Le blog de MSB. Indications historiques, anecdotiques voire doctrinales sur le bouddhisme.
lundi 31 janvier 2011
Photos de Bangalore et Mundgod
Aujourd'hui Sa Sainteté inaugurait le nouveau temple du monastère de Rato, à Mundgod.
C'est le monastère de Khyongla Rinpoche, vous savez : "Blue jeans Rinpoche".
Son autobiographie, en anglais, est passionnante :
My Life and lives
De la mort
Les 8, 9 et 10 avril se tiendra à Paris un ... Salon de la mort.
Cela peut présenter un intérêt.
SS le Dalaï Lama à Sarnath
Central University of Tibetan Studies in Sarnath, Inde, 17 janvier 2011
His Holiness the Dalai Lama's address on the opening day of the International Conference on Vinaya held at the Central University of Tibetan Studies in Sarnath, India, on January 17th, 2011. (www.dalailama.com)
Mind and Life (en anglais)
19 -- 21 November 2010, New Delhi, India. This video clip shows HH Dalai Lama appreciation of the presentation of Jain muni Mahendra Kumar along with Arun Jethalal Zaveri.
Vidéos postée par gyalwarinpoche le 7 décembre 2010
(pas trouvé de Session I)
"Foundations for Scientific Understanding of Contemplative Practices", the second session of the Mind and Life XXII Conference: Contemplative Science, held in New Delhi, India from November 21st to 23rd, 2010. Presenters include His Holiness the Dalai Lama, Mattieu Ricard (comtemplative practitioner), and Richard Davidson (scientist). The moderator is Daniel Goldman and the interpreter is Thupten Jinpa. Discussants include Wolf Singer (scientist), John Dunne (contemplative scholar) and Rajesh Kasturirangan (scientist). (www.dalailama.com, www.mindandlife.org)
"Understanding Contemplative Practices: Vedanta", the third session of the Mind and Life XXII Conference: Contemplative Science, held in New Delhi, India from November 21st to 23rd, 2010. Presenters include His Holiness the Dalai Lama, Swami Atmapriyananda (Vedenta scholar and practitioner), and Chakravarthi Ram-Prasad (Vedanta scholar) The moderator is John Dunne and the interpreter is Thupten Jinpa. Discussants include Wolf Singer (scientist), Mattieu Ricard (comtemplative practitioner) and Aditya Murthy (scientist). (www.dalailama.com, www.mindandlife.org)
"Understanding Contemplative Practices: Yoga and Jain", the fourth session of the Mind and Life XXII Conference: Contemplative Science, held in New Delhi, India from November 21st to 23rd, 2010. Presenters include His Holiness the Dalai Lama, Muni Mahendra Kumar (Jain practitioner), BN Gangadhar (Clinical scientist/yoga) and Shirley Telles (Yoga practice). The moderator is Wolf Singer and the interpreter is Thupten Jinpa. Discussants include HR Nagendra (clinical scientist), and Ricard Davidson (scientist). (www.dalailama.com, www.mindandlife.org)
"Reflections, Integrations, and Future Directions", the fifth session of the Mind and Life XXII Conference: Contemplative Science, held in New Delhi, India from November 21st to 23rd, 2010. Discussants include His Holiness the Dalai Lama, VS Ramamurthy, Kapila Vatsyayan, Richard Davidson, and Wolf Singer. The moderator is Vijayalakshmi Ravindranath and the interpreter is Thupten Jinpa. (www.dalailama.com, www.mindandlife.org)
samedi 29 janvier 2011
samedi 22 janvier 2011
Compassion
A quoi resssemble cette qualité si précieuse, mais terriblement mal traduite en français ?
Procédons par élimination. Non, la "compassion" au sens bouddhiste ne consiste pas à "souffrir avec".
Certainement pas, car les Bouddhas, qui ont parachevé la grande compassion, sont au-delà de toute souffrance. C'est pour cela que je trouve que la traduction retenue en français (mais, je crois, aussi dans d'autres langues occidentales) n'est pas des plus heureuses.
Je préfère le terme tibétain - snying rje - qui signifie littéralement "seigneur du coeur". C'est plus joli, et comme ça ne veut pas dire grand chose directement, on peut y mettre un sens plus aisément.
Quel sens ?
Snying rje suppose d'avoir pris conscience de la souffrance d'autrui, et d'être indigné par cette souffrance, ressentie comme inadmissible. Cela ressemble étrangement à la "sainte colère" si magnifiquement exprimée naguère par l'Abbé Pierre.
Cela n'a pourtant rien à voir avec la colère, car loin de vouloir du mal à qui que ce soit, snying rje (comme la sainte colère) n'aspire quau bonheur de ceux qui sont concernés.
Justement, qui pourrait être visé par la compassion ?
En tout et pour tout, des êtres autres que soi, en proie à la souffrance, sous l'une ou l'autre de ses formes. Ce qui exclut les Bouddhas et les Arhat, et sans doute les Arya.
Pourquoi ai-je précisé "autres que soi" ? Parce que la prise de conscience de ses propres souffrance éveille ce qu'on appelle le "renoncement". Orientée vers les souffrances d'autrui, elle suscite "la compassion".
Tout un chacun a naturellement, instinctivement même, du mal à supporter que des proches souffrent. Il s'agit alors de compassion, mais pas de grande compassion.
La compassion est qualifiable de "grande" dès lors que, sur la base de l'équanimité, elle s'étend à tous les êtres exposés à la souffrance.
La grande compassion est-elle le fait exclusivement des bodhisattva et des Bouddhas ?
Non, non. Tous les Arhat ont réalisé la grande compassion. C'est à dire non seulement les Arhat du mahayana, mais aussi les autres (que l'on parle de "hinayana", "theravada", ou lignée du sud).
Ben alors, si les Arhat hors du mahayana ont aussi réalisé la grande compassion, où réside donc la nuance ?
Elle réside en la "pensée supérieure", qui consiste à se dire qu'à titre personnel, on a la responsabilité d'oeuvrer pour le bien de tous les êtres, de sorte à les libérer de la souffrance et de leur donner accès au bonheur.
Oui mais, en a-t-on la capacité ? On se rend compte alors qu'on n'en est pas capable, en tout cas pas encore.
Pourrait-on en devenir capable ? Oui. En devenant Bouddha.
D'où l'aspiration à devenir Bouddha, pour accomplir le bien de tous les êtres. Vous aurez reconnu ici bodhicitta.
Autrement dit, la grande compassion, dont la réalisation se situe avant la réalisation de l'esprit d'Eveil, aboutit à celui-ci si la personne estime avoir le devoir d'accomplir le bien de tous les êtres et prend la décision d'en endosser la responsabilité. Or, pour oser assumer une telle responsabilité, il faut être convaincu que c'est chose faisable. Et sur ce point, les opinions divergent.
Quelqu'un qui a développé la grande compassion mais pas la "pensée supérieure" (et donc pas non plus bodhicitta) éprouve le désir sincère d'aider de son mieux le plus d'êtres possibles, et il agit de cette façon. Mais il ne conçoit pas (en tout cas, pas pour le moment) que ce serait à lui de faire en sorte de libérer tous les êtres de la souffrance, sous toutes ses formes, et de leur donner accès au bonheur supérieur.
Bodhisattva et bodhicitta - suite
En revanche, se dire que momentanément, on ne peut pas faire grand chose directement pour quelqu'un, n'est pas forcément non vertueux. Cela va dépendre avant tout de l'état d'esprit.
Si on se désintéresse du sort de quelqu'un par colère, il est évident que ce ne peut qu'être non vertueux.
Mais parfois, admettre que, pour le moment, on ne peut pas apporter d'aide immédiate de façon tangible (sur les autres plans, on peut toujours faire en sorte d'agir pour le bien d'autrui, au travers de prières, de dédicaces, etc.), ce peut être faire preuve de sagesse : en effet, pour pouvoir aider concrètement quelqu'un, encore faut-il que certaines conditions soient réunies. Notamment, il faut que l'être concerné soit prêt à recevoir l'aide qu'on souhaite lui offrir, et qu'il en soit capable : exposer la vacuité à un animal ne va a priori pas générer des effets immédiats, par exemple, mais cela va quand même déposer en lui des empreintes qui pourront mûrir un jour.
En ce qui concerne les êtres humains, il convient d'être particulièrement attentifs à ce qu'eux souhaitent, et peuvent, entendre.
Jouer les moralisateurs est franchement contre-productif.
Soyons logiques : s'il était possible d'accomplir le bien des êtres contre leur, gré, il y a longtemps que tout le monde (dont nous) serait sorti du samsara. Ce n'est, hélas, pas le cas, ce qui démontre qu'aider les êtres va consister à les accompagner à leur rythme.
Voilà qui demande de la patience, beaucoup de patience, infiniment de patience.
Tenez, une patience du genre de celle dont nos Maîtres font preuve à notre égard.
Bodhisattva et bodhicitta
La définition est simple :
Tout être qui réalise bodhicitta devient simultanément un bodhisattva.
Simple, simple. C'est vite dit.
C'est quoi, "bodhicitta" ?
Bodhicitta, ou encore "esprit d'Eveil" (variante : "pensée d'Eveil", etc.) :
aspiration désormais spontanée (cad ne nécessitant plus d'effort) à obtenir l'état de Bouddha pour accomplir le bien de tous les êtres - autrui et soi-même.
Bodhicitta est un état d'esprit éminemment altruiste, qui naît de qualités préalablement développées : grande compassion (cad compassion portant sur tous les êtres, ennemis y compris) et grand amour (même remarque) , eux-mêmes fondés sur une complète équanimité, et en-deçà sur le renoncement au samsara.
Bodhicitta implique entre autres d'avoir neutralisé (pas encore détruit, mais déjà mis en veilleuse) rang gces 'dzin : l'"autochérissement", ou si vous préférez "l'egocentrisme", la tendance naturelle à tous les êtres ordinaires du samsara d'avant tout se chérir eux-mêmes, et donc de s'accorder la première place et de se considérer comme plus importants que n'importe qui d'autre.
Au sens propre du terme, un bodhisattva est donc un personnage altruiste, accordant désormais la préséance à autrui.
Le terme admet aussi un sens élargi, fréquemment utilisé dans les traités indiens de grands maîtres tels qu'Asanga et dans les lignées répandues dans la sphère bouddhiste d'influence chinoise (Corée, Japon, Vietnam, etc. Mais pas le Tibet, qui a reçu le bouddhisme directement de l'Inde, et non de la Chine).
Outre les bodhisattva patentés, le terme s'étend ici à ceux qui aspirent à devenir bodhisattva, et prononcent le voeu, ou encore les voeux, de bodhisattva, avant même d'avoir réalisé bodhicitta, ce pour y parvenir le plus vite possible.
Un trait majeur, pour ne pas dire LE trait caractéristique, de bodhicitta, est ainsi de prendre à coeur le sort de tous les êtres, y compris et surtout les "pires", car ce sont eux, après tout, qui sont le plus dignes de compassion et d'amour.
Par conséquent, la faute la plus grave dans le mahayana consiste à rejeter ne serait-ce qu'un seul être. Ca revient à rejeter l'esprit d'Eveil.
C'est l'une des deux fautes qui brisent instantanément les voeux de bodhisattva.
Combattre l'attachement
Mais le seul moyen pour pouvoir un jour comprendre le non soi est de ... commencer par affaiblir l'attachement.
Avec patience et persévérance, car chaque arbre (objet visible d'attachement) cache une forêt.
Il est souligné dans les grands traités que la compréhension de la vacuité est affaire de mérites, et non d'intelligence !
Qui souhaite réaliser le non-soi aurait avantage à s'atteler à la réunion des accumulations de mérites.
Joindre l'agréable à l'utile
Mais là comme partout, la modération s'impose.
A trop cogiter, on deviendrait facilement sceptique voire nihiliste.
Seulement, voilà, paraît que scepticisme et nihilisme, c'est pas génial au travers du prisme de la loi de causalité.
C'est aussi pour cela entre (autres raisons multiples et diverses) qu'il est recommandé d'encadrer les méditations, y compris de type analytique, de diverses pratiques concourant à la purification et à la réunion des accumulations.
C'est aussi pour cela qu'il est instamment conseillé de se reporter à un plan qui balise la route à suivre, et préserve des chemins de traverse. Un lamrim, pour dire les choses en face.
Précision : il ne suffit pas de s'y reporter. Il s'agit de le suivre.
C'est dur, très dur, surtout pour les impatients comme moi : c'est si tentant d'aller "directement au but", en sautant allégrement les étapes "inférieures".
L'embêtant, c'est que ces étapes ne sont pas "inférieures", mais "fondamentales".
Les mépriser, c'est mépriser les fondations du palais à construire : effondrement quasiment garanti.
Pour en revenir à la pratique du Dharma, comme tout le monde n'est pas forcément prêt pour la caverne, en tout cas pour qu'un séjour dans une grotte ait un sens, un bon truc pour allier l'utile à l'agréable, est de faire ... de l'utile agréable.
Par exemple, en aidant des êtres, humains ou animaux, de manière assez concrète pour pouvoir espérer voir quelques résultats, et au moins bénéficier de quelques relations humaines.
Il y a l'embarras du choix : personnes âgées ; enfants - mal ou bien traités, selon ce qu'on se sent en état de faire / soutien scolaire, sport, arts ou autres - ; malades de tous âges ; étrangers et autres minorités (femmes, même non battues, etc.) ; animaux ; environnement - liste non exhaustive.
En fait, s'impliquer dans (presque) n'importe quoi n'importe où conviendrait, car partout il y a des personnes qui ont envie/besoin d'une oreille attentive et bienveillante.
Le tout sans trop se faire d'illusions, et sans trop d'attente : la perfection n'est pas de ce bas monde (au sens de samsara).
lundi 17 janvier 2011
De la bienveillance des êtres à notre endroit
Sur la base du renoncement au samsara, il faut développer amour et compassion à l'égard de tous les êtres sans exception. Ceci suppose d'avoir réalisé l'équanimité en les mettant tous sur un pied d'égalité (plus facile à dire qu'à faire) et aussi d'avoir pris conscience de tout ce dont on leur est redevable, soit quand ces êtres êtres ont été pour nous des mères attentives soit dans d'autres contextes, ou plus exactement avoir pris conscience qu'on leur est redevable de tout.
En effet, nous n'avons rien, mais alors rien, qui ne nous vienne d'autrui. De notre corps jusqu'à nos connaissances, en passant par nos divers autres biens matériels, ou encore nos qualités.
Voici un poème bien de chez nous, qui décrit notre situation de totale dépendance à l'égard de la bienveillance d'autrui. Merci à MTG de me l'avoir envoyé.
Un Songe
de René François Sully Prudhommme (1839-1907)
Le laboureur m'a dit en songe : "Fais ton pain
Je ne te nourris plus : gratte la terre et sème."
Le tisserand m'a dit : "Fais tes habits toi-même."
Et le maçon m'a dit : " Prends la truelle en main."
Et seul, abandonné de tout le genre humain
Dont, je traînai partout l'implacable anathème,
Quand j'implorai du ciel une pitié suprême,
Je trouvais des lions debout sur mon chemin.
J'ouvris les yeux, doutant si l'aube était réelle ;
De hardis compagnons sifflaient sur leurs échelles.
Les métiers bourdonnaient, les champs étaient semés.
Je connus mon bonheur, et qu'au monde où nous sommes
Nul ne peut se vanter de se passer des hommes,
Et depuis ce jour-là, je les ai tous aimés.
jeudi 13 janvier 2011
Bouddha
J'ai donc envie de consacrer quelques billets aux termes les plus usuels du Dharma, afin d'esquisser quelques traits de leurs champs sémantiques, selon la perspective du mahayana ( vajrayana inclus).
Commençons par "Buddha" (sangs rgyas), avec ses multiples équivalents dont Bhagavat, Tathagata, Sugata, Vainqueur, Victorieux.
Sangs signifie "éveillé" (du sommeil de l'ignorance) et rgyas "développé", "vaste".
Premièrement, il est à noter que le mot "buddha", qui décrit l'état de perfection, a plusieurs emplois, comme nom commun, nom propre, mais aussi adjectif qualificatif.
Vouloir devenir Bouddha revient au fond à vouloir devenir "parfait".
En effet, "buddha" suppose l'élimination totale de tous les défauts et obstacles avec en parallèle l'épanouissement de toutes les qualités (sagesse, amour, etc.).
La finalité de cet état est d'accomplir le bien de tous les êtres, autrui et soi-même.
Les personnages qui l'ont atteint sont appelés aryabuddha, ou buddha par abréviation.
Le chemin qui mène à l'Eveil suprême de Bouddha est connue sous le nom de "voie du grand véhicule" (mahayana).
Il faut d'abord produit l'esprit d'Éveil, puis s'adonner aux six perfections (paramita) de sorte à réunir les deux "accumulations" (mérites et sagesse). Une fois parachevées, celles-ci "produisent" l'état de Bouddha avec ses deux facettes : Dharmakaya et Rupakaya.
De l'accumulation de sagesse (compréhension du non-soi, ou encore de la vacuité) résulte le Corps de la loi (Dharmakaya) : l'esprit et ses qualités
- du point de vue du plan relatif : omniscience, amour et compassion, faculté de désormais agir immédiatement et spontanément pour le bien des êtres ;
- du point de vue du plan ultime, sa vacuité.
De l'accumulation de mérites (amour, compassion, générosité, patience, en fait toutes les quailités hormis la sagesse), procède le Corps formel (Rupakaya), c'est-à-dire la ou les formes revêtues.
Le Bouddha (Aryabuddha) est l'un des Trois Joyaux en lesquels les bouddhistes placent leur foi et leurs espoirs. Bouddha est un refuge en ce qu'il montre ("enseigne") la voie à parcourir pour arriver au plein épanouissement. Il est le Guide par excellence.
Dans la vision commune de la prise de refuge, le Bouddha en tant que l'un des trois joyaux est par définition le Bouddha Shakyamouni, source de l'Enseignement de l'époque à laquelle nous nous situons.s
L'activité principale des Bouddhas pour le bien des êtres s'accomplit au travers de la Parole, cad de l'Enseignement.
En-deçà, à l'adresse des êtres pas encore prêts à recevoir ce genre d'aide, les Bouddhas peuvent aussi agir de manière plus "concrète", en se manifestant sous n'importe quelle forme utile et adaptée aux circonstances.
La plupart des philosophes du mahayana, en tout cas tous les philospophes madhyamika et une bonne partie des philosophes cittamatrin (ceux qui se fondent sur les raisonnements) admettent que tout être du samsara a la potentialité de devenir un jour buddha.
Images d'Epinal
Eh bien, non. J'en suis un "parfait" exemple vivant.
En effet, la voie religieuse est avant tout destinée à des pratiquants qui en ont besoin, car ils sont imparfaits.
Si les religieux le sont devenus par choix personnel (et non simplement parce qu'ils auraient été amenés au monastère en bas âge), c'est qu'ils ont (en principe) senti au moins un peu l'horreur du samsara, la nécessité de s'en sortir, et qu'ils ont de plus pris conscience qu'ils n'avaient pas encore la force et les capacités pour s'en tirer seuls.
Autrement dit, dans le bouddhisme, la carrière religieuse est un moyen - pour "faciliter" le cheminement, et non une fin en soi.
Notons que ça dépend aussi du contexte :
en Asie (en Occident aussi d'ailleurs), autrefois les religieux étant respectés, le fait de bénéficier de la confiance et du soutien des fidèles leur facilitait la vie tant matérielle que spirituelle. Le regard porté sur eux les aidait à maintenir le cap : étant pris pour modèles, ils se sentaient en général le devoir de ne pas décevoir ni choquer les gens (Cf. facteurs mentaux vertueux "respect de soi" et "respect d'autrui").
Ici, aujourd'hui, ...
Tenez, en France, rien que l'obligation légale d'affilier les moines et moniales vivant en communauté à la Cavimac (branche de la sécu pour les cultes), ça interdit quasiment toute vélléité de fonder un monastère.
Eh oui, nous sommes à une période de dégénérescence.
Le bon côté est que tout effort est d'autant plus porteur de mérites.
Des qualités des Arya
En d'autres termes, il faut avoir accompli la vérité de la cessation, au travers de la vérité du chemin.
Rien que pour obtenir la libération et du même coup devenir Arhat, il faut avoir mis fin aux deux causes du samsara : karma (souillés) et leurs causes : les klesha, et donc avoir rejeté le voile des klesha. Mais pas encore le voile à la connaissance (en fait "à l'omniscience")
Notons qu'un problème pour nous Français vient du fait que notre grammaire nous oblige à utiliser des articles, définis ou indéfinis, singuliers ou pluriels, ce qui réduit les champs de compréhension.
Par exemple, "la" vérité de la cessation couvre en fait un très grand nombre de vérités de la cessation, qui débutent au premier instant du chemin de la vision, et sont alors incomplètes, la complétude coïncidant avec l'obtention de l'Eveil suprême.
Le terme Arya désigne tout être qui a obtenu la compréhension directe du non-soi, et donc les êtres depuis le 1er instant du chemin de la vision jusqu'aux Bouddhas inclus.
Par conséquent, en ce qui concerne les qualités autres que la sagesse comprenant directement le non soi, les Arya n'ont pas tous les mêmes réalisations, momentanément.
Seuls les Bouddhas sont débarrassés des deux voiles. Les êtres en deçà, non, pas encore, pas en totalité.
Par ex, les Arhat ont rejeté le voile des klesha mais pas le voile à la connaissance.
Et un Arya lambda du chemin de la vision (cad pas un Aryabodhisattva qui serait par ailleurs Shravaka-arhat, ou Pratyekabuddha-Arhat) n'a pour le moment rejeté aucun des deux voiles.
Au premier instant du chemin de la vision, les premières cessations qui s'opèrent portent sur les aspects acquis des klesha, et pas encore sur les aspects innés. Il y a bien cessation, mais pas encore cessation (sous entendu complète) des klesha = du voile (il vaudrait d'alleurs mieux dire des voiles) des klesha.
Concernant les karma, cad les karma souillés et à éliminer, les empreintes en tant que "sa bon" (graines) des klesha relèvent du voile des klesha et sont donc éliminés quand on devient Arhat. Les autres empreintes relèvent du voile à la connaissance.
mardi 11 janvier 2011
Effets des trois poisons de l'esprit
Car, hélas, l'histoire se répète, jonchée de carnages et autres actes de cruauté, sur fond d'intolérance et d'orgueil. Aucun continent, aucun pays n'y échappe.
Nuit et Brouillard de Jean Ferrat
Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent
Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres
Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés
Dès que la main retombe il ne reste qu'une ombre
Ils ne devaient jamais plus revoir un été
La fuite monotone et sans hâte du temps
Survivre encore un jour, une heure, obstinément
Combien de tours de roues, d'arrêts et de départs
Qui n'en finissent pas de distiller l'espoir
Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel
Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou
D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux
Ils n'arrivaient pas tous à la fin du voyage
Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux
Ils essaient d'oublier, étonnés qu'à leur âge
Les veines de leurs bras soient devenues si bleues
Les Allemands guettaient du haut des miradors
La lune se taisait comme vous vous taisiez
En regardant au loin, en regardant dehors
Votre chair était tendre à leurs chiens policiers
On me dit à présent que ces mots n'ont plus cours
Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour
Que le sang sèche vite en entrant dans l'histoire
Et qu'il ne sert à rien de prendre une guitare
Mais qui donc est de taille à pouvoir m'arrêter ?
L'ombre s'est faite humaine, aujourd'hui c'est l'été
Je twisterais les mots s'il fallait les twister
Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez
Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent
« Minuscule traité acide de spiritualité"
« On trouve des gens qui disent ce qu’il faut faire,
ce qu’il faudrait faire,
ce qu’il aurait fallu faire, ce qu’il ne faut pas faire.
C’est souvent, ou quelquefois, très bien.
Et il y a les gens qui font.
Ce n’est jamais très bien.
mais, du moins, c’est fait. »
Ou encore
« Ne jamais se laisser détruire.
Ni détruire personne, autant qu’il dépend de nous.
Voir ce qui est possible et le faire »
* Merci au Père Philippe Potier, Président de la Cavimac, de m'avoir fait connaître cet ouvrage.
Sa Sainteté à Toulouse en août
dimanche 9 janvier 2011
Accomplir le bien des êtres
Beau programme, sans nul doute. Mais source de maints malentendus.
Tout bien réfléchi, accomplir le bien de quelqu'un ne signifie pas forcément lui "faire plaisir".
Car "faire plaisir" ne revient trop souvent qu'à flatter les facteurs perturbateurs de la personne concernée, avec un risque non négligeable de renforcer en elle les karma qui la maintiennent prisonnière du samsara.
Y'a pas à dire, la compassion a bien besoinde la sagesse, pour discerner que faire et ne pas faire !
Bénéficiaires de l'Enseignement
Certes non.
Il faut et il suffit de ... l'appliquer, au travers de l'écoute, la réflexion et la méditation.
Résultats attendus : se sentir plus "heureux".
Une mère
Une base pour méditer sur la bienveillant de notre/nos mère(s)
Chanson de Linda Lemay : Une mère
Ca travaille à temps plein, ça dort un œil ouvert
C’est de garde comme un chien
Ca court au moindre petit bruit, ça se lève au petit jour
Ca fait des petites nuits.
C’est vrai, ça crève de fatigue
Ca danse à tout jamais une éternelle gigue
Ca reste auprès de sa couvée
Au prix de sa jeunesse, au prix de sa beauté
Une mère
Ca fait ce que ça peut, ça ne peut pas tout faire
Mais ça fait de son mieux.
Une mère,
Ca calme des chamailles
Ca peigne d’autres cheveux que sa propre broussaille
Une mère
C'est plus comme les autres filles
Ca oublie d'être fière
Ca vit pour sa famille
Une mère,
Ca se confine au bercail
C'est pris comme un noyau
dans le fruit de ses entrailles
Une mère
C’est là qu’ça nous protège
Avec les yeux pleins d’eau, les cheveux pleins de neige
Une mère
A un moment, ça se courbe, ça grince quand ça se penche
Ca n’en peut plus d’être lourde
Ca tombe, ça se brise une hanche
Puis rapidement, ça sombre
C’est son dernier dimanche
Ca pleure et ça fond à vue d'oeil
Ca atteint la maigreur des plus petits cercueils
Oh bien sûr, ça veut revoir ensemble
toute sa progéniture entassée dans sa chambre
Et ça fait semblant d’être encore forte
Jusqu’à ce que son cadet ait bien refermé la porte
Et lorsque toute seule ça se retrouve
Ca attend dignement que le firmament s’entr’ouvre
Et puis là, ça se donne le droit
De fermer pour une première fois les deux yeux à la fois
lundi 3 janvier 2011
Slogan 2011
Au choix, pour soi ou pour tous les êtres, mais dans tous les cas,
la libération. La libération. La libération.