Foi et attachement sont des facteurs mentaux radicalement distincts. Rien de plus évident.
Encore que ... Parfois, on se pose des questions. Car les symptômes extérieurs peuvent étrangement se ressembler.
Quelques petits "trucs" pour s'y retrouver (merci, ô Asanga, pour vos définitions dans l'Abhidharmasamuccaya) :
- La foi est toujours vertueuse ; l'attachement jamais.
- L'attachement porte exclusivement sur des phénomènes "souillés", c'est-à-dire en lien avec les facteurs pertubateurs.
- L'attachement a tendance à décliner ; la foi a vocation à croître.
- L'attachement est cause de souffrance ; la foi est source de bonheur.
Peut-on éprouver de l'attachement pour un Bouddha ?
Eh bien non, car par définition un Bouddha ne relève pas de la catégorie des "phénomènes souillés" !
Peut-on éprouver de l'attachement pour un Maître ?
Pas davantage, et ce, pour les mêmes raisons. S'il s'agit d'un Maître authentique, bien évidemment.
Dans ma jeunesse chaque jour plus lointaine (mais si), je choisis de faire porter mon mémoire de maîtrise de tibétain sur Dromtönpa - sa vie, son oeuvre. Car j'aime infiniment Dromtönpa, je l'avoue. En tout bien tout honneur, et toute foi !
Le jour de la soutenance, l'un des membres du jury (une vénérable orientaliste, viscéralement communiste par ailleurs) me lança donc : "On sent que vous êtes amoureuse de votre personnage."
Cela me choqua sur le coup. Aujourd'hui, je lui trouve des circonstances plus qu'atténuantes.
Car quand on est empli de foi pour le Maître, aux yeux des profanes, cela peut effectivement ressembler à un coup de foudre.
Quand Jetsun Milarepa entendit pour la première fois prononcer le nom de Marpa Lotsawa, les larmes lui montèrent aux yeux, tous ses poils se hérissèrent sur son corps et il fut pris de tremblements.
Quelques années auparavant, quand Dromtönpa avait pour la première fois entendu prononcer le nom d'Atisha, il avait réagi exactement de la même manière.
En résumé, honni soit qui mal y pense.
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