jeudi 13 janvier 2011

Bouddha

Nous utilisons continuellement des mots pour nous exprimer - pas moyen de faire autrement - , mais de là à nous comprendre, il y a une marge, parfois un gouffre.

J'ai donc envie de consacrer quelques billets aux termes les plus usuels du Dharma, afin d'esquisser quelques traits de leurs champs sémantiques, selon la perspective du mahayana ( vajrayana inclus).

Commençons par "Buddha" (sangs rgyas), avec ses multiples équivalents dont Bhagavat, Tathagata, Sugata, Vainqueur, Victorieux.

Sangs signifie "éveillé" (du sommeil de l'ignorance) et rgyas "développé", "vaste".

Premièrement, il est à noter que le mot "buddha", qui décrit l'état de perfection, a plusieurs emplois, comme nom commun, nom propre, mais aussi adjectif qualificatif.
Vouloir devenir Bouddha revient au fond à vouloir devenir "parfait".

En effet, "buddha" suppose l'élimination totale de tous les défauts et obstacles avec en parallèle l'épanouissement de toutes les qualités (sagesse, amour, etc.).
La finalité de cet état est d'accomplir le bien de tous les êtres, autrui et soi-même.
Les personnages qui l'ont atteint sont appelés aryabuddha, ou buddha par abréviation.

Le chemin qui mène à l'Eveil suprême de Bouddha est connue sous le nom de "voie du grand véhicule" (mahayana).
Il faut d'abord produit l'esprit d'Éveil, puis s'adonner aux six perfections (paramita) de sorte à réunir les deux "accumulations" (mérites et sagesse). Une fois parachevées, celles-ci "produisent" l'état de Bouddha avec ses deux facettes : Dharmakaya et Rupakaya.

De l'accumulation de sagesse (compréhension du non-soi, ou encore de la vacuité) résulte le Corps de la loi (Dharmakaya) : l'esprit et ses qualités
- du point de vue du plan relatif : omniscience, amour et compassion, faculté de désormais agir immédiatement et spontanément pour le bien des êtres ;
- du point de vue du plan ultime, sa vacuité.

De l'accumulation de mérites (amour, compassion, générosité, patience, en fait toutes les quailités hormis la sagesse), procède le Corps formel (Rupakaya), c'est-à-dire la ou les formes revêtues.

Le Bouddha (Aryabuddha) est l'un des Trois Joyaux en lesquels les bouddhistes placent leur foi et leurs espoirs. Bouddha est un refuge en ce qu'il montre ("enseigne") la voie à parcourir pour arriver au plein épanouissement. Il est le Guide par excellence.
Dans la vision commune de la prise de refuge, le Bouddha en tant que l'un des trois joyaux est par définition le Bouddha Shakyamouni, source de l'Enseignement de l'époque à laquelle nous nous situons.s

L'activité principale des Bouddhas pour le bien des êtres s'accomplit au travers de la Parole, cad de l'Enseignement.
En-deçà, à l'adresse des êtres pas encore prêts à recevoir ce genre d'aide, les Bouddhas peuvent aussi agir de manière plus "concrète", en se manifestant sous n'importe quelle forme utile et adaptée aux circonstances.

La plupart des philosophes du mahayana, en tout cas tous les philospophes madhyamika et une bonne partie des philosophes cittamatrin (ceux qui se fondent sur les raisonnements) admettent que tout être du samsara a la potentialité de devenir un jour buddha.