu ce dilemme en pratiquant l'alternance entre de longues retraites solitaires dans un petit hermitage himalayen et des incursions dans le monde qui lui permettent de développer des projets humanitaires et de diffuser le bouddhisme en occident grâce à ses livres qui sont des best-sellers.

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  2. Les bienfaits de la méditation au fin fond des montagnes sont bien exprimés dans Les Chants de Milarepa, je crois. :-)
    Par ailleurs, les biographies de grands maîtres et yogis sont également souvent explicites sur le sujet.
    C'est un sujet fort intéressant à approfondir.

    En très résumé
    * L'activité sur le plan mental est considérée comme nettement plus puissante que l'activité sur le plan physique (y compris le plan matériel),le plan oral étant intermédiaire.
    * Oui, bien sûr, les prières et dédicaces ont un effet sur le monde. Cf. résultats qui déterminent l'environnement.
    * Accomplir le bien des êtres consiste ultimement à les mener à l'Eveil.

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  3. A propos, à ce que j'ai cru comprendre, de même que, si on a la vocation de soigner les gens, tant qu'à faire, mieux vaut aller jusqu'au bout des études de médecine plutôt que de s'arrêter en chemin et de devoir se contenter d'appliquer les prescriptions faites par quelqu'un d'autre, pour accomplir au mieux le bien des êtres, mieux vaut mettre le paquet pour devenir au plus vite Bouddha, plutôt que de stagner dans les étapes inférieures.
    Donc, effectivement, la retraite en solitude ne constitue pas l'objectif en soi, mais c'est un moyen efficace.

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