samedi 22 janvier 2011

Bodhisattva et bodhicitta - suite

"Rejeter un être", dans le contexte du mahayana, reviendrait à penser qu'en aucun cas, on ne fera jamais rien pour aider cet être. Jamais, au grand jamais.

En revanche, se dire que momentanément, on ne peut pas faire grand chose directement pour quelqu'un, n'est pas forcément non vertueux. Cela va dépendre avant tout de l'état d'esprit.
Si on se désintéresse du sort de quelqu'un par colère, il est évident que ce ne peut qu'être non vertueux.

Mais parfois, admettre que, pour le moment, on ne peut pas apporter d'aide immédiate de façon tangible (sur les autres plans, on peut toujours faire en sorte d'agir pour le bien d'autrui, au travers de prières, de dédicaces, etc.), ce peut être faire preuve de sagesse : en effet, pour pouvoir aider concrètement quelqu'un, encore faut-il que certaines conditions soient réunies. Notamment, il faut que l'être concerné soit prêt à recevoir l'aide qu'on souhaite lui offrir, et qu'il en soit capable : exposer la vacuité à un animal ne va a priori pas générer des effets immédiats, par exemple, mais cela va quand même déposer en lui des empreintes qui pourront mûrir un jour.

En ce qui concerne les êtres humains, il convient d'être particulièrement attentifs à ce qu'eux souhaitent, et peuvent, entendre.
Jouer les moralisateurs est franchement contre-productif.

Soyons logiques : s'il était possible d'accomplir le bien des êtres contre leur, gré, il y a longtemps que tout le monde (dont nous) serait sorti du samsara. Ce n'est, hélas, pas le cas, ce qui démontre qu'aider les êtres va consister à les accompagner à leur rythme.
Voilà qui demande de la patience, beaucoup de patience, infiniment de patience.
Tenez, une patience du genre de celle dont nos Maîtres font preuve à notre égard.