mercredi 1 octobre 2008

Ordination de bhikshuni

La question demeure d'actualité : l'ordination supérieure de bhikshuni va-t-elle ou non être introduite dans les communautés de lignées tibétaines, où la transmission de ladite ordination a été interrompue il y a des siècles et des siècles - sachant que, d'après le Vinaya, seul un Bouddha tel que Shakyamuni (montrant les 32 signes principaux et les 80 marques secondaires) ou un concile pleinier regroupant tous les bhikshu contemporains auraient l'autorité pour prendre une telle mesure.

Le problème posé est, à mon avis, un faux problème : puisque la lignée chinoise a, paraît-il, été maintenue, celles qui souhaitent recevoir l'ordination majeure pourraient aisément l'y recevoir. C'est d'ailleurs ce que pas mal d'Occidentales et quelques Asiatiques ont fait depuis une bonne vingtaine d'années.

Là où ça se complique, c'est qu'au lieu de conserver les traditions existantes chacune en l'état, il y a une demande (ou plus exactement, une exigence) pressante de les mélanger. Et ça, c'est un vrai problème.

Pourquoi ?

Certes, à l'origine, c'est à dire du temps du Bouddha, il n'y avait qu'une seule tradition de Vinaya, et les 18 branches ne sont apparues que plus tard, au fil des siècles.
Sur les 18, il n'en reste que 3.

Je vais vous épargner les noms (pour qui est intéressé, ils sont faciles à retrouver, y compris ici ou là dans ce blog).
Pour simplifier, subsistent à ce jour
- le Vinaya appliqué dans les pays de Sud-Est asiatique (Thaïlande, Cambodge, etc.) et où, d'ailleurs, même lea lignée d'ordination mineure féminine a disparu depuis bien longtemps ;
- le Vinaya qui s'est propagé en Chine et de là, en Corée, au Vietnam ou encore au Japon (mais au Pays du soleil levant, il a été aboli au XIXème siècle, lors de la persécution anti-bouddhiste) ;
- le Vinaya qui a été implanté au Tibet par Shantarakshita et s'est répandu dans des régions limitrophes, dont la Mongolie, le Bhoutan, etc.

O.K. Il s'agit toujours de la Règle monastique, avec un même fonds, et une même finalité.
Mais, ainsi que le dit clairement Pad ma 'Byung gnas, alias Padmasambhava, "très grandes sont les différences" entre les écoles de Vinaya (shin tu tha dad).
Atisha (cité par Buton Rinpoche dans 'Dul ba spyi rnam) surenchérit : Prenez garde à ne pas mêler les Vinaya. Sinon, cela créerait de tels obstacles qu'il en deviendrait impossible d'obtenir l'état d'arhat (et a fortiori l'état de Bouddha).

Autrement dit, vu la tournure actuelle des évènements, si certaines (et d'ailleurs certains aussi, car si le Vinaya est altéré, ce sera au détriment de tout le monde) ont envie de s'engager dans la carrière religieuse pour, tant qu'à faire, en obtenir des résultats, il y a urgence , avant que l'irréparable ne soit commis.
Il est d'ailleurs peut-être déjà trop tard.

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